« Le français est une langue nationale ! Ras-le-bol que la Suisse romande soit seule à supporter l’effort de la solidarité linguistique confédérale ! » C’est un véritable coup de gueule qu’a poussé cette fin de semaine le Syndicat des enseignants romands [francophones] (SER). L’objet du courroux ? La Fédération des enseignants alémaniques [germanophones] (LCH) a réaffirmé il y a quelques jours, dans le cadre de la consultation sur le plan [programme] d’études harmonisé Lehrplan 21, sa volonté de n’enseigner qu’une seule langue étrangère obligatoire à l’école primaire.
Une demande qui a été perçue comme une attaque à peine masquée contre le français, auquel on préfère toujours plus l’anglais. La colère romande n’a pas laissé la fédération alémanique indifférente. Hier, le SER et la LCH se sont réunis à Berne pour mettre les choses à plat. Il s’agit d’un « malentendu », assurent les Alémaniques, qui publieront très prochainement une prise de position expliquant clairement leur point de vue. « En français aussi, pour être certains d’être bien compris », précise le président de la LCH, Beat Zemp.
La LCH a-t-elle fait preuve de maladresse ?
Non, je dirais plutôt qu’il s’agit d’un malentendu. Nous n’avons jamais dit que nous voulions supprimer le français à l’école ! Mais la question est très sensible et les médias romands l’ont interprétée de cette façon.
Qu’avez-vous donc réellement voulu dire ?
Dans sa forme actuelle, le Lehrplan 21 est trop chargé, autant pour les enseignants que pour les élèves, en particulier ceux en difficulté. Comme solution, on pourrait imaginer que seule une partie des objectifs à atteindre soit obligatoire. Par exemple, un élève qui a de la peine avec les langues pourrait recevoir un enseignement supplémentaire d’allemand ou de sa première langue étrangère, au lieu de commencer une deuxième langue dès la 5e. Par contre, les autres pourraient tout à fait apprendre deux langues. Il faut aussi que la Confédération donne davantage de ressources: pour enseigner le français correctement, il faut mettre les moyens nécessaires.
Mais si le français n’est plus obligatoire, ne risque-t-on pas de lui préférer l’anglais ?
Je comprends que les Romands se fassent du souci, et il y a de quoi ! En Suisse centrale et à l’est, on rogne de plus en plus en faveur de l’anglais. Aujourd’hui, dans plusieurs cantons, on peut même abandonner le français une fois les notions de base acquises dès le secondaire. Mais ce n’est pas la position du LCH. Personnellement, j’estime qu’exiger l’anglais dès la 5e année est ridicule : cette langue est partout, via Internet ou la musique.
Comme son enseignement est plus accessible, il peut attendre. Et puis il n’y a pas non plus de problème de motivation de la part des élèves alémaniques.
De manière générale, le côté « nouveau » du français apporte un aspect motivant qui est tout à fait positif. Mais c’est une différence de points de vue qui crée une sorte de courtepointe entre les cantons, vu que ceux qui bordent les frontières francophones continuent de privilégier le français.
C’est pourquoi il faut que la Confédération impose une solution uniforme. Ce n’est pas une question pédagogique, mais politique.
Source : Tribune de Genève
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