Lionel Groulx |
Le Prix Lionel Groulx, prestigieuse reconnaissance dans le domaine de l'Histoire, est rebaptisée Grand Prix de l’Institut d’histoire de l’Amérique française.
L’Institut d’histoire de l’Amérique française (IHAF) en a fait l’annonce vendredi, dans un communiqué de presse. Le prestigieux prix récompense annuellement le meilleur ouvrage portant sur un aspect de l’histoire de l’Amérique française.
Une majorité claire des membres de l’IHAF a donné son aval à cette décision lors d’une consultation menée à l’automne 2023.
« Les controverses entourant la figure de Groulx et son héritage ont agité régulièrement la communauté historienne et ses principales institutions », détaille l’IHAF dans une analyse rendue publique vendredi.
Le document fait état des diverses controverses entourant le personnage de Lionel-Groulx, auquel on a reproché notamment ses prétendu racisme, sexisme et antisémitisme. « Le choix du nom du prix et de son maintien témoigne d’une acceptation, tantôt explicite, tantôt tacite, de cet héritage par la communauté historienne », peut-on lire.
« Historien·nes contemporain·es » subventionné·es du Québec contre Lionel Groulx
Elle ajoutant, sans déciller, que le chanoine Lionel Groulx – un important historien, enseignant et militant nationaliste canadien-français décédé en 1967 – aurait, selon lui, largement contribué « à assurer la pérennité de cette pensée raciste ». Elle avait alors proposé de manière provocatrice que le nom du prix Lionel Groulx soit modifié.
Parmi les champs de recherche subventionnés par Ottawa de cette « historienne québécoise » :
Décentrer le champ des études noires
- Le colonialisme d'implantation au Québec : un impensé de la recherche universitaire?
- Culture colonialiste euroquébécoise et missions catholiques dans l’Ouest canadien : la propagande missionnaire des Oblats de Marie Immaculée au Québec (1841-1890)
(Le regretté Frédéric Bastien est décédé l'année passée. Par « académique », il faut comprendre « universitaire », c'est un anglicisme dans ce sens, ces historiens ne faisant pas partie d'une académie). |
Université de Montréal et son pavillon Lionel-Groulx
L’Université de Montréal a composé avec une remise en question similaire en juin 2020, quand six professeurs ont écrit à leur recteur, Daniel Jutras, pour exiger qu’on change le nom du pavillon Lionel-Groulx. Au terme de consultations, l’établissement a choisi de garder le nom du chanoine.
Lionel Groulx a largement contribué à la professionnalisation du travail des historiens francophones d’Amérique du Nord. C’est même lui qui a créé le département d’histoire de l’Université de Montréal ! Demander à ce que le pavillon baptisé en son honneur change de nom, c’est renier ce legs intellectuel considérable.
À la fois progressiste et réactionnaire, tantôt populiste, tantôt
élitiste, Lionel Groulx faisait l’apologie d’Israël tout en appelant au boycottage des commerces juifs de la province.
La plupart des membres du comité ont cependant reconnu que Lionel Groulx n’était pas animé par une haine viscérale à l’égard des Juifs ou des Autochtones. « Ce n’était pas un acteur de premier plan dans la théorisation de ces idéologies-là, explique le recteur. C’était dans l’air ambiant et Groulx était un intellectuel de son époque. »
Le chanoine véhiculait des stéréotypes fort répandus au sein du clergé catholique et de la société canadienne-française de la première moitié du XXe siècle.
L'université de Montréal a cependant choisi d’afficher une œuvre d’art contemporain visant à contextualiser son héritage à côté du pavillon.
C’est ainsi qu’est née Parallaxe (ci-dessous), une installation contemporaine qui jouxte le pavillon Lionel-Groulx.
L’œuvre de Ludovic Boney, un sculpteur originaire de Lorette (Wendake), a remporté un concours d’art public lancé par l’Université de Montréal à l’hiver 2023.
« La parallaxe fait référence au changement de position de l’observateur, explique Daniel Jutras. Quand on se déplace autour de l’œuvre, la perspective se modifie. Il y a des angles sous lesquels l’œuvre ressemble à un mur infranchissable, d’autres où l’on voit des couleurs, d’autres où l’on ne voit que de l’acier. Ça représente toutes les perspectives qu’on peut avoir par rapport à l’œuvre de Lionel Groulx. »
Texte (sexiste ?) de Lionel Groulx sur l'aïeule canadienne-française |
Voir aussi
« La légende noire du clérico-natalisme »
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