samedi 7 novembre 2009

Tout est pour le mieux au pays des merveilles ECR

Jeudi 5 novembre se tenait une table ronde au Musée de la civilisation1 de Québec sous le titre Le cours Éthique et culture religieuse. Un an après ? État de la situation. La table ronde était organisée par le Conseil interconfessionnel de la région de Québec. Pour une école libre au Québec y avait un observateur.

On ne parlerait pas de la valeur intrinsèque du programme ECR

Le Conseil interconfessionnel est très favorable au cours gouvernemental d’Éthique et de culture religieuse (ECR) imposé à tous les élèves du Québec (sauf, de droit, à ceux de la C.S. Kativik et, dans la pratique, aux juifs orthodoxes). D’emblée, l’animatrice, Catherine Lachaussée, a prévenu l’assistance que l’objet de la soirée et des échanges ne porterait pas sur la valeur ou la pertinence du programme ECR. Il s’agirait plutôt de donner l’occasion à une enseignante et un enseignant de faire état de leur expérience à propos de ce cours : M. Gilles Carrier, enseignant au primaire et formateur en ECR et Mme France Desjardins, enseignante en ÉCR au niveau secondaire.

Aucune plainte des parents sur le programme

M. Carrier fit porter son intervention sur le fait qu’il avait saisi l’occasion d’être formateur en ECR comme un merveilleux défi qui l’aiderait à enseigner ce programme. Enseignement qu’il dit avoir été des plus stimulants et gratifiants. Il affirma en avoir retiré un sentiment nettement favorable à l’égard de ce nouveau programme. Quant aux parents qu’il avait eu l’occasion de rencontrer, il affirma qu’ils n’ont ni appréhension, ni questions sur ce programme. À ses yeux, ce qui leur importe se limite au fait que ce programme soit, comme dans les autres matières du primaire, enseigné par quelqu’un qui aime les enfants, le contenu de ce programme ne lui paraissant pas devoir comporter d’exigences particulières. Et, de façon plus globale, il ajouta que tous les groupes qu’il avait eu l’occasion de rencontrer, à titre de formateur ou comme enseignant, étaient favorables, voire enchantés du programme ECR. Pour ce qui est de Mme Desjardins, son expérience du programme au secondaire l’amenait à se prononcer dans le même sens. Elle ajouta qu’à son avis les parents sont favorables au programme parce qu’ils y voient un reflet de ce qu’est devenue la société québécoise. À son avis, s’il y a problème dans le système scolaire actuel, cela n’aurait aucun rapport avec le programme ECR mais serait le fait de la tristement célèbre réforme pédagogique…

Que du positif, que des lauriers !

On constate que ces deux intervenants ont fait peu état dans leurs exposés de situations concrètes où ils avaient à transmettre en classe des contenus d’apprentissage contrairement à ce que la présentatrice laissait entendre au débat de la réunion. Pas de référence explicite non plus aux contenus des manuels. Ce qui est tout de même étonnant, car cela aurait pu aider l’assistance à comprendre leurs prétentions unanimement favorables vis-à-vis ce programme. Les deux intervenants n’émirent aucune réserve au sujet d’un aspect ou l’autre du programme ou au sujet de certaines difficultés que soulèverait son enseignement, ni même celles attribuables aux élèves comme leur manque d’attention ou dissipation.

Questions du public sceptique

Après ces couronnes de laurier tressées en honneur du cours ECR vint la période des échanges et questions. La première remarque du public rappela que Mme Lachaussée avait déclaré que les exposés ne viseraient pas à se prononcer sur la valeur ou la pertinence du programme ECR, or les exposés proclamaient, bien au contraire, que le programme en était un de qualité sans qu’on ait exposé pourquoi. En donnant l’impression que tout était beau et que tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes, ce premier intervenant déclara qu’on avait le curieux sentiment que les exposés de M. Carrier et Mme Desjardins s’inscrivaient dans la dernière étape de la démarche du MELS qui après avoir imposé le programme allait maintenant organiser des réunions favorables au programme ECR pour conclure que tout allait pour le mieux dans son implantation. Cette intervention, bien qu’exposée de façon fort polie, n’a pas eu l’heur de plaire à l’animatrice qui pria instamment ce sceptique de poser une question aux panélistes dithyrambiques, et une question portant sur leur activité d’enseignement du cours !

Bien qu’exprimées de façon fort délicate et même parfois un peu trop détournée, les questions suivantes firent ressortir certaines difficultés que poserait le programme ECR. On peut les résumer ainsi : le caractère réaliste ou non de transmettre aux jeunes élèves des informations parcellaires sur six ou sept religions, le danger de créer chez les jeunes de la confusion, le risque de tout ramener à un système d’opinions subjectives au détriment de la recherche de la vérité, la tâche colossale de transmettre le contenu du programme malgré le fait, au dire d’une intervenante de l’auditoire, que les exposés des panélistes donnent l’impression que n’importe qui pourrait enseigner ce programme…

Réponses prévisibles des panélistes

Par leurs réponses à ces questions, les panélistes ont donné à entendre que, malgré certaines difficultés que peut soulever l’ÉCR, ces difficultés découlent foncièrement, selon eux, du simple du fait qu’il s’agit d’un nouveau programme, mais nullement de l’essence même du programme, de l’âge des enfants ou du manque de formation des enseignants.

D'autres encensements à venir

Le Conseil interconfessionnel a annoncé que la table ronde de jeudi n'était que la première d’une série de trois ; de telles activités semblent donc devoir se multiplier. Étant donné la nature flatteuse de cette première conférence, que cela soit intentionnel ou pas étant donné le choix des invités et le fait qu'on n'y remette pas en doute le bien-fondé du programme ECR, on ne peut douter que le Monopole de l'Éducation du Québec appréciera grandement ces réunions.





[1] Le Musée de la civilisation prêterait-il ses locaux pour un conférence opposée au programme ECR ? Le Conseil interconfessionnel reçoit-il des subventions de la part du gouvernement du Québec ?

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Après l'immense propagande qu'on a pu lire sur ce blogue et ailleurs contre le programme ECR, il est indécent de reprocher à ceux qu'y trouve du mérite de se réunir et de défendre ce programme.

Boxton a dit…

Anonyme est un petit comique :

1) L'immense propagande se fait avec l'argent des contribuables en faveur du cours ECR.

2) Ce site ne fait pas de propagande, il publie des faits et des analyses diverses opposées à l'IMPOSITION du programme ECR

3) Il me semblait clair que l'analyse était assez pondérée et qu'elle soulignait

i) la contradiction entre les prétentions des organisateurs (on ne parlera pas de la valeur du cours et les faits : on ne parle pas des difficultés d'implantation mais de la valeur du cours).

ii) le scepticisme du public

iii) le côté unilatéral de cette réunion

iv) le fait que des organismes public (comme le Musée de la civilisation) subventionne indirectement cet évènement en prêtant à ces gens leurs locaux.

On comprend mieux l'Anonyme (sans doute le prof pro-ECR qui vient ici de temps à autres) de garder l'anonymat car franchement ses cours doivent être bien médiocres.

Anonyme a dit…

Quelle est ce groupe nommé «Conseil inter confessionnel de la région de Québec» ? Est-ce un club de croyants libéraux de différentes religions ? Sont-ils de la religion qui a pour but que chaque église catholique porte désormais une étoile juive et un croissant musulman en signe d'ouverture et de partage comme celle de Robert Lebel ?

Sont-ils de ces catholiques qui disent lutter de l'intérieur ?

Moi je crois qu'on doit respecter la nature de chaque lieu de culte, et de chaque héritage religieux particulier aux personnes.

L'imposition du cours d'éthique et de culture religieuse à tous sans exception est inacceptable! C'est du totalitarisme!

Dès qu'un profit est possible, notre gouvernement ne respecte pas les minorités (ni les parents dans le dossiers du cours d'ECR, ni les autochtones dans son foutu «Plan Nord», etc.)

foxidis a dit…

... pour le protagonistes de l'ECR, l'ECR, c'est des job... et de bonnes job... deux mois de vacances, sécurité d'emploi, pensions a vie, manuels scolaires a produire et a vendre, avec, en prime, le kick de laver le cerveau des enfants de tout un peuple... et de pouvoir se vanter d'avoir rendu possible un monde utopique sur les ruines de la civilisation occidentale... de force... ca doit être tout un power trip!

Roger Girard a dit…

Vous donnez un reflet assez fidèle de cette table ronde. Je peux le dire parce que j’y ai assisté. Je considère toutefois que votre jugement sur le Conseil interconfessionnel de la région de Québec n’est pas vraiment justifié. Je n’en suis pas membre mais il me semble que les personnes qui en font partie veulent simplement favoriser le dialogue interreligieux et la sensibilisation à l’œcuménisme en abordant divers thèmes qui interpellent la société. Il s’agit d’une équipe de réflexion et d’action plutôt qu’un cercle de débat académique ou qu’un groupe de pression. Les prochaines soirées pourraient prendre une tout autre tangente… D’ailleurs, je suis invité à la dernière table ronde, au mois de mai, et l’on m’a assuré de mon entière liberté d’expression, même si je me pose de sérieuses questions sur la qualité éducative du programme et sur son imposition actuelle.

À mon avis, il est fort possible d’expliquer la «nature flatteuse» qui a marqué cette soirée par divers facteurs qui ne préjugent pas des intentions des personnes du Conseil interreligieux. La première table ronde visait avec raison à dresser un certain tableau de la situation qui prévalait en classe avec le cours ÉCR. Quoi de plus naturel que de faire appel à des enseignants engagés dans ce programme, et ce tant au primaire qu’au secondaire, pour faire état de leur expérience. Les deux panélistes choisis, pour venir livrer en quelque sorte un témoignage de leur enseignement, ne pouvaient qu’être déjà assez convaincus de la valeur de leurs interventions en ÉCR. Et sans doute ont-ils accepté d’autant plus facilement de le faire que la discussion demeurerait à ce niveau de témoignage sans mettre en cause le programme lui-même. L’animatrice, dans ses nombreuses interventions pour faire respecter cette orientation, donnait l’impression de vouloir protéger ce qui avait été convenu avec les panélistes…

Un des intervenants de la salle l’a bien mentionné, on a voulu écarter la question du programme lui-même et de sa pertinence, mais les exposés versaient dans une présentation uniquement favorable au cours en passant sous silence tout ce qui peut mettre en cause le contenu et la mise en œuvre du programme ÉCR. Les organisateurs ont dû percevoir le sentiment de frustration d’une bonne partie de l’auditoire. Au lieu de simplement le mentionner, on aurait dû expliquer dès le début pour quelles raisons on écartait ce qui concernait le programme en tant que tel.

Comme «État de la situation», c’est évidemment très restreint. On a pris connaissance de ce qui pouvait se passer quand «ça se passe bien», aux yeux d’enseignants qui, de toute évidence, ne serait-ce par leur formation sur le programme, ne sont certes pas représentatifs de l’ensemble du personnel enseignant. Nous n’avons qu’à penser au bilan publié par les évêques catholiques qui notaient entre autres que«la formation des maîtres est largement insuffisante ». Par ailleurs, le Ministère n’a encore fourni aucune information sur le bilan que les responsables ont pu faire de la situation d’ensemble…