mercredi 13 novembre 2013

L'éducation religieuse remplacée par l’« animation spirituelle » dans les écoles publiques québécoises

Traduction d’un article qui n’est paru que dans les journaux en anglais de Québécor (The Expositor, 24 Hours Toronto, The Kingston Whig Standard, Niagara Falls Review, North Bay Nugget, Packet and Times, The Sun Times, The Daily Observer).

L’instruction religieuse catholique et protestante a été supprimée depuis plus de 15 ans des écoles québécoises, mais les religieuses et les prêtres sont désormais remplacés par des « animateurs à la vie spirituelle et à l'engagement communautaire » dont certains dirigent les écoliers dans des séances de méditation et de respiration rythmique.

Séance de méditation tenue le 6 octobre 2013 dans une école du Nord de Montréal (photo QMI)

Le programme de spiritualité, prévu par la Loi sur l'éducation de la province, a sonné l’alarme dans l'église catholique qui s’oppose publiquement aux plans du Parti québécois visant à interdire le port de symboles religieux par les travailleurs en éducation et d'autres fonctionnaires.

Le PQ a aboli les commissions scolaires religieuses en 1997, la dernière fois qu'il était au pouvoir, dans le cadre d'un plan visant à mettre en place ce qu'il appelle la « neutralité de l'État » sur la question religieuse.

En 2000, toutes les commissions scolaires avaient été forcées d’embaucher des animateurs spirituels afin de mener des campagnes anti-intimidation, de structurer les efforts humanitaires et de « se concentrer sur la recherche de sens des jeunes », selon une directive du ministère de l'Éducation.

Dans un rapport de 2006, intitulé Pour approfondir sa vie intérieure et changer le monde, le ministère a déclaré que ses activités jouent un rôle complémentaire à la religion et « ne présentent aucune croyance particulière comme étant supérieure à d’autres. » [Ce qui est très peu probable, sinon ces activités seraient inutiles. Il est ainsi fort probable que tout l’engagement communautaire soit teinté de correctivisme et de conformisme politique aigu. Sur le plan religieux, ces activités inculquent aux enfants que la spiritualité même coupée d'un être divin ou d'une religion est une bonne chose. On n'échappe pas aux prises de position dans ce domaine.]

Parmi les « zones d'opération » du programme de spiritualité : « l’intériorité, le silence et la méditation. »

Elizabeth Pellicone dirige des séances de méditation avec des écoliers fréquentant la Commission scolaire English Montreal. Elle affirme que la plupart de ses collègues font de même.

L'Agence QMI a pu observer une telle séance la semaine dernière dans une école primaire du nord de Montréal. Pellicone faisait résonner une cloche tandis qu'un groupe d'élèves de 2e année étaient tranquillement assis, les mains sur leur pupitre.

Elle a déclaré que la méditation a un effet particulièrement puissant sur les enfants en maternelle et en 1re année.

« Ils comprennent assez facilement et assez vite », ajouta-t-elle. « Ils disaient sentir que "le son se déplaçait autour de ma tête ou que je me soulevais de ma chaise" ».

« Ils avaient l'une de ces — pas une expérience extra-corporelle  — mais l'une de ces expériences où leur esprit est tellement concentré sur quelque chose qu'ils ne prêtent plus attention à quoi que ce soit d’autre. »

Pellicone a nié que ces séances aient un rapport avec le Nouvel Âge.

« Je ne considère pas cela comme religieux », dit-elle. « Je considère cela de la spiritualité et je vois une différence entre les deux. »

Elle a défini la spiritualité comme « ce sens que tous les êtres humains... ont une essence. Et que nous sommes reliés par un fil invisible qui relie tous les êtres humains. » [Ce qui est une croyance de type religieux.]

Un autre animateur, dans un rapport à une autre commission scolaire de Montréal, a écrit qu’elle dirige ses élèves dans des séances de respiration rythmique où les enfants sont invités à compter leurs respirations.

La commission scolaire s’est fait dire que « le souffle est le centre vers lequel nous pouvons nous tourner quand les choses vont mal. » [...]

Les parents ont le droit de retirer leurs enfants du programme de spiritualité du Québec, il ne fait pas partie du programme obligatoire.

« La possibilité d’être exempté est absolument essentielle », a déclaré Andrea Mrozek, directrice de l'Institut du mariage et de la famille Canada.

« Parfois, en Ontario, par exemple, l’école dit : « Non, vous ne pouvez pas retirer votre enfant pour tel ou tel cours. »

Quant à l'affirmation du Québec que son programme spirituel est religieusement neutre, Mrozek s’est montrée sceptique.

« Vous ne pouvez pas réellement enseigner ce genre de choses dans le vide », a dit Mrozek. « Après avoir complètement éliminé (la religion), ils ne peuvent quand même pas en introduire maintenant un ersatz pseudo-spirituel post-moderne ».

Le Ministère de l'Éducation du Québec a refusé de commenter ses directives spirituelles et a renvoyé toutes les demandes d’information vers les commissions scolaires.

Voir aussi

L’« animation spirituelle » à l’école québécoise (déjà en 2009)

L'animation de la vie spirituelle et d’engagement communautaire dans les écoles québécoises

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2 commentaires:

Walter E a dit…

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« Viol spirituel » : des écoles prises la main dans le sac à entraîner les élèves dans des pratiques du Nouvel Âge

Forfait a dit…

La liste des liens est très instructive, ce n'est pas un cas isolé, mais cela semble bien une tendance voulue.