dimanche 6 juin 2010

Le cours d’Éthique et de culture religieuse : une porte ouverte au multiculturalisme ?

On trouvera ci-dessous le texte de l'allocution prononcée par Joëlle Quérin, doctorante en sociologie et chercheure associée à l’Institut de recherche sur le Québec, le 22 mai 2010 dans le cadre du colloque Égalité et Laïcité, quelles perspectives ?

La consultation actuelle autour du projet de loi 94 soulève une question importante : celle du port de signes religieux dans la fonction publique. Toutefois, s’il est une sphère d’intervention de l’État où la question de la laïcité est particulièrement névralgique, c’est l’école. En tant qu’institution publique, l’école est censée refléter nos choix de société. En tant qu’agent de socialisation, elle est aussi un lieu d’apprentissage de la vie en commun. Ainsi, comme toutes les autres institutions publiques, l’école est un lieu où la « laïcité ouverte » peut s’appliquer, mais elle est aussi, et c’est là sa particularité, un lieu où cette « laïcité ouverte » peut s’enseigner.

Contrairement à ce que suggère son intitulé, le cours Éthique et culture religieuse (ÉCR) n’a pas pour objectif de transmettre des connaissances sur les doctrines morales et sur les religions. Il vise plutôt à faire en sorte que les enfants intériorisent les principes fondateurs du multiculturalisme, soit le fait qu’il n’y ait au Québec aucune culture commune, mais plutôt une diversité de cultures, et que la seule chose qui nous unisse au-delà de cette diversité culturelle sont les Chartes des droits et libertés et quelques règles strictement procédurales qui encadrent la vie publique. Le multiculturalisme postule en outre que l’État a le devoir de favoriser l’expression des particularismes culturels, incluant les pratiques et les symboles religieux, ce qui implique l’adoption d’une « laïcité ouverte ». Le cours ÉCR, obligatoire dans toutes les écoles primaires et secondaires du Québec depuis septembre 2008, occupe alors une place de choix parmi les outils de promotion du multiculturalisme et de la « laïcité ouverte » qui en découle.

Un cours sans contenu

S’il est possible d’affirmer que le cours ÉCR n’a pas pour objectif premier de transmettre des connaissances, c’est d’abord et avant tout parce qu’il ne prescrit aucun contenu. En effet, le programme ministériel ne comporte aucune mention de ce que les élèves doivent apprendre1. Articulé autour de trois compétences dont la présentation occupe l’essentiel du programme, ce cours typiquement représentatif de la réforme scolaire n’indique nulle part ce que les élèves doivent connaître au terme de chaque année scolaire. Tout au plus, trouvons-nous à la fin du programme quelques tableaux présentant des listes de fêtes religieuses, de personnages célèbres, ou encore de symboles religieux, présentés comme des « exemples indicatifs » dans lesquels les enseignants et les rédacteurs de manuels scolaires peuvent piger à leur guise. Toutes ces listes se terminent par «  et cetera », laissant ainsi à chaque enseignant la possibilité de choisir le contenu de son cours dans ces tableaux ou ailleurs. Ainsi, lorsque vient le temps d’aborder le thème des fêtes, certains enfants entendent parler de Noël et de Pâques, alors que d’autres voient plutôt Divali et la Fête des mères. Le choix des célébrations religieuses ou laïques n’a aucune importance, l’essentiel étant que l’enfant comprenne qu’il existe une « diversité » de manières de fêter au Québec et que notre société est riche de cette « diversité ».

Loin d’être un oubli ou une erreur, cette absence de contenu dans le programme ministériel est un choix délibéré, qui découle de l’approche par compétences poussée ici à l’extrême. Georges Leroux, l’un des principaux consultants ayant participé à la conception du cours, justifie en ces termes la décision du Ministère : « Dans l’univers très riche des programmes formulés selon des compétences, nous ne travaillons pas à partir de contenus prédéterminés : les jeunes ne recevront pas dans ce programme des connaissances encyclopédiques sur telle ou telle religion, ou doctrine morale »2. Le cours s’offre donc du début du primaire à la fin du secondaire, sans avoir de contenu prédéterminé, l’approche par compétences étant apparemment suffisamment « riche » pour se passer de contenu ! Comme d’autres défenseurs du cours, Leroux rejette les savoirs en les qualifiant d’« encyclopédiques », comme si cela suffisait à les disqualifier en cette époque post-réforme.

Dans ces circonstances, si le cours ÉCR n’est ni un cours sur les religions, ni un cours sur les doctrines morales, de quoi s’agit-il ? Essentiellement, ce cours vise à indiquer aux enfants comme agir, comment composer avec la diversité qui les entoure, une question pourtant non résolue au Québec.

Trois compétences

En l’absence de contenu, le cours est structuré autour de trois compétences, dont la plus importante s’appelle Pratiquer le dialogue. Loin de se limiter à l’apprentissage des règles d’une discussion ordonnée, « la pratique du dialogue mène à l’adoption d’attitudes et de comportements favorables au vivre-ensemble », comme l’indique le programme ministériel. Parce qu’il s’agit de la compétence centrale du programme, la compétence relative au dialogue, qui doit apprendre aux enfants à adopter des attitudes et des comportements précis face à la diversité, doit être mobilisée dans chacune des « situations d’apprentissage et d’évaluation », autrement dit, dans chaque leçon, exercice ou examen. Un enseignant qui respecte le programme ministériel ne peut donc pas transmettre des connaissances sur l’éthique ou sur une religion sans faire intervenir cette compétence.

Les deux autres compétences, Réfléchir sur des questions éthiques et Manifester une compréhension du phénomène religieux, sont donc inséparables de cette compétence qui impose aux enfants des attitudes et des comportements. Cela se manifeste très clairement dans les manuels scolaires, dans lesquels chaque section où l’on présente du contenu est suivie de questions adressées aux enfants pour lancer leur « dialogue ».

Ainsi, dans le volet « éthique » du cours, on présente différentes manières de s’habiller, de parler, de manger, de jouer, et l’on conclue chacune de ces sections par une affirmation du type : « Cette diversité est une grande richesse. Maintenant que tu sais qu’il existe une telle diversité, trouve les comportements qu’il faudrait adopter pour favoriser le vivre-ensemble ».

Au-delà de la diversité des sujets traités d’une année scolaire à l’autre et d’un manuel à l’autre, deux constantes ressortent de ce volet éthique : la liberté identitaire des individus et l’unanimité sur les moyens de composer avec la diversité qui en découle. En effet, dès le plus jeune âge, on insiste sur la liberté et l’autonomie des enfants, que l’on invite à remettre en question les règles de la maison et à affirmer leur identité par des activités et des pratiques vestimentaires qui ne feront sans doute pas l’affaire de tous les parents. En contrepartie, une fois admis que chacun est libre d’exprimer son identité comme il l’entend, il en découle une obligation d’accepter et d’accommoder collectivement les expressions de l’identité de chacun.

Imprégné lui aussi de « dialogue », le volet « culture religieuse » est très semblable au volet éthique, dans la mesure où les mêmes dogmes sont appliqués à un objet plus précis : la diversité religieuse. Encore une fois, il ne s’agit pas d’étudier l’histoire des religions, les doctrines ou les textes sacrés, car ces connaissances apparaissent trop encyclopédiques aux yeux des concepteurs du cours. Il s’agit plutôt d’apprendre aux enfants à reconnaître les manifestations du religieux qui les entourent, et à choisir la bonne manière de composer avec cette diversité religieuse. Les postulats sont toujours les mêmes : chaque élève est libre d’afficher ses préférences religieuses, en conséquences, on ne peut pas faire obstacle à cette libre expression individuelle.

Puisque le programme ne prescrit aucun contenu, il est impossible de savoir quels sont les récits ou les personnages religieux enseignés d’une école à l’autre. Toutefois, puisque le programme spécifie que l’accent doit être mis sur les manifestations du religieux, autrement dit, sur ses aspects visibles, les prescriptions vestimentaires et alimentaires des religions minoritaires reviennent à répétition dans les manuels scolaires. Elles sont présentées comme des obligations auxquelles le croyant ne peut se soustraire, comme des « droits » fondamentaux. La conclusion s’impose donc : il faut les accommoder. Les questions soumises au « dialogue » sont ainsi orientées de telle manière que l’accommodement émerge comme seule solution acceptable. Après avoir rappelé aux enfants qu’il existe autour d’eux une grande diversité de pratiques religieuses, on leur demande de trouver des moyens pour que chacun « se sente respecté dans ses droits », pour que chacun puisse « exercer son droit à la liberté de religion ». Certains manuels suggèrent même aux enfants des accommodements qu’ils pourraient accorder s’ils occupaient un poste de direction : adapter le menu de la cafétéria, modifier le code vestimentaire, etc.

La pédagogie de l’accommodement se pratique également de manière subtile à travers les images. En effet, les manuels du primaire comportent de nombreux dessins, alors que ceux du secondaire contiennent surtout des photos. Sur ces images, les minorités religieuses sont pratiquement toujours représentées avec leurs signes religieux ostentatoires. Même les petites filles musulmanes sont constamment représentées avec le hijab, et parfois même avec le niqab ! Ces représentations sont particulièrement pernicieuses, puisqu’elles envoient aux élèves le message que les personnes qui adhèrent à des religions minoritaires ne peuvent se départir de leurs vêtements et objets religieux. Bref, une musulmane, ça porte un voile, que cela vous plaise ou non ! À force d’être exposés à ces images récurrentes, les enfants apprendront donc qu’ils n’ont pas le choix d’accepter que leurs petites camarades musulmanes soient voilées. Quant aux élèves musulmanes, elles seront constamment renvoyées à leur différence, et apprendront que pour bien représenter leur religion, elles doivent couvrir leurs cheveux, leur cou et leurs épaules. L’école fait ainsi le jeu des communautés religieuses qui exercent de la pression sur les musulmanes pour qu’elles portent le voile, même à un très jeune âge.

Faut-il s’en étonner ?

Aussi troublante soit-elle, l’orientation du cours ÉCR n’a rien d’étonnant.

D’une part, ce cours respecte parfaitement l’esprit de la réforme scolaire et de l’approche par compétences, qui ajoute aux traditionnels savoirs et savoir-faire transmis par l’école un nouvel élément, les « savoir-être ». Ceux-ci ne se limitent plus au simple respect des règlements de l’école, mais deviennent de véritables injonctions comportementales insérées directement dans les programmes scolaires. En tant que dernier-né de la réforme, le cours ÉCR est l’exemple parfait des dérives pédagogiques de la réforme.

D’autre part, s’il ne faut pas s’étonner du caractère idéologique du cours ÉCR, c’est parce que ceux qui ont milité pour la mise en place de ce cours et qui ont participé aux différentes étapes ayant mené à son implantation avaient déjà annoncé leurs couleurs depuis longtemps. Dès 1999, le rapport Proulx recommandait la mise en place du cours ÉCR, sous prétexte que le régime d’option entre enseignement religieux et enseignement moral était discriminatoire, mais qu’un retrait complet de toute forme d’enseignement des questions religieuses aurait été aussi dommageable car il n’aurait pas permis de développer chez les enfants la « capacité d’apprécier les autres »3. La laïcité était donc incompatible avec les bons sentiments !

Les nombreux documents publiés par la Commission des affaires religieuses du Ministère de l’éducation depuis le début des années 2000 allaient dans le même sens. Chaque fois que ce comité recommandait la mise en place du cours ÉCR, les justifications invoquées étaient politiques et non pédagogiques. Il ne s’agissait jamais de remédier au manque de connaissances des enfants, toujours de leur apprendre le « vivre-ensemble », tel que défini par quelques intellectuels bien-pensants. Ces objectifs devinrent particulièrement évidents à partir de 2007, au moment de la crise des accommodements raisonnables, lorsque la Commission des affaires religieuses écrivit qu’« en favorisant l’évolution des cultures institutionnelles [l’]implantation [du cours d’ÉCR] facilitera la gestion de la diversité religieuse, y compris la pratique des accommodements raisonnables et des ajustements volontaires »4.

Les groupes de travail formés par le gouvernement Charest abondèrent dans le même sens. Dans le rapport Fleury sur la religion et l’école, on présenta le cours ÉCR comme étant un moyen pour « sensibiliser » les enfants à la nécessité des accommodements5, alors que dans le rapport Bouchard-Taylor, on demanda au gouvernement de faire une « promotion énergique » du cours6, qui devait permettre de « développer les aptitudes nécessaires au vivre-ensemble, dans le contexte d’une société diversifiée »7.

Les intellectuels qui défendirent le cours dans les revues spécialisées comme dans celles destinées au grand public tinrent également ce discours. Selon Georges Leroux, le cours était la « seule thérapie possible »8 face aux dérives observées lors de la crise des accommodements raisonnables. Ce cours devait également permettre, selon lui, de faire en sorte que les enfants soient en accord avec la décision de la Cour suprême sur le kirpan, pourtant massivement rejetée au Québec9. Quant à Gérard Bouchard, [lors du procès de Drummondville] il affirma que si le cours avait été implanté depuis longtemps, il n’y aurait pas eu de crise des accommodements raisonnables10.

En somme, le programme ministériel ne fait que refléter des intentions annoncées depuis longtemps, soit de passer par l’école pour imposer une certaine vision du « vivre-ensemble » reposant sur une conception multiculturaliste du Québec. Cette stratégie d’instrumentalisation de l’école à des fins politiques permettait de contourner le débat public sur des questions controversées en s’adressant directement à la jeune génération, disponible pour recevoir un tel enseignement.

Une question de démocratie

La question de la démocratie a été abordée à plusieurs reprises au cours de ce colloque. En ce qui concerne le cours ÉCR, il est clair que ses concepteurs ont voulu contourner la démocratie, contourner les citoyens adultes, afin d’imposer leur idéologie aux enfants. S’il faut retirer le cours ÉCR des écoles du Québec, c’est d’abord et avant tout pour des raisons démocratiques. Le modèle d’intégration et de laïcité que le Québec se donnera ne doit pas être imposé par une poignée d’intellectuels qui se sont emparés de l’école, mais doit plutôt faire l’objet d’un choix collectif. Ceux qui nous répètent que « le Québec a choisi la laïcité ouverte » cherchent à nous leurrer. Le Québec n’a rien choisi parce que la population n’a pas été écoutée. Or, nous sommes capables de réfléchir collectivement à ces questions et de choisir nous-mêmes le modèle qui nous convient. De grâce, laissons les enfants tranquilles et faisons confiance à la démocratie.



[1] Le programme ministériel est disponible à l’adresse suivante :
  1. Pour le primaire : https://www7.mels.gouv.qc.ca/DC/ECR/pdf/ethiquecultrel_primaire.pdf

  2. Pour le secondaire : https://www7.mels.gouv.qc.ca/DC/ECR/pdf/ethiquecultrel_secondaire.pdf
[2] Leroux, Georges. « Orientation et enjeux du programme d’éthique et culture religieuse », Formation et profession, mai 2008, p. 8

[3] Québec. Ministère de l’éducation. Laïcité et religions. Rapport du groupe de travail sur la place de la religion à l’école, version abrégée, 1999, p. 5

[4] Québec. Ministère de l’éducation, du loisir et du sport. Comité sur les affaires religieuses. Le programme d’études Éthique et culture religieuse. Avis à la ministre de l’Éducation, du Loisir et de Sport, juillet 2007, p. 16

[5] Québec. Ministère de l’éducation, du loisir et du sport. Comité consultatif sur l’intégration et l’accommodement raisonnable en milieu scolaire. Une école québécoise inclusive : dialogue, valeurs et repères communs, 2007, p. 41

[6] Québec. Commission de consultation sur les pratiques d’accommodement reliées aux différences culturelles. Fonder l’avenir : le temps de la conciliation, 2008, p. 260.

[7] Ibid., p. 141

[8] Leroux, G., op. cit., p. 13

[9] Idem. Éthique, culture religieuse, dialogue : Arguments pour un programme. Montréal, Fides, 2007, p. 46

[10] Radio-Canada.ca Cours d’éthique et culture religieuse : Gérard Bouchard défend la nouvelle formation, page mise à jour le 20 mai 2009, en ligne, adresse URL : http://www.radio-canada.ca/regions/estrie/2009/05/12/001-ethique-culture-drummond-mardi_n.shtml

18 commentaires:

sylvain a dit…

Il est triste de constater que vous vous complaisez encore dans la triste caricature d’ECR présentée par Quérin en décembre dernier dans son fameux «rapport» commandé par l’IRQ.

Il faut croire que vous n’avez rien trouvé de plus pertinent pour critiquer ce cours…

Permettez-moi en ce sens de corriger certaines de vos affirmations.

1. Vous dites :

« Contrairement à ce que suggère son intitulé, le cours Éthique et culture religieuse (ÉCR) n’a pas pour objectif de transmettre des connaissances sur les doctrines morales et sur les religions »

Précision

Le programme n’a jamais eu cette prétention.

« (le cours) n'a pas pour objectif de proposer ou d'imposer des règles morales, ni d'étudier de manière encyclopédique des doctrines ou des systèmes philosophiques."
(Programme ECR du secondaire, préambule, changements d'orientations, page A5)

2. Vous dites :

« Il vise plutôt à faire en sorte que les enfants intériorisent les principes fondateurs du multiculturalisme, soit le fait qu’il n’y ait au Québec aucune culture commune »

Précision

Le cours sous-entend la présence d’une culture commune avant de parler de diversité.

« (la reconnaissance de l’autre) contribue à la construction d’une culture publique commune qui tient compte de la diversité. »
(Programme ECR du secondaire,page2)

3. Vous dites :

« le cours ÉCR n’a pas pour objectif premier de transmettre des connaissances, c’est d’abord et avant tout parce qu’il ne prescrit aucun contenu »

Précision

Les thèmes à aborder sont prescrits.


4. Vous dites :

« Ainsi, lorsque vient le temps d’aborder le thème des fêtes, certains enfants entendent parler de Noël et de Pâques, alors que d’autres voient plutôt Divali et la Fête des mères. Le choix des célébrations religieuses ou laïques n’a aucune importance (…) »

Précision

« Dans ce programme, un regard privilégié est porté sur le patrimoine religieux de notre société. L’importance historique et culturelle du catholicisme et du protestantisme au Québec y est particulièrement soulignée (…) »
(Programme ECR du secondaire, page 2)

De ce fait, on ne peut pas parler de Divali ou de toute autre fête sans avoir préalablement abordé Noël et Pâques.

5. Vous dites :

« (…) de cette compétence (la pratique du dialogue) qui impose aux enfants des attitudes et des comportements. »

Précision

« (…) l’enseignant (…) sait utiliser l’art du questionnement pour amener les élèves à apprendre à penser par eux-mêmes. »
(Programme ECR du secondaire, page 13)

On n’impose donc rien…


6. Vous dites :

« (…) dès le plus jeune âge, on insiste sur la liberté et l’autonomie »

Précision

La liberté et l’autonomie sont des thèmes exploités au secondaire

7. Vous dites :

« il en découle une obligation d’accepter et d’accommoder (…)

Précision

La compétence demande de COMPRENDRE le phénomène religieux. Il n’y a pas là l’obligation d’accepter et d’accommoder.

Bon, on pourrait poursuivre encore un peu, mais l’idée est de comprendre que Quérin fait une interprétation du programme. Je comprends que celle-ci vous plaise. Cependant, si vous pensez que le programme ECR est idéologique, ne croyez-vous pas que les propos de Quérin le sont tout autant? L’IRQ est un think tank politique et Quérin ne s’en cache pas…

Pour une école libre a dit…

Sylvain,

on ne dite rien, on reproduit tel quel le texte que Mme Quérin a prononcé il y a quelques semaines.

Il est normal qu'elle dise la même chose qu'en décembre, le cours ECR n'ayant pas changé.

J'ai bien aimé quand vous écriviez par exemple : « 6. Vous dites :

« (…) dès le plus jeune âge, on insiste sur la liberté et l’autonomie »

Précision

La liberté et l’autonomie sont des thèmes exploités au secondaire»


On peut pourtant insister sur ces valeurs dès six ans sans que les enfants étudient ces thèmes explicitement...

Michel THYS a dit…

Joëlle QUERIN termine son allocution du 22 mai 2010 en disant :
« De grâce, laissons les enfants tranquilles et faisons confiance à la démocratie » !
Ne serait-ce pas plutôt aux religions qu’il faudrait adresser ce reproche ?
Quant à la majorité démocratique, elle n’a hélas pas nécessairement toujours raison, par exemple celle, islamiste, qui annihile la laïcité en Turquie.

Il y a, pire à mes yeux, qu’imposer un multiculturalisme relativiste, comme si tout se valait : c’est de n’offrir aux jeunes que la seule vision religieuse. Initialement, dans ce cours d’ECR, il devait être fait mention de l’existence «d’autres conceptions de vie que religieuses ». C’était un minimum, par simple honnêteté intellectuelle. Or, à présent, il paraît que même la mention de l’athéisme est supprimée, comme si c’était une abomination !

Ce cours ne prône que la « liberté de religion », alors qu’il devrait favoriser l’émergence de la liberté de conscience et de religion, celle qui permettrait aux jeunes de choisir de croire OU de ne pas croire.

Le souci de sauvegarder la culture québécoise est respectable, et les parents croyants ont certes le droit légitime, en vertu de la Charte, d'imposer unilatéralement leur religion à leurs enfants. Mais à notre époque de pluralisme des cultures et des convictions, cela ne peut que favoriser le repli identitaire, le communautarisme et donc l'intolérance.
En effet, l’influence religieuse familiale, forcément affective, parce que fondée sur l’exemple et la confiance envers les parents, perturbe souvent l’esprit critique ultérieur en matière de religion, ce qui exclut toute alternative humaniste non aliénante.

Dans un souci de neutralité effective, et non plus symbolique, et afin de réduire les inégalités socioculturelles, l’école, via un cours d’ECR amélioré, devrait donc compenser l’influence des parents et d’un un milieu unilatéral, par une DOUBLE information minimale, objective et non prosélyte : d’une part, au cours d'histoire, ou lors d’un cours de philosophie, sur le « fait religieux » (et la soumission commune, à des degrés divers, à toutes le religions), ET d’autre part, sur le « fait laïque » (l’humanisme laïque, ses principes de libre examen, d’esprit critique, d’autonomie et de responsabilité individuelle, ses valeurs universalisables - puisque bénéfiques à tous - , telles que le respect de la dignité de l’homme, de la femme et de l’enfant , ses options, ses objectifs, la spiritualité laïque, …, actuellement occultés).
Il sera évidemment indispensable de repenser en ce sens la formation et le « recyclage » des enseignants, qu’ils soient croyants ou non, car ils n’ont pas à influencer les élèves par leurs propres convictions, mais à les rendre capables de se forger les leurs.

Un tel système éducatif pluraliste permettrait à chacun de choisir ses convictions philosophiques OU religieuses en connaissance de cause, aussi librement et tardivement que possible, il donnerait aux valeurs morales un fondement qui ne soit plus exclusivement religieux, il inciterait à accepter la différence enrichissante de l’autre et à tendre ainsi vers une réelle citoyenneté, fondée un meilleur « vivre ensemble ».
Mais c’est hélas encore utopique … ! Dans une ou deux générations peut-être …

Michel THYS Waterloo, en Belgique.

sylvain a dit…

@ Pour une école libre

En surlignant et en annotant ses propos, vous les faites un peu les vôtres, non? ;)

Vous dites que le cours ECR n'a pas changé. Mon point est qu'il n'a jamais été ce que Mme Quérin en pense.

Je trouve seulement dommage que des gens trouvent encore sa caricature comme un point de vue intéressant...

Pour ce qui est de la liberté et de l'autonomie, ces thèmes au secondaire sont en interaction avec celui de l'ordre social.

Pour ce qui en est à partir de 6 ans (au primaire) il faudrait préciser votre pensée.

Ancrage a dit…

Sylvain a écrit :

"1. Vous dites :

« Contrairement à ce que suggère son intitulé, le cours Éthique et culture religieuse (ÉCR) n’a pas pour objectif de transmettre des connaissances sur les doctrines morales et sur les religions »

Précision

Le programme n’a jamais eu cette prétention.

« (le cours) n'a pas pour objectif de proposer ou d'imposer des règles morales, ni d'étudier de manière encyclopédique des doctrines ou des systèmes philosophiques."
(Programme ECR du secondaire, préambule, changements d'orientations, page A5)
"

Voilà qui a le mérite d'être clair et de renforcer ce que Mme Quérin écrit justement!

sylvain a dit…

@ Michel Thys

« Le programme prend également en compte des expressions ou représentations séculières du monde et de l’être humain qui entendent définir le sens et la valeur de l’expérience humaine en dehors des croyances et des adhésions religieuses ». (Programme ECR du secondaire, page 2)

Par ailleurs, l’athéisme est évoqué à la page 45. Ce n’est donc pas une abomination!

@ Ancrage

Cela ne renforce en rien ses propos, mais démontre ici l’utilisation du sophisme de la fausse causalité. Ce n’est pas parce que le cours n’est pas «encyclopédique », «qu’il vise à faire en sorte que les enfants intériorisent les principes fondateurs du multiculturalisme (sic) ».

Sébas a dit…

@ tous les pros ECR:

Vous «oubliez» toujours l'essentiel... est-ce voulu ou est-ce par inconscience ?

«En ce qui concerne le cours ÉCR, il est clair que ses concepteurs ont voulu contourner la démocratie, contourner les citoyens adultes, afin d’imposer leur idéologie aux enfants. S’il faut retirer le cours ÉCR des écoles du Québec, c’est d’abord et avant tout pour des raisons démocratiques. Le modèle d’intégration et de laïcité que le Québec se donnera ne doit pas être imposé par une poignée d’intellectuels qui se sont emparés de l’école, mais doit plutôt faire l’objet d’un choix collectif.»


***

Ce cours a été IMPOSÉ de façon dictatoriale (n'ayons par peur de décrire la réalité... aussi laide soit-elle).

Honte aux «laicistes» intégristes soi-disant «ouverts aux autres» et pour le «mieux vivre ensemble»...

Vous êtes TOUT sauf ça.

Anonyme a dit…

@ Sébas

Les cours de français, de science et technologie, de mathématique, d'éducation physique, d'histoire, de géographie, d'anglais sont aussi IMPOSÉS...

Êtes-vous contre ceux-là aussi?

Discutons maintenant dictature. Vous qui êtes un apôtre du libre choix... À la fin des années 90, quand le rapport Proulx est sorti et que Monsieur Proulx a fait une tournée pour expliquer entre autre chose que les cours confessionnels n'avaient plus leur place dans le système d'éducation, où étiez-vous donc. Venez pas dire que cela c'est fait en catimini, tout le monde en parlait.

La dictature c'est quand vous limitez l'accès à l'information, que vous la manipulez, pour imposer votre vision des choses. Un peu comme un père ou une mère de famille qui empêche ses enfants d'aller au cours d'ÉCR car il pourrait revenir à la maison avec autre chose en tête que la pensée unique de ses parents qui veulent pourtant son bien...

Honte aux "laïcistes"...

Elle est bien bonne celle-là! Honte à ceux qui par leur pensée unique propagent des préjugés sur un cours qui est essentiel dans des temps où justement les sociétés ont tendance à propager l'obscurantisme.

Anonyme Pro-ÉCR

Anonyme a dit…

@ Anonyme pro-ECR

Vous dites:

"Honte à ceux qui par leur pensée unique propagent des préjugés sur un cours qui est essentiel dans des temps où justement les sociétés ont tendance à propager l'obscurantisme."

Honte à ceux qui comme vous se complaisent dans le narcissisme culturel et qui donnent des leçons d'ouverture aux autres alors qu'ils sont eux-mêmes incapables de s'apercevoir qu'ils se ridiculisent en ignorant ce qui se passe juste à côté de chez eux.

Vous dites que ce cours est essentiel pour éviter l'obscurantisme? Alors pour vous, l'Ontario qui est bien plus populeux, plus industrialisé, plus prospère, plus multiculturel et plus diversifié au plan religieux que le Québec est "obscurantiste" parce qu'il n'a pas de cours ECR? Rien que ça?...

Faites attention de ne pas perdre complètement ce qui peut vous rester de crédibilité avec un pareil "argument" !!!

Pour ce qui est de la "pensée unique", les promoteurs du cours ECR ne donnent pas leur place, eux qui ont vraiment l'air de s'imaginer que le Québec a découvert à lui tout seul une compréhension inédite de la modernité par rapport au reste de l'Occident. Oh la la.

À propos du rapport signé par le grand proférateur de généralités Jean-Pierre Proulx, ce dernier s'est bien gardé, à l'époque, de préciser que la mise en oeuvre de son plan impliquerait d'abolir un article de la Charte québécoise des droits portant sur les droits parentaux en éducation. Cet article a été abrogé à la sauvette sans vote formel de l'Assemblée national à l'été 2005 en toute fin du processus. Entre-temps, le gouvernement avait commencé par assurer qu'il se limiterait à abroger le statut confessionnel des commissions scolaire sans toucher à celui des écoles elles-mêmes, puis qu'il enlèverait le statut confessionnel des écoles sans toucher aux cours de religion, pour finir par l'imposition du cours ECR après avoir sournoisement fait sauter tous les garde-fous. La mauvaise foi a donc prévalu du début à la fin et on ne m'impressionnera pas en parlant d'un processus de "consultation publique" qui fut tout sauf transparent. De plus en plus nombreux sont ceux qui, dans ce dossier et dans bien d'autres, ne sont plus dupes des manipulations des fonctionnaires du ministère de l'éducation; la ministre elle-même rue dans les brancards à l'occasion, et on ne compte plus les désaveux qui ne proviennent pas seulement de la droite du spectre des commentateurs politiques! Va falloir vous y faire.

Jean-Pierre Proulx a dit…

Le précédent commentateur écrit:

«[...]Jean-Pierre Proulx s'est bien gardé à l'époque de préciser que la mise en oeuvre de son plan impliquerait d'abolir un article de la Charte québécoise des droits sur les droits parentaux en éducation."

Le commentateur fait erreur. La recommandation 12 du rapport de 1999 se lisait comme suit:

« Nous recommandons que l'article 41 de la Charte des droits et libertés de la personne du Québec soit modifié de manière que, selon les termes de l'article 18.4 du Pacte international relatif aux droits civils et politique, il rcconnaisse "la liberté des parents et, le cas échéant, des tuteurs légaux, de faire assurer l'éducation religieuse et morale de leurs enfants confomément à leus propres convictions".

Cette modification était nécessaire pour assurer la cohérence avec la recommandation principale du rapport sur la mise en place obligatoire du cours ECR.

La Commission des droits de la personne du Québec fit d'ailleurs la même recommandation au moment du débat de la loi de 2005.

L'Assemblée nationale fit ensuite droit à cette recommandation.

Anonyme a dit…

La recommandation telle que formulée omet soigneusement de faire observer que les parents perdent le droit qui était auparavant prévu à l'article 41:

"...d’exiger que, dans les établissements d’enseignement publics, leurs enfants reçoivent un enseignement religieux ou moral conforme à leurs convictions."

Le rapport s'exprimait comme si on avait parlé d'une modification technique de concordance avec le droit international. Dix ans plus tard, M. Proulx laisse entendre qu'on n'avait rien qu'à voir clair dans son jeu. Telle que formulée, en effet, la recommandation 12 pouvait laisser croire au lecteur que les droits parentaux seraient encore respectés à l'école dans le cadre du nouveau programme (par exemple, on pouvait s'imaginer que susbsisterait la possibilité de recourir à l'exemption, mécanisme auquel le système scolaire québécois était accoutumé depuis longtemps). C'est seulement en comparant avec l'ancien texte abrogé qu'on pouvait déceler l'astuce.

Bravo l'intégrité, Monsieur.

Anonyme a dit…

test

Jean-Pierre Proulx a dit…

Le précédent commentateur écrit : « La recommandation telle que formulée omet soigneusement de faire observer que les parents perdent le droit qui était auparavant prévu à l'article 41 ».

Il fait erreur. Le rapport Laïcité et religions explique clairement l’effet du changement proposé à l’article 41. Il cite à cet égard l’opinion du constitutionnalise José Woerhling dont voici l’extrait pertinent :

« [...] comme en droit international, il s’agirait alors seulement d’un droit pour les parents d’envoyer leurs enfants dans une école privée ou de les faire dispenser de l’enseignement religieux ou moral donné à l’école publique, l’État ayant en outre l’obligation de s’abstenir de tout endoctrinement dans l’enseignement dispensé dans les écoles publiques ».

Les intéressés pourront lire à la page 211, l’ensemble des éléments pris en compte pour en arriver à la recommandation que l’on sait. Le rapport est toujours disponible à l’adresse suivante : http://www.mels.gouv.qc.ca/REFORME/religion/inter.htm

Anonyme a dit…

"L'enseignement, à l'école publique, de sujets tels que l'histoire générale des religions et des idées est possible à condition qu'il soit dispensé de façon neutre et objective (Observation générale no 22 du Comité des droits de l'homme des Nations Unies). En outre, il semble préférable de prévoir également une possibilité de dispense, pour des raisons de conviction, à l'égard de cet enseignement." -page 113

"(...) Le fait d'offrir une alternative entre un enseignement confessionnel et un cours d'histoire des religions et de morale semble conforme aux instruments onusiens, si l'enseignement des religions est donné façon neutre et objective (il semble préférable de prévoir, pour des raisons de conviction, une possibilité de dispense à l'égard de ce dernier enseignement) -page 114

(à suivre)

Anonyme a dit…

M. Proulx pourrait au moins fournir la référence de l'étude de M. Woehrling:

http://www.mels.gouv.qc.ca/REFORME/religion/Etude6.pdf

La citation qu'il fait de M. Woehrling s'arrête juste avant la phrase suivante de ce dernier: "Une telle disposition (l'article 41 modifié) n'imposerait pas l'enseignement confessionnel à l'école publique, mais elle ne l'excluerait pas davantage" (page 156 de son étude et non pas 141, la référence du rapport Proulx étant erronée). Ah oui? Je croyais qu'on n'avait "pas le choix" d'avoir autre chose que le cours ECR! C'est ce que M. Proulx répète tout le temps.

Ce n'est pas tout. L'étude en question souligne l'importance du droit à l'exemption à propos de "l'enseignement culturel et pluraliste des religions" (autrement dit ce qui deviendra le programme ECR), et ce dans des termes qui montrent clairement que c'est pour assurer le respect des convictions des parents:

(à suivre)

Anonyme a dit…

"...il semble que l'existence d'une possibilité de dispense à l'égard de l'enseignement confessionnel ou l'alternative entre celui-ci et un enseignement culturel et moral neutre et objectif suffise à assurer la conformité avec les instruments onusiens, surtout si l'enseignement alternatif est lui-même susceptible de dispense." - page 114

"L'enseignement, à l'école publique, de sujets tels que l'histoire générale des religions et des idées est possible, à condition qu'il soit dispensé de façon neutre et objective. En outre, il semble préférable de prévoir également une possibilité de dispense, pour des raisons de conviction, à l'égard de cet enseignement." -page 158

"Le fait d'offrir l'alternative entre un enseignement confessionnel et un cours d'histoire des religions et de morale semble conforme aux instruments internationaux, si l'enseignement de l'histoire des religions est donné de façon neutre et objective (il semble préférable de prévoir également, pour des raisons de conviction, une possibilité de dispense à l'égard de ce dernier enseignement)." -page 158

Jean-Pierre Proulx a dit…

1- Réglons la question des erreurs de référence.

Vérification faite, la citation du professeur Woehrling dans le rapport Laïcité et religions se trouvent tout en haut de la page 142 de son étude et reprise à la page et reprise textuellement en synthèse à la page 156. Elle porte essentiellement sur la modification possible de l'article 41 de la Charte et de ses conséquences.

2- Le commentateur anonyme soulève par ailleurs une tout autre question, celle de l'exemption possible du cours ECR. Je n'estime pas pertinent de débattre à nouveau de cette question. J'ai déjà tout dit ce que j'avais à dire là-dessus. J'attends plutôt la ou le décisions finales de tribunaux.

Anonyme a dit…

Ce que vous avez dit à ce propos (sur l'exemption), c'est que d'après les experts en droit international, il n'était pas nécessaire de prévoir le droit d'être exempté, si on offre un enseignement pluraliste des religions. Or, l'expert engagé par votre groupe de travail suggère nettement que le droit à l'exemption devrait être prévu dans ce cas. Il doit pourtant être compétent et crédible, cet expert, puisque c'est sur son avis que vous avez appuyé votre recommandation concernant l'article 41 (lequel, tel que modifié selon lui, n'aurait pas pour effet de rendre impossible à l'avenir un enseignement confessionnel).