jeudi 21 septembre 2023

Promouvoir la déclaration de non-binarité : l’inscription d’enfants non-binaires rapportera plus d’argent aux clubs

À Rennes, les associations sportives devront désormais renseigner le genre de leurs pratiquants dans les dossiers de demandes de subventions. Une inscription d’un enfant non-binaire rapportera plus d’argent à un club. L’opposition dénonce ce système.

À Rennes, les clubs de sport pourront toucher plus de subventions si des pratiquants se déclarent non-binaire

À Rennes, le sujet a provoqué des remous lors du conseil municipal du lundi 18 septembre dernier. Ce serait selon Le Télégramme « dans le but de simplifier le système d’attribution des subventions aux associations sportives » que la Ville a revu ses critères de calcul.

En ce qui concerne le critère des effectifs des pratiquants, la catégorie sexe a laissé place à une catégorie genre qui propose des cases « non-binaire majeur » et « non binaire mineur » en sus des traditionnelles « femme majeur », « femme mineur », « homme majeur » et « homme mineur ». Certains coefficients ont également été revus à la hausse pour attribuer des subventions plus conséquentes aux clubs qui inscriront des filles et des mineurs non binaire.

Levée de boucliers

« La politique menée ici ne nous semble pas claire dans ses enjeux », a réagi Sandrine Caroff-Urfer, élue du groupe Révéler Rennes, proche de Renaissance. « Cette proposition d’ajouter la catégorie non binaire émane-t-elle des associations ? Sur quel diagnostic chiffré se base cette modification ? S’agira-t-il de demander aux associations de juger si les enfants sont de tel ou tel genre ou bien de demander aux enfants de 6 ans de définir leur propre identité de genre ? Notre conclusion est qu’avant la puberté, il ne paraît pas judicieux de les confronter à des questionnements identitaires qui sont trop lourds à porter pour eux ».

Même son de cloche du côté de Charles Compagnon, chef de file de la droite et du centre-droit. « Si la volonté est l’accès aux sports pour tous, le résultat sera exactement l’inverse. Prenons un exemple : dans quelle équipe de foot U11 ira jouer le petit Théo, 10 ans, de sexe masculin, que ses parents auront inscrit en non binaire ? Au lieu d’inclure, vous établissez un étiquetage fort regrettable qui risque d’ailleurs de produire des effets contre productifs auxquels vous n’aspirez pas vous-même. Ce que nous savons, c’est que les clubs ont des demandes autrement prioritaires que ces changements ».

Discrimination

Face à l’irritation des opposants sur le sujet, le conseiller municipal délégué aux sports Frédéric Bourcier a tenté de s'expliquer :  « La non binarité est une réalité dans notre société, que est minoritaire, mais nous ne devons pas l’invisibiliser. Nous avons été interpellés par des représentants d’associations sur cette problématique, on sait qu’au niveau national, ça concerne environ 5 % de la population. Je vous propose d‘assumer dans la tranquillité cette discrimination positive sur des enfants. On ne fait pas ce choix par idéologie, on le fait par cohérence. Ça permettra aux structures de pouvoir mieux accueillir ces personnes. Il y aura adaptation des clubs en fonction de ce déclaratif. On se base globalement avec les clubs sur une relation de confiance. »

La nouvelle grille des coefficients attribués à chaque catégorie de genre pour les subventions aux clubs de sports à Rennes.
La nouvelle grille des coefficients attribués à chaque catégorie de genre pour les subventions aux clubs de sports à Rennes. (Le Télégramme)

Mais comment cela se traduira-t-il vraiment dans les faits ? Les clubs devront-ils ajouter la catégorie non-binaire dans les formulaires d’inscriptions ?

« L’idée est simplement d’encourager les clubs à accueillir plus de femmes et de non-binaires », a rappelé Frédéric Bourcier. « Quand les clubs vont remplir leurs dossiers de subventions, il y aura donc un coefficient plus important attribué pour ces pratiquants-là que pour les hommes. Je rappelle que tout le système est basé sur du déclaratif. Pour un non binaire, la question se pose d’abord à la personne, à ses parents, puis au club. On a tous les moyens de vérifier si les informations données seront les bonnes ». Des réunions sont prévues prochainement pour aider les clubs à appréhender ces changements et s’approprier les modalités techniques.

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