lundi 3 septembre 2007

Le Québec est laïque, la liberté individuelle y est la valeur absolue

En exergue, dans le numéro du 15 septembre 2007 de l’Actualité, à la page 40, le traducteur Éric Poirier déclare en gros caractères (22 points typographiques):
« Ceux qui dominent dans notre société sont laïques. Et, au Québec, la liberté individuelle est absolue. »
M. Poirier, qui regrette par ailleurs l’emprise grandissante de l’anglais au Québec, justifiait ainsi sa confiance dans l’avenir « laïque » du Québec, il ne craint pas les « intégristes [qui] mènent un combat d’arrière-garde. »

Cette déclaration semble assez représentative d’une frange de la population québécoise qui s’exprime souvent dans les médias. Si on peut bien comprendre ce qu’est une institution laïque (elle ne favorise aucune religion, elle incarne la séparation de l’État et de la religion d’ailleurs préconisée par le Christ), qu’est-ce qu’une personne laïque ? Une personne qui ne favorise aucune religion ? Un athée ou un agnostique pour être clair ? Pourquoi cet euphémisme de « laïque »  qui paraît neutre et bienveillant en première analyse ?

Il est vrai que la société québécoise est dominée par ces areligieux (sans qu’ils ne représentent nécessairement la population), mais il y a un pas à conclure ensuite, comme s’il s’agissait d’une conséquence logique, que la liberté individuelle est absolue au Québec. C’est bien évidemment faux puisque les libertés religieuses ne sont pas respectées comme l’exemple des mennonites de Roxton Falls l’a montré à l’envi, ce qui a d’ailleurs mérité au Québec une place au palmarès des libertés religieuses menacées (International Religious Freedom News).

Enfin, ces « laïques » se sont-ils jamais demandé si leurs valeurs hédonistes et progressistes ne sont pas responsables du manque de conscience linguistique de la part de nombreux francophones  que certains « laïques », comme M. Poirier, regrettent amèrement ? Car, enfin, le matérialisme ambiant s’accorde bien avec l’anglais qui rapporte plus en Amérique du Nord que le français. De même l’hédonisme des « laïques » n’explique-t-il pas en partie la dénatalité québécoise (la maternité enchaîne pour eux les femmes au foyer) qui mine la force du français au Québec ? Rappelons que les Américains blancs non hispaniques, « intégristes » et « laïques » confondus, ont nettement plus d’enfants (1,84 enfant/femme en 2004 et 2005) que les Québécois, toute ethnie confondue, qui n’ont que 1,5 enfant/femme en 2004 y compris les Amérindiennes et les immigrantes plus fécondes que les Québécoises de naissance. Pire, les États américains les plus conservateurs et les plus religieux ont encore plus d’enfants que les États démocrates ! Et tout cela sans politique familiale ni garderies ruineuses dont l'incidence sur la natalité est minime si tant est qu'elle soit même observable. Les areligieux québécois devraient vraiment se poser la question de savoir si leurs « valeurs laïques » ne conduisent pas au lent déclin de la spécificité de la société québécoise en Amérique du Nord : sa langue et non son progressisme commun à une bonne partie des villes anglophones du Nord-est du continent. Incidemment, la Nouvelle-Angleterre progressiste voisine du Québec a également un des taux de fécondité les plus bas des États-Unis (1,5 enfant/femme), tiens comme le Québec!

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