La perspective d’un passe sanitaire obligatoire pour aller chez le coiffeur ou faire ses courses crispe en France, pour plusieurs raisons légitimes. Des manifestations importantes ont eu lieu en France pour dénoncer l'imposition du laissez-passer sanitaire.
j'ai jamais vu autant de monde !! paris @EmmanuelMacron écoute ton peuple. pic.twitter.com/HmlGDyyQML
— Jean Luc le gaulois (@gaulois1966) July 17, 2021
Passons d’abord sur le fait qu’Emmanuel Macron avait promis que ce ne serait jamais le cas. «Le passe sanitaire ne sera jamais un droit d'accès qui différencie les Français», assurait le président de la République fin avril dans la presse régionale. «Il ne saurait être obligatoire pour accéder aux lieux de la vie de tous les jours comme les restaurants, théâtres et cinémas, ou pour aller chez des amis.» Force est de constater qu’un peu plus de deux mois plus tard, ces garanties ont été balayées d’un revers de main. Le site Numérama revient sur les différentes étapes de cette volte-face ; sur la page gouvernementale du passe sanitaire, les anciennes règles ont tout simplement été effacées au profit des nouvelles, sans aucune explication ni justification. Rien de tel pour sabrer la confiance dans la parole publique.
C'est bon enfant à #Marseille mais très déterminé.
— #Rendeznous-Pimprenelle- (@RPimprenelle) July 17, 2021
La Canebière est noire de monde, c'est la #manifestation des soignants, autre manif à 17h..
D'autres vidéos sur mon compte toute la journée#COVID19 #DictatureSanitaire pic.twitter.com/tU9whdFSMC
Soulignons ensuite que la mise en place de ce passe sanitaire en France implique une rupture inédite, comme l’explique François-Xavier Bellamy dans une tribune qui mérite d'être lue. «Pour la première fois dans notre histoire, il faudra présenter un document de santé pour effectuer les actes les plus simples du quotidien», écrit l’eurodéputé dans nos colonnes. L’obligation s’accompagne d’un volet répressif : l’avant-projet de loi sanitaire prévoit une peine d’un an de prison et une amende de 45.000 euros à l’encontre des responsables d’établissements qui ne contrôleraient pas le QR code de leurs clients. Quant aux salariés des secteurs médicaux, touristiques ou ceux de la restauration, tout défaut de passe sanitaire les expose à un licenciement.
À partir du 21 juillet, le passe sanitaire sera obligatoire pour accéder aux lieux de loisir et de culture accueillant plus de 50 personnes. Au début du mois d’août, le passe sanitaire sera étendu aux restaurants, cafés, salles de sport, centres commerciaux, trains et autocars longue distance, hôpitaux et dans les Ehpad.
Avec un tel dispositif, la France rejoint le club très fermé des pays européens à l’acception la plus stricte de l’usage de ce certificat numérique européen. Seuls le Danemark et l’Autriche conditionnent l’accès au restaurant, au cinéma ou au salon de coiffure à la présentation d'un «coronapass». D’autres pays sont plus souples : les décisions sont régionalisées en Allemagne, en fonction de l’évolution du taux d’incidence. Même chose au Portugal, détaille France 24 qui précise que cette obligation reste limitée aux fins de semaine. Au Luxembourg, les établissements ont le choix entre contrôler le «CovidCheck», ou respecter des mesures sanitaires spécifiques.
Par son intransigeance, le modèle français interroge sur sa compatibilité avec les libertés publiques. Les contraintes du passe sanitaire ne pèsent pas que sur les personnes non-vaccinées. Elles concernent tout le monde. Qui est prêt à présenter systématiquement son passe sanitaire accompagné d’une pièce d’identité avant d’accéder à un espace public ? Sur le plan européen, ce certificat de vaccination avait été pensé pour favoriser la circulation entre les frontières des États membres. Mais par un coup de baguette administrative, il va devenir en France le document impératif à présenter pour pouvoir se faire couper les cheveux.
Voir François-Xavier Bellamy sur le passe sanitaire : «Une remise en cause profonde et inédite de notre modèle de société»
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