mardi 18 avril 2023

Unanimisme — L’Assemblée nationale se porte à la défense des travelos lecteurs de contes pour enfants

 Réaction de Denise Bombardier à cet unanimisme et au manque de débats au Québec sur ces sujets.

Nous sommes sceptiques quant au cliché éculé de l’éducation catholique qui tarauderait les Québécois et les empêcherait de s’exprimer et de débattre. Après tout, Dieu vomit les tièdes et le travestissement est explicitement décrit comme une « abomination » dans la Bible, au livre du Deutéronome (22:5).

Cet unanimisme s’explique sans doute mieux par le manque de diversité dans les médias (le marché est étroit, la SRC hypersubventionnée y fait une concurrence déloyale), dans les écoles (tout le monde doit suivre le même programme même dans sa façon de le donner, voir les procès autour de l’imposition d’ECR à des écoles catholiques comme Loyola). Ajoutons sans doute le réflexe de faire corps sur un continent anglo-saxon où cette cohésion peut permettre d’assurer la survie d’une très petite minorité. De surcroît, la médiocrité de la députation et le poids de la discipline des partis dans un système non proportionnel ne favorisent pas l’expression de pensées hétérodoxes.

 

Le travelo au nom de scène « Barbada »

Depuis leur rejet du catholicisme et de sa morale bornée, les Québécois sont devenus allergiques à tout interdit. Ils aiment les tendances de tout acabit, les modes dans tous leurs délires et les minorités les plus visiblement provocatrices et tapageuses.

Les membres de ces minorités très militantes ont le champ plus libre, car les Québécois, qui ont déjà de la difficulté à s’exprimer en groupe, ont tendance à se réfugier individuellement dans le silence. En clair, ils sont peureux.

Ils sont habités par des phobies réelles, violentes et contradictoires. D’abord, ils craignent d’être rejetés. Disons que leur estime de soi est toujours susceptible d’être abaissée par un interlocuteur grossier qui dégaine verbalement plus vite qu’eux.

Victimes de l’éducation marquée par le péché mortel [hmmm] pour les plus âgés, ils culpabilisent à tort ou à raison. Une majorité de Québécois a la phobie de ne pas être reconnue comme progressiste selon les critères imposés par des militants idéologiques qui les font taire.

Silence

En fait, trop de Québécois sont atteints de carences affectives. La peur de ne pas être aimés par ceux qui les impressionnent ou les manipulent explique aussi pourquoi ils se taisent. D’où la rage intérieure qui les habite et fait même exploser les plus blessés psychologiquement.

Certaines minorités parmi les minorités au Québec sont intouchables d’une certaine façon. Elles arrivent à imposer leur vision, leurs règles et leurs excès sans être contredites. Les Québécois majoritaires n’osent pas blâmer ceux et celles qui deviennent des vedettes d’un soir grâce aux médias qui leur offrent l’antenne. [La télé d’État fédéraliste qui invite un travelo à son émission phare de Tout le Monde en parle et l’interroge complaisamment.]

C’est ainsi que l’Assemblée nationale a adopté à l’unanimité une motion présentée par Québec solidaire le 3 avril dernier pour déplorer les propos haineux à l’endroit des drag-queens lors d’une manifestation contre la présence de Barbada à la bibliothèque de Sainte-Catherine, en Montérégie.

Les propos haineux sont intolérables en toutes circonstances. [Il faudrait déjà les définir. Ne pas vouloir de drag-queen est-ce haineux ? Jusqu’à quel point. Les gens qui crient au fasciste sont-ils haineux ?] Mais il faut noter le silence qui s’est abattu sur le Québec depuis cet événement. C’est comme si la présence d’une drag-queen dans les écoles auprès de nos petits enfants ne pose aucun problème. Cet événement en dit long sur la capacité des Québécois à s’exprimer et à débattre une initiative présentée comme une banalité.

Militantisme

Barbada est un militant actif qui sensibilise les enfants de quatre ans et plus à la notion de genre. Il parle de diversité, d’équité et d’égalité à travers ses histoires. Et cela est maintenant institutionnalisé à cause de la motion unanime de l’Assemblée nationale.

Aucun débat sérieux mené non pas par des militants actifs, mais par des spécialistes n’a eu lieu. [Ne parlons même pas du peuple… Les « experts » devraient-ils décider ?] Comme si le Québec entier acquiesçait sans dire un mot à cette pédagogie nouvelle, qui amène les enfants à aimer la lecture, a déclaré spontanément la ministre Martine Biron. [Voir Ministre de la Condition féminine défend hommes trans et annonce dépenses de 0,8 million $. Et « vos yeules ! »]

Barbada, on me permettra cette remarque, pousse le déguisement féminin au-delà de l’outrance. En tant que femme, j’éprouve un malaise en la voyant exposer cette image à des tout-petits. La drag-queen n’est pas un statut. C’est un personnage dans un spectacle pour adultes où la grivoiserie et les transgressions sexuelles sont appréciées.

Et le Québec se tait, partagé entre une vision naïve et une sidération qui permet que nos écoles soient ouvertes à de telles « activités parascolaires ».

Mise à jour du 11 avril

La réaction d’Alexandre Cormier-Denis à cette résolution unanime.

Version Odysee (puisque tout Rumble est censuré en France)


 
 
Billet originel du 4 avril
 
Le Québec se distingue par ses nombreux votes unanimes (manque de force de caractère des députés, force des partis, peur des médias très peu diversifiés ?). On en trouvera quelques exemples dans les liens connexes ci-dessous. En voici un exemple récent.

 

Le Québec se distingue des politiques du Tennessee dans sa relation avec les drag queens. Si l’État américain limite désormais leurs spectacles dans les lieux publics, les parlementaires québécois soulignent au contraire que les contes qu’elles racontent aux enfants dans les bibliothèques font de la province « un exemple de l’égalité et de l’équité pour les communautés de la pluralité de genre à travers le monde ».

À l’initiative de Québec solidaire (QS), mardi 4 avril 2023, les députés ont adopté à l’unanimité une motion qui « déplore la montée des propos haineux et discriminatoires envers les personnes de la communauté LGBTQI2S+ dans la sphère publique ». Dimanche, la Ville de Sainte-Catherine, en Montérégie, a été forcée de déplacer le lieu d’une lecture de contes pour enfants, faite par la drag queen Barbada, en raison de la présence de manifestants qui s’opposent à une telle activité.

Au Salon bleu, la motion qui a été adoptée, mardi, affirme que « l’Assemblée nationale souligne que les drag queens ne devraient, en aucune circonstance, faire face à des insultes violentes, à de l’intolérance et à de la haine pour leur participation à la lecture de contes pour enfants ». À la manifestation, dimanche, on pouvait lire sur une pancarte que « les drag queens n’ont pas leur place dans nos écoles » et que « leur place est dans les établissements 18 ans et plus ».

Questionnée à ce sujet, la ministre Martine Biron, qui est responsable des enjeux liés aux communautés LGBTQ+, a affirmé qu’elle était « désolée et peinée » de voir des manifestants perturber une activité prisée des familles.

« Je dénonce ce qui s’est passé en fin de semaine. Honnêtement, j’ai été désolée et peinée de cette manifestation, parce qu’essentiellement, je trouve que Barbada s’est donné une belle mission. Son heure du conte ne date pas d’hier. C’est depuis 2016 [qu’elle l’organise]. Sa mission est de démystifier l’amour qui se retrouve à l’extérieur de la norme sociale. Je trouve que c’est une belle mission », a-t-elle dit.

« Ça doit être intéressant de voir ça pour les enfants. Les drag queens, avec leurs déguisements, leurs perruques et les paillettes, ça attire l’attention et ça amène les enfants à aimer la lecture », a ajouté Mme Biron.


Voir aussi

Projet de loi 15 du Québec — les parents de plus en plus évincés par l’État comme protecteur de l’intérêt de l’enfant

Syndicats : « Adapter l’école aux garçons nuirait à leur réussite »

 
 
Bel unanimisme idéologique des syndicats québécois : « Adapter l’école aux garçons nuirait à leur réussite »
 
Les Québécois veulent un unanimisme complet. Le déficit démocratique est énorme et l’on n’est déjà plus capable de tolérer qu’une dizaine de chroniqueurs critiquent certaines mesures en réclamant davantage d’équilibre.  Covid — L’Occident paralysé par la peur de la mort ? 

Motion unanime (le Québec en est un spécialiste) affirmant l’appui de l’Assemblée nationale aux mesures proposées par cette réforme de la Loi sur la radiodiffusion, mais apparemment uniquement parce que ce projet protégera le contenu québécois (francophone) sans mentionner de réserves sur les aspects liberticides potentiels de ce projet de loi.

Tous du même avis ? Trop beau pour être vrai ? Indication d’une erreur ?

Le cours ECR, école de l’unanimisme politiquement correct

Supplément ECR pour contrer l’unanimisme du prêt-à-penser écologiste des manuels

Affaire Michaud : 51 députés péquistes reconnaissent avoir eu tort (voir aussi ce livre qui y est consacré)

Comment Pauline Marois modifia une constitution… et une charte (à l’unanimité et à toute vapeur, malgré des promesses contraires faites au préalable)  

Aucun commentaire: