vendredi 18 octobre 2024

La solitude des enseignants face à la montée de l’islamisme

C’est une école [publique] où certains professeurs arabo-musulmans pratiquaient une discrimination systématique envers les femmes — l’un d’eux s’était même inventé un prétexte pour ne pas leur serrer la main ; d’autres parlaient en arabe dans des classes composées à 80 % d’élèves marocains ; une dizaine d’entre eux refusaient de se réunir avec leurs confrères et avaient créé une deuxième salle des professeurs ; d’aucuns se vantaient même de ne pas croire à la théorie de l’évolution des espèces. Quant aux autres professeurs, souvent traités de « belgo-frites », ils évitaient les sujets litigieux, comme la sexualité et la religion. Comme par hasard, le personnel et les directeurs étaient fréquemment remplacés.

Non, je ne vous parle pas du climat dit « toxique » de l’école [publique] Bedford [de Montréal], où, selon un rapport d’enquête, on aurait négligé certaines matières peu compatibles avec l’islam, certains professeurs allant même jusqu’à faire leurs prières et leurs ablutions devant les élèves. Je vous parle de l’école Athénée royal Serge Creuz de Molenbeek, un quartier musulman de Bruxelles, où les journalistes Jean-Pierre Martin et Laurence D’Hondt ont recueilli ces témoignages ahurissants de la bouche même de nombreux enseignants (Allah n’a rien à faire dans ma classe. Enquête sur la solitude des profs face à la montée de l’islamisme [voir plus de détails ci-dessous]).

Comme à Bedford, une enquête a été diligentée en 2016 par le Service général de l’inspection de Wallonie-Bruxelles. Même si les rapporteurs semblaient marcher sur des œufs, ils pointaient du doigt une « ghettoïsation » et « l’affirmation d’une identité culturelle communautaire, voire religieuse ». L’Athénée royal Serge Creuz a notamment été fréquenté par le cerveau des attentats du 13 novembre 2015, Abdelhamid Abaaoud.

Au moment où la France commémore les assassinats des professeurs Samuel Paty et Dominique Bernard, tous deux égorgés par un militant islamiste, il serait évidemment ridicule de croire que tous les islamistes rêvent d’assassiner des professeurs. Mais il ne fait guère de doute que l’islamisme cherche à étendre son influence sur le monde de l’éducation.

Les Québécois ne sont pas les premiers à en prendre conscience. D’autant que ce prosélytisme est ouvertement revendiqué. Ainsi, en Europe, les Frères musulmans ont-ils pour priorité de lutter contre « l’emprise laïque occidentale », tout particulièrement en éducation. Depuis 1993, cette organisation tentaculaire s’est donné pour mission de réislamiser la diaspora musulmane afin de prévenir son assimilation. Ceux qui n’y voient qu’une lubie sans conséquence devraient lire le « plan culturel islamique unifié » destiné à défendre l’identité musulmane dans les pays d’immigration, adopté à Doha en 2000 par la neuvième Conférence islamique de l’ISESCO. Une sorte d’UNESCO islamique qui regroupe… 54 États !

Dans ce document, on affirme sans détour que tout doit être fait pour éviter que les petits musulmans acquièrent les valeurs de leur pays d’accueil. Bref, qu’ils deviennent français ou québécois ! La laïcité y est considérée comme un problème, de même que le fait d’« inculquer » aux jeunes « les valeurs occidentales » ou le « modèle de pensée et les coutumes locales ». Cette véritable déclaration de guerre à « l’école occidentale » prétend que celle-ci aurait « programmé […] la démolition méthodique et systématique des valeurs [musulmanes] qu’il [l’enfant] tient de sa famille et de sa culture originale ». C’est pourquoi « le déclin de l’éblouissement de la civilisation occidentale » est considéré comme un « éveil béni ».

Tenez-vous bien ! S’agissant des pays occidentaux, les auteurs ne proposent rien de moins que l’élaboration « d’une civilisation de substitution qui s’appuie sur l’Islam authentique ». À l’image probablement du programme scolaire turc, qui proscrit la théorie de Darwin et prescrit l’enseignement du « bon djihad ».

En Europe, « l’entrisme des mouvements islamistes dans le monde de l’enseignement se fait à bas bruit », écrivent Jean-Pierre Martin et Laurence D’Hondt. En 2014, les Britanniques n’avaient-ils pas découvert avec stupéfaction que six écoles de Birmingham étaient infiltrées par des islamistes ? Ils souhaitaient bannir l’enseignement de la musique et des arts et avaient même financé avec les deniers publics plusieurs pèlerinages à La Mecque.

En France, les islamistes s’évertuent à « maintenir un niveau de connaissances faible afin de tuer l’esprit critique et le rationalisme, l’imaginaire et la fiction, ou encore ignorer l’Histoire, qui n’aurait aucun intérêt pour la connaissance de Dieu », dit l’historien Pierre Vermeren. Sans parler de l’éducation sexuelle…  
 
[Note du carnet : Oui, enfin, l’Occident n’aide pas leur cause à imposer ou promouvoir dans les écoles la théorie du genre et les extravagances LGBTQ2SAI+ qui font encore plus facilement passer l’école occidentale pour une école de la décadence.]

On ne s’étonnera pas que, laissés à eux-mêmes, 56 % des professeurs français s’autocensurent sur la Shoah, le conflit israélo-palestinien, et n’osent plus montrer à leurs élèves la Vénus de Botticelli. Avant l’assassinat de Samuel Paty, ils n’étaient que 38 %. Pourtant, combien sont-ils à se cacher la tête dans le sable sans même oser prononcer le mot « islamisme » ? Face à la démission de ceux qui ne veulent pas faire de vagues, ne vous demandez pas pourquoi les professeurs se sentent abandonnés.

Source : Le Devoir
 


 

Allah n’a rien à faire dans ma classe.
Enquête sur la solitude des profs face à la montée de l’islamisme
par Jean-Pierre Martin et Laurence D’Hondt
paru le 23 septembre 2024,
aux éditions Racine,
à Bruxelles (Tour & Taxis),
192 pp,
EAN : 9 782 390 253 013

Présentation de l’éditeur


L’enquête-choc sur la montée de l’islamisme dans les écoles

Pourquoi la théorie de l’évolution est-elle contestée dans nos écoles ? Pourquoi les cours d’histoire sont-ils remis en cause ? Pourquoi le port du voile est-il devenu un tel enjeu ? Pourquoi Samuel Paty a-t-il payé de sa vie l’exercice de l’esprit critique ?

Enseigner est aujourd’hui devenu un métier dangereux. L’école n’est plus un sanctuaire, un lieu protégé de la fureur du monde. Les islamistes la considèrent comme l’école de la mécréance, parce qu’elle enseigne la liberté de conscience. De Kaboul à Bruxelles ou Paris, elle est une cible. Déconsidérés, trop peu entendus, les enseignants ne sont pas armés pour y faire face.

Dans cet ouvrage qui se veut un cri d’alarme, Laurence D’Hondt et Jean-Pierre Martin sont partis à la rencontre de ces professeurs qui osent évoquer leur solitude et briser le silence. Des témoignages entrecoupés de chapitres qui raconteront l’influence de l’islamisme au cœur de nos écoles publiques et privées, la détresse des directeurs, le silence embarrassé des syndicats et des partis politiques, les enjeux de la laïcité. Enfin, les auteurs rapporteront, à travers les réflexions et les expériences de professeurs, des initiatives pour refaire de l’école un lieu d’instruction et non de prosélytisme.

 Voir aussi

En 1989, à Bruxelles, sur 100 jeunes de moins de 20 ans, 40 sont étrangers. Et dans cette école, 90 % des enfants ont les cheveux bouclés et le teint bronzé. Le proviseur (directeur) Monsieur Caudron, lui, est un vrai belge, grande gueule, bon cœur et collier de barbe blanche. Mais on dirait bien que pour les petits Maghrébins, les discours du proviseur, c’est du chinois… Et vice versa. L’école en question est l’Institut communal technique sur la rue de la Ruche à Schaerbeek (Bruxelles).

 

Voir aussi le film Amal, un esprit libre. Amal, enseignante dans un lycée (très « métissé ») à Bruxelles, encourage ses élèves à s’exprimer librement. De par ses méthodes pédagogiques audacieuses et son enthousiasme, elle va bouleverser leur vie. Jusqu’à en choquer certains. Peu à peu, Amal va se sentir harcelée, menacée. Bande-annonce ci-dessous.

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