mercredi 21 juin 2023

Faire des études post-secondaires en anglais conduit souvent les francophones à travailler en anglais et à préférer travailler en anglais

L’Office québécois de la langue française (OQLF) vient de publier une étude sur les usages linguistiques en milieu de travail des jeunes de 18 à 34 ans, qui montre que plus des trois quarts (77 %) de l’ensemble des jeunes francophones préfèrent travailler en français. Mais ce pourcentage chute à 40 % si ces derniers ont fait leurs études post-secondaires en anglais.

L’étude s’appuie sur un vaste sondage effectué en 2021 auprès de 6008 répondants ainsi que sur des groupes de discussion. Ce qui est observable chez les jeunes francophones l’est aussi, mais à un degré bien supérieur, chez les jeunes allophones qui ont pourtant eux aussi fréquenté l’école secondaire française. Moins de 5 % des allophones qui ont fait leurs études post-secondaires en anglais préfèrent travailler en français, contre 41 % qui optent pour l’anglais, 27 % qui préfèrent travailler dans les deux langues et 28 % qui n’affichent aucune préférence.

Confirmant certaines données d’études antérieures, cette enquête de l’OQLF montre que ces préférences se traduisent dans la langue qui est effectivement utilisée au travail. S’ils ont fait leurs études post-secondaires en français, les jeunes francophones travaillent le plus souvent dans leur langue dans une proportion de 87 % contre 55 % s’ils ont fait le même parcours en anglais. Plus du quart de ces derniers travaillent le plus souvent en anglais. Pour les jeunes allophones qui ont choisi le cégep ou l’université de langue anglaise, une majorité travaille le plus souvent en anglais (53 %), à peu près le même pourcentage (55 %) que les anglophones qui ont toujours étudié dans leur langue.

Sans surprise, le portrait de la langue ou des langues parlées par les jeunes au travail est différent selon qu’on se trouve sur l’île de Montréal ou dans des agglomérations comme Québec, Trois-Rivières et Sherbrooke. Seule Gatineau présente une situation semblable à celle qui prévaut dans la métropole.

Ainsi, à Québec, Trois-Rivières et Sherbrooke, la proportion des jeunes pour qui le français était la seule langue parlée régulièrement au travail variait de 62 % à 69 %. Sur l’île de Montréal, ce pourcentage chute à 36 % et la moitié des jeunes y travaillent dans les deux langues.

Pour les jeunes francophones, le fait d’avoir une connaissance de l’anglais est perçu comme un minimum pour obtenir un emploi dans plusieurs domaines. Certains d’entre eux estiment toutefois que le fait d’être un francophone unilingue ne devrait pas empêcher quelqu’un d’accéder à un emploi ou d’obtenir une promotion. D’autres font remarquer que les immigrants francophones sont mal informés sur l’importance du bilinguisme pour décrocher un emploi.

Certains jeunes estiment que le bilinguisme au travail est porteur de possibilités sur le plan personnel alors que d’autres s’en inquiètent, « rappelant que cette exigence peut représenter un obstacle professionnel pour de nombreuses personnes », rapportent les auteurs de l’étude.

À l’heure actuelle, 18 % des cégépiens font leurs études en anglais et la majorité d’entre eux proviennent du réseau secondaire français. Cette étude de l’OQLF amène de l’eau au moulin de ceux qui militent pour que la loi 101 soit étendue au cégep. À tout le moins, elle conforte le gouvernement caquiste qui, avec la Loi sur la langue commune (loi 96), a plafonné le nombre de places au cégep anglais, qui allaient en croissant.

Source : Le Devoir
 
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Selon ce mémoire, déplacement de la clientèle de langue française vers l'anglais à Montréal:
  • perte de 11,8% de l'effectif pour les universités françaises;
  • gain de 19,8% pour les universités anglaises.

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