jeudi 4 octobre 2018

« L'endoctrinement » sur les campus anglo-saxons




« La classe, le genre et la race », les seuls prismes au travers desquels les étudiants sont appelés à comprendre le monde...

Donner ou non dignité universitaire à l’étude de la « civilisation occidentale ? »

 Oui, reprenons les termes du débat, tel qu’il est présenté par la presse australienne indépendante, comme The Strait Times. Le milliardaire Paul Ramsay est mort sans descendance. Il a légué une partie de son immense fortune à un centre qui porte son nom, afin de promouvoir l’étude de la civilisation occidentale, qu’il jugeait insuffisamment présente dans les universités australiennes. La direction de ce Centre comporte, parmi ses membres, un certain nombre de politiciens, membres du Parti libéral, notamment les deux anciens Premiers ministres, John Howard et Tony Abbott. Le Centre Ramsay a proposé à toutes les universités d’Australie de finance, à ses frais, la création de chaires d’études de la Culture européenne et de bourses destinées aux étudiants qui se consacreraient à ce type d’études.

Refus catégorique de la communauté universitaire. L’Australian National University de Canberra a décidé de rejeter cette proposition. En imposant un sujet, elle menacerait les libertés universitaires et l’autonomie des universités. Mais ce refus a été aussitôt exploité par les partisans du Centre Ramsay pour mettre en cause d’autres commandites. Pourquoi les cours de langue et de civilisation chinoises, financés par Pékin, via ses Instituts Confucius, posent-ils moins de problèmes aux autorités universitaires que les cours de civilisation occidentale qu’ils proposent eux-mêmes ? Et, du reste, tout le monde a bien compris qu’il s’agissait d’un épisode de la « guerre des cultures » : ce qui est en cause, ce n’est pas le fait de proposer et de financer un programme d’étude. Non, ce qui est en cause, c’est son sujet : la civilisation occidentale.

Car, pour ses adversaires de telles études portent la marque du péché « d’occidentalocentrisme ». Étudier l’Antiquité, la Renaissance, les Lumières, étapes du développement intellectuel de la seule Europe, serait faire preuve d’arrogance envers les autres cultures du monde. Par ailleurs, les détracteurs du projet ne manquent pas de mettre en cause la présence, assez voyante, au sein du Centre Ramsay, de nombreux dirigeants du parti libéral. Dans le Queensland Times, un étudiant écrit : « Étudiants et enseignants, nous craignons que ce programme devienne un aimant destiné à attirer les partisans du Parti libéral et les renforce dans leur conviction que la civilisation occidentale est supérieure ».

Réactions dans le camp d’en face, celui des partisans des cours de « civilisation occidentale »

Je cite The Herald Sun, l’éditorialiste Rita Panahi dans les colonnes du Herald Sun : « Les universités encourageaient autrefois le débat solide, la pensée critique et la diversité des perspectives. C’était un endroit où on ne venait pas seulement pour obtenir une qualification, mais pour élargir son esprit et être mis au défi. A présent, l’endoctrinement est la norme bien plutôt que la stimulation intellectuelle, en particulier dans les arts, les humanités et les sciences sociales, où des groupes de pensée font la loi. La seule diversité qui n’est pas la bienvenue sur les campus, c’est la diversité d’opinion. » Et elle poursuit : « la simple rationalité et les opinions communes sont considérées comme du sectarisme, tandis que sont célébrées la culture de la plainte, l’intersectionnalité et la politique des identités.

Ce n’est en aucune façon un phénomène local : les universités australiennes suivent simplement l’exemple des institutions britanniques et des États-Unis, qui favorisent l’activisme politique au détriment de l’enquête intellectuelle. »

Et Rita Panahi de tourner en dérision l’argument selon lequel un cours de « pensée occidentale », financé par un Centre proche du Parti libéral australien compromettrait l’indépendance des universités. Ces universités ont accepté volontiers dans un passé récent des financements provenant de pays tels que la Turquie, Dubaï et l’Iran…. « Faire de la propagande pour les Centres pour les études arabes et islamiques ne semble pas troubler les syndicats enseignants et étudiants, mais négocier avec le Centre Ramsay, présidé par l’ancien premier ministre John Howard, là, ce serait aller trop loin... », s’indigne Rita Panahi.

Et sur le site Quillette, Bella d’Abrera, directrice du Centre Ramsay met en cause, de son côté, un enseignement supérieur qui ne lui semble plus tourner qu’autour des catégories de classe, genre et race, une « approche, je cite, qui n’est pas seulement ennuyeuse et répétitive, mais fondamentalement anti-intellectuelle. » Parce qu’elle n’autorise pas le dialogue, chacun parlant au nom de son « identité ».

« Les étudiants ne finissent pas seulement leurs études avec une vision du monde déformée, selon laquelle toute l’histoire du monde n’est plus vue qu’à travers le prisme oppresseurs/opprimés, mais ils sont en train d’imposer cette vision particulière du monde à la société dans laquelle ils trouvent des emplois dans le système éducatif, l’administration ou les compagnies privées. »

Source : France Culture

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