— Vous affirmez dans une de vos études que l’enseignement privé fait faire des économies à l’État et aux collectivités locales. Comment arrivez-vous à ce résultat ?
— Y a-t-il un sous-financement du privé par l’État ?
— Depuis 1992, avec la règle des 80/20, le privé ne bénéficie que de 20 % des crédits d’éducation, est-ce légitime ?
Des résultats scolaires qui ne justifient pas la surdépense dans l’enseignement public
Si l’on se penche sur les résultats scolaires des élèves, on constate qu’en termes de résultats bruts, les élèves du privé s’en sortent généralement mieux. Les évaluations nationales de 2019, sur les compétences des élèves démontrent ceci : les élèves du CM1 [9-10 ans] public (hors Éducation prioritaire [REP]) maîtrisaient le français à 75,5 % contre 89,4 % dans le privé (et 54,9 % en REP [quartiers à « difficulté sociales »] et 51,2 % en REP+ [les quartiers les plus difficiles]). Concernant les mathématiques, les élèves du CM1 public affichaient un taux de maîtrise satisfaisant de 73,1 % contre 85,9 % dans le privé (et 52,4 % en REP et 51,3 % en REP+). Des taux qui se confirment en 6e puisque si 72,1 % des élèves de 6e du privé maîtrisaient la compréhension et l’écrit en français, ils n’étaient que 61,5 % dans le public hors Éducation prioritaire (contre 46 % en REP et 35,5 % en REP+). Et concernant la résolution de problèmes de mathématiques, 72,7 % des élèves du privé maîtrisaient cette compétence, contre 63,2 % dans le public hors Éducation prioritaire (et 45,2 % en REP et 33,5 % en REP+).
Néanmoins la Direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP), dans une étude sur le sujet, concluait en 2017 que les meilleurs résultats des élèves du privé étaient corrélés à leur milieu social et qu’en supprimant ce biais, la performance entre public et privé était relativement équivalente. Une nuance confirmée par les classements PISA où la France se classe dans le groupe des pays où les élèves des établissements privés ont une meilleure performance globale (environ +20 points) mais une performance annulée après la prise en compte des critères économiques, sociaux et culturaux des élèves.
Cependant, il faut noter qu’actuellement, la France se place en bas de classement PISA avec comme résultat : une 23e place sur 82 en lecture, une 25e place sur 82 en mathématiques et en sciences mais aussi une 28e place en bien-être des élèves et une 8e place sur 77 en équité (vis-à-vis du sexe, issu de l’immigration ou milieu social). Et d’ailleurs, en 2018, alors que PISA analysait l’évolution de la performance des pays depuis la parution du premier classement en 2000, la France était classée dans les pays ne présentant ni progression, ni diminution du niveau des élèves. D’autres pays européens affichaient, pourtant, une performance à la hausse comme l’Estonie, le Portugal, l’Allemagne, la Pologne et la Roumanie. Une performance stagnante des élèves français qu’il convient de corriger, non pas en rajoutant des moyens comme cela se fait depuis plusieurs années, comme en réformant les structures, en donnant plus d’autonomie aux établissements et en se dégageant des marges de manœuvre financières. Si les résultats bruts du privé sont meilleurs, si les résultats prenant en compte le milieu social sont égaux, rien ne justifie la surdépense actuellement accordée au public. D’autant plus que la DEPP soulignait aussi que le choix du privé, par rapport au public, était fortement corrélé à la proximité de l’établissement du domicile, alors qu’en moyenne l’établissement public le plus proche est à 670 m tandis que l’établissement privé le plus proche est à 3,8km.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire