Les niveaux d’immigration futurs influencent la taille et la composition ethnoculturelle de la population active mais assez peu sa structure vieillissante. En d'autres termes, la population canadienne (québécoise) va croître, sa composante « de souche » sera de plus en plus minoritaire, mais sa population continuera de vieillir et la proportion de sa population active de diminuer au même rythme, peu ou prou, que l'on cesse toute immigration ou continue au même rythme rapide qu'aujourd'hui.
Depuis les années 1970, le rapport entre le nombre d’entrants et de sortants potentiels de la population active n’a fait que décliner. À la fin des années 1990, on comptait 4 fois plus de personnes âgées de 15 à 29 ans dans la population canadienne – le bassin d’entrants potentiels dans la population active – que de personnes dans la population active âgées de 55 ans et plus (les sortants potentiels), ce qui alimentait la croissance de la population active. En 2021, ce rapport avait diminué à moins de 2 entrants par sortant (graphique ci-dessous). Parmi les principaux facteurs expliquant cette baisse, il y a bien sûr l’arrivée en grand nombre des baby-boomers à l’âge de 55 ans, puis la hausse constante des taux d’activité parmi la population âgée de 55 ans et plus (en particulier chez les femmes). Par ailleurs, la faible fécondité observée depuis les dernières décennies se répercute également sur le nombre de personnes en âge d’entrer dans la population active.
Selon les résultats des projections, le rapport entre le nombre d’entrants et de sortants déclinerait légèrement au cours des prochaines années et bien qu’il y aurait un peu plus de jeunes susceptibles de faire leur entrée sur le marché du travail que de personnes susceptibles de le quitter, la croissance de la population active serait peu alimentée par le remplacement des cohortes. Les résultats révèlent également que les bouleversements observés dans la structure par âge de la population active au cours des 25 dernières années, en raison de l’arrivée à 55 ans de l’ensemble des baby-boomers, tireraient à leur fin et qu’un nouvel équilibre serait atteint.
On remarque, par ailleurs, que ce rapport semble être peu influencé par le niveau d’immigration (faible, moyen, fort). Ainsi, une immigration plus ou moins forte n’a pas pour conséquence de faire augmenter ou diminuer le rapport entre le nombre d’entrants et de sortants potentiels de la population active. Cela signifie que l’immigration n’est pas un levier important pouvant influencer la croissance de la population active sur la base du renouvellement des cohortes comme cela était le cas par le passé, où le rapport entre le nombre d’entrants et de sortants était beaucoup plus élevé. Seule une hausse importante et soutenue de la fécondité permettrait cela. En fait, les immigrants viennent gonfler les rangs de la population active canadienne en s’y joignant dans la force de l’âge. Ils participent donc au renouvellement de la population active, ce qui transforme davantage sa composition ethnoculturelle que sa structure par âge surtout si les apports migratoires annuels sont constants dans le temps.
La forte croissance démographique imposée par le gouvernement Trudeau au Canada par des apports migratoires importants comporte son lot de défis. Certes, elle fait croître la taille de la population active mais exerce un impact limité sur le taux global d’activité et sur le processus du vieillissement et du renouvellement de la population active. Au-delà des impacts purement démographiques, les apports migratoires exercent également des pressions sur l’offre de logements, la construction d’infrastructure ainsi que sur la prestation de services à la population.
En 2023, la proportion de personnes nées à l’étranger au sein de la population active canadienne était de 32,1 %, ce qui représente tout près de trois personnes faisant partie de la population active sur 10. Le graphique 5 montre que l’évolution de cette proportion est fortement influencée par le nombre d’immigrants et de résidents non-permanents qui seraient admis au Canada dans les prochaines années.
Ainsi, en admettant 500 000 immigrants permanents par année d’ici 2041, la part des personnes nées à l’étranger au sein de la population active augmenterait constamment pour atteindre 43,8 % en 2041. Cette même proportion atteindrait 37,4 % si 250 000 immigrants permanents étaient admis, et 49,0 % si 750 000 immigrants permanents étaient admis annuellement. À l’inverse un arrêt complet de l’immigration temporaire et permanente dès 2024 aurait pour conséquence que la proportion de personnes nées à l’étranger diminuerait lentement d’ici 2041 pour atteindre 29,2 % en fin de projection, soit tout près du niveau observé au Recensement de 2021.
Source : Statistique Canada
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