mercredi 14 avril 2021

Maison de retraite pour LGBTQ : un public avec des comorbidités supérieures, plus de diabète, plus de mécanismes d'addiction, d'anxiété et de dépression

Pour la première fois au Royaume-Uni, une maison de retraite pour la communauté LGBT va ouvrir ses portes en 2021, grâce au soutien de la ville de Londres. Le bâtiment, avec restaurant, bar et terrasse sur le toit, a été dessiné par l’architecte Norman Foster.

C’est une première au Royaume-Uni. Le maire Sadiq Khan a confirmé l’obtention d’un prêt immobilier de 5,7 millions de livres sterling du fonds de logements social (Community Housing Funds), en vue de l’ouverture d’une maison de retraite unique en son genre. Situés dans le quartier de Vauxhall au sud de la Tamise, ces logements accueilleront des retraités de la communauté LGBT.

« Londres est une ville ouverte, diverse, inclusive et je suis ravi de voir ces projets aboutir avec l’aide de ce prêt […] Les séniors méritent de profiter de ces années dans le confort et la sécurité » a déclaré Sadiq Khan.

Les 19 logements, situés dans un immeuble imaginé par l’architecte britannique Norman Foster, seront composés d’une ou deux chambres. La résidence proposera des services haut de gamme avec un espace restaurant-bar, une terrasse sur toit et un jardin suspendu, ainsi que l’accès à des soins sur place 24 h/24 et 7J/7. Les premiers arrivants devraient emménager au milieu de l’été 2021.

Chez Tonic Housing, l’association à but non lucratif qui chapeaute le projet, on s’enthousiasme : « Tonic@Bankhous va créer une offre d’habitat unique qui célèbre l’identité LGBT+ et place la communauté au centre de la maison. Nous allons co-créer des événements et des activités avec des résidents basés sur leurs intérêts, ce qui inclut des collaborations avec d’autres organisations LGBT+ ».

Sécurité et soins adaptés

Stéphane Sauvé est ancien directeur d’Ephad. Il porte un projet similaire à celui de Tonic Housing, « La Maison des solidarités ». « Pendant mes années de direction, j’ai pu observer des discriminations envers la communauté homosexuelle ». Comme cette fois où personne n’a voulu danser avec Madame Martin, « lesbienne décomplexée », lors d’un thé dansant parce qu’elle était « contagieuse ».

« Si, par ignorance, je n’ai jamais été confronté à cette question, ce n’est pas à la fin de ma vie que je vais ouvrir mes chakras. Lorsque l’on a des valeurs morales, ce n’est pas à la fin de sa vie que l’on va changer d’idée », explique Stéphane Sauvé.

Outre la discrimination, la minorité LGBT présente des problèmes de santé à la fois similaires, mais aussi différents du reste du public de maison de retraite. « On le sait grâce aux études américaines. C’est un public avec des comorbidités supérieures, plus de diabète, plus de mécanismes de dépendance, d’anxiété et de dépression. Sans compter sur la partie de cette population atteinte de VIH et les traitements aux hormones chez les trans. On ne sait pas comment ça va vieillir. »

Un accompagnement pour la fin de vie

« J’ai 49 ans, je suis homosexuel, je n’ai pas d’enfants. Je me pose comme tout le monde la question de l’accompagnement », ajoute Stéphane Sauvé. La grande majorité de la communauté LGBT n’a pas d’enfant, et donc d’aidants pour la fin de vie. C’est un public plus isolé. »

Des raisons suffisantes, selon l’ancien directeur, pour balayer de la main les reproches communautaristes. « D’autant que l’environnement LBGT sera convivial aux hétéros ».

Ce n’est pas la première fois qu’un pays accueille ce type de maison de retraite. Des initiatives similaires existent au Canada, en Espagne, aux États-Unis et en Australie. En France, Nice, Lyon, Montreuil, Romainville et Paris ont également manifesté leur intérêt.

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