mardi 27 février 2018

Méta-étude — Différences entre les sexes dans les préférences des enfants en matière de jouets

Selon une enquête publiée dans la revue Infant and Child Developement, dès leur plus jeune âge, la plupart des enfants choisissent de jouer avec des jouets typiquement associés à leur sexe.

Afin d’isoler les variables qui prédisent la préférence des jouets, les auteurs ont réalisé une méta-analyse des études d’observation de la sélection libre des jouets par les garçons et les filles âgés de 1 à 8 ans. D’un fonds initial de 1788 articles potentiels, 16 études (portant 787 garçons et 813 filles) répondaient aux critères d’inclusion des chercheurs. 

Ils ont constaté que les garçons jouaient plus avec des jouets de garçons que les filles (Cohen d = 1,03, p < 0,0001) et que les filles jouaient plus avec les jouets de filles que les garçons (Cohen : d = -0,91, p < 0,0001). La métarégression n’a montré aucun effet significatif de la présence d’un adulte, du contexte de l’étude, de la localisation géographique de l’étude, de la date de publication, de l’âge de l’enfant ou de l’inclusion de jouets neutres. Cependant, une analyse plus poussée des données sur les garçons et les filles a révélé que les garçons plus âgés jouaient plus avec les jouets de type masculin qu’avec les jouets de type féminin (β = 0,68, p < 0,0001).



Faits saillants

  • Des différences entre les sexes dans le choix des jouets existent et semblent être le produit de forces innées et sociales.
  • Malgré la variation méthodologique dans le choix et le nombre de jouets offerts, le contexte de test et l’âge de l’enfant, la constance dans la découverte des différences sexuelles dans les préférences des enfants pour les jouets typés selon leur propre sexe suggère que la force de ce phénomène et sa probabilité sont d’origine biologique.
  • Le temps que les garçons jouent avec des jouets typiques pour garçons augmente à mesure que les garçons vieillissent, mais on n’a pu retrouver la même tendance chez les filles ; cela indique que les effets sociaux stéréotypés peuvent persister plus longtemps chez les garçons ou qu’il existe une prédisposition biologique plus forte pour certains styles de jeu chez les garçons.

Les pères célibataires meurent plus jeunes

Le risque de mourir prématurément est plus que doublé pour les pères célibataires par rapport aux mères célibataires ou aux pères en couple, selon une étude publiée jeudi et réalisée au Canada.

« Notre étude souligne que les pères célibataires ont une mortalité plus élevée, et démontre la nécessité de politiques de santé publique pour contribuer à identifier et soutenir ces hommes », a affirmé l’auteur principal, Maria Chiu, chercheuse en santé publique à l’université de Toronto.

Publiée par The Lancet Public Health, l’étude porte sur des questionnaires de santé auprès de 40 500 personnes entre 2000 et 2012.

Chez les 871 pères sans compagne dénombrés, le taux de mortalité atteignait 5,8 pour mille. C’est nettement plus que chez les mères célibataires (1,7 pour mille) et les pères en couple (1,9 pour mille).

En prenant en compte des facteurs spécifiques à ces pères célibataires, en moyenne plus âgés et plus souvent atteints par le cancer ou les maladies cardiovasculaires, le risque de mortalité restait deux fois plus élevé.

La raison n’est pas établie avec certitude, mais les chercheurs soupçonnent le stress et « des modes de vie moins sains » : alimentation peu équilibrée, manque d’exercice physique, et consommation plus forte d’alcool. De plus, ces hommes ont, semble-t-il, « moins souvent un réseau social, une assistance sociale ou un soutien dans l’éducation de leurs enfants » que les mères célibataires.

Par rapport à elles, qui ont plus souvent été abandonnées par leur partenaire avant la naissance d’un enfant, les pères seuls sont plus fréquemment veufs, divorcés ou séparés après une relation durable.

Les séparations font que de plus en plus d’enfants dans le monde vivent avec un seul parent.

Aux États-Unis, la proportion est passée de 8 à 23 % entre 1960 et 2016, selon le Bureau du recensement. En Europe, le Danemark est d’après l’OCDE le pays à la plus forte proportion de ménages monoparentaux (23 % avec une femme, 7 % avec un homme).

Un démographe de l’ONU, Joseph Chamie, avait calculé en 2016 que « sur les 2,3 milliards d’enfants que compte le monde, 14 %, soit 320 millions, vivent dans une famille monoparentale ».

Voir aussi

Les garçons éduqués dans le cadre d'une famille traditionnelle ont de meilleurs résultats scolaires

« Avoir un père et une mère, c’est absolument fondamental »

Les femmes qui ont plusieurs enfants vivent plus longtemps

Lien avéré entre les femmes qui travaillent hors du foyer et l'obésité de leurs enfants

Les enfants de mères au foyer sont en meilleure santé

Couverture de L'Actualité : Éloge de la vie en solo et sans enfant (la natalité au Québec est très basse, seule l'immigration fait croître la population)

L'importance de l'amour des parents, et plus particulièrement de la mère

Épidémie de détresse chez les enfants en CPE et chez les enfants nantis


France — Le grand oral du bac risque d’être une fabrique de conformisme

La création d'un grand oral au baccalauréat encouragera le politiquement correct au détriment des savoirs fondamentaux, argumente l'essayiste Roland Hureaux dans le Figaro. Roland Huteaux est un an­cien élève de l’École nor­male su­pé­rieure et de l’École na­tio­nale d’ad­mi­nis­tra­tion, l’au­teur a été le col­la­bo­ra­teur de Phi­lippe Sé­guin. Il a pu­blié, no­tam­ment, « Les nou­veaux féo­daux, l’er­reur de la dé­cen­tra­li­sa­tion » (Gal­li­mard, 2004) et « La grande dé­mo­li­tion, la France cas­sée par les ré­formes » (Bu­chet-Chas­tel, 2012).

Se sou­vient-on en­core du pas­sage de Claude Al­lègre au mi­nis­tère de l’Édu­ca­tion na­tio­nale ? Il y re­cueillit la sym­pa­thie de la droite par quelques for­mules-chocs comme la pro­messe de « dé­grais­ser le mam­mouth ». Non seule­ment il n’en fit rien, mais ce mi­nistre pro­fi­ta de cette po­pu­la­ri­té fac­tice pour pour­suivre les ré­formes les plus no­cives.

M. Blan­quer, pour sa part, mul­ti­plie les pe­tits si­gnaux en di­rec­tion de la droite édu­ca­tive : re­tour du la­tin (sans ré­ta­blis­se­ment du Capes de lettres clas­siques, néan­moins), classes bi­lingues, re­dou­ble­ments au­to­ri­sés, ap­pren­tis­sage ana­ly­tique de la lec­ture, cho­rales voire uni­forme à l’école. On com­prend la sa­tis­fac­tion que sus­citent ces an­nonces, mais il fau­drait at­tendre de voir quelle mise en oeuvre sui­vra avant de don­ner un sa­tis­fe­cit au mi­nistre sur ces su­jets. Reste sa ré­forme du bac, elle aus­si bien re­çue. Qu’en pen­ser ?

Une par­tie du pro­jet, au moins, est très in­quié­tante : l’ins­tau­ra­tion d’un grand oral d’une de­mi-heure où les can­di­dats s’ex­pri­me­raient li­bre­ment sur un su­jet choi­si par eux deux ans plus tôt.

Le pre­mier risque porte sur l’or­ga­ni­sa­tion des ly­cées : même s’il doit s’ap­puyer en­core, nous dit-on, sur une « do­mi­nante », un tel oral se­rait la consé­cra­tion des tra­vaux que les élèves doivent réa­li­ser dans le cadre des « en­sei­gne­ments pra­tiques in­ter­dis­ci­pli­naires », qui ont vu leur im­por­tance ren­for­cée par Na­jat Val­laud-Bel­ka­cem. Or leur ef­fet est d’af­fai­blir une des qua­li­tés qui res­tent au corps en­sei­gnant fran­çais, celle d’être des spé­cia­listes, pour les trans­for­mer en ani­ma­teurs in­ter­dis­ci­pli­naires. Cette orien­ta­tion tend à faire de nos éta­blis­se­ments, non plus des lieux d’ap­pren­tis­sage, mais de simples « lieux de vie ». Seules les ZEP [zones d'éducation prioritaires, grosso modo les banlieues immigrées dotées de plus de moyens], à la re­cherche, elles, de mé­thodes ef­fi­caces, sont exo­né­rées de cette évo­lu­tion.

L’autre risque est plus po­li­tique : ce­lui d’ins­tau­rer, plus clai­re­ment en­core qu’au­jourd’hui, la dic­ta­ture du po­li­ti­que­ment cor­rect au coeur de l’en­sei­gne­ment se­con­daire.

Le grand oral de­vant un ju­ry, ce­la existe certes à l’ENA et dans beau­coup de grandes écoles – pas les plus sé­rieuses comme Nor­male ou Po­ly­tech­nique, du reste. Mais à vingt ans ou plus, les can­di­dats ont suf­fi­sam­ment de ma­tu­ri­té pour jouer le jeu qu’on at­tend d’eux quitte à faire la bête. À l’ado­les­cence, ce se­ra plus dif­fi­cile et il n’est de toute fa­çon pas sou­hai­table d’in­ci­ter les jeunes à jouer la co­mé­die. Ajou­tons que l’exer­cice concer­ne­ra, en ter­mi­nale, toute une classe d’âge et non les seuls can­di­dats à des concours.

Outre le po­li­ti­que­ment cor­rect et les modes qui risquent fort de pe­ser sur les su­jets choi­sis, ce grand oral se­ra la der­nière épreuve, par­ti­cu­liè­re­ment so­len­ni­sée. Elle pri­vi­lé­gie­ra la confiance en soi, le cu­lot, l’air « bran­ché ». Elle ou­vri­ra aus­si la porte in­si­dieu­se­ment, au mo­tif de com­pen­ser cer­tains han­di­caps, à la dis­cri­mi­na­tion po­si­tive des mi­no­ri­tés de toute sorte, qui reste avant tout une dis­cri­mi­na­tion. Avec ou sans ins­truc­tions, les ju­rys y se­ront conduits as­sez na­tu­rel­le­ment pour suivre l’air du temps.

Pour le reste, on ne peut que se louer du sou­ci de dé­cloi­son­ner les sé­ries, mais se­ra-ce dans le sens de la sim­pli­ci­té ? Au lieu de trois sé­ries, L, S et ES, la ré­forme, fon­dée sur un choix d’op­tions abou­ti­rait à 30 com­bi­nai­sons de fi­lières ! N’avait-on pas le moyen de re­va­lo­ri­ser les sé­ries L sans in­ven­ter une telle usine à gaz, en par­lant par exemple de « lettres et com­mu­ni­ca­tion », ce à quoi le mi­nis­tère s’est tou­jours re­fu­sé ? Quelle place dans ces com­bi­nai­sons pour l’his­toire et la géo­gra­phie, ma­tière de culture au moins au­tant au­jourd’hui que la lit­té­ra­ture et la phi­lo­so­phie (dont l’épreuve écrite de­meure, il est vrai, sans doute pour ras­su­rer) ou pour la se­conde langue ? Les ma­tières se­ront, se­lon les élèves, tan­tôt des ma­jeures, tan­tôt des mi­neures : nous sou­hai­tons bien du plai­sir aux pro­vi­seurs qui de­vront or­ga­ni­ser les em­plois du temps.

On sait au de­meu­rant com­bien l’ins­tau­ra­tion du contrôle conti­nu en mai 68 au sein de l’Uni­ver­si­té y avait gé­né­ra­li­sé le ba­cho­tage au dé­tri­ment de la culture gé­né­rale et de la li­ber­té de l’es­prit.

Com­ment con­ci­lier des ré­sul­tats du bac connus as­sez tôt pour gé­rer l’orien­ta­tion des élèves et as­sez tard pour ne pas dé­mo­bi­li­ser les élèves en fin d’an­née ? Pro­blème tech­nique en ap­pa­rence, mais qui se pose dans une hy­po­thèse de sé­lec­tion gé­né­ra­li­sée et pré­coce.

Le prin­ci­pal risque de­meure que cette ré­forme soit une nou­velle étape dans le for­ma­tage de la jeu­nesse, et par là de la po­pu­la­tion, à une pen­sée unique. Après la chasse aux [bobards] le for­ma­tage des es­prits par le nou­veau bac ?

Voir aussi

France — La Fondation pour l'école salue certains amendements sénatoriaux de la Loi sur les écoles hors contrat

France — Les écoles hors contrat, coupables de mieux réussir que l’Etat ?

Conformisme et soumission au groupe en classe

Le cours ECR, école de l'unanimisme politiquement correct


dimanche 25 février 2018

Québec — Éducation à la sexualité (uniformisée) — Revue de presse commentée.

Après avoir été abolie il y a plus de 15 ans en tant que matière autonome obligatoire, l’éducation à la sexualité sera de retour dans toutes les écoles du Québec et à tous les niveaux du préscolaire, primaire et secondaire, dès l’automne prochain.

Québec veut imposer (« offrir » dans la novlangue du ministère) un programme formaté et uniformisé d’éducation à la sexualité. Rappelons cependant que les écoles donnent déjà des cours de ce type, mais pas en tant que matière autonome au programme : son contenu et la pédagogie adoptée peuvent être très variables d'une école à l'autre.

Revue de presse commentée sur l'imposition de ce nouveau programme gouvernemental.

L’opposition à Québec a dénoncé mercredi les retards « inadmissibles » et le « cafouillage » du ministère de l’Éducation dans la préparation du programme d’éducation à la sexualité.

« J’ai peur que des gens deviennent contre le programme d’éducation à la sexualité, et ce n’est pas ce qu’on souhaite », s’inquiète Jean-François Roberge de la Coalition avenir Québec (CAQ). Jean-François Roberge est un ancien instituteur du primaire, il est un fervent partisan de l’imposition du controversé programme gouvernemental d’Éthique et de culture religieuse. Il y a quelques années, il s’est levé en congrès de la CAQ pour défendre cette créature, il fut à l’époque fut mis en minorité par les militants de la CAQ. Il est également un partisan d’une plus grande surveillance étatique vis-à-vis des enfants instruits à la maison. Il y aurait, selon lui, « un manque d’encadrement pour les jeunes qui font l’école à la maison » (J.-F. Roberge, 7/XII/2016). Bref, un étatiste moderne bon teint.

Le Journal de Québec publiait mercredi que les enseignants ne se sentent pas prêts à parler de sexualité en classe, alors que dans six mois, l’implantation de ce programme sera obligatoire dans toutes les écoles du Québec.

« Parler d’agression sexuelle à des enfants de première année... Si je devais faire ça demain matin, je passerais des nuits blanches », illustre Nathalie Morel de la Fédération autonome de l’enseignement, qui représente plus de 34 000 professeurs.

Le Journal constatait notamment que les canevas pédagogiques fournis par le ministère sont incomplets, même si un projet pilote est en marche depuis deux ans.

« C’est inadmissible », s’exclame Carole Poirier du Parti québécois (PQ).

Les enseignants dénonçaient aussi le flou entourant la façon dont ils seront formés par l’État.

« Si seulement on avait formé les enseignants graduellement au cours des 18 derniers mois, on n’en serait pas là », dit M. Roberge, qui parle de « cafouillage ».

Le ministre Sébastien Proulx s’est dit convaincu mercredi que les enseignants seront prêts à temps et que les écoles n’auront besoin de forcer aucun prof pour ce programme. « Moi, je pense qu’on aura assez de gens disponibles. »

Les directeurs d’école sont toutefois sceptiques et veulent savoir ce qu’ils devront faire, advenant qu’il n’y ait aucun professeur volontaire dans leur école, explique Lorraine Normand-Charbonneau, de la Fédération québécoise des directions d’établissements d’enseignement (FQDE).

Elle estime que pour une école secondaire de 800 élèves, le programme d’éducation à la sexualité demanderait l’équivalent de 1,2 professeur à temps complet.

Malgré tout, ni les partis de l’opposition ni la Fédération québécoise des directions d’établissement d’enseignement (FQDE) ne croient qu’il est nécessaire d’interroger sur l’imposition d’un programme gouvernemental uniforme ni de repousser l’entrée en vigueur du programme.

Des thèmes (sensibles) sont absents et aucun canevas n’a été transmis pour les élèves de quatrième et sixième année du primaire ni pour ceux de cinquième secondaire.

Les enseignants ignorent quand et de quelle façon ils seront formés pour parler de sexualité. Seront-ils libérés ? Et si c’est le cas, qui les remplacera pendant qu’ils s’absenteront pour recevoir la formation, considérant que les écoles vivent déjà une pénurie de profs, ont soulevé les syndicats.

« Ceux qui donneront cet enseignement sont censés être volontaires. Mais qu’est-ce qu’on fait si, dans une école, il n’y a aucun volontaire ? » se demande Josée Scalabrini de la Fédération des syndicats de l’enseignement, dont font partie plus de 65 000 professeurs. Qui seront les volontaires, les plus militants sur le plan de la sexualité ?

Il est donc probable que des profs soient forcés de l’enseigner même s’ils ne se sentent pas à l’aise de parler de sexualité, dit Mme Morel.

Militants dénoncent l’absence de sujet sur les transgenres

Des sexologues et intervenants militants déplorent que l’avortement et la réalité des transgenres, deux sujets délicats, ne soient toujours pas au programme d’éducation sexuelle pour les élèves du secondaire.

L’avortement n’apparaît nulle part dans les canevas pédagogiques qui ont été transmis au Journal de Québec. En revanche, la plupart des moyens de contraception sont abordés, y compris la pilule du lendemain.

La réalité des personnes transgenres est également absente des canevas du programme pour les élèves du secondaire.

« C’est vraiment un manque », déplore Valérie Boyer, militante et intervenante à l’organisme Le Néo, qui donne déjà des ateliers dans les écoles de Lanaudière. Car, comme on l’a dit en début de ce billet, l’information sur la sexualité peut déjà être donnée, mais pour l’instant elle n’est pas imposée uniformément d’en haut. Il s’agit d’un sujet sur lequel les adolescents posent beaucoup de questions, les personnes transgenres étant de plus en plus visibles dans notre société, note-t-elle. [Voir le professeur psychologue-clinicien Jordan Peterson, Debrah Soh et l’augmentation des jeunes « trans » (une épidémie d’autodiagnostic chez les jeunes) et Angleterre — Au moindre soupçon, des écoles considèrent les élèves comme transgenres (et les envoient à la clinique de dysphorie du genre, statistique)]. On peut se demander si l’école moderne « adaptée aux transgenres » dès le primaire ne participe pas cette « épidémie ».

« Qu’est-ce qu’une personne trans ? Pourquoi certaines personnes le sont-elles ? Est-ce que l’on change d’orientation sexuelle quand on [change de sexe] ? » énumère l’intervenant militant Gabriel Amyot.

L’identité sexuelle, dicterait si une personne se sent homme ou femme la fluidité peut-être totale pour certains militants LGBTQ2SSAI+, cette identification variant souvent pour une même personne au cours de sa vie, ne devrait pas être confondue avec l’orientation sexuelle, qui dicterait plutôt envers qui une personne est attirée selon Gabriel Amyot. Notons qu’il n’est justement pas du tout clair que les deux notions soient orthogonales, indépendantes l’une de l’autre contrairement à ce qu’affirme Gabriel Amyot.

Dans le programme du ministère, l’identité sexuelle est pourtant abordée dès le primaire, mais le contenu ne semble pas avoir encore été élaboré. La lutte contre les « stéréotypes » (de l’idéologie donc...) y a bonne place dès le primaire. En quoi est-ce la responsabilité de l’État de lutter contre les « stéréotypes » (les filles sont délicates, préfèrent les métiers de relations humaines, les garçons les métiers de choses, d’ingénieur, d’informaticien, etc.) ? En vertu de quoi a-t-il le droit de lutter contre cette répartition traditionnelle, de vouloir en changer, d’imposer un ordre du jour souvent féministe militant ? 

Voici les « intervenants » payés par le contribuable. L’organisme Ensemble pour le respect de la diversité organise aussi des ateliers sur la « diversité sexuelle » et la lutte contre les « stéréotypes » genrés et l’« homophobie » à la fin du primaire.

Richard Martineau et le manque de nuance...

Citons le chroniqueur-vedette du Journal de Montréal :

« Quoi, vous allez parler d’homo­sexualité, de masturbation, de relations sexuelles entre mineurs et de sexe hors mariage ? [Martineau oublie : le transgenre, l’avortement [déjà vu en ECR] et la lutte contre les stéréotypes trop traditionnels. Il omet aussi de parler de l’âge des enfants quand ces sujets sont abordés et de la manière de présenter ces sujets.] Ça va à l’encontre des valeurs que j’enseigne à mon enfant. Je demande — non, j’exige qu’il soit dispensé de suivre ce cours ! »

Ils vont faire quoi, les profs ? Ils vont se battre contre les parents ?

Non : ils vont abdiquer.

Si on a accepté qu’une jeune musulmane porte des écouteurs sur les oreilles pour ne pas entendre de musique dans son cours de musique, sous prétexte que ça allait à l’encontre de sa religion, on va permettre aux croyants de « protéger » leurs enfants en les retirant de ce cours.

N’importe quoi pour acheter la paix.

Regardez ce qui se passe en Ontario­­­. Le cours d’éducation sexuelle y est obligatoire, mais des dizaines d’élèves ne le suivent pas, car leurs parents ont obtenu une exemption pour raison religieuse.

Vous pensez que le ministre de l’Éducation va se tenir debout et défendre nos valeurs ?

Depuis quand « nos » valeurs s’opposent-elles à la décence conservatrice ou à la religion chrétienne ? Décence qui peuvent parfaitement s'opposer à ce qu'on parle de certains sujets délicats à un certain âge et d'une certaine manière. Richard Martineau devrait parler en son nom.

L’amalgame chic : toutes les religions, tous les conservatismes dans le même sac

Mais on l’aura compris c’est l’amalgame chic et laïc : beaucoup de gens craignent l’islam, on leur fait croire que toutes les religions sont néfastes comme l’islam et qu’il ne faut « donc » plus faire de place pour le pudeur ou la moralité traditionnelle d’inspiration chrétienne.

Il s’agit de la même stratégie adaptée par d’aucuns pour limiter l’ouverture des écoles hors contrat en France. On prend comme exemple une unique école islamique (alors qu’il existe des centaines d’écoles hors contrat dont seulement 20 % sont d’ailleurs confessionnelles et alors dans leur immense majorité catholique) pour restreindre la liberté de tous les parents qui ne rentrent pas dans les clous, le passage zébré, prévu par les bureaucrates. C’est ainsi que le sénateur socialiste français David Assouline expliquait son soutien aux nouvelles entraves proposées pour freiner l’ouverture d’écoles libres : « Notre timidité à cet égard fait le lit des fondamentalismes issus de toutes les religions, qui régulièrement s’unissent pour mener des combats contre le progrès, comme lors des manifestations contre le mariage pour tous »…

Bref, ceux qui s’opposent à l’imposition des « valeurs » sexuelles « modernes » sont tous d’affreux fondamentalistes religieux et on sait à quoi cela mène (Daech !), pour éviter cela il faut faire fi de l’avis et des droits éducatifs des parents conservateurs (chrétiens ou non) qui peuvent penser que l’on peut aborder ces sujets de manières différentes, moins désinvoltes et moins précoces, et qu’il revient légitimement aux parents et aux professeurs qu’ils choisissent de décider de cela et qu’il n’est pas acceptable de se voir imposer une moralité sexualité par des bureaucrates soutenus par des chroniqueurs peu nuancés (la femme de Martineau est dans le même registre caricatural quand elle parle d’éducation à la sexualité).

En 1992, l’idée de dispenser des élèves du programme d’éducation à la sexualité avait été acceptée par le ministre de l’époque, aujourd’hui le raidissement semble complet, plus aucune dispense.
On ne peut qu’être frappé par ce raidissement des anciens progressistes qui tant qu’ils étaient minoritaires prônaient la diversité d’opinion et la tolérance. C’est l’étrange paradoxe de cette société « diversitaire » : plus elle devient ethniquement et religieusement diverse par le fait de politiques d’immigration délibérées soutenues par les progressistes, plus ces progressistes cherchent à étouffer la liberté des parents de souche afin d’assurer le « vivre ensemble » de cette « riche courtepointe » qu’elle a créée à force de larges contingents annuels d’immigrants provenant des quatre coins du monde.

Les mêmes progressistes demandaient naguère que le gouvernement ne se mêlât pas de ce qui se passait dans les chambres à coucher. Aujourd’hui aux manettes de l’Éducation obligatoire, ils utilisent ce même gouvernement pour inculquer aux enfants des autres non plus des faits biologiques et médicaux sur la sexualité, mais comment il faut concevoir celle-ci en luttant contre les « stéréotypes de genre », l’hétérosexisme, la transphobie, l’homophobie, etc.

Voir aussi

L’État québécois impose son programme d’éducation à la sexualité, car les écoles ne l’ont pas adopté volontairement

Priorité éducative du Québec (du moment) : Urgence : « Adapter l’école aux écoliers transgenres »
Tyrannie du « genre » : école annule la traditionnelle danse père-fille

Angleterre — Au moindre soupçon, des écoles considèrent les élèves comme transgenres (et les envoient à la clinique de dysphorie du genre, statistique)

Multiculturalisme (et LGBTQ) à l’école : ateliers « offerts » sur l’inclusion et la diversité


Jordan Peterson sur Trudeau et son « peoplekind », les danses père-fille annulées et les transgenres.

Dérapage en ECR (avortement) : enfant prône élimination des trisomiques, devant le frère d’un tel enfant, silence complice de l’enseignant

Rémi Brague : ne pas renvoyer dos à dos [violence dans l’] islam et [et dans le] christianismehttp://www.pouruneécolelibre.com/2015/08/quebec-education-sexuelle-dispense-en.html

Québec — éducation sexuelle : dispense en 1992, aucune exemption en 2015.

France — La Fondation pour l'école salue certains amendements sénatoriaux de la Loi sur les écoles hors contrat

Communiqué du 23 février 2018 sur la proposition de loi Gatel sur l'encadrement des écoles privées sans contrat adoptée au sénat

Ce mercredi 21 février 2018, la proposition de loi Gatel, numéro 589, qui vise à « encadrer le régime d'ouverture et de contrôle des établissements privés hors contrat » a été adoptée au Sénat par 240 voix pour et 94 voix contre.

Suite aux différentes consultations, la Sénatrice Gatel a proposé elle-même des amendements à sa propre proposition de loi, qui ont été adoptés en séance publique. Ainsi amendée, cette proposition de loi est plus respectueuse de la liberté d'enseignement. Telle qu'adoptée au Sénat, la proposition de loi Gatel présente un équilibre assez acceptable, si l'objectif est bien de clarifier et simplifier le cadre juridique relatif à ce type d'école [et non de lutter contre des pédagogies non musulmanes que certains législateurs n'aiment pas, voir l'article de Causeur et l'affirmation confondante du sénateur socialiste David Assouline qui visait les écoles catholiques ou l'orientation idéologique (féministe laïcarde) de l'intervenante qui a déclaré au ministre Blanquer qu'ouvrir une école hors contrat était aussi facile que d'ouvrir un kébab, lequel Ministre approuva cette description caricaturale.]


1- Un régime qui serait plutôt clarifié, si la loi est adoptée dans les mêmes termes par l'Assemblée [ce qui reste encore à faire après son adoption par le Sénat], avec :

— la création d’un « guichet unique » au niveau du Rectorat, qui centraliserait la déclaration et la transmettrait « au maire de la commune dans laquelle l’établissement est situé, au représentant de l’État dans le département et au procureur de la République ». Cela limiterait à un seul interlocuteur l’ensemble des démarches.
— La limitation des pièces du dossier à fournir, lesquelles seraient inscrites dans la loi et non plus déterminées par décret, comme cela était prévu dans la première mouture du texte.
—  La clarification des délais d’opposition, certes allongés à trois mois, mais dont le déclenchement est clarifié.
—  La réaffirmation de la liberté pédagogique, alors que le projet initial comportait de forts risques d'entraves administratives dans ce domaine qui est au cœur de la capacité d'innovation des classes privées sans contrat.

2- Ce texte comporte néanmoins des dispositions au sens peu défini, source d'insécurité juridique, et dont le juge donnera l'interprétation. Ainsi, l'administration doit vérifier si une école est bien "un établissement scolaire", sans que la définition en soit donnée. Il y a là une source d'arbitraire.

3- La proposition de loi adoptée le 22 février comporte aussi des archaïsmes regrettables dans le régime d’ouverture et de contrôle prévu par la proposition de loi.

Ainsi, un Américain ou demain un Britannique, par exemple, ne pourraient toujours pas enseigner ou diriger un établissement sans contrat en France (sauf à obtenir une dérogation administrative, qui est loin d'être accordée automatiquement) : en effet, seuls les ressortissants d’un pays de l’Union européenne ou de l'AELE le pourraient. À l'heure où les écoles internationales se multiplient et où l'on recrute les talents au niveau mondial, cette restriction ne peut que laisser perplexe.

De plus, la proposition de loi impose aux écoles sans contrat un recrutement endogène puisque seule une personne issue du monde de l'enseignement a le droit de créer un établissement scolaire. En effet, la loi exige 5 ans comme enseignant ou surveillant dans un établissement d'enseignement pour pouvoir fonder une école.

C'est condamner des profils issus de la société civile. Un Xavier Niel [richissime entrepreneur français dans le monde de l'Internet], créateur d'école 42 dans le supérieur, n'aurait donc pas le droit d'ouvrir un lycée ! Ces dispositions sont en décalage avec les besoins de l'innovation.

De même, la proposition de loi exige des enseignants, même en primaire, une licence. C'est sans doute une manière de reconnaître que la licence aujourd'hui équivaut à peine au baccalauréat d'antan, mais c'est là encore une rigidité sans utilité : ce n'est pas parce qu'un enseignant est titulaire d'une licence qu'il saura bien apprendre à lire, écrire et compter à des enfants de CP.  

[Cette exigence existe aussi au Québec, le Québec est encore plus restrictif : les enseignants doivent normalement avoir des diplômes en enseignement (ceux dont les candidats réussissent si bien en français...)]

Les amendements adoptés sont consultables sur le site du Sénat : http://www.senat.fr/enseance/2016-2017/589/liste_discussion.html
Le texte définitif du Sénat est consultable sur le site du Sénat : http://www.senat.fr/leg/tas17-068.html

France — Les écoles hors contrat, coupables de mieux réussir que l’Etat ?

« Les écoles hors contrat, coupables de mieux réussir que l’État ? » C’est la question que soulève le magazine Causeur dans un article publié alors que la proposition de loi 589 visant à restreindre la liberté d’ouvrir les écoles sans contrat a été adoptée plus tôt cette semaine par le Sénat.

Le Sénat veut punir le bon élève de l’école française

Par Jean Thomas Lesueur — 21 février 2018

Une proposition de loi, discutée aujourd’hui et demain au Sénat, veut « simplifier [!!!] et renforcer l’encadrement » des écoles hors contrat. Sous prétexte de lutter contre l’islamisme, des parlementaires comptent menotter un enseignement dont la réussite fait de l’ombre au système public.

Tous les matins, 6,8 millions d’élèves rejoignent les bancs du premier degré. Parmi ces enfants, environ 40 000 suivent l’enseignement de ce que l’État appelle les écoles « hors contrat », terme à la fois imprécis et réducteur pour rendre compte d’une réalité multiple.

Les écoles hors contrat, c’est beaucoup plus que ça

Imprécis, car il est faux de dire que ces écoles n’ont aucun devoir, aucune responsabilité envers la collectivité publique : les lois Goblet du 30 octobre 1886, Falloux du 15 mars 1850 et Astier du 25 juillet 1919 régissent ainsi l’ouverture de ces écoles. Rappelons également que 73 % des établissements hors contrat ouverts à la rentrée 2017 auront été contrôlés d’ici juin.

Réducteur, car il ne saisit pas des réalités diverses : parmi ces écoles, certaines encouragent des formes de pédagogie innovantes (comme les écoles Montessori), d’autres ont pour ambition de venir en aide aux enfants les plus défavorisés (comme les écoles Espérance Banlieues), d’autres, enfin, ont vocation à enseigner dans un cadre confessionnel (20 % seulement des écoles hors contrat, contrairement à ce que pourraient croire les laïcs les plus vigilants)… Plutôt que des écoles hors contrat, on pourrait donc les appeler des écoles « de la société civile », chacune manifestant l’engagement d’enseignants, de responsables et de parents en faveur du bien commun des générations futures.

École hors contrat Montessori bilangue en Haute-Savoie, février 2016

Si certains passent à côté de cette mosaïque éducative, tous se rejoignent sur trois constats. Le premier, le plus connu sans doute, est la dynamique exceptionnelle de l’école libre : ces huit dernières années, les effectifs du privé hors contrat ont plus que doublé dans le premier degré. Ce plébiscite des parents se manifeste symétriquement par la désaffection de plus en plus manifeste pour l’enseignement public. Alors même que l’école publique attire chaque année moins d’élèves, le hors contrat croît en moyenne de 15 % chaque année. Mieux : sur les 22 académies où l’enseignement public est en baisse en 2017, 14 voient les effectifs du privé hors contrat augmenter. Le privé hors contrat est ce que l’on pourrait appeler le bon élève du système éducatif français.

Les écoles hors contrat, l’arbre qui montre la forêt

Alors que la rue de Grenelle ne cesse de financer des classes de préscolarisation (en l’occurrence, des enseignements pour les enfants de deux ans) pour un résultat médiocre (-3 % d’élèves en REP+ [éducation prioritaire renforcée] – et -1,7 % en REP [éducation prioritaire] cette année), le hors contrat agit et remplit les objectifs du ministre Jean-Michel Blanquer : +16,1 % en REP et REP+ à la rentrée 2017. Quand on sait que les classements internationaux insistent justement sur la nécessité de la préscolarisation pour lutter contre les inégalités scolaires, il faut se réjouir de la présence d’écoles hors contrat sur les territoires populaires et dans les communes difficiles. Enfin, les initiatives liées au hors contrat, tant dans le premier degré qu’ensuite, tendent à se professionnaliser : l’école 42 de Xavier Niel en est un exemple, comme le lycée pilote ouvert par Acadomia à Nice ou les onze écoles du réseau Espérance Banlieues dont la vocation est d’aider les enfants des quartiers défavorisés.

Vitalité, engagement, professionnalisation : trois termes qui décrivent concrètement la vocation des écoles hors contrat. Dans ce contexte, la proposition de loi « visant à simplifier [note du carnet : terme orwellien ici] et mieux encadrer » le régime d’ouverture des établissements privés hors contrat, déposée au Sénat en juin 2017 et discutée aujourd’hui et demain (21 et 22 février), pose problème. Annick Billon, rapporteur de cette proposition, prévoit en effet de lutter contre « des phénomènes de radicalisation religieuse, de sectarisme, d’amateurisme ou d’insuffisance pédagogique », prenant l’exemple de la fermeture de l’école islamique Al-Badr à Toulouse. Que des écoles soient gangrenées, en France, par le fondamentalisme musulman, c’est sans doute le cas. [Les djihadistes français sont massivement passés par l’école publique... Où se trouverait cette gangrène...?] Que certaines insuffisances pédagogiques puissent être constatées dans nos écoles, cela n’étonnera pas les anciens élèves que nous sommes. Mais en quoi consiste cette proposition de loi ? Trois articles la composent : le premier impose l’allongement des délais d’opposition du maire et des services de l’État lors de la constitution d’une nouvelle école ; le second oblige un contrôle régulier, tous les cinq ans, des établissements ; et le troisième exige un niveau pédagogique minimum pour chaque chef d’établissement. En somme, le Sénat souhaite combattre les dérives fondamentalistes et l’endoctrinement idéologique à coup d’allongements administratifs. La belle affaire !

Le Sénat se trompe de combat

Ajouter de nouvelles réglementations et de nouvelles contraintes à notre arsenal n’y changera rien. C’est se tromper de combat que de chercher à entraver un modèle en plein essor. À moins qu’il n’y ait des raisons moins avouables, comme le laisse entendre l’affirmation confondante du sénateur socialiste David Assouline : « Notre timidité à cet égard fait le lit des fondamentalismes issus de toutes les religions, qui régulièrement s’unissent pour mener des combats contre le progrès, comme lors des manifestations contre le mariage pour tous »…

Si le législateur souhaite s’attaquer au mal qui ronge notre société, qu’il le fasse clairement et efficacement : c’est en démantelant les écoles coraniques, en faisant la chasse aux madrasas illégales implantées sur notre sol et en évaluant, sur pièce, le contenu pédagogique de chaque établissement que l’État protègera les enfants, rassurera les familles et œuvrera pour le bien du pays. Mais imposer aux écoles hors contrat toute une série de normes ex ante [au préalable] ne conduira encore une fois qu’à tuer dans l’œuf une vitalité et des initiatives innovantes, que tel service administratif obscur pourra juger bonnes ou mauvaises. Au contraire, évaluer régulièrement les méthodes pédagogiques employées dans toutes les écoles françaises — privées et publiques, d’ailleurs — se révèlera bien plus utile pour les élèves.

Finalement, l’école privée hors contrat dérange parce qu’elle réussit et qu’elle s’efforce d’apporter des réponses nouvelles et originales aux maux d’un système éducatif ankylosé. Mais, de grâce, laissons pour une fois l’idéologie de côté, épargnons du travail inutile à l’administration de l’Éducation nationale et laissons vivre et fleurir la liberté scolaire afin de nous attaquer à un problème, bien réel cette fois : le fondamentalisme musulman.

lundi 19 février 2018

France — le ministre de l'Éducation voudrait restreindre la création d'écoles hors contrat

Alors qu’une proposition de loi visant à restreindre la capacité d’ouverture des écoles hors contrat est étudiée au Sénat, Anne Coffinier signait une tribune ce lundi 12 février dans Le Figaro pour dénoncer le double discours du gouvernement.



Le ministre de l’Éducation, Blanquer, donne raison à une intervenante « laïque » pour qui ouvrir une école libre hors contrat serait aussi facile que d’ouvrir un kébab

Directrice générale de la Fondation pour l’École, Anne Coffinier(*) dénonce sur le plateau de Points de Vue, le projet de loi macronien de soumettre la création des écoles hors contrat à un feu vert de l’État.

Tribune d'Anne Coffinier(*) parue dans Le Figaro du 12 février 2018.
Les écoles libres hors contrat : précieuses et menacées, même dans la France de 2018 !

Avec l’élection d’Emmanuel Macron, nous nous sommes pris à espérer que les innovations de la société civile, de même que les bonnes idées développées chez nos partenaires étrangers pourraient enfin libérer l’énergie et la créativité françaises et renouveler les élites. À peine nommé Rue de Grenelle, notre ministre de l’Éducation, Jean-Michel Blanquer, alimentait cet espoir en déclarant dans le JDD : « Je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas s’inspirer du privé, mais aussi des modèles étrangers et surtout des études scientifiques. Le vrai ennemi du service public, c’est l’égalitarisme ; son ami, la liberté. La liberté bien conçue favorise l’égalité. »

C’était reconnaître le rôle de laboratoire pédagogique des écoles entièrement libres, dites hors contrat. En effet, l’alignement des écoles libres sous contrat sur les programmes, les volumes horaires et les normes de recrutement de l’Éducation nationale ne leur donnent pas vraiment la capacité de constituer des alternatives pédagogiques, malgré tous leurs mérites. En revanche, fortes de leur liberté pour ce qui regarde le programme, les horaires, les matières, le recrutement, et riches de leur ouverture à l’international, les écoles privées hors contrat apportent une précieuse respiration au système éducatif français. Ces écoles indépendantes expérimentent de nouvelles approches, notamment au profit des publics que l’Éducation nationale prend mal en charge, tels les enfants dyslexiques ou à haut potentiel.

Les écoles privées hors contrat représentent un utile aiguillon et offrent d’indispensables alternatives. Elles connaissent un développement exponentiel avec une croissance de 11 % en un an, soit 122 ouvertures d’école, et plus de 65 000 élèves scolarisés au total. Il s’agit d’un vrai phénomène de société, souvent méconnu du grand public. Ces écoles indépendantes représentent une planche de salut pour nombre d’enfants qui sont à la peine dans l’Éducation nationale.

Très majoritairement non confessionnels — contrairement aux clichés —, ces établissements entièrement libres offrent une flexibilité pédagogique féconde dans le respect strict de la loi : ils peuvent expérimenter les langues et cultures régionales, les pédagogies (Montessori), le bilinguisme, le bac international ou l’approche écocitoyenne. Ces écoles peuvent faire vivre des traditions d’exigence en optant pour un classicisme académique mettant la grammaire, le latin et le grec à l’honneur ; ou bien, par leur souplesse, permettre l’essor de filières sport-études ou encore ouvertes à une pratique intensive des arts. Ces écoles offrent à la société civile un espace d’engagement et coopèrent avec les familles sans crispation.

Si le privé hors contrat ne subissait pas les interdictions archaïques de financements publics héritées de l’époque de la guerre scolaire, ces écoles pourraient apporter bien plus, à l’instar des « écoles libres » anglaises, qui sont financées sur fonds publics, mais développées sur la base de la vision et de l’énergie de parrains privés, personnalités talentueuses ayant excellé dans le monde de l’entreprise, des arts, ou des universités prestigieuses. Oui, les talents de la société civile ont beaucoup à apporter à l’école, qui ne doit pas être un univers technocratique endogame, mais un lieu vivant, ouvert à l’innovation privée. Xavier Niel, par exemple, ne l’a-t-il pas démontré en fondant son École 42 ?

Or, un fait incompréhensible et choquant se déroule ces jours-ci : le ministère de l’Éducation nationale apporte son soutien actif à une proposition de loi sénatoriale d’origine centriste (n° 589), qui vise à briser l’essor des écoles hors contrat. Toutes les ingéniosités techniques sont déployées pour rendre quasi impossible la création d’écoles réellement libres, donc porteuses de vraies alternatives pédagogiques. Les délais d’opposition seraient triplés, le gouvernement prendrait la main en faisant basculer dans le domaine réglementaire leurs conditions de création, qui jusqu’alors relevaient de la loi — la moindre des choses pour une liberté de rang constitutionnel !

En outre, si cette proposition de loi funeste était adoptée, des contraintes administratives imposées seraient plus fortes que celles exigées des écoles sous contrat, en contradiction totale avec l’esprit de la loi Debré de 1959, alors que les écoles hors contrat sont légales et qu’elles ne reçoivent, on l’a dit, aucune subvention publique. Ainsi, le créateur d’école devrait donner — trois mois à l’avance — la liste des professeurs et des titres, le projet pédagogique, les programmes, les volumes horaires par matière, les financements…

Quelle est la visée d’une telle proposition de loi ? Toute liberté peut donner lieu à des abus, mais ce n’est pas une raison pour la supprimer. Pour prévenir des dérives, il faut diligenter des contrôles une fois que les écoles existent, pas en amont, sur la foi d’un dossier purement administratif. Oserait-on soumettre la presse à un régime d’autorisation préalable, comme sous Napoléon III ? C’est ce que la proposition de loi soutenue par la Rue de Grenelle cherche de facto à instituer pour les écoles privées hors contrat.

Pour qu’elles puissent stimuler l’innovation pédagogique, il faudrait contrôler les écoles entièrement libres sur leurs résultats académiques et leur performance sociale, bien plus que sur leur conformité à la vision pédagogique de l’Éducation nationale. Enfin, il serait bon que les rapports d’inspection soient rendus publics et que d’autres acteurs que l’Éducation nationale participent à ce contrôle, dont le principe est, nous le reconnaissons, légitime et même nécessaire.

À l’heure où la qualité de l’enseignement est le fer de lance de l’économie, il ne faut pas que le ministre de l’Éducation nationale laisse l’administration étouffer la liberté de la société civile. À lui de protéger les écoles indépendantes, précieux aiguillon de la réforme, soupape de sécurité de tout le système scolaire, lieu d’accueil des différences. Dans le monde entier, les écoles indépendantes sont à l’avant-garde de l’innovation. Il serait absurde que le corporatisme de l’administration de l’Éducation nationale obère les chances de la France de retrouver sa force intellectuelle et son audace d’innover.

* Ancienne élève de l’École normale supérieure et de l’École nationale d’administration. La Fondation pour l’école est reconnue d’utilité publique.

La Fondation pour l’école a également publié ce communiqué :

Hier, dans le cadre de l’Émission politique sur France 2, le Ministre de l’Éducation nationale — cf. vidéo ci-dessus — a donné crédit à son interlocutrice qui prétendait qu’« il est plus facile d’ouvrir une école qu’un kebab ou un lavomatique ».

La Fondation pour l’école, fondation reconnue d’utilité publique qui travaille depuis 10 ans à l’amélioration de l’efficacité et de la justice du système éducatif français par le développement de la liberté scolaire, entend réagir fermement à ces affirmations, parce qu’elles sont erronées.

1— M. le Ministre J. M. Blanquer, meilleur ministre de l’Éducation nationale depuis bien longtemps, annonce son intention d’accomplir des réformes allant dans le bon sens (dictée, autonomie des établissements, 4 opérations, méthodes syllabique, uniforme, portable, autorité, innovation, évaluation...). La Fondation pour l’école salue ces déclarations d’intentions, et souhaite que le Ministre parvienne à les mettre effectivement en œuvre. Le Ministre aborde les problèmes avec pragmatisme et finesse, sans œillère idéologique. Mais sur la question des écoles hors contrat, J. M. Blanquer est manifestement mal informé pour avoir répondu comme il l’a fait. Il suffit de se reporter, en fin de ce communiqué, à la synthèse du régime d’ouverture des classes hors contrat pour s’en persuader.

2— Il faut nommer les choses par leur nom. Ce sont des écoles pouvant être instrumentalisées au profit du terrorisme, dont notre société doit absolument se prémunir. Alors c’est ce problème qu’il faut traiter avec courage, sans étouffer la liberté scolaire de l’ensemble des écoles hors contrat, confessionnelles ou laïques, légalement déclarées et inspectées, qui sont en plein essor, parce qu’elles répondent au besoin d’alternative pédagogique et d’innovation que ressentent les familles et la société civile en général. 84 % des créations d’école hors contrat sont non confessionnelles. La plupart sont des écoles Montessori ou écocitoyennes. Les écoles musulmanes régulièrement déclarées représentent moins de 0,5 % de l’ensemble (sources : www.ecoles-libres.fr). S’il y a des risques d’endoctrinement islamiste, ils se trouvent dans les structures périscolaires (cours de soutien, clubs de sport...), pas dans le cadre très encadré des écoles hors contrat légalement déclarées. Il ne faut pas que le Ministre se trompe de combat. La liberté d’enseignement est constitutionnelle. C’est en référence à cette liberté ainsi que celle d’association que le Conseil constitutionnel avait invalidé une précédente réforme législative du régime de création d’écoles qu’avait voulue Mme Najat Vallaud-Belkacem il y a un an.

La liberté d’ouvrir des classes ou des écoles libres de leur pédagogie est indispensable à la liberté de la société et à la réforme de notre école publique.

3— La Fondation pour l’école prend au sérieux la menace terroriste, et n’a certainement pas l’intention de servir de cheval de Troie à des gens qui n’auraient pas le souci des enfants, mais de l’extrémisme religieux. Elle a d’ailleurs proposé aux autorités publiques des modalités efficaces de renforcer le contrôle pour prévenir tout risque, même si à ce jour, il faut bien le dire, la totalité des terroristes est passée par les bancs de l’école publique. Elle attend donc que l’Éducation nationale déploie l’essentiel de ses efforts de contrôle, là où réside l’essentiel du risque.

4— Enfin, rappelons que le contrat n’est légalement accessible qu’au bout de 5 ans, ce qui veut dire que toute création d’école privée passe nécessairement par la procédure dont on parle. Il en va de même pour tout changement de directeur ou de locaux d’une école privée déjà ouverte. En touchant au régime de création des classes hors contrat, c’est l’avenir de l’ensemble des écoles privées, ouvertes ou à venir, que l’on menace. Il faut noter aussi que la plupart des ministres, de gauche comme de droite, placent leurs enfants dans ces écoles privées, en particulier catholiques. Preuve qu’elles ne sont pas sans qualité !

5— La solution pour prémunir nos enfants de tout endoctrinement extrémiste n’est pas de rendre plus difficiles les ouvertures d’écoles libres (sinon il y aura de plus en plus de formes clandestines de scolarisation, sur lequel aucun contrôle n’aura lieu, ce qui sera une régression de l’État de droit). La solution est que les corps de contrôle (et pas uniquement l’Éducation nationale, mais aussi le Ministère de l’Intérieur fort de toute sa compétence en matière d’antiterrorisme) aient le courage d’inspecter effectivement les structures pouvant poser problème, qu’elles soient déclarées sous le statut d’école ou sous une autre forme non scolaire, et que les décisions de justice soient effectivement exécutées. L’affaire de l’école toulousaine Al Badr, condamnée par la justice à fermer, mais toujours ouverte à ce jour parce que les pouvoirs publics n’ont pas exécuté la décision de justice, en est la parfaite illustration.

Voici une synthèse du cadre juridique strict régissant les ouvertures de classes hors contrat :

La possibilité de créer une école hors contrat découle directement de la liberté d’enseignement, qui est une liberté constitutionnelle encadrée par la loi, la jurisprudence constitutionnelle et administrative. La circulaire n° 2015-115 du 17 juillet 2015 détaille exhaustivement la totalité des régimes d’ouverture et de contrôle des écoles hors contrat.


La personne qui veut ouvrir une école privée doit préalablement déclarer son intention et non son ouverture (art. L 441-1 code de l’éducation). C’est donc un projet qui est soumis à l’Administration, laquelle n’est pas mise devant le fait accompli. L’Administration est constituée en l’espèce de quatre autorités de contrôle : Maire, autorité académique, procureur et préfet qui peuvent bloquer son ouverture en s’y opposant. Nombreux sont donc les interlocuteurs qui disposent en amont d’un droit de regard et d’opposition sur le projet d’école.

Le Maire d’abord, qui reçoit la déclaration d’intention pour tout projet d’établissement scolaire du premier degré, dispose d’un délai de 8 jours pour s’opposer à l’ouverture s’il juge que les locaux ne sont pas convenables pour des raisons tirées des bonnes mœurs et de l’hygiène. Il doit par ailleurs afficher en Mairie cette déclaration durant un mois, afin de transmettre l’information sur ce projet à toute personne intéressée. Un contrôle par les services de renseignement sur les porteurs de projet est généralement diligenté à ce moment — là.

Le candidat à l’ouverture doit ensuite adresser copie de sa déclaration d’intention à l’autorité académique. Il doit y joindre un dossier complet comportant de nombreuses informations sur son parcours tant personnel que professionnel et sur son école. Le dossier doit comporter impérativement : son acte de naissance, ses diplômes, l’extrait de son casier judiciaire, l’indication des lieux où il a résidé et des professions qu’il a exercées pendant les dix années précédentes, le plan des locaux affectés à l’établissement et, s’il appartient à une association, une copie des statuts de cette association.

En outre, pour un établissement du second degré, la personne qui déclare son intention d’ouvrir un collège ou un lycée d’enseignement général doit justifier durant cinq ans au moins avoir exercé les fonctions de professeur ou de surveillant dans un établissement d’enseignement du second degré.

Tant que le dossier du demandeur ne contient pas l’ensemble des pièces demandées (article R. 441‑1 du code de l’éducation) aucun récépissé ne peut être délivré. Les délais pour faire opposition ne courent donc pas.

Le candidat à l’ouverture doit également adresser copie de sa déclaration d’intention d’ouverture au préfet et au procureur de la République. Cette dernière déclaration génère très souvent une enquête de police sur la personne du futur directeur (qui est alors convoqué au commissariat).

Une fois que le dossier de projet d’école est considéré comme complet par l’académie, le procureur et le préfet ces trois administrations délivrent alors au demandeur un récépissé. Après quoi, elles disposent d’un délai d’un mois pour examiner le dossier d’ouverture et s’y opposer. Les motifs pour faire opposition sont ceux de l’intérêt des bonnes mœurs et de l’hygiène.

Dès lors qu’une opposition a été faite, l’établissement ne peut pas ouvrir. Si l’établissement ouvre alors qu’une opposition a été notifiée au demandeur, le juge pénal est compétent (v. l’article 111‑5 du code pénal).

Pour mémoire, l’établissement scolaire en tant qu’établissement recevant du public (ERP) peut par ailleurs donner lieu à d’autres contrôles. Le maire dispose de compétences en matière de police, d’urbanisme, ou de sécurité des établissements recevant du public qui peuvent lui permettre de s’opposer à l’ouverture d’un établissement, sans se fonder sur le code de l’éducation. Il en va de même pour le préfet et le procureur de la République, qui, de plus, ont des compétences en matière de maintien et de respect de l’ordre public.

Une fois ouvert, l’établissement scolaire fait l’objet d’autant de contrôles que l’administration le souhaite.




Anne Coffinier, Directrice générale de la Fondation pour l’école

dimanche 18 février 2018

Multiculturalisme (et LGBTQ) à l'école : ateliers « offerts » sur l’inclusion et la diversité

Selon Le Quotidien du Saguenay (qui n’adopte aucune distance critique),



Au cours des deux dernières semaines, des jeunes de l’École polyvalente Arvida ont pu participer à des ateliers animés par des représentants d’un organisme communautaire de Montréal dans le cadre du projet Escale. Ils ont ainsi été sensibilisés à l’importance de respecter la différence et de s’ouvrir à l’autre. Seulement huit écoles secondaires du Québec ont été ciblées par le projet cette année.

C’est l’animatrice et chargée de projet Audrey Hachey, à l’emploi de l’organisme Ensemble pour le respect de la diversité, qui a choisi de visiter son alma mater. Issue de la cohorte 2005, elle avait envie de présenter les ateliers dans son patelin.


Il faut dire que les enseignants en Culture et éthique religieuse de l’école secondaire étaient très favorables à la venue d’Audrey Hachey et de son collègue Miguel Simao-Andrade, qui ont contribué, par l’entremise de sketchs et ateliers, à mousser le respect des différences, à promouvoir l’inclusion et à déboulonner certains mythes bien ancrés en ce qui a trait à la définition de l’identité québécoise. [Quels mythes ? On n’en saura malheureusement pas plus...] Les jeunes rencontrés étaient des élèves de secondaire 4 et 5, donc âgés de 15 à 17 ans.


« Les QuébécoisEs » vidéo de l’organisme Ensemble pour le respect de la diversité
 (il y a un jeune homme aux ancêtres québécois dans le lot de ces « QuébécoisEs », il admet qu’il est privilégié en temps qu’homme blanc en santé et qu’il doit utiliser ces avantages pour aider les autres...)

« Notre but est vraiment de déconstruire des stéréotypes et de favoriser les identités plurielles », explique Audrey Hachey, qui a passé une année en Jordanie.

Le projet Escale est financé par le ministère de l’Immigration, de la Diversification et de l’Inclusion (MIDI). La subvention a été octroyée dans le cadre du volet « vivre ensemble » du plan ministériel d’action contre la radicalisation violente. Les ateliers ont fait leur entrée dans les écoles québécoises l’an dernier. Jusqu’à maintenant, environ 2740 jeunes, incluant ceux de la Polyvalente Arvida, ont été rencontrés et sensibilisés à des enjeux liés à la diversité culturelle et religieuse. Ils ont aussi pu prendre conscience de l’importance de favoriser l’inclusion et de respecter la différence. Le tout à une époque où les préjugés à l’égard des immigrants et des Québécois qui puisent leurs origines dans d’autres pays du monde, particulièrement ceux de confession musulmane, sont légion.

À Arvida, ç’a très bien marché et les profs étaient emballés. Ils ne connaissaient pas du tout notre organisme et on s’est fait dire que notre sujet cadre très bien avec le programme des cours d’éthique et culture religieuse, dont l’un des thèmes est la tolérance », met en relief Audrey Hachey.



L’organisme Ensemble pour le respect de la diversité ne souhaite pas Joyeux Noël

L’organisme Ensemble pour le respect de la diversité organise aussi des ateliers sur la « diversité sexuelle » et la lutte contre les « stéréotypes » genrés et l’« homophobie » à la fin du primaire.
Affiches pour animer l’atelier LGBT de fin du primaire



Voir aussi

Montréal — Des profs du collège de Maisonneuve se censurent

samedi 17 février 2018

France : contrôle continu et nouveau bac « Un 16 à Grigny vaut un 2 à Henri-IV »

La réforme du bac qui prévoit un contrôle continu et un examen basé sur quatre matières principales, le tout coiffé par un « grand oral ». Le débat oppose ceux qui s’opposent à la sélection, signe d’injustice sociale, et ceux qui veulent récompenser le mérite.

Plusieurs critiques s’élèvent contre l’importance qui sera accordée au contrôle continu. Pour Anne Coffinier qui représentent les écoles libres (non subventionnées) :

Le contrôle continu de même que l’intégration de personnels issus du lycée d’origine du candidat dans le jury de l’examen oral semblent de mauvaises idées. Cela signifie la fin du caractère national du diplôme ainsi que la disparition de la protection de l’anonymat. Avoir le baccalauréat d’un lycée public mal coté situé dans une cité mal cotée n’aura aucun prix aux yeux des recruteurs du supérieur comme de ceux du marché du travail. Si l’on est attaché à la justice sociale, il faut maintenir un standard national et la protection de l’anonymat, en le renforçant à l’oral où le jury n’a à savoir ni le nom du candidat ni son établissement d’origine.

La composition du jury (on parle également d’intégrer le CPE…) risque également de dégrader le niveau académique des épreuves pour en faire une aimable causerie. L’augmentation du contrôle continu conduira finalement aux mêmes effets négatifs que pour le brevet en 3e : cela supprimera pour les élèves l’incitation à travailler, à s’organiser et à se dépasser que représentait un diplôme final de bon niveau académique.

[...]

[Paradocalement, on pourrait assister à] un système d’évaluation à double vitesse où ces lycéens [ceux des écoles libres] continueront à avoir un diplôme acquis exclusivement en contrôle final quand ceux des lycées publics gagneront une partie significative des points en contrôle continu.

On arriverait alors à un résultat assez paradoxal : le baccalauréat des candidats libres vaudrait plus sur le marché que celui de l’Éducation nationale, mais [car] il serait plus difficile à obtenir. Les lycéens les plus faibles quitteraient massivement le privé pour se rabattre sur le public et augmenter ainsi leur chance de décrocher leur bac !

De manière plus lapidaire, Ériz Zemmour déclare « Un 16 à Grigny [banlieue pauvre et immigrée] vaut un 2 à Henri-IV [école très cotée]. t c’est un scandale de comparer les deux. C’est vraiment inéquitable. Les différences de niveau sont abyssales entre les écoles de banlieue et les écoles d’élite du centre parisien. Ils ne parlent plus la même langue. C’est un vrai scandale. » Cette refonte du Baccalauréat entrera en vigueur à partir de 2021, avec la génération d’élèves actuellement en Troisième.



Montréal — Des profs du collège de Maisonneuve se censurent

Le Devoir rapporte des cas d’autocensure de la part des professeurs devant des classes d’« immigration récente ».

Un malaise « très profond » s’empare de la profession d’enseignant : des professeurs pratiquent l’autocensure pour éviter de heurter les croyances religieuses [catholiques ?] ou culturelles [canado-françaises ?] de leurs étudiants. Ils passent sous silence des œuvres traitant de sexualité, de nudité ou de maladie mentale par crainte de déclencher une controverse explosive.

Ce constat troublant fait partie d’un rapport sur le « vivre-ensemble » au collège de Maisonneuve, rendu public vendredi. Ce cégep de l’est de Montréal a été un lieu de radicalisation d’étudiants qui se sont rendus faire le djihad en Syrie depuis trois ans.

Les tensions religieuses se sont calmées dans l’établissement de 7000 étudiants, qui a pris une série de mesures pour faire revenir la paix entre ses murs. [Dans quelle mesure cela est-il lié à la défaite militaire de Daech, à une autocensure grandissante ?] Un projet-pilote sur le vivre-ensemble, qui vient de s’achever, a cependant mis en lumière un réel malaise chez les enseignants du collège.

7000

C’est le nombre d’étudiants qui fréquentent le collège de Maisonneuve, dont la moitié sont issus de l’immigration récente.

« Le principal problème réside dans le fait que plusieurs enseignants déclarent avoir adopté au fil du temps (surtout depuis une dizaine d’années) une forme d’autocensure et avoir évité de la sorte d’être indisposés par des affrontements d’ordre culturel ou religieux. Par exemple, des contenus particuliers peuvent être survolés, des œuvres significatives non abordées, des remarques humoristiques mises au rancart, etc. », indique le bilan du projet-pilote sur le vivre-ensemble.

« On ne peut s’empêcher de remarquer ici que, dans la plupart des cas, ces modifications sont effectuées par anticipation, et pas nécessairement à la suite d’un incident de nature interculturelle. L’expression “j’achète la paix” est, à cet égard, symptomatique. Si la menace n’est pas toujours réelle, le malaise, quant à lui, est très profond et rappelle à certains enseignants des périodes où la censure et la mise à l’index avaient pignon sur rue. L’enjeu est loin d’être dérisoire », poursuit le document.

La diversité culturelle et religieuse est en partie à l’origine du malaise. Environ la moitié des étudiants du collège de Maisonneuve sont des immigrants de première ou deuxième génération. Les étudiants ou leurs parents sont nés à l’étranger.


Le rapport note que les jeunes sont à l’aise avec la diversité. C’est la réalité de Montréal : ils ont grandi en côtoyant des amis de toutes les origines. Ce sont les relations avec des adultes (notamment les professeurs) qui donnent lieu à des tensions, explique le document de 98 pages.

Une forme de bien-pensance qui gagne les campus du Canada suscite aussi la méfiance des professeurs. Le Devoir rappelait cette semaine le chemin de croix d’une chargée de cours de l’université ontarienne Wilfrid-Laurier qui a eu le malheur de projeter en classe une émission d’affaires publiques mettant en vedette Jordan Peterson, professeur et auteur très controversé. Elle a été sermonnée par trois supérieurs qui l’avaient convoquée. Elle a finalement eu droit à des excuses, après avoir été crucifiée sur la place publique. [Note du carnet : Aucun « jeune » ne s’est plaint de cette chargée de cours, Lindsay Sheperd. C’était une initiative de la hiérarchie très diversitaire, très politiquement correcte, très « vivre ensemble » qui croyait appliqué les derniers textes de loi. Nous pensons que c’est un incident très différent.]

Rectitude politique

Guy Gibeau, directeur des études au collège (et l’un des trois auteurs du rapport), avoue avoir été surpris par l’autocensure des enseignants. « C’est quelque chose qu’on n’avait pas vu. Il va falloir qu’on y réfléchisse. Les professeurs disent : “Ça ne me tente pas de lancer des débats interminables. J’achète la paix à l’avance” », explique-t-il.

[Note du carnet : gageons que « les jeunes sont à l’aise avec la diversité » parce qu’ils ne se lancent pas dans des débats interminables et qu’ils ne défendent pas la culture occidentale qui n’est d’ailleurs pas nécessairement la leur.]

« On encourage les professeurs à ne pas se censurer, ajoute-t-il. On vient de se rendre compte du problème. On va certainement en parler et essayer de trouver des solutions. »

Le danger est d’aseptiser l’enseignement, d’omettre des œuvres qui dérangent, de sombrer dans la rectitude politique. « Si le patrimoine intellectuel occidental existe pour soutenir l’école québécoise dans la formation des prochaines générations, générations dont on souhaite l’épanouissement de la pensée critique, il serait inopportun de sélectionner les références-clés de façon à acheter la paix », indique le rapport.

Le collège de Maisonneuve a mis au jour le phénomène de l’autocensure tout simplement parce qu’il a pris la peine de consulter toute la communauté de l’établissement, soutient Guy Gibeau. Il est convaincu que les leçons du projet-pilote sur le vivre-ensemble peuvent s’appliquer à tous les cégeps et universités. « Les gens ont parlé parce qu’on leur a posé des questions en toute candeur. »

La place de l’islam

Contrairement à la croyance populaire, le hidjab donne lieu à peu de tensions au collège de Maisonneuve. Des professeurs d’éducation physique disent craindre que le port du hidjab entraîne des blessures, pour la jeune femme ou pour la classe. Des professeurs ont craint que le hidjab puisse cacher des écouteurs durant un examen. Les profs peuvent faire toutes les vérifications nécessaires, indique le rapport.

Des restrictions alimentaires — pas de porc ou d’alcool — ont causé des tensions au département de diététique. « Cela dit, il convient de le préciser, ces défis d’accommodement ne sont pas nécessairement plus nombreux ou plus aigus que ceux générés par des allergies alimentaires ou des convictions végétariennes », indique le rapport.

Malgré le peu d’incidents récents, « de nombreux enseignants issus de divers départements considèrent que l’islam est beaucoup trop visible au collège », précise le rapport. Il est vrai que des tensions sont survenues au cours des dernières années : le collège a rompu ses liens avec le prédicateur Adil Charkaoui. La transformation d’une cage d’escalier en un lieu de prière a soulevé la controverse. Des tensions sont survenues à la bibliothèque.

Le projet-pilote de 400 000 $ sur le vivre-ensemble, financé par Québec, a permis d’embaucher trois travailleurs de corridor (le contrat d’un de ces travailleurs a été prolongé) et un psychothérapeute en relation interculturelle, dans le but de soutenir les étudiants qui éprouvent des difficultés de nature identitaire. Le collège a organisé une série d’événements pour aider les gens de différentes cultures à se rapprocher et pour inciter les professeurs et étudiants à prendre la parole. La ministre Hélène David a annoncé vendredi un financement supplémentaire de 300 000 $ pour aider les autres cégeps et universités à s’inspirer des recommandations du collège de Maisonneuve sur le vivre-ensemble.

[Ce projet-pilote coûteux qui s’ajoute aux coûts indirects liés à la « diversité » toujours bénéfique comprenait plusieurs ateliers, voici un extrait du bilan du « Projet islam » tiré du rapport :

Bilan
Aux dires de l’enseignant initiateur du Projet islam, la session de l’automne 2016 a été l’une des plus belles expériences de sa vie professionnelle. Une vingtaine d’étudiants et d’étudiantes (17 filles et 3 garçons) [sur 7 000 collégiens !] ont suivi de manière assidue les activités hebdomadaires du projet. Le groupe était très stable et, les personnalités aidant, les discussions furent parfois très intimes, puisque les thèmes de la foi, du rapport à Dieu et des pratiques personnelles de chacun y furent abordés de manière très respectueuse, avec énormément d’ouverture et avec une volonté claire de partager et d’écouter l’autre. La majorité des participantes était de culture ou de foi musulmane et, parmi celles-ci, une faible majorité portait le hijab. Il n’y avait pas de sujets tabous ; une des conférencières a même abordé la sexualité du point de vue de l’islam de manière franche et ouverte.

 Toujours selon le promoteur du projet, l’exposition présentée dans le foyer du Collège peut être considérée comme un moment fort du projet plus large Vivre-ensemble. D’un grand esthétisme, les contenus des affiches étaient très développés et rigoureux. Le professeur mentionne aussi que les étudiants au cœur du projet, même ceux issus de familles musulmanes, ont cherché à mieux connaître ce sujet complexe souvent déformé par des préjugés simplificateurs, en particulier par les médias sociaux et de masse.

[...]
Expo du Projet Islam

Toutefois, le Projet islam n’a pas été reçu ou perçu de manière homogène au sein de la communauté du Collège. Toujours aux dires du promoteur : Plusieurs ont trouvé déplacé (« vous devriez avoir honte », me suis-je fait dire lors de l’exposition du Projet islam) ou carrément inopportun d’aborder de façon frontale le thème de l’islam comme religion dans le cadre d’une activité qui se tient dans les murs d’une institution publique. Mais chaque fois que je pouvais présenter le projet aux personnes réticentes ou même hostiles, les objections s’amenuisaient ou disparaissaient quand on comprenait que l’approche offerte était large, privilégiait une lecture de l’islam et de ses divers courants par le prisme des sciences sociales, et abordait sans censure les dérives idéologisées, anticitoyennes et violentes de l’islamisme.

]

Voir aussi

Démographie — En 15 ans, les minorités visibles (pas toutes francophones ni francophiles) sont passées au Québec de 7 % à 13 % de la population.

Démographie : en 2050 pour un Européen proche de 50 ans, il y aura trois Africains de moins de 30 ans

« appui au vivre ensemble » (comprendre « Lutter contre la radicalisation et l’intimidation ») dans Ne dites plus... parlez pédagogiste... (cuvée 2016)

Étude — Baisse de « solidarité » corrélée à l’augmentation du nombre d’étrangers

Vivre ensemble... « La fréquence du mot traduit le désarroi d’une société qui voit la disparition de la chose » (Alain Finkielkraut dans L’identité malheureuse)

Un Québec de plus en plus divers, est-ce vraiment une bonne chose ?



jeudi 15 février 2018

ECR : Visite voilée dans des « lieux de culte » sinon zéro...

L’ancien ministre Joseph Facal continue sa série de chroniques pour dénoncer le controversé programme d’Éthique et de culture religieuse (ECR) imposé par le gouvernement québécois à toutes les écoles (privées ou publiques) tout au long de la scolarité obligatoire (moins une année).

Voici une histoire vraie que je veux absolument partager avec vous.

Un soir de 2013, une jeune fille qui est en 4e secondaire tend un formulaire à signer à son père.

C’est une autorisation pour une sortie dans le cadre d’un cours d’ECR : les élèves visiteront divers lieux de culte.

Élèves de IVe secondaire de l'école Honoré-Mercier
dans un temple sikh situé sur la rue Cordner à Montréal


Tensions

Le père remarque que le formulaire dit que la jeune fille devra obligatoirement porter un voile dans certains de ces lieux. [Dans les église catholiques et les temples protestants ?]


L’activité compte pour 10 % de la note. Si pas de voile, pas d’activité, donc la fille récolterait un beau zéro.

Le père refuse. Sa fille lui dit : « Papa, tu ne vas pas faire ça ! » On connaît les ados.

Le père raconte : « Deux jours plus tard, je reçois un long courriel du prof d’ÉCR m’expliquant, sur un ton très pédagogique, les vertus de l’ouverture aux autres et les dangers du racisme ! »

Il répond à l’enseignant qu’il vient du Moyen-Orient et comprend parfaitement la signification du voile pour les femmes.

Il sait de quoi il parle. On n’imposera pas cela à sa fille. Il demande à rencontrer la direction, qui accepte.

Il dit :

« Je dois m’absenter du bureau, mon épouse aussi. Je suis nerveux, un peu troublé. Je marche sur des œufs, dans un champ miné : le politiquement correct, les prérogatives des profs, l’intervention des parents dans un contenu de programme officiel, ma fille que je ne veux pas singulariser, mon profond sentiment de refus de participer à cette oppression, notre désir de protéger l’essentiel. »

Lors de la rencontre, il explique qu’il a fui un radicalisme qu’il retrouve­­­ ici et qui progresse insidieusement­­­.

« La direction a été vraiment à l’écoute, dit-il, les profs ont finalement compris notre point de vue. On nous exempte des lieux problématiques. Ça se passe dans le respect, l’écoute, l’harmonie et la vérité. On repart pacifiés. »

Mais...

« Mais comment vous dire l’énergie nerveuse, le temps, le courage, le doigté et les nerfs que cela nous a pris, comme simples citoyens et comme parents, pour résister et essayer de ramener le bon sens dans tout cela. »

Nœud

Depuis, son école a annulé ces visites. Mais ailleurs ?

Sa conclusion :

« Cet incident m’a donné à réfléchir. [...] Le cours d’ÉCR perpétue les stéréotypes et la discrimination envers les femmes. Ce cours favorise aussi le prisme religieux pour décrire la réalité de la diversité. Il néglige [...] l’immense majorité des citoyens qui ne se définissent pas en premier lieu par leur appartenance religieuse et surtout pas par les signes ostentatoires de leur religion. De plus, en partant d’excellentes intentions, [...] il banalise des pratiques très discutables prônées par des radicaux. Voilà le fond du problème. »

Voir aussi

Québec — Étudiantes de cégep doivent se voiler pour visiter une mosquée sous peine de sanction

Tout cela n'est-il qu'un jeu ? Se voiler pour s'ouvrir à la diversité...

« Hare Krishna ! Hare Krishna ! » en visite au cours d'ECR

Tout cela n'est-il qu'un jeu ? Se voiler pour s'ouvrir à la diversité... [rediff 2009]

Dans le cadre du nouveau programme d'éthique et de culture religieuse en place dans toutes les écoles de la province, enfin sauf dans le Grand-Nord, les écoles juives orthodoxes et l'école à la maison, des élèves ont été amenés à « s'ouvrir à la diversité culturelle qui particularise la société québécoise » selon la Voix Pop. Pas plus qu'ailleurs en Occident, en réalité cela ne la caractérise en rien.

C’est dans ce contexte qu’un groupe d'adolescents de IVe secondaire de l'école Honoré-Mercier a été entraîné dans un temple sikh situé sur la rue Cordner, dans l’arrondissement de La Salle. Le Gurdwara Guru Nanak Darbar est le lieu de rassemblement de la communauté sikh de La Salle. Là tous ces élèves ont revêtu un foulard (objet sans doute sans valeur réelle pour eux) afin de pouvoir visiter le temple sikh et découvrir l'histoire de cette communauté, ses croyances, ses valeurs et ses pratiques. La journée s'est terminée par un goûter préparé et servi par les hôtes, des sikhs bénévoles du Gurdwara Guru Nanak Darbar.

mardi 13 février 2018

ECR : imposture et manipulation (3)

L’ancien ministre Joseph Facal continue sa série de chroniques pour dénoncer le controversé programme d’Éthique et de culture religieuse (ECR) imposé par le gouvernement québécois à toutes les écoles (privées ou publiques) tout au long de la scolarité obligatoire (moins une année).

Je ne pourrai ici faire écho à l’avalanche de commentaires reçus, mais je note d’abord que les partisans du cours d’ECR jouent sur tous les tableaux.

Si vous critiquez un manuel, ils vous diront qu’un manuel n’est qu’un support et qu’il y en a des tas d’autres.

Si vous dites que beaucoup de manuels ont été examinés et critiqués, notamment par Nadia El-Mabrouk et le Conseil du statut de la femme, on vous dira que c’est le programme ministériel qui fait foi de tout.

Ouverture ?

Si vous critiquez les orientations énoncées dans les documents gouvernementaux fondant le cours, comme l’a fait Joëlle Quérin, on vous dit qu’il faut faire confiance aux gens sur le terrain.


Joëlle Quérin chez Mario Dumont

Si vous rapportez des témoignages d’étudiants, on vous dit que votre échantillon est trop limité.

Si vous rapportez des témoignages de parents, on vous dit que les parents défendent toujours leurs enfants.

Si vous rapportez des remarques faites par des enseignants, on vous dit qu’il ne faut pas généraliser.

De toutes les objections qu’on m’a faites, voici ma favorite : oui, il est possible qu’un prof verse dans le prosélytisme, mais il s’en fait aussi, et depuis longtemps, dans d’autres matières.

Je décerne à cet « argument » la palme d’or de l’idiotie.

Évidemment, à travers tout cela, des tas de témoignages de gens qui font de leur mieux, voient les problèmes, m’expriment leurs malaises... et me demandent parfois de ne pas dire leur nom.

Comme toujours, les gens les plus impliqués dans l’implantation et la reproduction de ce cours défendent leur statut et leur bébé.

Ils n’admettront jamais que ce cours ne devrait pas exister sous sa forme actuelle.

Pourquoi ? Parce qu’ils se considèrent — et leurs propos le révèlent — en mission purificatrice, salvatrice.

Leur cours n’est pas à mettre sur le même plan qu’un cours de biologie ou de mathématiques ou de littérature ou même d’histoire des religions.

Ils luttent pour le Bien, pour la Vertu, pour le Progrès, contre les « méchants », contre les « fermés », contre les « racistes », contre les « islamophobes », etc.

Diversité ?

À la limite, je pourrais comprendre qu’on veuille transmettre aux jeunes des valeurs morales au moyen d’un solide cours d’éthique.

Le problème est que l’étudiant retire du cours d’ECR l’impression que la morale passe forcément par la religion [Note du carnet : c’est plus ou moins vrai, que la morale passe forcément par le respect de toutes les religions, qu’il ne faut surtout pas faire de tri. Sinon, on peut craindre que la morale soit surtout l’acceptation par les volets «dialogue» et «éthique» du politiquement correct par le truchement de la recherche de consensus.]

Les religions, elles, sont généralement présentées sous l’angle de leurs récits mythiques fondateurs et de leurs rituels, rarement confrontées à la raison, à la non-croyance ou aux dérives auxquelles elles peuvent conduire.

Les partisans du cours d’ECR plaident beaucoup au nom de la « diversité ».

Mais leur amour de la « diversité » ne va pas jusqu’à embrasser la diversité intellectuelle qui permettrait d’encaisser la critique.

[Ou la présence réelle d’options différentes et vraiment diverses, d’où l’élimination des cours de religion chrétienne. Mais on comprend qu'il ne faut un seul programme non pas, bien évidemment, par amour de la diversité, mais pour imposer à tous une conception philosophique unique par rapport à la diversité non seulement religieuse, mais en bout de course ethnique et culturelle. Bref, influencer les enfants des autres pour assurer le « vivre ensemble » multiculturaliste dans une société qui, de manière délibérée de la part de nos dirigeants, devient de plus en plus hétérogène. Voir L'immigration transforme rapidement la Rive-Sud de Montréal et Démographie — En 15 ans, les minorités visibles sont passées au Québec de 7 % à 13 % de la population ]

C’est plus que troublant...