jeudi 3 avril 2025

Recension critique du livre Value(s) écrit par le nouveau Premier ministre Mark Carney

Le célèbre psychologue Jordan Peterson a publié une critique cinglante du livre-programme de Mark Carney, Value(s), paru en novembre 2022. En voici de larges extraits traduits par nos soins. Le livre du nouveau Premier ministre désigné du Canada n’a pas été traduit en français.

Value(s) est un livre étrange, pris dans son ensemble, même s’il est considéré comme une simple entreprise littéraire. Il commence par une évaluation des valeurs, comme promis, mais s’enfonce ensuite dans une initiation à l’économie, proche d’un texte d’introduction dans ce domaine, et en reste précisément là pendant la majeure partie de l’aventure. Vers la fin, pour être juste, nous sommes à nouveau amenés à discuter des valeurs — une réaffirmation et un prolongement de la préface. Cependant, ce retour prend un certain temps et l’on se demande pourquoi le livre ne fait pas 200 pages plutôt que les plus de 600 pages actuelles.

J’ai eu du mal à me défaire du soupçon que le livre s’oriente vers l’histoire pure, d’abord parce que Carney n’a pas grand-chose à dire sur les valeurs en soi, et ensuite parce qu’il veut se convaincre et nous convaincre, alors qu’il parcourt les monts et les vallées de la théorie économique et de sa carrière, qu’il sait de quoi il parle et qu’il est l’homme qu’il faut pour le moment. Cependant, le simple fait qu’il puisse écrire un traité d’introduction au monde de la finance, conceptuel et institutionnel, nous en dit très peu sur sa capacité à entreprendre la tâche plus difficile concernant les valeurs, en soi, qu’il promet de gérer.

Et quelle est cette tâche, précisément ?

M. Carney est conscient, comme il se doit, que les systèmes de marché ne peuvent à eux seuls résoudre tous les problèmes du monde. Rien ne le peut. Il est impossible de résoudre « tous les problèmes », car les faits bruts de notre ignorance, de notre mortalité et de notre faillibilité signifient que toutes les solutions que nous parvenons à élaborer face aux difficultés de la vie sont imparfaites et partielles.

En outre, il est tout à fait vrai — et il s’agit là d’une conviction conservatrice fondamentale ou même libérale classique — que les sociétés et les marchés libres opèrent dans un cadre de valeurs plus large. En Occident, pour le meilleur ou pour le pire (et certainement pour le meilleur comparativement), ce cadre est judéo-chrétien, religieux et culturel dans son essence — un cadre qui a établi les principes de « l’évidence » auxquels les auteurs et les signataires de la Déclaration d’indépendance américaine ont fait référence de manière si célèbre.

Il s’agit notamment des propositions suivantes : tous les individus ont une valeur intrinsèque, puisqu’ils sont à l’image de Dieu ; chacun doit à tous les autres le respect que cette valeur exige, y compris la responsabilité d’échanger des biens, des idées, de coopérer et de rivaliser, de manière honnête et équitable, en vue d’un succès mutuel ; et chacun d’entre nous, y compris nos dirigeants (et peut-être avant tout), doit rendre hommage à ce qui est véritablement transcendant et divin.

C’est ce cadre que Carney prétend remplacer, même s’il n’est pas évident qu’il le comprenne ou qu’il ait développé une quelconque compréhension de la culture qu’il veut remodeler à partir de principes premiers. Il sait, ou a l’intuition, qu’il existe des règles du jeu a priori ou axiomatiques, pour ainsi dire — des déclarations de foi, même — qui doivent sous-tendre ou définir la civilisation elle-même, et qui fournissent la structure nécessaire au marché libre, de sorte que ses calculs collectifs puissent développer et distribuer les ressources d’une manière maximalement productive, efficace et juste.

Quelles sont ses suggestions concernant le remplacement d’un tel cadre ? C’est ici que le bât blesse ou, plus exactement, que le train déraille. Au lieu d’affronter sérieusement le problème des valeurs (et c’est le plus grave des problèmes) — au lieu de faire le difficile voyage à travers les paysages complexes de la théologie et de la philosophie qui est vraiment nécessaire avant qu’une telle tentative puisse être tentée — Carney dévoile son alliance avec les pires idées préconisées au cours des vingt ou trente dernières années et les présomptions intellectuelles généralement radicales du siècle dernier, qui sont encore pires.

Tout d’abord — et cela se trouve dans la préface, réaffirmé dans la conclusion (le véritable cœur du livre) — il nous assure que le changement climatique apocalyptique sur lequel insistent tant de personnes déterminées à justifier leur quête d’un pouvoir illimité par des raisons morales équivaut, en fait, à l’apocalypse. La lutte contre le changement climatique est donc l’enjeu numéro un de notre époque, comme tous les acteurs moraux doivent en convenir — sinon… C’est sa première vérité évidente en soi, mais ce n’est pas la seule, comme nous le verrons. Cela signifie que la « préservation de la planète » est sa valeur première et l’étoile polaire qui doit guider toutes — et il dit bien toutes — les décisions personnelles et économiques. Cela signifie également (notez-le bien) qu’il est prêt à, et même qu’il doit, utiliser la peur pour façonner sa politique ; la peur même d’une urgence cataclysmique imminente qui a toujours été exploitée même par les tyrans les plus explicitement réticents pour s’assurer que leurs diktats théoriquement bienveillants sont appliqués absolument partout et tout de suite. À titre d’exemple :
Notre objectif a été de mettre en place les informations, les outils et les marchés nécessaires pour que chaque décision financière prenne en compte le changement climatique — pour créer un système financier dans lequel les contributions d’une entreprise au changement climatique et à la solution climatique sont des déterminants fondamentaux de sa valeur. Pour que la valeur reflète les valeurs. Lors de la COP26 à Glasgow, nous avons mis en place vingt-quatre réformes majeures pour transformer les informations, les outils et les marchés au cœur de la finance. Il s’agit notamment de tests de résistance aux chocs climatiques, de plans de transition nette zéro et d’informations claires, comparables et utiles à la prise de décision sur le climat, afin que les marchés financiers puissent gérer les risques et saisir les avantages découlant de la transition climatique.
Face à de telles affirmations, il est préférable de lire sérieusement entre les lignes. Tout d’abord, considérons « chaque décision financière.... » Vraiment ? Chaque décision financière ? Littéralement « chaque décision financière » doit tenir compte du « changement climatique » ? Ce que les bien-pensants qui prétendent être les sauveurs de la planète, ou leurs partisans tout aussi vertueux, ne reconnaissent pas, à leurs risques et périls, et pire, aux nôtres, c’est qu’une telle déclaration accorde une licence illimitée à la tyrannie.

Mark Carney le nouveau Premier ministre du Canada

Si le sort de la planète — tous ses écosystèmes, toute sa beauté, tout ce qu’elle offre à l’humanité — est littéralement en jeu chaque fois qu’une décision financière est prise, à tous les niveaux, individuel, corporatif et étatique, alors tous les aspects de la vie doivent clairement être réglementés en fonction de cet objectif — et cela signifie tous les aspects de la vie. Comment comprendre cet état de fait ? Nous pourrions nous tourner vers les objectifs déclarés du consortium de grandes villes C40, et leurs objectifs ouvertement similaires à ceux de Carney, pour en avoir une compréhension différenciée et immédiate.

Le consortium a déclaré qu’il « doit y avoir une réduction moyenne de 28 % du nombre de vols à travers les villes du C40 ». Comment cela pourrait-il être mis en œuvre ? Plus de vols pour le commun des mortels (une exagération : les adorateurs de la nature du C40 autoriseront les paysans à prendre un vol court-courrier tous les trois ans). Ils mentionnent également « la réduction et, à terme, l’élimination quasi-totale de la nécessité de posséder une voiture ». Vous êtes-vous déjà demandé d’où viendrait l’électricité pour votre voiture électrique bientôt obligatoire, étant donné l’inadéquation du réseau actuel à cet égard et l’impossibilité d’y remédier avant que les véhicules à essence et à diesel ne soient interdits ? Peu importe ! Il n’y a aucune raison de présumer, comme on l’a fait jusqu’à présent, que l’on a droit à un véhicule à soi. Le problème est résolu ! Et même si vous êtes l’un des rares chanceux à posséder une voiture, de sérieuses limitations seront imposées sur le nombre de kilomètres que votre carcasse de paysan sera autorisée à parcourir, avec des restrictions tout aussi sérieuses sur la vitesse et l’accès aux routes.

Une diminution radicale de la disponibilité de la viande et des produits laitiers — de préférence un passage complet à un régime à base de plantes et peut-être même d’insectes, comme l’a suggéré le FEM (Forum de Davos). Trois nouveaux vêtements par an, au maximum.

L’abandon total de la richesse issue de l’économie des combustibles fossiles — le charbon, le pétrole et le gaz naturel dont dépend l’ensemble de notre économie industrielle et une grande partie de notre agriculture — de manière absolue et définitive. Carney lui-même déclare explicitement dans Value(s) que 80 % de ces ressources devront être laissées « dans le sol » pour atteindre les objectifs de neutralité nette. Objectifs qui, s’ils sont réalisés (ne vous y trompez pas), ne produiront pas le nouvel âge d’or du développement économique purifié que Carney promet si allègrement (sans le moindre plan pour le réaliser). Au lieu de cela, nous connaîtrons la pénurie, la misère et la tyrannie mesquine qui ont été infligées au Royaume-Uni et à l’Allemagne, où les pauvres souffrent de manière disproportionnée de l’énergie « renouvelable » extrêmement coûteuse et peu fiable promise par les verts utopistes mondialistes et qu’ils fournissent avec exactement l’efficacité à laquelle un observateur perspicace pourrait s’attendre.

Carney a même le culot de suggérer qu’une économie de l’hydrogène pourrait être la solution idéale, par exemple, pour l’Alberta (et le Canada), qui sera d’une manière ou d’une autre beaucoup plus riche et moralement vertueux lorsque la transformation miraculeuse qu’il promet se concrétisera d’une manière ou d’une autre. Dire qu’il manque un peu de détails, c’est plus qu’un euphémisme. Carney excelle à dire à chacun ce qu’il n’aura pas — n’aura pas le droit d’avoir, plus précisément — tout en se gardant bien de détailler ce qui lui sera offert en remplacement. Peut-être qu’une paysannerie morale finirait par comprendre la nécessité d’une baisse spectaculaire de son niveau de vie et d’une réduction des possibilités offertes à ses enfants (tout cela au nom de la grande déesse Gaïa, bien sûr).

Ne vous y trompez pas. Ceux qui promettent, comme Carney, de sauver la planète, tout en brandissant au-dessus de vos têtes, telle une épée de Damoclès, les preuves de sa disparition prochaine, utiliseront la prétendue gravité de la crise pour régir tous les aspects imaginables de votre vie — pour des raisons morales de « valeur » qui ne peuvent être correctement calculées, selon Carney, par le système défectueux de l’économie de marché.

Les tyrans utilisent la peur et la force, plutôt que l’invitation, lorsqu’ils formulent leur politique, et ils le font pour leurs propres raisons narcissiques, malgré toutes leurs prétentions à la bienveillance universelle. Si la crise est suffisamment grave — et elle l’est, selon Carney — seuls les lâches permettront aux subtilités telles que le choix personnel et la liberté de se mettre en travers de ce qui doit être fait, et ce, sur le champ, en dépit de tout, pour faire face à la situation d’urgence universelle. Urgence ou justification forcenée ? On serait en droit de penser que les extrémistes qui supposent que toute motivation est basée sur la volonté de puissance seraient un peu plus circonspects dans leur admiration pour les prophètes de malheur du changement climatique, étant donné le danger d’une telle raison universelle d’agir — et d’ordonner.

Considérons les mots mêmes de M. Carney, camouflés dans les affirmations morales qui accompagnent invariablement toutes les déclarations d’une telle portée et qui font froid dans le dos : « Les entreprises qui alignent leurs modèles économiques sur la transition vers une économie à zéro émission de carbone seront largement récompensées ; celles qui ne parviendront pas à s’adapter cesseront d’exister. » Examinons cette déclaration en détail. Faisons preuve d’imagination. Remplacez, si vous osez, le mot « entreprises » par le mot « particuliers ». Réfléchissez aux répercussions de cette modification.

Le sauveur de la planète en puissance poursuit, par ailleurs : « Vos actions par le biais de choix de consommation intelligents sur le plan climatique, d’initiatives locales telles que le recyclage et l’écologisation de votre quartier, et en demandant des comptes à ceux qui gèrent votre épargne peuvent sembler modestes par rapport à l’ampleur du défi, mais elles sont toutes importantes. En vivant les valeurs de durabilité, de résilience et de responsabilité dans la lutte contre le changement climatique, vous inspirerez d’autres personnes, tout comme les Canadiens l’ont fait lors de la Covid. Et collectivement, ces efforts contribuent à modifier les valeurs du marché, en les mettant au service de nos valeurs humaines ».

Est-ce que j’en dis trop, en essayant de balayer la poudre aux yeux ? Suis-je trop sceptique, voire paranoïaque, lorsqu’il s’agit d’évaluer de telles déclarations de haut vol ? Considérez donc ceci : Carney a le culot et le manque d’introspection de proposer la gestion occidentale à la « crise » du COVID comme modèle (!) que nous devrions tous adopter face à l’Apocalypse Now environnemental :
Comme nous l’avons vu, les réactions des gens face à Covid ont démontré les valeurs de solidarité, d’équité et de responsabilité. Le cadre adéquat pour faire face à la double crise économique et sanitaire provoquée par Covid doit donc incarner ces valeurs dans des objectifs sociaux convenus, puis évaluer les politiques en fonction de leur impact sur ces valeurs. En développant un cadre politique Covid pour le bien commun, nous pouvons tirer les leçons du changement climatique (voir les deux chapitres suivants). Dans ce cas, il existe un objectif global — la durabilité environnementale — qui est défini par les valeurs de la société en matière d’équité et de justice intergénérationnelles.
Le dicton dit que « celui qui a des oreilles pour entendre, entende ». Aussi lorsque vos supérieurs — ou prétendus tels — parlent, il est préférable que vous écoutiez. Que révèle vraiment ce paragraphe grandiose, écrit par l’ancien gouverneur de la Banque d’Angleterre ? Rien de moins que la conviction sincère de Mark Carney que la réaction internationale, étatique et individuelle au COVID a établi le modèle approprié pour la réponse universelle à l’« urgence » climatique. Si vous avez apprécié la tyrannie des experts en santé publique et de leurs sbires politiques, la délation de vos voisins et la panique moralisatrice permanente de l’ère COVID, eh bien, vous n’avez encore rien vu.

Pendant la COVID, la menace de mort pesait sur une proportion limitée de la population, ce qui a pourtant justifié toutes les interventions draconiennes. Aujourd’hui, ce n’est rien de moins que le destin de la planète entière qui est en jeu ! Quels merveilleux diktats urgents doivent alors être prêts à être mis en œuvre ! Et, plus précisément, quelle est la valeur de votre petite liberté quand tout ce qui est cher à tout le monde est menacé si vite ? D’autant plus que vos semblables sont de toute façon bien trop nombreux sur la planète.

Voici le point de vue de M. Carney sur la question : « L’expérience de Covid a renforcé le désir de durabilité du public. Le monde a commencé à traduire cette volonté en actions climatiques à Glasgow lors de la Conférence des Nations unies sur le changement climatique (COP26) en novembre dernier, en commençant à transformer ce que la révolution industrielle a engendré en une révolution durable que nos enfants et nos petits-enfants méritent ». Que Dieu nous vienne en aide. Vraiment. Car rien ne prouve que nous aurons la sagesse de nous aider nous-mêmes.

Il serait merveilleux, en effet, que la liste des effroyables présomptions de M. Carney soit réduite à néant par notre enquête sur sa volonté de recourir à la contrainte, à la force et à la peur pour « sauver la planète ». Au total, cependant, la situation est bien pire. Il n’y a pratiquement aucune mauvaise idée récemment promue par les mondialistes (comme nous l’avons déjà mentionné) que Carney n’ait pas défendue — pire, non seulement défendue, en tant qu’acolyte ou allié, comme dans le cas de l’infortuné narcissique qu’il tente de remplacer, notre Justin Trudeau bien à nous. Trudeau n’était guère plus qu’un représentant des mondialistes, malgré sa prestance et son élégance. Carney n’est en rien une telle chose ; ce n’est pas un simple infiltré du WEF. Il est au contraire un véritable auteur, maître-planificateur et chef de file mondialiste, comme il le dit lui-même (en insistant sur ce point) :
En tant qu’envoyé spécial des Nations unies pour l’action climatique et la finance, j’ai travaillé avec une équipe de fonctionnaires remarquables, ainsi qu’avec des milliers de personnes dévouées du monde entier, issues du secteur privé, d’ONG, d’organismes de normalisation et de gouvernements, dans le cadre de divers groupes de travail ciblés. Notre objectif fut de mettre en place les informations, les outils et les marchés nécessaires pour que chaque décision financière prenne en compte le changement climatique — pour créer un système financier dans lequel les contributions d’une entreprise au changement climatique et à la solution climatique sont des déterminants fondamentaux de sa valeur.....

Cette dynamique est alimentée par une prise de conscience croissante du fait que la lutte contre le changement climatique est l’une des plus grandes potentialités commerciales de notre époque. C’est l’une des raisons pour lesquelles un nouveau groupe que je préside, la Glasgow Financial Alliance for Net Zero (GFANZ), a été créé. La GFANZ est composée des plus grandes banques, assureurs, fonds de pension et gestionnaires d’actifs du monde. Plus de 450 grandes institutions financières de 45 pays s’engagent à gérer leurs bilans, d’une valeur totale de plus de 130 000 milliards de dollars, en fonction d’une transition nette zéro à 1,5 degré, soit 40 % de l’ensemble des actifs financiers mondiaux.
M. Carney n’espère pas seulement régler le changement climatique, quel qu’en soit le coût ou les conséquences, tout en manipulant l’ensemble de l’ordre financier mondial. Il faut maintenant se rappeler qu’il veut réorganiser le système de valeur lui-même et qu’il s’en croit capable et justifié. D’emblée, il identifie très simplement les valeurs suivantes comme étant au cœur de l’identité canadienne et, espère-t-il, mondiale — comme si ses affirmations allaient de soi : « nature, communauté, diversité » ; « solidarité, équité, responsabilité et compassion » ; et, à plusieurs reprises, « durabilité ». Mais qu’est-ce que tout cela signifie ? Et c’est une question importante, étant donné que rien de moins que la planète elle-même est apparemment en jeu.

Qui dit exactement que la solidarité, la diversité et la compassion sont des valeurs canadiennes fondamentales et primordiales, sans parler des valeurs universelles appropriées et souhaitables ? Qu’elles constituent le summum, l’essence ou le fondement de la vertu, au niveau national et mondial ? Tel était l’objet de son livre, avant qu’il ne dégénère en une déambulation nonchalante dans un cours d’introduction à l’économie de niveau secondaire. Qualifier la métaphysique qu’il propose de superficielle revient, simultanément et de manière inappropriée, à l’accepter comme une métaphysique authentique et valide. Il ne s’agit en fait que d’un amalgame de slogans utopiques mondialistes (l’étymologie de slogan ? Sluagh-ghairm, du gallois [plutôt de l’écossais gaélique] : cri de guerre).

Carney n’est pas seulement un fervent défenseur de la doctrine de la diversité, de l’équité et de l’inclusion, qui a été si dévastatrice dans les universités et dans la culture générale (la clé de ses « valeurs ») — il est un contributeur majeur à la diffusion de cette idéologie au niveau international, dans le monde politique et dans celui des affaires. Son alarmisme climatique tyrannique et son appui à l’IED sont encore loin d’avoir épuisé la litanie de ses péchés.

M. Carney a également milité en faveur du « capitalisme des parties prenantes », c’est-à-dire de l’insistance véritablement fasciste sur la planification centrale du haut vers le bas au niveau des entreprises et de la réglementation des États. C’est toute l’importance accordée à la politique « environnementale, sociale et de gouvernance » (ESG), qui tente d’introduire par décret dans les entreprises et les gouvernements du monde entier des valeurs non marchandes du même type que celles défendues par M. Carney. Ces idées utopiques centralisatrices ont été adoptées avec enthousiasme, du moins au début, par des acteurs capitalistes malveillants pathologiquement coupables tels que Blackrock et Vanguard, qui exercent une influence massivement disproportionnée dans le monde des entreprises au niveau international, mais elles ont été abandonnées même par eux l’année dernière, lorsque les conséquences catastrophiques de ces doctrines se sont fait connaître sous la forme d’un échec économique cuisant et d’une impopularité croissante et généralisée.

Ainsi, Carney est-il non seulement le défenseur des pires idées — tyrannie de l’apocalypse climatique, moralisation de l’IED, réglementation ESG — il en est littéralement le champion, à l’avant-garde de leur diffusion et de leur imposition. Ces idées ne sont pas seulement terribles, source de division, économiquement destructrices et narcissiquement grandioses, mais ce sont aussi des idées qui ont déjà échoué. Les Américains abandonnent en masse les mots d’ordre de l’IED, qu’il s’agisse des électeurs, des entreprises ou des gouvernements. La rébellion populiste gagne du terrain au Royaume-Uni et en Europe. Même Blackrock et Vanguard ont quitté le train de l’ESG. Ainsi, le consensus international tant vanté par M. Carney à cet égard s’effondre — ou s’est effondré. Cela signifie non seulement que notre Premier ministre en herbe a conduit le monde entier dans la mauvaise direction — littéralement, dans la pire des directions — mais aussi qu’il a échoué en le faisant, et selon les critères qu’il a lui-même établis. Plus révélateur, cependant, et plus grave encore : il semble avoir tiré de cet échec la seule leçon qu’il est désormais temps de quitter la scène internationale et de conduire un Canada infortuné dans le même précipice.

Nous ne produisons déjà plus que 60 cents canadiens pour un dollar américain. Dans notre province la plus riche, l’Alberta, le revenu médian du travail est désormais inférieur à celui du Mississippi, l’État le plus pauvre au sud de notre pays. D’ici cinq ans, nous pourrions facilement nous retrouver dans une situation où nous produirons quarante cents de valeur pour chaque dollar géré par les Américains. Et si c’est la triste direction que nous avons l’intention de prendre, Carney est l’homme qu’il nous faut pour nous y conduire.

Value(s) est, en vérité, l’un des livres les plus superficiels qu’il m’ait été donné de lire, et j’en ai lu beaucoup, tant superficiels que profonds. Il ne contient aucune idée originale, tandis que le peu d’idées qu’il contient est littéralement le pire qui ait été formulé par les pires penseurs des dernières générations, voire du dernier ou des deux derniers siècles.

En tant que promenade dans le domaine philosophique, en dehors de l’économie de marché, Value(s) est un échec lamentable et prétentieux. Carney ne parvient pas du tout à aborder la question des valeurs à quelque niveau de profondeur que ce soit, alors qu’il prétendait écrire un livre entier sur le sujet — une tâche qu’il n’a vraiment pas réussi à mener à bien. Notamment parce qu’il n’a bénéficié d’aucune véritable formation dans les domaines théologiques, philosophiques ou psychologiques qu’il faut maîtriser ou au moins prendre en compte lorsqu’il s’agit de réaménager les fondements mêmes de la civilisation. Pire — bien pire, même — il ne semble pas du tout comprendre la superficialité de son offre ni mesurer les gigantesques lacunes de sa conceptualisation et de sa compréhension.

Mark Carney a donc échoué, lamentablement, spectaculairement, dans ses tentatives en tant que penseur et leader international. Ses initiatives pratiques sur le plan mondial se sont récemment révélées les vases creux qu’elles sont en réalité. Son livre, qui témoigne le plus fidèlement de ses échecs conceptuels, échoue également en tant qu’entreprise littéraire, s’égarant de manière totalement autojustificative dans des sujets qui n’ont rien à voir avec la question qui nous occupe, à savoir le fondement de la civilisation et même de la psyché individuelle en tant que telle.

En conclusion, un avertissement aux Canadiens, trompés en croyant que l’expérience internationale tant vantée de Carney fait de lui quelqu’un capable, capable de manière encore moins convaincante de s’opposer à nos compatriotes américains erratiques du Sud. Mark Carney, anciennement de la Banque d’Angleterre, a le vernis d’une compétence conférée par l’étranger. En réalité, c’est un homme qui a tous les défauts de Trudeau, et ce n’est pas peu dire. Toutefois, il présente un danger bien plus grand en raison de ses prouesses admises en matière de réseautage, de gestion et d’administration. Notre infortuné « Chef estimé » précédent était au moins freiné dans sa prétention par son incompétence. M. Carney a les mêmes valeurs que son prédécesseur, mais il est beaucoup plus efficace et inébranlable dans sa mise en œuvre.

Si vous voulez, chers concitoyens canadiens, que se poursuive la dégringolade vers la pauvreté accompagnée d’interventions gouvernementales croissantes qui a caractérisé Trudeau en général, et les années COVID en particulier, alors Carney est votre homme. Si vous voulez que les adorateurs de la nature mondialiste soumettent toutes vos entreprises et votre liberté personnelle aux besoins hypothétiques et indéfinis de la planète, pendant qu’ils poursuivent leur désir de pouvoir illimité, et camouflent cette poursuite sous les présomptions morales les plus capiteuses, alors Carney est votre homme.

Si vous voulez vous sentir bien dans votre peau, par rapport aux méchants capitalistes du sud, alors que vous vous enfoncez avec suffisance dans la confusion et la pauvreté qui caractérisent de plus en plus, par exemple, la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni, alors Carney est votre homme. Si vous croyez qu’une force magique remplacera notre économie dépendante des ressources naturelles et l’avenir de vos enfants par une économie fabriquée à partir de ressources naturelles, alors Carney est votre homme.

Voir aussi

 

Le Premier ministre canadien Mark Carney a invité à son conseil un confondateur de l'Initiative du Siècle

Sondage (n=1500) — Près des 2/3 des Canadiens contre le triplement de la population du Canada d'ici 2100 (le plan de l'Initiative du Siècle)

Le chef libéral Mark Carney a été accusé de s'approprier les idées des autres au cours de la campagne électorale fédérale (en anglais, Globe and Mail)

Les Britanniques avertissent que le nouveau premier ministre canadien a une « touche Midas inversée ». La réputation de Mark Carney en tant que gouverneur de la Banque d'Angleterre est plus entachée qu'il ne le laisse entendre (en anglais, National Post)

Tenir compte des avertissements sévères de la Grande-Bretagne à l'égard de Mark Carney. La presse britannique tant de gauche que de droit s'est montrée beaucoup plus critique à l'égard de notre nouveau premier ministre que la nôtre.  (en anglais, National Post)

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