mardi 6 mai 2014

Le merveilleux nouveau Québec — Assigner un sexe à la naissance, discriminatoire ?

Un organisme québécois de « défense des droits » des personnes transsexuelles et intersexuées demande aux tribunaux de statuer sur l'obligation légale de déterminer le sexe d'un enfant à la naissance.

Le « Centre de lutte contre l'oppression des genres », organisme indépendant affilié à l'Université Concordia, a déposé un avis de poursuite contre le gouvernement du Québec afin d'invalider cinq articles du Code civil du Québec qu'il juge discriminatoires, dont ceux portant sur le constat et la déclaration de naissance.

« […] L'assignation obligatoire d'un sexe à la naissance est une des causes principales de discrimination envers les personnes trans et de modifications chirurgicales non requises des personnes intersexuées », précise le Centre dans un communiqué que se sont empressés de diffuser les gros médias.

« Cet acte constitutif définit l'identité de genre et les rôles sociaux auxquels une personne aura à se conformer », explique-t-on. L'avis de poursuite, déposé vendredi dernier en Cour supérieure du Québec, à Montréal, vise les articles 71, 72, 111, 115 et 116 du Code civil du Québec. Rien de moins ! « Chaque Québécois doit avoir le droit à l'intégrité de son corps, à la vie privée et le droit de choisir, ou non, si des modifications chirurgicales ou médicales sont nécessaires pour elle sans intervention de l'État », a précisé Gabrielle Bouchard, coordonnatrice du support entre pairs et défenses des droits trans au Centre.

Source

dimanche 4 mai 2014

Lecture et écriture — de bonnes méthodes dès la première année

Ce site internet montre des vidéos d’instituteurs enseignant la lecture et l’écriture à des enfants de CP, la première année du primaire à six ans. On y voit des professeurs en classe faire cours.

Le but de ces instituteurs : réduire l’échec scolaire qui touche tant d’enfants et d'adolescents. La cause principale, pour ces enseignants, en est que beaucoup trop d’élèves ne savent pas lire, écrire et compter à la fin de la première année du primaire. Ils ne pourront rattraper ensuite leur retard. Or, pour ces enseignants, il est possible d’apprendre à lire à tous les enfants avant la fin de cette première année, avec des méthodes efficaces. C’est pourquoi ils veulent proposer des exemples de bonnes pratiques à toutes les personnes intéressées.

Lecture à voix haute






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vendredi 2 mai 2014

Trente-six pour cent des cégepiens songent à décrocher


Le Soleil rapporte :
« Faire le saut du secondaire au cégep n'est pas toujours facile. Plus d'un cégépien sur trois (36 %) a songé à décrocher lors de sa première session.

Voilà l'une des conclusions tirées d'une enquête réalisée par le Centre d'étude des conditions de vie et des besoins de la population (ECOBES) du Cégep de Jonquière à l'automne 2010 auprès de 3631 étudiants répartis dans huit collèges. Ces jeunes font partie de la première cohorte d'élèves issus de la réforme.

Lorsqu'on leur a demandé s'ils avaient songé à abandonner leurs études trois mois après leur entrée au cégep, 28 % ont répondu y avoir déjà pensé et 8 % y ont songé «souvent ou très souvent».

«Il y a comme un choc culturel à la rentrée, explique Marco Gaudreault, un des chercheurs responsables de l'étude. On savait que plusieurs voulaient changer de programme, mais de là à vouloir quitter, on a été surpris.»

Effet négatif du controversé renouveau pédagogique ?

Rappelons que le cégep est considéré comme faisant partie du secondaire en Europe.

Voir aussi

PISA — élèves québécois passent en sciences de la 10e position en 2006 à la 24e place en 2012

La réforme pédagogique vue par les réformés

Joseph Facal et la dérive de l'éducation au Québec

Étude — Perception et effets de la réforme pédagogique sur les élèves et leurs parents


jeudi 1 mai 2014

Allemagne — le jeune fils refuse le cours de sexualité, les parents font de la prison

La prison de Gelsenkirchen
Anna Wiens, une baptiste faisant partie des Allemands rapatriés de Russie il y a une trentaine d'années, mère de 12 enfants de Geseke (cercle de Soest, Nord-Ouest de l'Allemagne) a été contrainte de passer 8 jours en prison à Gelsenkirchen. Elle a été arrêtée le 24 avril et emmenée au pénitencier.

Un de ses fils, en sixième année du primaire, avait refusé de participer au cours d'éducation sexuelle. Ses parents n'ont pas voulu le forcer, ils voulaient « respecter le droit à sa personnalité » de leur fils. Pour le même motif, le père de l'enfant a déjà été détenu pendant 7 jours il y a environ 4 semaines.

D'autres parents allemands ont déjà fait de la prison pour la même raison, ils considèrent l'enseignement de la sexualité à l'école primaire prématuré, indécent ou empreint d'une philosophie hédoniste qu'ils considèrent comme contraires aux vertus chrétiennes.

Voir aussi

Allemagne — Un père en prison pour avoir refusé que sa fille suive un cours d’éducation sexuelle en primaire

Allemagne — Mère de douze enfants emprisonnée : elle refuse pour ses enfants le cours d'éducation sexuelle au primaire

Allemagne — juge refuse la garde des enfants pour empêcher l'émigration des parents

Police allemande enlève les enfants d'une famille instruits à la maison

École à la maison en Allemagne —  Accompagnez-nous maintenant de gré ou plus tard de force »

Québec — Enfant envoyé par un juge en garderie pour le « socialiser » après que seuls les experts de la DPJ ont pu témoigner (suite : Vos impôts à l'œuvre : La DPJ recule après plus 3 ans d'interrogatoires, de tests et de procès : une famille recouvre sa liberté).

Allemagne — Parents inquiets protestent contre l'imposition de la théorie du genre





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mercredi 30 avril 2014

« Avoir droit » ou « être obligé » ?

Nouveau reportage hier d'Émilie Dubreuil à Radio-Canada sur les juifs hassidiques, une de ses spécialités depuis des années.

Argument contre les méchants juifs ultra-orthodoxes qui ne suivent pas le programme unique du Monopole de l'Éducation : les élèves du Québec « ont droit au service de l'éducation préscolaire et aux services d'enseignement primaire et secondaire prévus » dans la Loi sur l'instruction publique (c'est son article 1).

Il semblait bien que dans le reportage de Mme Dubreuil qu'il ne s'agissait plus d'un droit, mais d'une obligation. Ce qui est bien sûr le cas en réalité : tous les enfants doivent suivre le programme et la pédagogie imposés par le Monopole de l'éducation.

Ce n'est pas sans rappeler l'épisode de l'éthique et culture religieuse que le Québec « offrait » aux élèves alors qu'il l'imposait. (Voir ce collège qui « offre » le programme ECR).

Source

Parlez-vous le français socialiste ?

Sélection novlangue de la semaine (en construction)

Sélection novlangue de la semaine (2)

Novlangue au Monopole : le mot athée désormais tabou

Ne dites plus... parlez pédagogiste...

Lexique du Plateau

Novlangue — OQLF prescrit « action positive » plutôt que « discrimination positive »

 



†  Cette journaliste aime bien interroger les religieux conservateurs, voir cette relation d'une rencontre où l'on apprend que Radio-Canada a coupé à la diffusion les parties où Mme Dubreuil avait « freaké ».

Lors d'une manifestation contre le programme ECR, selon plusieurs témoins, Mme Dubreuil avait posé plusieurs questions étranges à une très jeune fille, questions coupées lors de la diffusion du reportage où l'on voit bien la petite fille répondre. Parmi les questions de la journaliste spécialisée dans les religieux réfractaires on trouvait celle-ci : « Est-ce que tu pries à Dieu contre le cours d'ECR ? » Un avocat qui avait vu la reporter à l'œuvre avait prévenu sur place Émilie Dubreuil de procéder avec une grande prudence lors de la diffusion de propos de très jeunes enfants.

Évangéliques : L’école, lieu de transmission de quelle sagesse?

Trois évangéliques débattent de l'école, de l'éducation, de l'instruction et de la « neutralité » dans ces domaines.

« Quel modèle d’éducation vous semble idéal ? Avez-vous une philosophie de l’éducation ? Y a-t-il une différence entre l’école séculière et l’école chrétienne au niveau de l’apprentissage ? Le point de vue qui vous sera présenté dans l’émission d’aujourd’hui risque d’être assez différent de celui qui reflète les valeurs séculières de l’État. Notre désir est de favoriser votre réflexion par rapport à l’éducation; en particulier si vous avez des enfants. Nous espérons que cette discussion vous permettra de constater l’importance du sujet que nous allons traiter.

Mes invités pour cette émission sont le pasteur Bernard Westerveld de l’église réformée St-Marc à Québec et le pasteur-conférencier Luc Bussière qui est président de l’Association des établissements scolaires protestants évangéliques en francophonie.

Source »




[Pour les gens pressés, nous recommandons l'écoute à partir de la 15e minute. Rappelons cependant que la liberté scolaire est bien moindre au Québec qu'en France pour les écoles non subventionnées : pas de programme imposé en France juste un tronc de connaissances de base, pas de pédagogie imposée : l'affaire Loyola y est inconcevable, pas de grandes limitations à l'embauche des enseignants (pas de diplôme en enseignement par exemple)]

Autres liens audio : audio mp3 | iTunes | iPhone | Android | RSS

Voici quelques liens pour en apprendre plus sur M. Bussière ainsi que sur différentes établissements scolaires mentionnés du Québec :
Site personnel de M. Bussière
Établissement Daniel (France)
École chrétienne Emmanuel (Montréal)
École chrétienne l’Eau-Vive (Québec)
École chrétienne La Source (Sherbrooke) 
 

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Des cours de « médium » au cégep


Le cégep Montmorency à Laval proposait cet hiver des cours d'« éveil à la médiumnité » et de « compréhension de l'énergie universelle » offerts par une conférencière dirigeant ses clients vers des médiums qui communiquent «avec les personnes décédées» et « avec les animaux ».

Les quatre cours figuraient dans l'offre officielle du Collège Montmorency, à Laval, jusqu'à ce que La Presse communique avec l'établissement. Dans les heures qui ont suivi, l'institution a procédé à leur annulation et à leur retrait du site internet.

Plus de détails.

Que de progrès depuis l'abolition de l'affreux et rétrograde cours classique...




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Apocalypse, la 1re Guerre mondiale sur TV 5 Québec Canada

TV5 Québec Canada, après les télévisions francophones européennes, diffusera en mai Apocalypse, la 1re Guerre mondiale sur TV5. Les deux premiers épisodes de la série seront diffusés le lundi 5 mai, à 21 h et 22 h. Les épisodes seront diffusés tous les lundis soir du mois de mai à 21 h et en rediffusion les jeudis à 19 h. La qualité pédagogique de cette série, à notre sens, est bien réelle, mais nous pensons qu'il faut la suppléer par quelques explications de « texte ».

Les images rassemblées sont réelles bien que, pour des raisons techniques à l’époque, les images de bataille soient quasiment toujours posées après les faits. Il aura fallu trois années de travail minutieux pour réunir, restaurer, assembler, sonoriser tous ces précieux documents. La colorisation aurait nécessité 47 semaines à elle seule. Pour notre part, nous avons apprécié cette légère colorisation qui fera sans doute mieux accepter ce documentaire par le grand public. Certaines images de « gueules cassées » peuvent être difficiles à supporter. L'enfer en couleurs pastel.

L'œuvre est divisée en cinq étapes intitulées Furie, Peur, Enfer, Rage et Délivrance, les chapitres d'une histoire racontée par une voix douce dans sa forme, mais directive sur le fond, du cinéaste et comédien Mathieu Kassovitz, sur une musique du Québécois Christian Clermont. Le documentaire aborde également, bien que de façon succincte, le point de vue québécois (la conscription) et canadien (la crête de Vimy) de la guerre.

Sur le front de l’Est, la Russie envahit en 1914 la Prusse orientale :
des milliers de civils allemands fuient alors vers l’ouest de l’Allemagne.
Sur le plan visuel, il s'agit de documents visuels extrêmement intéressants, sans doute inédits, des images rarement vues comme celles qui montrent l'offensive turque dans le Caucase où l'on voit un chien qui déterre et mange un cadavre. Ou bien celles, assez étonnantes, du reporter américain Wilbur Durborough qui a obtenu l’autorisation de filmer les Allemands sur le front de l’Est en 1915.

On a bien, dans le premier épisode, cette impression d'une ­Europe insouciante, ceci pendant le printemps et l'été 1914, même dans les premières semaines après l'attentat de Sarajevo. Puis, c'est l'engrenage[1], l'ultimatum à la Serbie, le déclenchement de la guerre, les mouvements des combats, tout cela est restitué de façon claire et pédagogique.

Les commentaires sont pourtant parfois très orientés. Certaines phrases ressortent de vieux mythes de gauche, des lieux communs risibles sur un plan historique. Globalement, on a l'impression que c'est la caste dirigeante : les rois, les généraux et les patrons qui ont déclenché la guerre, et que les peuples sont les victimes sacrificielles de ce système. Il s'agit d'une vision marxiste classique, quasiment léniniste et même jaurésienne. Jaurès est d'ailleurs favorablement cité. Il est absurde de dire que les patrons français voulaient la guerre pour faire taire les ouvriers. C'est de la propagande de la CGT, le syndicat communiste, de 1920 !



La série insiste beaucoup tout au long des cinq épisodes sur les « empires », les faisant passer pour plus bellicistes que les républiques, alors qu'il n'y avait pas plus revancharde que la France (l'Alsace-Lorraine à reconquérir) et plus prêt à négocier la paix que l'empire austro-hongrois alors que les empires centraux n'étaient pas encore acculés à cette position.

La guerre ­résulte d'une multiplicité de facteurs, dont le jeu des alliances. Ce sont les nations qui ont préparé cela. Les peuples n'ont pas seulement subi, ils ont aussi été acteurs dans ce jeu-là. Le patriotisme a été fortement intériorisé aussi bien en France qu'en Allemagne. Tout le courant pacifiste à gauche s'efface dans une Union sacrée quand la guerre se déclenche. Le film ­évoque cela, mais de façon trop elliptique.




Au moment de la bataille de la Marne, en septembre 1914, Mathieu Kassovitz lit : « Le nombre inouï de morts n'arrête pas les grands chefs. » Qu'auraient-ils dû faire ? Arrêter la bataille et laisser les Allemands envahir toute la France ? Autre phrase étonnante : « Étran­gement l'im­mensité du carnage ne décourage pas le patriotisme des combattants. » Ce qui signifie que les auteurs trouvent étrange le fait que les soldats soient patriotes. Dans le dernier épisode, le commentaire irait même plus loin, il parlera du fait qu'on ait trop masqué la contrainte nécessaire exercée sur les soldats pour les faire combattre, le tout souligné par une musique dramatique et le visage apeurant de « gueules cassées ».

Il y a là un fort a priori idéologique. Ailleurs, à propos de la bataille de Tannenberg, les auteurs affirment : « Les Russes qui sont écrasés par le tsarisme et la religion. » Là encore, le commentaire est orienté : le tsarisme et la religion avaient-il plus abruti le peuple russe que la laïcité et la république le peuple français ? Les réalisateurs s'étonnent que Poincaré aille rendre visite au tsar Nicolas II parce que ce dernier serait un autocrate, c'est négliger la logique d'alliance entre la France et la Russie pour prendre en tenaille l'Allemagne que la France ne pouvait plus affronter seule étant donné son désavantage démographique. La France qui fut longtemps le pays d'Europe le plus peuplé avait connu une très faible croissance de sa population après la Révolution de 1789 alors que les autres pays, dont l'Allemagne, connurent une explosion démographique.

Les auteurs se raccrochent sans cesse à leur vision pacifiste un peu simplette, avec ces paroles prononcées dans le dernier épisode : « Toutes les guerres sont inutiles. » Voilà, c'est tout !

On regrettera que les téléspectateurs ne soient pas avertis qu'on leur présente (voir ci-dessous) des plans du film Verdun, vision d’histoire (1928), une fiction aux apparences de documentaire tournée en 1928 par Léon Poirier, comme s'il s'agissait d'images véridiques prises sur le fait. On notera dans la même séquence l'étrange prononciation anglaise (crown prince) qu'adopte Mathieu Kassovitz quand il parle du Kronprinz allemand. Il le répètera plusieurs fois.


Apocalypse, extrait 3, Verdun Extraits du film Verdun, vision d'histoire, une fiction aux apparences de documentaire tournée en 1928, présentés comme des images documentaires dans Apocalypse

Dans leur commentaire lu par le comédien Mathieu Kassovitz, les réalisateurs font preuve d’une certaine naïveté, au mieux. Ainsi, au sujet des monuments aux morts, ils remarquent : « Jamais rien n’est représenté de ce qu’il y avait derrière ces combattants, la contrainte et la répression. Malgré l’hécatombe, ces monuments veulent toujours convaincre qu’il est juste de tuer et de se faire tuer pour la patrie. »

Jamais de surcroît ne font-ils état du brassage des classes sociales au sein des tranchées, de la réconciliation de l'État laïc avec ces prêtres exemplaires dans les tranchées. Après la guerre 1914-1918, ayant reconnu la valeur de ces religieux au front et l'utilité de la religion dans ce genre de crise, on assistera d'ailleurs à un regain de liberté pour les écoles confessionnelles en France.

Apocalypse, la 1re Guerre mondiale est une série pédagogique, remarquable sur de nombreux aspects techniques, plaisante et utile à regarder, mais sans nuance dans ses commentaires, avec un certain parti pris idéologique désuet de lutte des classes, antireligieux et empreint d'un pacifisme simplet.




[1] Cet engrenage inéluctable est, toutefois, remis en cause dans certains ouvrages comme Ces guerres qui ne devaient pas éclater (1870, 1914, 1939) de Nicolas Saudray.


Voir aussi

Histoire — 1914. Une tragédie européenne

Un peu d'endoctrinement syndicalo-socialiste avec votre ECR ?

mardi 29 avril 2014

Sans discrimination positive, le poids des minorités diminue dans les universités américaines

La Cour suprême des États-Unis a récemment validé une loi du Michigan interdisant la discrimination positive dans l’enseignement supérieur. La Cour suprême des États confirmait ainsi la décision des citoyens du Michigan lors d’un référendum en 2006 qui interdit l’utilisation de la race comme critère d’admission dans les universités publiques de l’État.

C’est un coup porté aux mesures héritées du mouvement pour les droits civiques des années 1960. Sans discrimination positive, le poids des minorités diminue dans les universités américaines.

Depuis quelques années, huit États avaient interdit la discrimination raciale positive dans la sélection des étudiants. C’est le cas du Texas depuis 1997, de la Californie (1998) ou de la Floride (2001).

Les établissements les plus sélectifs de ces États ont connu une chute sensible du nombre d’étudiants noirs et hispaniques. À l’université du Michigan à Ann Arbor, le nombre de Noirs a baissé de 33 % depuis 2006, alors que les inscriptions augmentaient de 10 %.

En 1991, la Californie comptait 36 % d’Hispaniques en âge d’entrer à l’université, et cette minorité représentait 23 % des effectifs de l’université de Berkeley. Vingt ans plus tard, et alors que la communauté avait grossi (49 % de la population en âge d’entrer à l’université est désormais hispaniques), le campus de Berkeley n’en comptait plus que 11 %. Soit une chute de 38 points. Entre ces deux dates, un fait : en 1998, l’État a interdit toute discrimination positive dans les procédures d’admission universitaires.

Chiffres pour les Hispaniques à Berkeley (Californie)

Ces chiffres sont publiés, lundi 28 avril 2014, par le site du New York Times, qui présente vingt graphiques consacrés à l’évolution de la présence des minorités dans plusieurs prestigieuses universités publiques états-uniennes depuis 1990. Point commun de tous ces lieux de savoir, ils sont situés dans cinq des huit États où l’appartenance à une minorité ne fait plus partie des critères d’admission dans l’enseignement supérieur public.

Chiffres pour les noirs à Berkeley (Californie)

Autre exemple illustrant les effets négatifs de l’abandon de la discrimination positive, la proportion de Noirs inscrits à l’université de Californie, à Los Angeles, est passée de 8 % en 1997 — soit l’année juste avant l’interdiction dans cet État — à 2 % en 2011, alors que la population noire n’y a pas diminué entre ces deux dates.

La situation dans les universités en Floride, par contre, ne s’est pas détériorée pour les minorités. Le nombre des étudiants hispaniques y était, en 1990, de 4 % pour une population de 14 % en âge d’aller à l’université. En 2011, ce nombre avait grimpé jusqu’à 18 % alors que les Hispaniques représentent désormais 27 % des jeunes en âge à s’inscrire à l’université.

Huit États ont suspendu la discrimination positive

Le Michigan a voté en 2006 l’interdiction de la discrimination positive à l’entrée à l’université. Conséquence : la part des Noirs parmi les inscrits en première année dans la principale université est passée de 7 % à 5 %, et cela même alors que les jeunes Noirs de 19 ans étaient plus nombreux dans l’État.

Dans d’autres États cités par le New York Times, la différence entre la période qui précède et celle qui suit la fin de la discrimination positive n’est pas aussi flagrante. À l’université d’État de Washington, par exemple, l’interdiction votée en 1999 n’a pas empêché la part des étudiants hispaniques de continuer de croître, même si celle des Noirs a dans l’ensemble stagné.

Historique de la discrimination positive devant les tribunaux

La décision de la Cour suprême américaine interdisant la discrimination positive constitue un tournant. La plus haute juridiction du pays a jugé conforme à la Constitution cette loi qui interdit la prise en considération de la race ou du sexe pour les admissions à l’université. Dans une décision, rendue par six juges contre deux, un neuvième s’étant récusé, elle a renversé un arrêt d’une cour d’appel qui avait invalidé un article de la Constitution de l’État, estimant que les électeurs avaient parfaitement le droit de changer leur Constitution pour interdire à leurs universités une telle discrimination positive en faveur des minorités.

Après avoir fixé l’an dernier des limites à l’usage des quotas raciaux à l’Université du Texas, la Cour suprême confirme cette fois l’interdiction par la loi de toute préférence raciale à l’admission des universités de l’État. Cet amendement à la constitution de l’État interdit aux universités publiques, aux écoles et aux recruteurs pour emplois publics de « discriminer ou d’accorder un traitement préférentiel à tout individu ou groupe en fonction de la race, du sexe, de la couleur de peau, de l’ethnie ou de l’origine ». Le Michigan était soutenu devant la Cour suprême par les États de l’Arizona, de l’Alabama, Géorgie, Oklahoma et Virginie occidentale. Les médias progressistes américains n’ont pas hésité à parler du retour de la ségrégation sudiste et de la revanche de George Wallace, ancien gouverneur de l’Alabama.

Le concept de discrimination positive est né de la lutte pour les droits civiques dans les années 1960. Toutefois, les quotas ethniques furent remis en cause dès 1978 par une décision de la Cour suprême, l’arrêt Bakke, qui ordonnait aux universités de promouvoir la diversité, mais sans la chiffrer de façon formelle. Ces dernières années, huit états avaient interdit la discrimination positive pour les procédures d’admission universitaires. C’était le cas du Texas depuis 1997, de la Californie (1998) ou de la Floride (2001)

Sources : New York Times (y compris graphiques traduits), Cour suprême des États-Unis, Le Monde.

Voir aussi

Discrimination positive : victoire partielle d’une étudiante blanche américaine

L’affirmative action au crible des discours néoconservateurs noirs (pdf, 12 pages)

Brésil — discrimination raciale et en faveur des diplômés des écoles publiques dans les universités

France — Discrimination positive dans les grandes écoles

Université contre la discrimination à l’encontre des handicapés mentaux...

Éthique — la discrimination est-elle un droit ?

Novlangue — OQLF prescrit « action positive » plutôt que « discrimination positive »

Québec — 60 % de la fonction publique est féminine, l’État se féminise et se « diversifie »

Recension de Economic Facts and Fallacies de Thomas Sowell





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Diplômés d'une université chrétienne ne pourront pratiquer le droit en Ontario et en Nouvelle-Écosse

L'Université Trinity Western en Colombie-Britannique dénonce la décision des barreaux ontarien et néo-écossais de rejeter ou restreindre l'accréditation de sa future faculté de droit. Rejet qui n'est pas motivé par des raisons liées aux manques de connaissances du droit par ses futurs diplômés, mais à cause de la conduite chrétienne qu'on leur demande d'observer pendant leurs études sur le campus.

L'établissement privé chrétien affirme que ces prises de position de ces barreaux ne respectent pas la liberté de religion.

« Nous sommes très déçus », a déclaré par voie de communiqué son président Bob Kuhn. « Ces décisions auront un impact sur tous les Canadiens et tous les croyants. Elles envoient le message qu'il est impossible d'avoir des valeurs religieuses tout en participant pleinement à la société. »

L'Université Trinity Western fait signer à ses 3600 étudiants et membres du personnel un code de conduite qui les empêche d'avoir des relations sexuelles « qui violent le caractère sacré du mariage entre un homme et une femme. » Cet engagement exige également que les enseignants, le personnel administratif et les étudiants s'abstiennent de commérer, de calomnier, de mentir, de tricher, de voler, de se saouler ou de s'adonner à la pornographie.

Les opposants disent que cette politique est discriminatoire envers les homosexuels et que le Canada ne peut tolérer une école de droit qui impose de la sorte des croyances chrétiennes traditionnelles. Durant la discussion avant le vote du Barreau ontarien, des membres du Conseil de direction du barreau ont déclaré que ce code de conduite était « odieux ». Seul l'aspect hétérosexuel du mariage semble avoir attiré les foudres des critiques, personne ne semble s'être offusqué du manque de liberté des hétérosexuels qui aimeraient forniquer ou s'enivrer sur place.

Dans un vote de 28 contre 21, le Barreau du Haut-Canada s'est prononcé contre l'attestation, ce qui signifie que les futurs diplômés en droit de l'université chrétienne de Colombie-Britannique ne pourront pas pratiquer en Ontario.

L'établissement étudie maintenant la possibilité de recours en justice, selon son président.

L'université ira tout de même de l'avant avec son projet de créer la seule faculté de droit au Canada dont les membres doivent s'engager à respecter son identité chrétienne, a indiqué M. Kuhn. En effet, plus tôt ce mois, le Barreau de la Colombie-Britannique a approuvé le projet d'école de droit de la UTW par un vote de 20 à 6.

Le Barreau de la Nouvelle-Écosse a décidé vendredi d'accorder une attestation conditionnelle à l'établissement qui envisage d'ouvrir sa faculté de droit en 2016. L'organisation n'acceptera les stagiaires diplômés de l'université que si elle renonce à ses principes et modifie son code de conduite.

En 2001, la Cour suprême du Canada a confirmé le droit de Trinity Western de fonctionner comme une université chrétienne selon ses valeurs chrétiennes, statuant que les politiques basées sur la foi de l'école ne doivent en aucun cas être interprétées comme un obstacle à l'accréditation. Huit des neuf juges du plus haut tribunal avaient déclaré que « [e]n tenant compte des préceptes religieux de l’UTW au lieu de l’incidence réelle de ces croyances sur le milieu scolaire, le BCCT [Collège des enseignants de la Colombie-Britannique] s’est fondé sur des considérations non pertinentes. Il a donc agi inéquitablement. » Le Collège des enseignants de la Colombie-Britannique n'avait eu à l'époque d'autre choix que d'approuver le programme de formation des enseignants de l'UTW.

Petite hypocrisie habituelle

Malgré sa décision à l'encontre des diplômés de l'UTW, le Barreau ontarien a déclaré qu'il « reconnaît les valeurs consacrées de la Charte canadienne des droits et libertés et le Code des droits de l'Ontario, y compris le droit à l'égalité et le droit à la liberté de religion, et la nature fondamentale de ces droits dans notre démocratie ».

Il ne manquait plus que le petit laïus sur le respect de la « diversité », entendre ici trouver l'homosexualité aussi normale et respectable que l'hétérosexualité et imposer ce point de vue à ceux qui ne l'acceptent pas.

Cette déclaration de principe en faveur de la liberté d'expression et de religion qui accompagne les décisions qui la bafouent n'est pas sans rappeler le scandale qui a suivi le limogeage de Brendan Eich. Brendan Eich est l'inventeur de Javascript, confondateur et directeur général de Mozilla qui développe le fureteur (navigateur internet) Firefox. Mozilla avait annoncé la « démission » de son directeur général parce qu'il avait soutenu financièrement une référendum contre le mariage homosexuel en Californie en 2008. Activité licite, le référendum ayant d'ailleurs approuvé avant qu'un juge unique renverse la décision. Rappelons qu'à l'époque le président Obama soutenait également (du moins officiellement) cette même définition traditionnelle du mariage. Le scandale chez Mozilla avait commencé à la suite d'une fuite (bien opportune) sur le fait que Brendan Eich avait fait un don à cette cause, don qui est théoriquement anonyme. Mais, selon Mark Steyn, l'administration fiscale américaine (IRS) a divulgué cette information à des groupes pro-LGBT.

Le président de Mozilla, Mitchell Baker, avait ensuite publié l'habituelle justification controuvée qui sonne creux : « Mozilla croit à la fois en l'égalité et la liberté d'expression. L'égalité est nécessaire à tout discours significatif. Et on a besoin de liberté d'expression pour lutter pour l'égalité. Défendre les deux en même temps peut être difficile. »

Passons sur le fait qu'il n'est pas évident que la stricte égalité s'applique en la matière : les mineurs sont exclus du mariage, les frères et sœurs ne peuvent pas non plus se marier, la polygamie demeure interdite, les époux de même sexe le sont par la nature du mariage si l'on considère que son objectif est d'abord la reproduction (rien n'empêche par ailleurs les personnes de s'aimer sans se marier).

Pour ce qui est de la liberté d'expression, les progressistes sont prêts à concéder que celle-ci est un droit, mais il ne s'agit pour eux que d'un droit parmi d'autres, un droit parmi une gamme de droits concurrents comme « l'égalité » et « la diversité ». Mais voilà il faut « établir un équilibre » parmi ces droits. Et cet « équilibre » signifie que vous ne pouvez pratiquer le droit en Ontario ou que vous êtes limogé si vous ne récitez pas le nouveau prêt-à-penser ou si vous êtes un apostat de la pensée collective progressiste.

Il est loin le temps où les progressistes considéraient la liberté d'expression comme primordiale. Cela s'appliquait quand ils ne tenaient pas les médias et les universités, ils n'étaient encore que des rebelles, des marginaux. La liberté d'expression leur était nécessaire. Maintenant qu'ils forment l'« élite » de notre société, la liberté d'expression ne saurait plus être tolérée pour exprimer des pensées impures, haineuses ou rétrogrades. Qui décide quelles sont ces pensées impies ? Il semble bien que ce soit cette même « élite » progressiste, juge et partie.

Voir aussi

Le « mariage gay » et la logique libertarienne new-yorkaise

 



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