mardi 3 décembre 2013

PISA 2012 : Canada perd des plumes, Asie en tête, net recul de la Finlande, la France mauvaise élève

Soixante-cinq pays et économies ont participé au PISA (Programme international pour le suivi des acquis des élèves) 2012. Plus d'un demi-million d'élèves de 15 ans, y compris 21 000 élèves du Canada, ont été évalués sur leurs habiletés et leurs connaissances dans trois domaines d'apprentissage de base : les mathématiques, la lecture et les sciences.

La composante principale du PISA de 2012 était les mathématiques.

Les pays d’Asie dépassent les autres pays du monde dans le classement de la dernière enquête PISA de l’OCDE, qui a pour objet d’évaluer les connaissances et les compétences des jeunes âgés de 15 ans sur l’ensemble de la planète.

Shanghaï (Chine) et Singapour se situent en tête pour les mathématiques, les élèves de Shanghaï ayant obtenu un score équivalant à une avance de près de trois années d’études par rapport à la plupart des autres pays de l’OCDE. Hong Kong (Chine), Taïwan (Formose), la Corée du Sud (mais avec un impact sur la natalité ?), Macao (Chine), le Japon, le Liechtenstein, la Suisse et les Pays-Bas font aussi partie du groupe des pays les plus performants. La Chine, en tant que pays, ne participe pas aux épreuves PISA. Une douzaine de provinces de la Chine elles y participent ainsi que deux régions administratives particulières (Hong Kong et Macao). Il est douteux que les élèves testés à Shanghaï soient représentatifs des élèves chinois (2 % de la population, enseignants payés deux fois plus qu'ailleurs, limitation de l'immigration, PIB deux fois plus grand qu'ailleurs en Chine, etc.)

Selon l'OCDE, l’enquête met en lumière plusieurs des traits qui caractérisent les meilleurs systèmes d’enseignement. Les plus performants, notamment en Asie, mettent fortement l’accent sur la sélection et la formation des enseignants, encouragent ces derniers à travailler ensemble et investissent en priorité dans l’amélioration de leur qualité, et non dans la taille des classes. De plus, ils fixent des objectifs clairs et donnent aux enseignants l’autonomie dont ils ont besoin dans la salle de classe pour pouvoir les atteindre.

Les élèves dont les parents ont de fortes attentes ont de meilleurs résultats : ils font généralement plus d’efforts, ont davantage confiance en leurs propres capacités et sont plus désireux d’apprendre.

Parmi les 64 pays pour lesquels il existe des données tendancielles allant jusqu'en 2012 pour les mathématiques, 25 ont vu leurs performances s’améliorer dans ce domaine, 25 autres n’ont enregistré aucun changement et 14 ont reculé. L’Allemagne, le Brésil, Israël, l’Italie, le Mexique, la Pologne, le Portugal, la Tunisie et la Turquie ont progressé de manière régulière au cours de la période. Shanghai (Chine) et Singapour ont accru leur score, qui était déjà élevé en 2009.

Canada perd des plumes

Le classement du Canada a baissé, bien qu’il soit toujours élevé. Cette baisse est attribuable à une diminution globale du rendement moyen du Canada et à une augmentation du rendement de nouveaux pays hautement performants. Comparativement à 2003, proportionnellement plus d’élèves du Canada n’ont pas atteint le niveau de base établi par l’OCDE (niveau 2), et moins d’élèves ont atteint les niveaux les plus élevés (niveaux 5 et 6).

Pour Jeff Johnson, le ministre de l'Éducation et président du Conseil des ministres de l'Éducation de l'Alberta : « la tendance pour l'Alberta et pour le Canada est claire : nos résultats dans le domaine des mathématiques ont diminué par rapport à d'autres pays. » D'après des résultats préliminaires, le Québec aurait les meilleurs résultats en mathématiques au Canada.

Le Canada s'est classé au-dessus de la moyenne de l'OCDE dans les trois catégories, il se classe 13e en mathématiques, 10e en sciences et septième place en lecture.


Bons chiffres pour le Québec en maths, sous la moyenne canadienne dans les autres matières



Si les résultats du Québec sont les meilleurs au Canada, comme dans les autres provinces ils sont en baisse.


En sciences, le Québec est sous la moyenne canadienne :


Il en va de même en lecture, où le Québec est sous la moyenne canadienne.

Entre 2000 et 2012, les notes des élèves du Québec ont sensiblement baissé en lecture, pour se retrouver légèrement sous la moyenne canadienne. À l’inverse, en Colombie-Britannique, on a de quoi se réjouir : aussi bien en lecture qu’en sciences, ce sont les élèves de cette province qui ont le mieux réussi aux examens du PISA.




Finlande recule

Les trois premières places vont à des pays ou à des régions asiatiques. Selon le Volkskrant, la Finlande recule au niveau mondial, mais conserverait la meilleure place en Europe, mais les Pays-Bas la dépassent en mathématiques. Le plus grand journal finlandais, Helsingin Sanomat, s'inquiète de cette situation.

Selon InfoBAE, la surprise du rapport 2012 est la forte baisse des élèves finlandais. Dans le classement de cette année, le pays nordique se situerait au 12e rang, alors qu'en 2009 il était encore classé en 3e position.

Selon le rapport, les trois meilleurs pays les mieux classés se situent en Asie, où l'éducation est perçue comme une condition sine qua non de la promotion sociale et un honneur qui rejaillit sur toute la famille.

La ville chinoise de Shanghaï est la région qui a obtenu les meilleures notes dans les trois disciplines, avec 613 points en mathématiques, 570 en lecture et 580 en sciences. Elle se situe à environ 119 points au-dessus de la moyenne (494). Singapour et Hong Kong de se placent respectivement en deuxième et troisième positions.

France mauvaise élève

La France est rétrogradée à la 25e place des 65 pays ou économies participants. Dans le précédent Pisa 2009, auquel 75 pays et économies avaient participé, la France occupait la 22e place dans le classement global des compétences, à quelques encablures de l'Allemagne, qui la devance désormais à la 16e place. L'Estonie, la Pologne, le Viêtnam, l'Australie, l'Irlande, la Slovénie, notamment, sont également devant la France.

En mathématiques, thème majeur de PISA 2012, la France a vu son score diminuer de 16 points entre 2003 (dernière année comparable) et 2012. Elle fait partie des 14 pays qui voient leur score reculer. Avec 495 points, les résultats obtenus sont loin du numéro 1, Shanghaï, qui caracole à 613 points ! L'Hexagone se situe désormais dans la moyenne des pays de l'OCDE alors qu'il était dans les pays dont la performance était supérieure à la moyenne. Ce recul s'explique en particulier par la forte augmentation du nombre d'élèves en difficulté en mathématiques. De plus, les 10 % d'élèves les moins performants en maths ont vu leur résultats chuter entre 2003 et 2012. L'écart avec les bons élèves s'est sensiblement creusé. Au total, le recul du niveau moyen d'une classe d'âge est incontestable.

Pour les deux autres domaines étudiés par PISA, culture scientifique et compréhension de l'écrit, en revanche, les résultats sont restés stables.

Les élèves issus de l’immigration sont au moins deux fois plus susceptibles de compter parmi les élèves en difficulté.

Résultats en Europe

Le journal autrichien Die Presse signale pour sa part que la Suisse devance désormais la Finlande. Les élèves finlandais perdent 26 points, mais finissent malgré tout à la sixième place (des pays si on exclut les régions chinoises). Le meilleur pays européen, à la troisième place, serait la Suisse suivie par les Pays-Bas et l'Estonie. La Finlande recule aussi et se retrouve maintenant à la troisième place (après le Japon et la Corée). Dans les sciences naturelles, les Finlandais sont seconds après le Japon. (Il semble que Die Presse ne retient que des pays et non des régions dans son classement.)

Parmi les perdants, on retrouve également la Suède qui perd 31 points en mathématiques. La Pologne monte pour sa part. Le pays, qui a mis en place une réforme importante de l'éducation depuis le premier test PISA, augmente de 27 points.

Amérique latine

Les pays d'Amérique latine ont vu leurs résultats baisser dans l'édition 2012 du PISA, malgré les efforts et les communiqués des gouvernements régionaux pour qui l'éducation est une priorité.
La Colombie a été le pays qui a le plus chuté au cours des trois dernières années. C'est ainsi que, sur les 65 pays qui composent le classement, la nation dirigée par Juan Manuel Santos a chuté à la 62e place, dix places plus bas qu'en 2009.

Les adolescents colombiens de 15 ans ont de moins bons résultats tant en lecture qu'en mathématiques et en science.

L'autre pays qui a perdu de nombreuses places est l'Uruguay, où l'on observe les plus fortes baisses en mathématiques, en lecture et en sciences. Le pays dirigé par Jose Pepe Mujica a chuté à la 55e position, en recul de huit places par rapport au rapport précédent.

Aucun pays en Amérique latine n'atteint la moyenne de l'OCDE fixée à 494 points en mathématiques, le Chili est le pays qui se classe le mieux avec 423 points, suivi par le Mexique (413), bien mieux que l'Argentine (388) et le Brésil (391).

Écarts entre garçons et filles

Les garçons devancent les filles en mathématiques. Ils ont obtenu de meilleurs résultats dans 37 des 65 pays et économies considérés, mais les filles les ont dépassés dans cinq pays. L’écart entre les sexes est toutefois relativement faible : dans six pays seulement, il est supérieur à l’équivalent de la moitié d’une année d’études.

L’écart entre filles et garçons est le plus grand chez les élèves très performants, il reste important chez les élèves les plus faibles et est à peu près le même chez les élèves moyens. Par ailleurs, les filles se sentent moins motivées pour étudier les mathématiques et ont moins confiance en leurs capacités que les garçons.

Entre 2000 et 2012, l’écart entre les sexes en compréhension de l’écrit –– favorable aux filles –– s’est creusé dans 11 pays et économies. Garçons et filles ont des résultats analogues en sciences.

Faible participation des écoles québécoises

Étant donné que le taux de réponse des élèves francophones du Québec ne satisfaisait pas aux normes internationales (75 p. 100 par rapport à 80 p. 100), une analyse des non-répondantes et non-répondants a été effectuée par le Ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport du Québec. On y apprend qu'il y a plus de non-répondants dans les écoles publiques que privées, que plus de garçons n'avaient pas répondu que de filles et que les non-répondants réussissaient moins bien dans les épreuves provinciales de français que les répondants. Les résultats de l'OCDE ne corrigent pas ces biais.

Tableaux

Résultats en mathématiques


Forte variance en maths dans les régions européennes (comme en Italie)


Résultats en lecture (composite)



Évaluation des sciences



Résumé de l'OCDE (32, pages PDF)

Rapport complet de l'OCDE volume I (274 pages, PDF)

À la hauteur : Résultats canadiens de l’étude PISA de l’OCDE (PDF, 95 pages)

Voir aussi

Exercices du test PISA 2012

Facal et les résultats PISA : et si on évaluait les connaissances et la culture générale ?

Tests PISA en éducation - Le Canada perd des plumes dans le peloton de tête

Nathalie Bulle sur le modèle finlandais et les tests PISA

France — PISA et le rejet de la culture scolaire

Belgique — l’écart entre élèves autochtones et allochtones reste criant

Classement des provinces canadiennes au PISA 2006




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4 commentaires:

Vérytet a dit…

« tout d'abord, il faut se souvenir que ces [Asiatique] pays sont d'inspiration confucéenne (en référence à l'enseignement du philosophe Confucius, NDLR), et donc, ont un rapport très privilégié à l'étude, aux valeurs du travail. En outre, il y a bien sûr le respect des traditions, de la hiérarchie et donc des parents et professeurs.»

Tout ce que les progressistes détestent, abhorrent, exècrent, haïssent.

Loulou a dit…

Vérytet,

Vous ne croyez pas si bien dire, c'est également vrai pour la Finlande qui est une société conservatrice et homogène (mais en phase de "modernisation" et de "métissage").

Les Étatistes adorent dire que c'est la paie des profs en Finlande ou l'encadrement ou le diplôme qui importe... Plus de sous, plus de dépenses, plus de salaires.

Mais selon une spécialiste ce n'est pas du tout cela :

Il n’y a pas de « miracle » finlandais conclut Simola : le modèle d’élève décrit dans PISA 2000, très fortement orienté vers le futur, semble reposer en Finlande largement sur le passé, un monde en train de disparaître, une société préindustrielle et agraire, une éthique d’obéissance peut-être la plus forte parmi les sociétés européennes. La réforme de l’école unique pédagogiquement progressiste a par ailleurs été véhiculée en Finlande par des professeurs plutôt conservateurs, avec des résultats plus satisfaisants qu’ailleurs.

Voir sur le site

Anonyme a dit…

Corée du Sud, Japon, Suisse, heureux pays où les pédagogues ne font pas la loi contrairement au Québec !

Marre des cuistres a dit…

Une des limites de l’étude est de ne pas tenir compte du type ethnique des immigrés considérés. Elle considère l’immigré comme une donnée invariable de par le monde. Tant que l’on ne tiendra pas compte des différences intellectuelles /physiologiques inhérentes aux types ethniques, on restera dans le « mystère de l’échec scolaire ». Mieux vaut le mystère que le renoncement en l’idéologie, le gauchisme est vraiment une religion !