mercredi 5 avril 2023

Québec — L'écart se creuse entre le public et le privé en français

La baisse du taux de réussite à l’épreuve d’écriture a été moins brutale pour les élèves du privé en 2022.

Le taux de réussite des élèves à l’épreuve de français écrit de cinquième secondaire a chuté en 2022, mais ce sont les élèves du public qui ont subi la dégringolade la plus importante, si bien que l’écart s’est creusé encore davantage avec le privé.

Dans l’ensemble du réseau public, seulement 66,1 % des élèves ont réussi leur examen d’écriture en juin 2022, une diminution de dix points de pourcentage comparé à juin 2019.

Les épreuves ministérielles ont été annulées pendant la pandémie, en 2020 et 2021.

Les résultats des garçons qui fréquentent le public sont encore moins reluisants, puisque seulement 59,1 % d’entre eux ont obtenu la note de passage, selon des données du ministère de l’Éducation obtenues par Le Journal.

Déclin moins marqué

Dans le réseau privé, l’impact de la pandémie s’est aussi fait sentir sur les résultats en français écrit, mais de façon moins marquée.

Le taux de réussite de l’épreuve de cinquième secondaire est passé de 88 %, en 2019, à 81,6 %, en 2022. Dans les rangs des garçons, 76,6 % ont obtenu la note de passage.

L’écart entre les élèves du public et du privé s’est donc accentué en trois ans, passant de 12 à 15,5 points de pourcentage.

« C’est inquiétant de voir des différences comme celles-là. En français écrit, ça ne va pas du tout », lance Isabelle Plante, professeure au département de didactique à l’UQAM.

Le son de cloche est semblable du côté de Priscilla Boyer, professeure en didactique du français à l’Université du Québec à Trois-Rivières.

Cet écart entre les élèves du public et du privé n’est toutefois pas étonnant puisque les chambardements entraînés par la crise sanitaire ont eu un impact plus grand dans les milieux défavorisés, souligne-t-elle.

Effet de la gestion de la pandémie

« Comme dans d’autres domaines, la pandémie a fragilisé ces étudiants-là et ce sont eux qui ont écopé le plus, en général », dit-elle.

Les élèves du privé ont probablement eu davantage de soutien parental à la maison, moins de problèmes d’accès à un appareil informatique, sans compter la rapidité avec laquelle les écoles privées ont mis en place l’école en ligne dès le début de la pandémie, souligne Mme Boyer.

Ce sont « les élèves les plus vulnérables qui semblent avoir souffert davantage » de la pandémie, alors que ces derniers sont « surreprésentés » dans les écoles publiques, indique aussi de son côté la professeure de l’UQAM.

Selon les plus récents chiffres, 33 % des élèves des écoles secondaires publiques sont handicapés ou en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage (EHDAA, dans le jargon du ministère), une proportion qui chute à 19 % dans les établissements privés.

Par ailleurs, la proportion d’élèves du secondaire inscrits au privé était de 20,5 % en 2022, semblable à celle de 2019. 

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Nombreux enseignants non qualifiés


La crise sanitaire n’est toutefois pas le seul facteur qui peut expliquer la dégringolade des élèves en français. La pénurie d’enseignants pourrait aussi être en cause, ajoute Mme Boyer.

Des conseillers pédagogiques lui ont rapporté récemment que dans certaines écoles montréalaises, tous les enseignants de français de cinquième secondaire étaient nouveaux ou n’avaient aucune formation, ce qui pourrait avoir un impact sur la réussite des élèves. [Serait-ce dû à la forte croissance du nombre d’élèves due à l’immigration record au Québec ?]

Mme Boyer rappelle par ailleurs que les résultats aux épreuves ministérielles de juin 2022 ne comptaient que pour 20 % de la note finale de l’élève, alors que cette proportion était de 50 % avant la pandémie.

Dans ce contexte, des enseignants ont pu décider d’accorder moins d’importance en classe à la préparation pour l’épreuve ministérielle, souligne-t-elle.


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