vendredi 5 décembre 2014

Les enfants finlandais continueront bien à écrire à la main…

Jeune Finlandaise en 4e année
Tordons le cou à un canard ! Une bonne partie de la presse internationale (notamment anglophone et francophone) a annoncé la fin de l’apprentissage de l’écriture manuscrite dans les écoles finlandaises à partir de 2016. Les écoliers se contenteraient désormais d’utiliser les tablettes et l’ordinateur. C’est pourtant faux. En réalité, c’est uniquement l’écriture cursive qui pourrait être rendue facultative. L’écriture script, qui est également manuscrite, continuera de toute façon à être enseignée à tous les petits Finlandais.

C’est une erreur de traduction dans un article de la BBC qui semble être à l’origine de la confusion dans la presse internationale. On peut notamment y lire que l’écriture manuscrite s’apprêterait à céder la place à des cours de dactylographie. Pourtant, si l’on se reporte au journal finlandais (article de Savon Sanomat) à l’origine de l’information, il n’est question que de rendre facultative l’écriture cursive, cette forme d’écriture où les lettres sont liées les unes aux autres. En fait, en Finlande, deux formes d’écriture manuscrite sont enseignées : la cursive et la scripte (ou « script »), aussi appelée imprimée, car les lettres sont détachées les unes des autres à la manière de caractères d’imprimerie. (Voir également cette discussion sur l'erreur de traduction de la BBC.)

Écriture « scripte » ou « imprimée » 
du type désormais privilégié en Finlande

Étonnement en Finlande

Minna Harmanen du Conseil National de l’éducation finlandais, nous a expliqué que là-bas, l’écriture cursive a été modifiée dans les années 90 dans un style typographique proche de celui de l’écriture scripte. Selon elle, le gouvernement estime désormais qu’apprendre les deux types d’écriture n’a plus beaucoup d’intérêt vu leur proximité stylistique. Dans le projet qui pourrait être adopté, chaque école pourra décider si elle choisit d’enseigner à la fois la scripte et la cursive ou uniquement la scripte. Il va sans dire que Minna Harmanen a assisté avec surprise à l’apparition dans la presse étrangère d’articles affirmant que les enfants finlandais s’apprêtaient à abandonner leurs stylos et crayons pour l’usage exclusif des tablettes et autres claviers…

Écriture cursive enseignée en France
Ceci dit, le projet du gouvernement finlandais prévoit aussi de permettre de consacrer plus de temps à la maîtrise de la dactylographie et du traitement de texte, vu l’importance prise par l’ordinateur dans notre société. En Finlande, les écoles sont bien plus équipées qu’ici à ce niveau. Les compétences informatiques y sont considérées comme indispensables pour faciliter l’insertion future des écoliers finlandais sur le marché du travail. Les modalités précises de ces nouveaux cours, par exemple le volume d’heures qui y sera consacré, n’ont pas encore été décidées.

L’écriture manuscrite c’est bien, l’écriture cursive c’est encore mieux

En Belgique, pas de débat de ce type. L’écriture cursive a encore de beaux jours devant elle dans nos écoles. Pour Marie Van Reybroeck, professeur en sciences de l’éducation à l’UCL, il est cependant important de continuer à consacrer suffisamment de temps à la bonne maîtrise du geste graphique. Car si le geste n’est pas automatisé, l’enfant « gaspille » une partie de ses ressources mentales, qu’il ne peut donc pas consacrer à la réflexion et à la mémorisation de ses idées. Or l’automatisation du geste graphique n’intervient qu’en fin de sixième primaire… Il s’agit donc d’un processus de longue haleine. Par ailleurs, le fait de tracer les lettres à la main aide l’enfant dans son apprentissage de la lecture. « Dans le début de l’apprentissage de la lecture, les enfants ont beaucoup de difficultés à retenir l’association entre la lettre et le son (graphème et phonème), qui est une association abstraite », explique ainsi la chercheuse. « Des chercheurs français ont démontré que faire la forme de la lettre avec le doigt va aider les enfants à mieux mémoriser ces associations lettres-sons et donc à apprendre plus facilement à lire ».

Par rapport à l’écriture scripte, l’écriture cursive présente notamment l’avantage d’être plus fluide, plus rapide et de développer davantage la psychomotricité fine ajoute pour sa part la psychopédagogue Marie-Jeanne Petiniot de la Haute École Albert Jacquard. De plus, une étude canadienne (M-F Morin, N. Lavoie, I. Montesinos Gelet) a démontré qu’elle donne également de meilleurs résultats en syntaxe et en orthographe que l’écriture scripte. Peut-être de quoi donner à réfléchir aux écoles finlandaises…

Études

En 1959, le ministère de l’Éducation britannique publie un manuel qui promeut l'écriture cursive, car l’apprentissage de l’écriture imprimée ne facilite pas plus l’apprentissage de la lecture que l’écriture cursive, en outre l'écriture en imprimé est plus lente.

Dans une étude de Vinh Bang publiée en 1959, il ressort que l’écriture scripte est plus lente que la cursive liée, et que les élèves ayant uniquement appris l’écriture scripte finissent par abandonner celle-ci et lient certaines lettres par nécessité de rapidité, chacun à sa propre manière. Vinh déplore cette rupture avec le système enseigné et recommande l’apprentissage de la cursive liée après celui de la scripte.

Une étude de 2009 faite au Québec démontre que le double apprentissage est contre-productif et que l’apprentissage d’un seul système est plus efficace. L'étude affirme également que « l'apprentissage de l'écriture cursive en première année ne nuirait pas à la lecture. »


Source : RTBF

Voir aussi
Alain Bentolila : « Continuer d’écrire à la main est fondamental »

mardi 2 décembre 2014

Téléphone intelligent pour les jeunes ?


Selon un sondage commandé par Microsoft Canada, réalisé auprès de 1500 Canadiens entre le 21 et le 23 novembre dernier. La plupart des Canadiens pensent que les enfants de moins de 15 ans ne devraient pas posséder de téléphone intelligent, même si la plupart reconnaissent que les enfants de moins de 15 ans en veulent un. Les parents devront donc se pencher sur la question... particulièrement à l’approche du temps des Fêtes.

Voici les principaux points relevés :
  • La plupart des répondants (63 %) croient qu’un enfant devrait être âgé d’au moins 15 ans avant de posséder un téléphone intelligent.
  • Le trois quarts des répondants (76 %) pensent que l’utilisation en situation d’urgence est une bonne raison pour un enfant d’avoir un téléphone intelligent.
  • Beaucoup de ceux qui trouvent acceptable pour un enfant de posséder un téléphone intelligent pensent que la durée d’utilisation devrait être limitée à moins d’une heure par jour (45 %).
  • Seule une personne sur quatre (27 %) est en désaccord avec l’affirmation que savoir utiliser un téléphone intelligent est une compétence de vie nécessaire.
  • Les répondants vivant avec des enfants à la maison sont plus susceptibles (30 % contre 20 %) de dire qu’il est approprié pour des enfants de 14 ans ou moins de posséder leur propre téléphone intelligent.
  • La plupart des gens disent que les enfants passent trop de temps à jouer à des jeux et à échanger des messages textes avec des amis (respectivement, 76 % et 78 %). Mais une grande partie des répondants croient que les enfants vont également abuser des fonctionnalités suivantes : 68 % médias sociaux ; 59 % musique/vidéos ; 54 % navigation sur Internet ; et 49 % clavardage.
  • Presque tous les Canadiens (98 %) croient qu’il est important pour des parents de définir des lignes directrices régissant l’utilisation des téléphones intelligents de leurs enfants, de ce groupe, 88 % considèrent que c’est « très important ».
  • La plupart des répondants croient que les activités auxquelles les enfants ne devraient pas se prêter sont : la cyberintimidation (91 %) et le visionnement de matériel interdit ou inapproprié (89 %)




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samedi 29 novembre 2014

Formation à l'« éducation inclusive » à Montréal, ses tics, ses trucs, ses gadgets

Tania Longpré raconte sa journée lors d’une formation à l’« éducation inclusive » donnée par la Commission scolaire de Montréal (vos taxes à l’œuvre) :

« Hier, à la Commission scolaire de Montréal, tous les enseignants, dont je suis, étaient en formation sur “l’éducation inclusive” dont le sujet était “Enseigner et intervenir en milieu plurilingue et pluriethnique”. Vivant dans nos réalités — plus de 80 % des écoles de la Commission scolaire de Montréal ont une population de plus de 50 % d’allophones — c’est une formation nécessaire. Ce qui m’a le plus surprise, c’est qu’on n’y a pratiquement pas parlé de culture commune, mais de culture morcelée. On veut conscientiser les enseignants et les amener à sensibiliser les enfants à toutes les différences, mais pas à la société qu’ils joignent. Comme si on passait outre l’existence de la société d’accueil à ceux que nous sommes justement supposés accueillir, comme si l’important n’était que la culture de l’Autre, alors que la communication interculturelle, c’est justement de favoriser l’échange entre le nouvel arrivant et sa société d’accueil. Pour cela, il ne faut pas tenter d’éloigner le Québec du processus, sinon, l’échange interculturel est inexistant. L’objectif, c’est n’est pas d’ignorer le Québec actuel et d’en “bâtir un nouveau”, comme si ce dernier était périmé, c’est de favoriser le vivre ensemble au sein d’une nation existante, même si pour certains, elle semble pratiquement de trop

Dans la formation d’hier, la vidéo, diffusée à l’ensemble des enseignants de la CSDM, y allait de diverses suggestions.

Aux touts petits, on suggérait “de se dessiner avec un ami différent de soi” en mettant justement l’accent sur sa différence visible — qui n’est que stéréotype ! — alors que chaque être humain est différent et unique. Même si un enfant asiatique se dessine avec un autre enfant asiatique, ils sont foncièrement différents ! Le fait de diviser les gens par “différences” me semble l’inverse de l’inclusion, c’est un exemple de division qui me heurte que de reléguer les ressemblances aux stéréotypes ou aux races. Comme si on me disait qu’une autre femme blanche n’était pas différente de moi tout simplement parce que nous avons la même couleur de peau. C’est ridicule.

On suggérait aussi aux enseignants de mathématiques d’apprendre aux jeunes à compter en inuktitut. C’est une belle idée, mais entre temps, pourrions-nous nous concentrer sur les vecteurs communs du plurilinguisme et du pluriethniste, soit la vie commune qu’ils auront ici ? Mettre l’accent sur le français par exemple, qui n’est pas toujours adéquatement maîtrisé ? Hier, on disait pratiquement que le monolinguisme à l’école était dépassé. »




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Cours ECR impossible : les preuves de l'existence de Dieu ?


Voici une vidéo réalisée pour un cours de philosophie dans une école française. Nous ne sommes pas sûrs que ce cours pourrait être donné officiellement dans le cadre du programme d'éthique et de culture religieuse au Québec (le professeur y est d'abord honnête et dit ce qu'il pense...)







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vendredi 28 novembre 2014

Histoire — Rwanda et Congo, 7 millions de morts ?

Les médias canadiens et québécois ont un discours convenu en ce qui concerne l’Afrique centrale : le Rwanda a vécu un génocide (ce qui est vrai), le général Dallaire a joué un rôle positif uniquement entravé par sa hiérarchie, c’est un héros canadien moderne, Louise Arbour fut une procureure excellente pour poursuivre les coupables des méfaits et du génocide rwandais. Bref, le rôle du Canada en Afrique centrale serait exemplaire...  Enfin Paul Kagamé, le président du Rwanda, a mis fin au génocide. Quant aux millions de morts au Congo, on en parle à peine ou alors uniquement pour pousser un soupir devant ce conflit interethnique incompréhensible. Que voulez-vous ? C’est l’Afrique...

Qu’en est-il ?

D’abord, un reportage explosif de la BBC diffusé le 1er octobre 2014 et interdit de retransmission au Rwanda.


Depuis ce reportage, Émile Gafarita, l’un des trois membres du FPR qui transportèrent depuis l’Ouganda jusqu’à Kigali les missiles qui abattirent l’avion du président Habyarimana a été enlevé à Nairobi le 13 novembre 2014. Il n’a pas réapparu depuis.

Ensuite quelques vidéos issues d’un colloque tenu en avril 2014 et qui rassemblait plusieurs personnalités interrogées par la BBC ci-dessus.

« C'est l'histoire d'un pape qui se rend à Strasbourg et ignore la cathédrale »



Chronique radio sur la visite du pape François







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La mère à sa fille : « Nous ne sommes rien »


Hervé Juvin rapporte dans son livre la Grande séparation cette anecdote : une jeune fille de 12 ans, interpellée par les conversions de ses camarades d’école qui choisissent le voile, demande à sa mère « Et nous, nous sommes quoi ? » La mère, cadre supérieure d’une entreprise bancaire lui répond, spontanément : « Nous, nous ne sommes rien », voulant dire par là qu’elles étaient laïques, ne dépendant d’aucune religion, libres. Mais ce rien est significatif. La nature a horreur du vide. Et l’Islam est une réponse forte à cette souffrance identitaire qui nous hante.



Pour en savoir plus :

Hervé Juvin : «Le malheur identitaire est plus grave que le malheur économique»

jeudi 27 novembre 2014

Le côté sombre des Lumières

Un mérite essentiel de l’esprit des Lumières ? Avoir promu et fortifié la haute idée d’une unité du genre humain. Tous les traités, tous les manuels, tous ceux qui forgent l’opinion en réitèrent l’affirmation avec un tel ensemble et un tel enthousiasme, qu’il est probable qu’ils y croient.


Écoutez Xavier Martin (57 minutes)


Étrange phénomène : la réalité est très différente. L’esprit de libre examen — dont sont également crédités avec ferveur les « philosophes » — ceux-ci l’ont appliqué, parmi d’autres objets de quelque conséquence, à la notion même de l’humanité, qu’ils en sont venus à nier comme essence au nom du progrès. Il en résulte, sous leur plume, au moins à titre de tendance très appuyée, une dilution du genre humain dans l’animalité, dilution d’autant plus séduisante à leurs yeux qu’elle bat en brèche, comme dépassée scientifiquement, la conception biblique de l’homme.

Les retombées n’en sont pas minces. L’humanité, dans le propos des « philosophes », devient friable. Lorsque ceux-ci vont jusqu’au bout des conséquences de leurs principes, des éboulements s’en suivent, qui sont spectaculaires : ce sont des pans entiers de la famille humaine qui se trouvent dissociés de l’humanité pleine, qui sont « bestialisés » ou sous-humanisés, ou exposés à l’être. Pierre-André Taguieff avait pu l’écrire : le Siècle des Lumières est bien celui, effectivement, « de la construction intellectuelle du “sous-homme” ». Vont en faire les frais des minorités. Très majoritaires : les ethnies exotiques, le sexe féminin, le peuple en général.

Cet effondrement de l’image de l’homme appellera des suites. Il pèsera sur toute l’anthropologie du XIXe siècle. Au bout du compte, en procéderont un peu plus tard des hécatombes qu’il est curieux, voire incongru, de n’imputer tout au contraire qu’à la noirceur de prétendues et improbables « anti-Lumières ».

Xavier Martin, historien des idées politiques et du droit, est professeur émérite des Universités. Ses travaux sur l’anthropologie révolutionnaire remettent parfois en cause de façon très inattendue la saisie historique de la vision de l’homme au Siècle des Lumières.

Selon une méthode qui a fait ses preuves, l’auteur cite massivement les documents d’époque, pèse prudemment ses analyses, et ne s’autorise aucun schématisme interprétatif.


Il expose ici le côté sombre des figures de proue dudit mouvement (Voltaire, Rousseau, Diderot, Helvétius), celui que l’on omet toujours d’enseigner dans nos écoles ou nos médias, qu’on expurge des recueils d’œuvres.

Les races « exotiques », les femmes, les paysans, le peuple en général, la religion... Tout cela ne pèse pas lourd pour nos « philosophes humanistes ».

Un profond mépris des exotiques, du peuple, des paysans, de la religion

Il est une tournure que le nouvel ouvrage du professeur Martin met en évidence dans les écrits philosophiques : l’incise « qu’on appelle ». « L’animal appelé homme », écrit Voltaire. L’homme est une convention. Nous sommes là, pour l’auteur, au cœur des Lumières, à l’articulation idéologique où naît le sous-homme et cette articulation est nominaliste. « Ce type de pensée réduit à néant la notion de genre, la notion d’espèces, commodités d’ordre mental et rien de plus. » Dès lors que l’homme n’est pas clairement reconnu comme espèce, qu’est-il ? La notion est mouvante.

La frontière avec l’animal n’existe plus. L’homme et l’animal se distinguent par un plus ou moins, plus ou moins de sensibilité, plus ou moins d’intelligence. Sont appelés hommes, c’est-à-dire appartiennent à l’humanité, ceux que les philosophes estiment répondre aux critères qu’ils ont eux-mêmes fixés.

La nature humaine étant ainsi faite, ils se prennent comme critères : une élite masculine, européenne et pensante. Conséquence, un mépris pour les ethnies exotiques, les femmes et le peuple.

Les citations se recoupent et forment un constat accablant.

Les peuples lointains, Africains ou Lapons, sont assimilés à des bêtes, au mieux des animaux nobles, souvent des animaux inférieurs. L’animal auquel on compare volontiers l’Africain est l’orang-outan. La conviction que l’homme noir « est tout autant ou davantage parent du singe que de l’homme blanc », écrit Xavier Martin, cette conviction « plus ou moins sourde ou explicite, conceptuellement assez confuse et tâtonnante, mais accueillie diffusément comme scientifique, est dominante dans l’opinion dite éclairée. » Pour Voltaire, le physique nègre est l’occasion de rire de la Genèse, son obsession : « une plaisante image de l’Être éternel qu’un nez noir épaté avec peu ou point d’intelligence ! »

Dans l’anthropologie plutôt imprécise que dessine la nouvelle philosophie, les femmes sont radicalement séparées des hommes et inférieures.
Les philosophes les pensent mal organisées pour penser. Si une femme fait profession de penser, les philosophes la tolèrent en regrettant qu’elle ne soit pas un homme. Ils le lui disent et elle est supposée en être flattée. Fleurit l’épithète « femelle ». Espèce femelle, auteur femelle, moine femelle, le qualificatif méprisant aura largement cours également sous la Révolution.

Ce mépris s’accompagne d’une réification : la femme est un objet de consommation. Dans cette perspective, le viol devient un acte bénin. Il est même envisagé par les philosophes que l’homme soit la vraie victime du viol qu’il commet, victime qu’il est de la ruse féminine qui feint de résister. Voltaire et Diderot tiennent à l’affirmer, à le démontrer, et surtout Rousseau, « indéniable virtuose de la pensée retorse » qui « donne ici largement sa mesure », Benjamin Constant parlera, lui, de « galanteries trop vives ».

Troisième cible du mépris : l’origine plébéienne. Voltaire situe le peuple quelque part « entre l’homme et la bête ».

Rousseau parle de « populace abrutie et stupide », d’Holbach d’une « populace imbécile ». Pour d’Alembert le peuple est un « animal imbécile » et il s’agit de haïr « le gros du genre humain comme il le mérite ». Cela jure avec la réputation de ces auteurs ? C’est un très mince échantillon d’une considérable production « démophobe » qui nous ramène, sans surprise, à l’animalisation : « C’est une très grande question de savoir jusqu’à quel degré le peuple, c’est-à-dire neuf parts du genre humain sur dix, doit être traité comme des singes », écrit Voltaire.

Ce mépris s’étend à des métiers (manuels) considérés comme peu estimables. Par ce biais, Voltaire trouve une fois de plus moyen d’attaquer le catholicisme. Jésus n’est pas seulement né « dans un village de juif, d’une race de voleurs et de prostituées » — antisémitisme ordinaire chez les philosophes — il est fils de charpentier, comble de l’infamie !



Naissance du sous-homme au cœur des Lumières
Les races, les femmes, le peuple
par Xavier Martin
Publié aux éditions Dominique Martin Morin,
À Poitiers,
en mai 2014,
434 pages
28,50 €
ISBN : 9 782 856 523 490


Voir aussi

Voltaire, cet inconnu, ce mythe, ce sectaire


La vision pessimiste de l’homme développée par les Lumières

Québec ne cherchera plus à fermer une école hassidique considérée auparavant comme illégale (m. à j.)


Le Monopole de l’Éducation vient d’autoriser la poursuite de l’essentiel des activités de l’école religieuse montréalaise Yéchiva Toras Moché, école qui était considérée par le MELS comme illégale jusqu’à ce matin parce qu’elle ne respectait pas les exigences gouvernementales pour les écoles privées. La Presse de Montréal et Radio-Canada qualifiaient toujours cette école d’« illégale », malgré l’entente intervenue avant la rédaction de leur dépêche.

Notons que nous ne sommes pas convaincus que cette école est illégale : le gouvernement avait déjà essayé de fermer cette école en octobre 2010 en se présentant devant un tribunal. La requête du MELS avait été rejetée, le juge ne voyant aucune raison urgente d’aller dans le sens du MELS. Les juifs hassidiques maintenaient que leur école est religieuse et qu’à ce titre elle pouvait être exemptée de l’obligation d’un permis (comme les centres de soutien scolaire) ou qu’on devait lui accorder un permis en l’exemptant de matières obligatoires conformément à l’article 22 du Règlement d’application de la Loi sur l’enseignement privé, voir l’encadré ci-dessous.

Québec et la communauté hassidique se sont entendus pour remettre entre les mains de chaque parent d’élèves la responsabilité d’enseigner le programme du ministère à la maison. Cependant, la yéchiva pourra continuer d'offrir un soutien scolaire aux enfants qui respecteront leur obligation scolaire. » Ce qui signifie en clair que rien ne changera fondamentalement à la yéchiva puisque les jeunes garçons d’âge primaire qui fréquentent la yéchiva avaient déjà six heures d’enseignement non religieux chaque semaine, à savoir de l’anglais et des mathématiques (voir [23] ci-dessous). Cet enseignement sera désormais du « soutien scolaire ».

Extrait de l'entente entre le MELS et la yéchiva entérinée par la juge Claudine Roy


Le reste de l’horaire hebdomadaire à la yéchiva peut atteindre 40 heures est consacré à l’étude des textes sacrés du judaïsme et à l’étude de l’hébreu.

L’entente officialisée ce matin entre Québec et la communauté hassidique prévoit que l’école rappellera aux parents de ses 163 élèves qu’ils ont l’obligation de les scolariser conformément au programme du ministère : soit dans une école « normale », soit avec des cours à la maison.

« Les enfants vont suivre un enseignement à la maison sous la supervision de la commission scolaire English-Montreal, a indiqué Jean Lemoine, avocat de l’école. La communauté est très contente. » Selon l’Express d’Outremont « Les jeunes devront passer les examens requis par la commission scolaire English Montréal, mandatée pour les encadrer. »

L’entente, qui a reçu le feu vert de la juge Claudine Roy, oblige aussi la communauté hassidique « à fournir à la commission scolaire » la liste de tous les élèves qui fréquentent la Yéchiva.

Une rencontre annuelle entre la direction de la yéchiva et la commission scolaire aura lieu afin d’assurer un suivi de l’application de l’entente. « Ce qui est important pour nous, c’est que ces enfants reçoivent la même [note du carnet : pourquoi identique plutôt qu’une bonne ?] éducation que n’importe quel autre enfant au Québec, et ça va se faire par le biais de l’éducation à domicile, a dit Éric Dufour, avocat représentant le ministère de l’Éducation. On a bien confiance que ça fonctionne. »

Québec essayait de fermer la Yéchiva Toras Moché depuis plusieurs années. Un nouveau procès en injonction permanente pour ce faire devait s’ouvrir martin matin au Palais de justice de Montréal, mais l’entente hors cour est survenue juste avant.

Selon Le Devoir de ce mercredi, l’établissement « devra renoncer » à obtenir un permis d’enseignement et donc à être une école soumise à la Loi sur l’enseignement privé. Pourtant, c’est une victoire pour l’école hassidique qui prétendait depuis plusieurs années (voir [100] et [103] ci-dessous) qu’elle n’avait précisément pas besoin d’un tel permis.

Faits établis par le juge Dugré

[21] Depuis la fondation de l’Académie, la communauté Satmar n’a jamais demandé ni reçu de fonds publics pour assurer le financement de son établissement. En effet, le financement de l’Académie a toujours été assuré essentiellement par les frais de scolarité et les donations. La preuve révèle que ce choix a été fait de façon à préserver l’indépendance de l’Académie en sa capacité d’offrir l’enseignement religieux avec un complément d’instruction séculière ou laïque, conformément aux croyances et pratiques de la communauté Satmar.

[22] L’Académie compte actuellement 163 élèves. En plus de l’enseignement talmudique qui occupe la plus grande partie de la journée, les jeunes garçons qui fréquentent l’Académie suivent des cours dits « séculiers » [profanes], essentiellement des cours d’anglais et de mathématique, selon un programme développé par monsieur Jacob Maman qui, comme on l’a vu, est le directeur des études séculières de l’Académie.

[23] La preuve révèle que cet enseignement séculier est limité chaque semaine à environ 6 heures de cours. En comptant l’enseignement talmudique, les élèves de l’Académie suivent entre 29 heures de cours par semaine, la première année (garçons âgés de 6 ans), avec un prolongement des heures qui va jusqu’à 40 heures de cours par semaine (pour la 6e année d’enseignement).

Conclusions du juge Dugré qui rejetait en date du 7 septembre 2011 la requête en injonction du gouvernement

[100] De plus, selon la plaidoirie des procureurs des parties, les établissements offrant des cours de soutien, par exemple en français, anglais ou mathématiques, ne sont pas considérés par le MELS comme étant soumis à l’obligation de détenir un permis en vertu de la L.E.P. [Loi sur l’enseignement privé]

[103] De son côté, l’Académie admet qu’elle n’est pas titulaire d’un permis délivré par la Ministre pour son établissement, mais soutient qu’un tel permis n’est pas requis puisqu’elle ne tient pas un établissement d’enseignement auquel s’applique la L.E.P.

[104] Quant au permis, l’Académie affirme que si elle devait être titulaire d’un tel permis, le refus par la Ministre de l’émettre est injustifié en l’espèce. Elle plaide en outre que sa demande d’exemption, fondée sur le 2e alinéa de l’art. 22 du Règlement, aurait dû être accordée par la Ministre.

[169] Le Tribunal est d’avis que le Procureur général tente, par sa demande d’injonction interlocutoire, de judiciariser la fréquentation scolaire obligatoire imposée aux enfants âgés entre 6 et 16 ans et résidant au Québec. Or, le 1er juillet 1989, le législateur québécois a fait le choix de déjudiciariser l’obligation de fréquentation scolaire des enfants en adoptant les articles 14 à 18 de la L.I.P.[39]. Le libellé de ces articles et les débats parlementaires confirment l’intention du législateur[40].

[171] La pluralité des opinions exprimées dans l’arrêt Jones démontre la complexité de l’interrelation entre l’intérêt de l’État dans l’éducation de ses citoyens, le droit des parents de veiller à l’éducation de leurs enfants et l’intérêt supérieur de ces derniers, et ce, dans le respect des libertés fondamentales, mais dans les limites d’une société libre et démocratique. Il est manifeste que la solution à cette problématique représente un défi de taille pour le pouvoir judiciaire.

[172] Il importe de souligner que les débats parlementaires[42] ayant mené à l’adoption de la L.E.P., le 1er juillet 1993, et par la suite à l’adoption de l’art 22 du Règlement, témoignent de la préoccupation du législateur d’édicter une soupape permettant à la L.E.P. d’être valide sur le plan constitutionnel suivant les enseignements de l’arrêt Jones. [L’article 22 du Règlement en question autorise la Ministre à exempter une organisation à caractère religieux, sans but lucratif, de matières obligatoires à enseigner, de programmes obligatoires à suivre et de manuels scolaires obligatoires à utiliser.]

[178] En conséquence, à la lumière de l’ensemble de ces dispositions législatives, il est difficile de concevoir que l’obligation de fréquentation scolaire puisse être sanctionnée par le Tribunal au moyen d’une injonction interlocutoire demandée contre un établissement d’enseignement privé qui n’est pas titulaire d’un permis en vertu de la L.E.P. [Fermer l’école ne permettrait pas de mieux s’assurer que les élèves fréquentent une école, bien au contraire.]

[180] Le Tribunal a cherché à comprendre la logique poursuivie par le Procureur général qui est insatisfait que les enfants ne reçoivent en l’espèce que 6 heures de cours d’enseignement séculier par semaine, alors qu’ils devraient en recevoir 25 selon le régime pédagogique.

[181] En vain.

[182] En effet, l’ordonnance d’injonction sollicitée par ce dernier vise justement à empêcher l’Académie d’enseigner ces 6 heures de cours séculiers.

[183] Ensuite, rien n’indique qu’une ordonnance d’injonction interlocutoire sera en l’instance efficace en ce sens qu’elle sera favorable à l’intérêt public, lequel doit nécessairement tenir compte de l’intérêt supérieur des enfants concernés. Bref, il est douteux que le remède réclamé soit efficace (art. 462 C. p.c.).

[186] Le Tribunal a cherché sans succès dans la législation québécoise une disposition similaire à la définition d’« école privée » que l’on retrouve à l’art. 1(1) de la Loi sur l’éducation[46] de l’Ontario. Cette expression est définie ainsi par le législateur ontarien :
« 1. (1) [...] “École privée” Établissement qui, entre 9 h et 16 h un jour de classe, dispense à cinq élèves ou plus qui ont atteint ou dépassé l’âge de scolarité obligatoire un enseignement portant sur toute matière du programme d’études du niveau élémentaire ou secondaire et qui n’est pas une école au sens du présent article. »

[187] Cette carence de la législation québécoise semble prima facie influer sur le caractère exécutoire de l’injonction sollicitée eu égard aux lourdes sanctions prévues à l’art. 761 C. p.c.

[188] En conséquence, à défaut de l’utilité, de l’efficacité et du caractère exécutoire, le Tribunal est d’avis qu’il est opportun, dans les circonstances, d’exercer son pouvoir discrétionnaire pour refuser les ordonnances d’injonctions interlocutoires sollicitées par le Procureur général.

[191] Le juge en chef Burger, prononçant l’opinion majoritaire de la Cour suprême des États-Unis dans l’affaire Wisconsin c. Yoder, a jugé que des parents, membres de la communauté amish, étaient justifiés de retirer leurs enfants de 14 et 15 ans de l’école publique malgré la fréquentation scolaire obligatoire jusqu’à l’âge de 16 ans. Cet arrêt du plus haut tribunal des États-Unis, quoique rendu dans un contexte constitutionnel différent il y a maintenant près de 40 ans, conserve tout de même une certaine pertinence lorsque le juge en chef Burger écrit :
« We must not forget that, in the Middle Ages, important values of the civilization of the Western World were preserved by members of religious orders who isolated themselves from all worldly influences against great obstacles. There can be no assumption that today’s majority is "right," and the Amish and others like them are "wrong." A way of life that is odd or even erratic but interferes with no rights or interests of others is not to be condemned because it is different. »
[192] Plus près de nous, un grand juriste canadien pour qui la compassion constituait une valeur fondamentale, le juge Dickson — avant d’être juge en chef — soulignait dans l’arrêt Big M Drug Mart :
« Une majorité religieuse, ou l’État à sa demande ne peut, pour des motifs religieux, imposer sa propre conception de ce qui est bon et vrai aux citoyens qui ne partagent pas le même point de vue. La Charte protège les minorités religieuses contre la menace de “tyrannie de la majorité”. »
[193] Le Tribunal n’a aucune hésitation à ajouter que ces sages propos du regretté juge Dickson s’appliquent avec tout autant d’acuité à une majorité laïque ou agnostique.

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Québec veut fermer une école juive trop religieuse

Québec, grand habitué des tribunaux pour imposer sa vision de l’enseignement (paragraphes sur la requête en injonction visant à fermer l’école Yechiva Toras Moché [octobre 2010]

mercredi 26 novembre 2014

Alain Bentolila : « Continuer d'écrire à la main est fondamental »


Extrait d’un entretien paru dans Le Figaro avec le linguiste Alain Bentolila sur les initiatives américaines ou finlandaises de ne plus enseigner l’écriture cursive aux enfants. Dans ces pays, les claviers sont désormais privilégiés.

La fin de l’apprentissage de l’écriture manuelle est annoncée en Finlande. La maîtrise de la saisie sur clavier est plus importante, a récemment jugé un haut responsable de son système éducatif. Apparemment, cette annonce serait exagérée et due à une mauvaise traduction (voir Les enfants finlandais continueront bien à écrire à la main…), toutefois les arguments de M. Bentolila nous semblent intéressants.

Un virage déjà pris par 45 États américains (toutes les écoles de ces États ne participent pas à ce virage, et ce virage n'est pas complet, voir notre billet).

Spécialiste de l’apprentissage de la lecture et du langage chez l’enfant, professeur à l’université Paris-Descartes, Alain Bentolila s’élève contre de telles réformes.

LE FIGARO. — En Finlande, les écoliers ne vont bientôt plus apprendre à écrire à la main, mais utiliseront un clavier. Qu’en pensez-vous ?

Alain BENTOLILA. — C’est une très mauvaise décision. Non pas que je sois un nostalgique de la calligraphie. Cependant, quand on écrit à la main, on fait un acte singulier. Le fait de tracer sereinement des lettres et des mots permet à mon esprit de les porter. Ce qui n’est pas le cas avec des machines ou des tablettes. En d’autres termes, le rythme de l’écriture manuelle s’associe au rythme de ma pensée qui impose son déroulement à ma main.

Cette noblesse de l’écriture manuelle est-elle compatible avec la vie de tous les jours où tout va très vite ? Qui écrit encore à la main ?

Mais est-on toujours obligés d’aller vite ? Une pensée peut être juste ou fausse, profonde ou superficielle. L’écriture manuelle est nécessaire, car lorsque je trace un « p » ou un « b », je veux me faire comprendre et je discipline donc mon écriture. J’écris pour quelqu’un. L’acte d’écriture manuelle est aussi un acte de reconnaissance de l’autre, ce qui est fondamental dans l’apprentissage des enfants. L’écran fait, lui, écran à ma relation à l’autre.


Mais n’êtes-vous pas en train de magnifier l’écriture qui est aussi un acte très banal ?

Bien sûr, j’envoie aussi des textos et j’ai écrit mes deux derniers livres — il y en avait eu dix-huit avant — sur un ordinateur ! N’empêche, j’irai quand même plus loin : écrire a aussi une signification métaphysique. C’est affirmer que je suis conscient qu’un jour, je ne serai plus. Lorsque je trace moi-même des mots sur une page, j’accomplis un acte de foi dans la transmission.
 
[...]
 
Le pragmatisme ne doit-il pas l’emporter ? L’écriture sur ordinateur permet aux enfants d’être lisibles, de rendre des textes plus propres, voire d’utiliser le correcteur orthographique…

Ce sont de faux arguments auxquels il faut opposer l’effort, la gratification, la conscience de l’autre que seule permet l’écriture graphique.

Lutter contre l’échec scolaire est un autre argument. L’écriture cursive — dite en attaché — décourage beaucoup d’enfants… Le calcul mental a bien été en partie abandonné au profit des calculatrices.

S’employer à réduire l’échec scolaire ne signifie pas diminuer le niveau d’exigence. Quant au calcul mental, c’est vrai. Mais l’écriture, c’est le propre de l’homme. Les hiéroglyphes, les idéogrammes, l’écriture alphabétique… Tout cela est une longue histoire. L’écriture est une convention : tel son correspond à telle lettre. Mais aussi une affirmation de chacun dans sa singularité. C’est un acte à la fois universel et singulier. La machine, elle, uniformise.

Vous avez l’appui des neuroscientifiques qui sont plutôt favorables au maintien de l’écriture cursive. Elle permet, selon eux, de mieux mémoriser, elle développe la motricité fine chez l’enfant.
Bien sûr. La mémoire se construit grâce à l’écriture manuelle et non avec un écran.
 
[...]

Pourquoi ces choix aux États-Unis ou en Finlande ? Ces pays ne sont pas suicidaires…

Peut-être sont-ils animés par une obsession de la modernité. Ils vont trouver que cette interview est celle d’un dinosaure !

Quelle est la position des enseignants français sur cette question ?

Il existe un consensus, dans l’enseignement public comme privé, pour maintenir l’écriture cursive.

La maîtrise de l’écriture par le plus grand nombre est relativement récente. Jusqu’à l’école de Jules Ferry, beaucoup de Français n’étaient-ils pas analphabètes ?

Oui, jusqu’à la fin du XIXe siècle, la moitié d’entre eux ne savaient pas lire et écrire. Ils ne sont plus que 0,6 ou 0,7 % aujourd’hui. Cette population n’avait pas la possibilité de participer à l’intelligence collective. Cela étant, la transmission passait beaucoup par la tradition orale.




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