Lisa Kamen-Hirsig (ci-contre), professeur et auteur de La Grande garderie, réagit dans le Journal du dimanche de ce jours à la polémique sur la scolarisation des enfants du ministre de l’Éducation dans le privé.
— Ces ministres se présentent comme des ministres de l’école publique et non pas de toutes les écoles. L’argent public est monopolisé par l’Éducation nationale – un ministère qui entretient uniquement les écoles publiques ou privées sous contrat –, mais ne finance pas les initiatives privées et ne donne pas aux Français la possibilité d’inscrire leurs enfants là où ils le souhaitent. Pourtant, entre 50 et 60 % des Français souhaiteraient mettre leurs enfants dans une école privée s’ils le pouvaient. La ministre fait un choix qu’une majorité de Français aimeraient pouvoir faire. Hélas, beaucoup ne peuvent se permettre un tel sacrifice financier.
— Pour se justifier, Mme Oudéa-Castéra a invoqué le non-remplacement des professeurs absents dans le public. Est-ce une réalité ?
— Emmanuel Macron et le gouvernement avaient promis la présence d’enseignants devant chaque classe lors de cette rentrée 2023-2024. Force est de constater que ce n’est pas le cas. Le non-remplacement des enseignants s’explique par le manque d’attractivité du métier lié au statut de fonctionnaire. On ne peut pas négocier son salaire ni sa localisation géographique et il n’existe pas de passerelles du public au privé ni de l’école primaire au secondaire. L’autonomie doit être totale et concerner aussi bien la gestion des établissements scolaires, les personnels éducatifs et la pédagogie qu’ils souhaitent mettre en place dans le respect de l’hygiène, de la sécurité et de l’ordre public.
— Pourquoi oppose-t-on toujours en France l’autonomie des établissements scolaires à l’idéal républicain, selon lequel « uniformité » signifie « égalité » ?
— Depuis le début du XXe siècle, l’État estime que c’est à lui d’éduquer les enfants pour fabriquer de bons petits républicains et non pas pour former des individus libres. On a commencé par interdire aux ordres religieux d’enseigner. Puis, récemment, on a abaissé l’âge de la scolarité obligatoire à trois ans et interdit de fait l’instruction en famille. Plus le temps passe, plus l’État met la main sur l’éducation des petits Français avec cette idée que seul l’État est capable d’instruire. Or, j’estime que le rôle de l’État n’est pas de transmettre les « valeurs républicaines », mais de former l’intelligence en inculquant les savoirs fondamentaux.
— Justement, Amélie Oudéa-Castéra a indiqué vouloir poursuivre le travail de son prédécesseur, qui a tenu une position ferme sur la question de la maîtrise des savoirs fondamentaux…
— Certes, mais cela ne fonctionnera pas tant que l’on fera du jacobinisme et de la centralisation la seule réponse à nos problèmes. Il faut enfin avoir le courage de briser le monopole du ministère
de l’Éducation en s’inspirant de la réussite du privé : supprimer la carte scolaire, mettre en concurrence les établissements et ouvrir les écoles libres aux plus modestes par un financement public type chèque scolarité ou défiscalisation.
— Ces ministres se présentent comme des ministres de l’école publique et non pas de toutes les écoles. L’argent public est monopolisé par l’Éducation nationale – un ministère qui entretient uniquement les écoles publiques ou privées sous contrat –, mais ne finance pas les initiatives privées et ne donne pas aux Français la possibilité d’inscrire leurs enfants là où ils le souhaitent. Pourtant, entre 50 et 60 % des Français souhaiteraient mettre leurs enfants dans une école privée s’ils le pouvaient. La ministre fait un choix qu’une majorité de Français aimeraient pouvoir faire. Hélas, beaucoup ne peuvent se permettre un tel sacrifice financier.
— Pour se justifier, Mme Oudéa-Castéra a invoqué le non-remplacement des professeurs absents dans le public. Est-ce une réalité ?
— Emmanuel Macron et le gouvernement avaient promis la présence d’enseignants devant chaque classe lors de cette rentrée 2023-2024. Force est de constater que ce n’est pas le cas. Le non-remplacement des enseignants s’explique par le manque d’attractivité du métier lié au statut de fonctionnaire. On ne peut pas négocier son salaire ni sa localisation géographique et il n’existe pas de passerelles du public au privé ni de l’école primaire au secondaire. L’autonomie doit être totale et concerner aussi bien la gestion des établissements scolaires, les personnels éducatifs et la pédagogie qu’ils souhaitent mettre en place dans le respect de l’hygiène, de la sécurité et de l’ordre public.
— Pourquoi oppose-t-on toujours en France l’autonomie des établissements scolaires à l’idéal républicain, selon lequel « uniformité » signifie « égalité » ?
— Depuis le début du XXe siècle, l’État estime que c’est à lui d’éduquer les enfants pour fabriquer de bons petits républicains et non pas pour former des individus libres. On a commencé par interdire aux ordres religieux d’enseigner. Puis, récemment, on a abaissé l’âge de la scolarité obligatoire à trois ans et interdit de fait l’instruction en famille. Plus le temps passe, plus l’État met la main sur l’éducation des petits Français avec cette idée que seul l’État est capable d’instruire. Or, j’estime que le rôle de l’État n’est pas de transmettre les « valeurs républicaines », mais de former l’intelligence en inculquant les savoirs fondamentaux.
— Justement, Amélie Oudéa-Castéra a indiqué vouloir poursuivre le travail de son prédécesseur, qui a tenu une position ferme sur la question de la maîtrise des savoirs fondamentaux…
— Certes, mais cela ne fonctionnera pas tant que l’on fera du jacobinisme et de la centralisation la seule réponse à nos problèmes. Il faut enfin avoir le courage de briser le monopole du ministère
de l’Éducation en s’inspirant de la réussite du privé : supprimer la carte scolaire, mettre en concurrence les établissements et ouvrir les écoles libres aux plus modestes par un financement public type chèque scolarité ou défiscalisation.
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