vendredi 28 septembre 2007

Priorité du ministère de l’Éducation : sévir et serrer la vis...

Contre le décrochage des garçons ? La violence à l’école ? Non ! Contre l’illettrisme fonctionnel de tant de jeunes ? Que nenni ! Contre la sexualité précoce qui ravage les écoles québécoises ? Nullement ! La drogue que fument au moins occasionnellement quarante pour cent des élèves du secondaire ? Eh, bien, non.

L’urgence est ailleurs. Car, comme nous l’apprend un article médiocre du Devoir publié le 22 septembre, des informations « pour le moins dérangeantes ont éclaté au grand jour ». Imaginez : les jeunes juifs hassidiques passeraient la majeure partie de leur journée à étudier la Torah à partir de 12 ans. La grande nouvelle !
Pourtant établies depuis une centaine d'années au Québec, les écoles privées juives ont créé de grands remous dernièrement. [N.D.L.R : Ah ?] « Certaines écoles juives ont un permis du ministère de l'Éducation même si, au secondaire, elles n'enseignent pratiquement que les livres religieux aux adolescents. Si, en tant que société multiculturelle, il est souhaitable de ne pas imposer un modèle unique d'enseignement, il est toutefois de notre devoir de se demander jusqu'où on doit aller », indique Mme Garand.
La réponse suit dans le titre suivant...
Les écoles juives devront se conformer
Et voilà : « ne pas imposer un modèle unique » et pourtant il n’y aura qu’un programme unique permis, qu’un régime pédagogique unique, que des professeurs certifiés par Québec. Et on ose vanter la diversité, le tolérance et le « métissage culturel » dans ce même journal, alors qu'on fait tout pour que tous les jeunes Québécois passent par le même moule !
Selon la ministre de l'Éducation, Michelle Courchesne, il n'y a pas de doute. Les écoles juives doivent se conformer rapidement. Au début de l'été, elle a réuni les directeurs autour d'une même table pour dégager un terrain d'entente.

La difficulté est que, dans la religion juive, tout garçon doit, dès l'âge de 13 ans et jusqu'à ce qu'il devienne chef de famille, passer la majorité de sa journée à étudier la Torah. L'enseignement d'autres matières n'est pas exclu, mais le partage du temps est problématique.
Les Juifs hassidim sont au Québec depuis plus de 60 ans... Qu’est-ce qui pousse le ministère à vouloir corriger la situation subitement ? Pourquoi faut-il même corriger quelque chose, si ce n’est l’application aveugle de règles monopolistiques ? Les enfants hassidim soulèvent-ils des difficultés ? Ou la véritable raison ne serait-elle pas, comme l’a avoué à l’Assemblée nationale l’année passée, le ministre de l'Éducation de l'époque, M. Fournier, que les enfants juifs doivent adopter les valeurs de la société québécoise (définies par le Ministère) : « il est important pour [les enfants juifs] de faire partie de la société, de connaître l'ensemble des valeurs de cette société-là et de les partager avec tout le monde. » De les assimiler donc ? Parce qu’on ne les aime pas comme ils sont actuellement ?
« Les directeurs d'école comprennent toutefois que, au Québec, la loi oblige les enfants à fréquenter l'école jusqu'à 16 ans, et ils devront la respecter. Ce ne sera pas facile, mais le processus de consultation et de transition a été établi. Toutefois, les écoles juives existent au Québec depuis très longtemps et il faut en tenir compte. Il y aura une période de transition, d'environ un an ou deux, au maximum trois ans, mais si jamais des écoles rejetaient tout simplement nos exigences, elles seraient informées que nous entreprendrions les procédures judiciaires appropriées », affirme la ministre Courchesne, toutefois confiante en la bonne volonté de la communauté.
On aimerait bien savoir ce que pensent vraiment ces communautés orthodoxes juives et ne pas seulement entendre la version de la ministre du Monopole. Car, enfin, voilà des paroles ministérielles bien autoritaires... Il ne faut pas compter sur le Devoir semble-t-il.
D'autres groupes religieux, plus petits et plus reclus, exploitent légalement ou non des écoles au Québec, alors qu'on ne sait pas toujours ce qui y est enseigné. Prenons l'Académie des petits phénix de Longueuil. « Cette école, dirigée par l'Église de la scientologie, a un permis du ministère de l'Éducation. Pourtant, on ne sait pas vraiment ce qui y est enseigné. On entend seulement des ouï-dire. Le ministère devrait faire enquête. On ne devrait pas donner de permis sans savoir ce qui est enseigné dans un établissement et avec quelles techniques », soutient Mme Garand, qui, par le CINR, vient en aide aux personnes fragilisées à la suite d'une expérience de croyance.
Article médiocre et inquiétant comme nous l’avions dit :
  1. La journaliste ne semble interroger qu’une personne pour le moins partiale en matière religieuse.
  2. Ces « révélations » du Devoir – qui utilise les dénonciations d’une personne peu sympathique envers les religions – semblent surtout faire partie d’une volonté de voir le Ministère prendre des mesures sévères devant les « dérives » des « groupes nébuleux » et des « nouvelles religions » — spécialité de la seule dénonciatrice — comme le judaïsme (!).
  3. Au fait, qui finance le CINR ? La journaliste ne nous en dit mot alors qu’elle dénonce ceux qui seraient derrière certaines écoles.
  4. La journaliste ne semble pas chercher à vérifier les faits présentés par son interlocutrice en demandant l’avis des personnes incriminées... Très étranges procédés, mais bon c’est la presse francophone du Québec.
Ces procédés ne pouvaient manquer bien sûr d’attirer les foudres d’un des rares lecteurs du Devoir en la personne de Gilles Léonard, président et directeur général de l’Académie des petits Phénix dont il est question ci-dessus qui dénonce vertement le paragraphe cité dans sa lettre au Devoir :
« Dans votre article du 22 septembre 2007, les seules informations véridiques que vous ayez mentionnées au sujet de l'Académie des petits Phénix sont qu'elle est bel et bien située à Longueuil et qu'elle détient un permis du Ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport. Le reste est faux et même diffamatoire dans certains cas. On vous a vraiment très mal informé !

Il n'existe aucune école scientologue au Québec, aucune école où l'on fait l'enseignement de la religion de la Scientologie dans un cadre scolaire.

L'Académie des petits Phénix est une école tout ce qu'il y a de plus laïque qui ne fait aucun enseignement religieux, seulement de l'enseignement moral. Ni la directrice pédagogique, ni les enseignantes‑titulaires ne sont scientologues. Par contre, elles utilisent la technique d'étude Applied Scholatics avec les élèves pour leur permettre de mieux réussir leurs études et obtiennent d'excellents résultats. »
Le ministère de l'Éducation se défend bien d'accorder des permis sans s'assurer que les écoles répondent bien aux critères prescrits, notamment en ce qui a trait au régime pédagogique et à l'évaluation. « Les règles sont claires. Plusieurs demandes de permis sont refusées, d'autres sont accordées, mais des suivis sont faits. Certaines écoles se voient accorder leur permis sous conditions, alors nous les suivons de plus près. De plus, les permis peuvent toujours être révoqués si les critères ne sont pas respectés. D'ailleurs, en ce moment, il y a un gros resserrement qui se fait », précise Michelle Courchesne.
Pourquoi ? Quelle est l’urgence ? Pourquoi le Monopole tolère-t-il de moins en moins les écoles différentes ? Y a-t-il vraiment la moindre menace faite aux enfants ? Qui peut le penser sérieusement par exemple dans le cas des Juifs ou des mennonites qui pratiquent depuis des décennies, si ce n’est des siècles, leur forme d’enseignement bien à eux...
Du côté de Gatineau maintenant, l'école évangélique pentecôtiste illégale de l'Église Nouvelle Alliance, dénoncée dans les médias l'année dernière, semble toujours bien opérationnelle. « Nous n'avons vu aucune action du ministère dans ce dossier », déplore Mme Garand.
Euh, Mme Garand déplore, elle admet donc qu’elle souhaite qu’elle ne soit plus opérationnelle, qu’on la ferme. Sous quel prétexte alors que le Ministère n’a pas statué ? Un excès de zèle intolérant ?
Au ministère de l'Éducation, on précise que cette école a déposé une demande de permis qui fait toujours l'objet d'une analyse.
Voir notre autre billet sur le sujet.
Enfin, le ministère de l'Éducation a récemment exigé la fermeture de la petite école mennonite de Roxton Falls, en Estrie,
Stricto sensu en Montérégie, mais bon c’est le Devoir.
qui enseignait le créationnisme.
Ceci n’a jamais été attesté, voir la source du mythe et comment des universitaires, tolérants bien sûr, et conseillers du Monopole, expliquent ensuite que c’est une excellente raison pour fermer l’école mennonite et pour menacer les parents et les enfants d’actions de la part de la Direction de la « protection » de la jeunesse.
Refusant de se conformer aux exigences du gouvernement, l'établissement se retrouvait dans l'illégalité.
Nous en avons déjà parlé, ces exigences sont uniques au Québec. D’ailleurs, l’école et la plupart des enfants ont simplement déménagé en Ontario (d’autres au Nouveau-Brunswick).
Toutefois, devant la menace de poursuites judiciaires si la communauté rouvrait l'école cette année, les membres ont affirmé qu'ils déménageaient en Ontario,
À nouveau, la travail bâclé de la journaliste apparaît au grand jour, elle qui n’a pas vérifié ses infos :
  1. les mennonites ont dit que les parents d’enfants scolarisés à l’école de Roxton Falls (note pour journalistes du Devoir : donc pas tous les membres, car tous ne sont pas dans ce cas-là) déménageraient avant la rentrée et la mise en action de la dimension « protectrice » de la DPJ.

  2. Tous ces parents ont déménagé (suffit d’un petit coup de fil au maire, au pasteur, une visite, etc.) à grands frais, car pour l’instant plusieurs ont encore leur ferme à Roxton Falls et louent en sus des appartements dans d’autres provinces.
où le gouvernement est moins strict.
Non, plus tolérant et moins obnubilé dans sa volonté d’imposer un monopole inutile, intolérant et néfaste.

Notez qu'il est paradoxal de voir tout à coup ces grands libertaires du Devoir qui ne condamnent ni les « identités sexuelles floues », ni les mariages homosexuels, ni l'usage de drogues récréatives soient subitement en faveur de mesures strictes ! Bien sûr il s’agit ici de lutter contre l’infâme comme aurait dit Voltaire : la religion.

Entre-temps, ce genre de dogmatisme a fait fuir des citoyens modèles de Roxton Falls comme le regrettent les habitants de ce village. Et cela dans une région qui commence à manquer de bras ! Bravo MM. les fonctionnaires de Québec qui serrez subitement et à mauvais escient la vis !

On serre même la vis dans les garderies...

Ça se passe au Québec en 2007 
Une mère est choquée : un garderie fortement subventionnée par l'État a refusé que sa fille de 4 ans réalise un bricolage de l’Oratoire St-Joseph parce qu’il s’agit d’un monument religieux.

Chaque enfant devait réaliser et présenter le bricolage d’un monument de son choix. Y ayant passé du temps avec sa famille, l’Oratoire Saint-Joseph est un endroit qu’affectionne la fillette. Pour la mère, Mylène Forget, il s’agissait aussi d’un bricolage facile et intéressant à réaliser. Devant le refus de la garderie subventionnée, elle décide de ne pas réagir.

Pour Mylène Forget, l’Oratoire est un monument religieux, certes, mais il s’agit aussi d’un monument historique et culturel visité par des millions de visiteurs de toutes nationalités et religions. Elle se questionne : « A-t-on encore le droit de dessiner le Taj Mahal ou les Pyramides ? Le Mont Royal avec sa croix ? Notre culture doit-elle être mise de côté au nom de la tolérance ? » Elle se demande aussi : « Si un enfant désire dessiner une église ou une synagogue, n’est-ce pas de la censure que de l’en empêcher ? »
Quos vult perdere, Jupiter prius dementat.

Source : TVA

mardi 25 septembre 2007

France – La guerre des manuels sous la IIIe République

L’historien Jacques Dupâquier, membre de l’Académie des sciences morales et politiques, donne une communication sur la manière dont les manuels d’histoire, destinés à l’école primaire de la IIIe République, présentent l’Ancien régime. Il évoque les ouvrages de Paul Bert et ceux de Gustave Hervé, mais bien d’autres puisqu’il a consulté environ 80 ouvrages scolaires de l’époque.

Il rappelle les « guerres des manuels », la première dans les années 1880, et la seconde après la loi de Séparation alors que les esprits étaient encore très échauffés, dans les années 1908.

Heureusement, le Québec ne connaît pas ces polémiques et ces guerres de manuels puisque tout y est décidé par des experts éminemment neutres. Ô ! heureux pays boréal pacifique où règne le monopole du programme scolaire !

M. Dupâquier compare les récits qui précèdent l’école de Jules Ferry avec ceux qui suivirent l’expulsion des congrégations enseignantes en 1905. Il revient sur la propagande républicaine et illustre avec brio combien la caricature était grossière. La science historique est sommée de s'effacer devant l'idéologie républicaine.

Écoutez la conférence [53 minutes].

Mais laissons parler M. Dupâquier :
Plantons quelques repères chronologiques :
—  février 1880 : réforme du Conseil Supérieur de l’Instruction publique.
—  mars 1880 : bataille de l’article 7, qui se termine par l’expulsion des congrégations enseignantes non autorisées.
—  juin 1881 : gratuité de l’enseignement primaire.
—  mars 1882 : obligation scolaire et laïcité des programmes, avec exclusion des devoirs envers Dieu. Tout ceci dans un temps très court, qui se termine par la première bataille des manuels.

Jusqu’à cette date, les manuels en usage à l’école primaire étaient brefs, ternes et honnêtes. Ils s’efforçaient de comprimer l’histoire dans un cadre chronologique aussi précis que possible. Guerres et dynasties s’y succédaient d’année en année. Le contexte économique et social y était presque totalement ignoré.

Écrivains, philosophes et artistes n’apparaissaient qu’épisodiquement. Ils tenaient bien moins de place que les rois et les généraux. Cependant, après l’introduction de l’histoire comme matière obligatoire à l’école primaire (1867), les auteurs s’étaient efforcés d’adapter à un tout jeune public les recettes qui avaient fait leurs preuves dans les collèges et les lycées.

Avec le manuel que publie en 1876 Ernest Lavisse, fils spirituel de Victor Duruy et ancien précepteur du prince impérial, l’horizon s’élargit : à la faveur de récits très vivants, les paysans de l’Ancien Régime font une entrée discrète dans l’Histoire. L’hiver de 1709, par exemple, est décrit concrètement, sans jugement de valeur sur Louis XIV. Même lorsqu’il aborde des sujets plus politiques, tels que les droits féodaux, Lavisse ne se départit pas d’une certaine objectivité : les scrupules de l’historien l’emportent sur la flamme républicaine ; il cherche à expliquer, non à stigmatiser : « Au Moyen Age, le seigneur était le défenseur et le juge du paysan, dont la cabane était bâtie au pied de son château : il était juste que, dans ce temps-là, le paysan payât les services qu’il recevait de son seigneur. Il les payait en argent ou en travail : ce travail s’appelait la corvée. Mais, du temps de Louis XV, les seigneurs ne défendaient plus le paysan ; ils ne lui rendaient plus la justice ; ils ne résidaient même pas sur leurs terres. Les paysans supportaient donc impatiemment les droits féodaux ».

Quatre ans plus tard s’ouvrait la grande querelle scolaire. Les scrupules et les honnêtetés de l’historien allaient être balayés par l’idéologie progressiste, grâce à l’introduction de l’instruction civique dans les programmes, en vertu de la loi du 28 mars 1882.
Cette grande querelle scolaire débute avec les manuels de Steeg et de Paul Bert. Deux exemples de caricature d'autant plus choquants que leurs rédacteurs... n'étaient pas historiens.
Le manuel de Steeg dresse un tableau saisissant de la France à la veille de la Révolution : « Depuis des siècles, la France gémissait sous le joug des rois et des seigneurs. Ils étaient les maîtres, et le peuple n’avait aucun droit ; il travaillait pour eux, il payait toutes leurs dépenses, il était foulé aux pieds, et souvent il mourait de faim. On disait de lui qu’il était taillable et corvéable à merci, c’est-à-dire que ses maîtres pouvaient lui imposer, à leur volonté, toutes les corvées et toutes les contributions imaginables, qu’on appelait la taille, le cens, la gabelle, la dîme, etc. Quand il ne voulait pas travailler pour les seigneurs, on le battait, on le jetait en prison. Quand il ne pouvait plus payer les lourds impôts qui l’écrasaient, on vendait la maison, les outils, et on jetait les pauvres gens dehors, dans les bois où ils se nourrissaient d’herbe. Soumis à tous les caprices de ses maîtres, le peuple ne jouissait d’aucune liberté, il ne pouvait ni suivre la religion qui lui convenait, ni diriger les affaires de sa ville ou de son village, ni exercer les métiers qu’il lui convenait ».
ou encore (chez Paul Bert qui n'avait aucune formation d'historien)
L’auteur y développe l’exemple d’un village imaginaire qui aurait eu pour seigneurs l’abbé de Saint-Gildas et le baron de Saint-Yrieix : « Là-haut était le couvent, habité par six moines qui passaient leur vie à prier, à se promener, à surveiller les travaux de leurs serfs, à recevoir les produits et redevances. Monsieur l’abbé, lui, ne venait pas souvent ; il était à Versailles à s’amuser avec son frère le baron. Les moines avaient bien plus qu’il ne leur en fallait pour vivre ; aussi étaient-ils aussi gros et gras que leurs paysans étaient décharnés...
Au plus haut niveau de l'État, le mensonge volontaire est loué. Jules Ferry affirme ainsi qu'il n'y a pas de neutralité politique dans l'enseignement :
En revanche, sur la vision manichéenne de l’Histoire, opposant l’Ancien Régime à la France contemporaine issue de la Révolution, Jules Ferry reste intransigeant : « Messieurs, dit-il au duc de Broglie, nous avons promis la neutralité religieuse, nous n’avons pas promis la neutralité philosophique, non plus que la neutralité politique ».

Dès lors, encouragés par l’engagement du ministre, la plupart des auteurs de manuels s’engouffrent dans la brèche : ils mettent l’Histoire au service de l’instruction civique, et celle-ci est conçue comme l’exaltation de l’œuvre de la Révolution : jadis tout était noir, aujourd’hui tout est rose. Autrement dit, en 1789, on serait passé de la nuit au jour, de l’ombre à la lumière.

Il s’agit, écrivent deux auteurs à succès, J. Guiot et F. Mane, dont le manuel sera tiré à 600 000 exemplaires, « de faire des élèves des hommes de progrès, de bons et sincères républicains, d’excellents Français, qui seront convaincus de la grandeur de l’œuvre accomplie par la Révolution française et continuée par la Troisième République. Leur objectif n’est pas de faire comprendre, mais de faire bien penser ». Deux autres auteurs, Gauthier et Deschamps le disent explicitement dans la présentation de leur manuel : « Des idées, des jugements fournis aux élèves dans la leçon aussi bien que dans les exercices d’intelligence et de réflexion qui accompagnent la leçon, font de l’Histoire autre chose qu’un entassement de dates et de noms, oubliés aussitôt qu’appris ; ils en font un livre qui apprend à bien penser et à bien juger ».
« Bien penser », plutôt que comprendre. C'est le but de l'instruction civique qui déborde sur l'histoire.
Ainsi s’annonce une seconde querelle des manuels. En attendant triomphe encore le Catéchisme républicain. Il s’agit, écrivent deux auteurs à succès, J. Guiot et F. Mane, « de faire des élèves des hommes de progrès, de bons et sincères républicains, d’excellents Français, qui seront convaincus de la grandeur de l’œuvre accomplie par la Révolution française et continuée par la Troisième République. Leur objectif n’est pas de faire comprendre, mais de faire bien penser ». Deux autres auteurs, Gauthier et Deschamps le disent explicitement dans la présentation de leur manuel : « Des idées, des jugements fournis aux élèves dans la leçon aussi bien que dans les exercices d’intelligence et de réflexion qui accompagnent la leçon, font de l’Histoire autre chose qu’un entassement de dates et de noms, oubliés aussitôt qu’appris ; ils en font un livre qui apprend à bien penser et à bien juger ».
Pour conclure, M. Dupâquier signale que :
Des débats, il ressort [en 1909] cependant que de nombreux manuels laïques avaient passé la mesure. Des modérés s’inquiètent. Ferdinand Buisson suggère de constituer une commission de spécialistes pour examiner et amender les manuels. Aristide Briand, président du Conseil, accorde aux parents le droit de formuler des remarques sur les manuels qui choqueraient leur convictions morales et religieuses. En revanche, il refuse de les associer au choix des manuels qui restera du ressort des enseignants et des recteurs.

Or, cent ans après, avec le recul nécessaire, il nous apparaît que la ligne de front passait en réalité, non entre la droite et la gauche, mais en plein milieu du camp laïque, opposant une poignée d’enseignants pacifistes – parfois anarcho-syndicalistes – à la grande masse des instituteurs, qui n’avaient pas toujours reconnu la ligne invisible qui séparait patriotisme et nationalisme. L’« École sans Dieu » avait un dieu : la patrie, et elle était bien loin d’avoir perdu ses fidèles.
La conférence disponible ici en texte intégral.

Écoutez la conférence [53 minutes].

Le débat qui eut lieu après cette conférence est consigné ici.

Début de la sagesse ?

Le chroniqueur du journal de Montréal, M. Richard Martineau, n'est pas content :
On est un drôle de peuple, non? On parle d'enlever les cours de religion des écoles, et tout le monde pogne les nerfs. « Ne touchez pas à mon crucifix !» « Ne démantelez pas la croix du mont Royal, ça fait partie de notre patrimoine! »

Mais quand on annonce qu'on va retirer les cours d'économie des institutions scolaires, personne ne lève le p'tit doigt.

Vous avez lu la nouvelle, hier? À partir de 2009, le cours d'éducation à la vie économique va disparaître des écoles québécoises. On va le remplacer par un cours fourre-tout (au titre pompeux de « Monde contemporain »), qui va fusionner l'histoire, la géographie, l'économie, l'écologie et la politique.

Pourquoi ne pas ajouter la physique nucléaire, la botanique et la microchirurgie, tant qu'à faire ?

Le peuple québécois est l'un des peuples les plus endettés au monde, on «crinque» nos cartes de crédit au maximum, on ne sait pas faire un budget, la majorité des Québécois croient que la meilleure façon de faire fructifier leur avoir est d'ouvrir un compte épargne à la caisse pop, mais ça ne fait rien, on va tirer la plogue sur les cours d'économie.

« Il faut faire des choix, a expliqué Catherine Dupont, directrice des programmes au ministère de l'Éducation. L'éducation économique peut se faire à la maison... »
C'est exactement ce qu'on répond aussi aux parents qui pensent que la religion est une partie importante de l’éducation de leurs enfants et que leurs impôts devraient servir en partie à transmettre ces valeurs.

Corolaire d'actualité : et si on favorisait l'enseignement de l'économie à l'école et qu'on faisait en sorte que le cours d'éthique et de culture soit enseigné à la maison ? En quoi ce cours « mou » et controversé de relativisme religieux est-il plus important que l'enseignement de l'économie ?
Par qui, madame ? Des parents qui s'endettent jusqu'au cou pour s'acheter un écran plasma de 62 pouces ?

Des gens qui se servent des pages Affaires des quotidiens pour allumer leur foyer à combustion lente ?

Les Québécois ne connaissent strictement rien à l'économie, et on va leur proposer un cours qui explorera divers thèmes comme « le mouvement des populations » et « la gouvernance mondiale » ?

Bravo, mesdames et messieurs les pédagogues ! C'est ce qu'on appelle avoir le sens des priorités...

Pourquoi ne pas remplacer les cours de français par un cours qui explorera l'origine des mots et le mouvement des accents ?
M. Martineau a toute notre sympathie, on peut en effet comprendre sa frustration de voir disparaître un cours qu'il considère comme important.

Mais ne voit-il pas que le problème naît de la centralisation de l'éducation et de l'idée que toutes les écoles (mêmes privées non subventionnées) doivent suivre le programme établi par des « experts » qui, eux, savent ce qui est bon pour tous ?

On aurait pu croire que le ridicule qui a entouré le fiasco du « bulletin scolaire unique » décidé par une ministre aurait vacciné les parents comme M. Martineau. Faut-il rappeler les critiques acerbes de professeurs à l'encontre du Renouveau pédagogique dénoncé dans un ouvrage comme Le Grand Mensonge de l'éducation ? Que ces professeurs aient raison ou non est relativement secondaire (mais, quand on voit les résultats médiocres des élèves québécois, il y a fort à parier qu'ils n'ont pas entièrement tort). C'est la centralisation et le monopole qui doivent être combattus : ils sont inefficaces par leur nature, ils privent les parents d'un légitime choix (y compris dans des matières très sensibles comme la religion ou la morale) et, quand une erreur est effectuée (la suppression d'un cours, l'imposition d'un autre, la généralisation d'une mode pédagogique), l'erreur s'étend à toutes les écoles, même le plus souvent aux écoles dites « privées », car seules les écoles privées qui rajouteront assez de cours complémentaires pourraient rattraper la sauce gâtée par les maîtres queux gouvernementaux !

Une fois de plus, le monopole défavorisera ceux qui n'ont pas le choix, ceux qui ne pourront se payer une école privée qui corrigerait les errements du Monopole par un supplément — supplément car le programme du Monopole est obligatoire pour tous au Québec — coûteux en temps et en argent.

Les parents ne peuvent probablement pas enseigner toutes les matières, M. Martineau, mais ils devraient pouvoir choisir quels cours leurs enfants devraient suivre et quelle école ou qui les leur enseignerait. Ce n'est pas le cas au Québec en 2007...

Il faut procéder à la séparation de l’État et de l’école !

Méthodes d'apprentissage de la lecture

Émission de Lumière101.com sur les méthodes d'apprentissage de la lecture.

Jean-Luc de Carbuccia reçoit le docteur Ghislaine Wettstein-Badour à propos des différentes méthodes d’apprentissage de la lecture : « globale », « semi-globale » et « alphabétique ».

Écoutez l'entretien [57 minutes].

Matériel connexe :

— Le rapport du Haut Conseil de l’Éducation français sur l’école primaire indiquant que 4 écoliers sur dix quittent le primaire sans savoir lire.

— Livre : Lettre aux parents des futurs illettrés

La méthode « Fransya »

  1. Informations et témoignages sur les méthodes de lecture
  2. Pour les travaux de recherche appliquée

dimanche 23 septembre 2007

La tolérance universitaire...

Extraits d’un article du 4 septembre du FORUM, le journal de l’Université de Montréal :
Le 22 aout dernier, Keith Wedel, porte-parole des mennonites de Roxton Falls, en Estrie, fait paraitre dans La Voix de l’Est une lettre dans laquelle il explique que plusieurs membres de sa communauté s’apprêtent à déménager « à cause des lois du Québec sur l’éducation ». Il fait référence à une note du ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport datée de juin 2007 enjoignant leur école primaire de se conformer aux programmes scolaires en vigueur, sans quoi son permis serait révoqué.
Ce n’est déjà que la moitié des faits : « de se conformer aux lois et règlements ». En effet, la principale pierre d’achoppement, pour l’instant, n’est pas le programme que veut imposer le Ministère, mais les qualifications requises pour enseigner au Québec.
Le principal litige vient du fait que la petite communauté d’une cinquantaine de personnes refuse d’enseigner à ses enfants la théorie de l’évolution des espèces (darwinisme) et n’accepte que la doctrine de la création, voulant que les êtres vivants, le ciel et la terre aient été créés par Dieu (créationnisme).
Pas du tout. D’une part, comme on l’a vu ce n’est pas le principal litige (il semble que cette légende soit issue d’une dépêche sensationnaliste de l’AFP reprise sans discrimination par des journaux comme le Devoir), d’autre part, le créationnisme à la limite ne s’oppose pas à l’évolution des espèces, car on peut croire que Dieu a créé les êtres vivants, le Ciel et la Terre et penser que ces êtres vivants peuvent évoluer. [Voir l’article de Wikipédia : « Le créationnisme - au sens large - est la thèse selon laquelle la Terre, et par extension l'Univers, a été créée par un être supérieur, c'est-à-dire un Dieu. Il constitue une croyance des trois principales religions monothéistes (judaïsme, christianisme et islam). »]
Dans quelle mesure les écoles peuvent-elles s’éloigner des programmes adoptés et mis à jour par le ministère et comment faut-il traiter les récalcitrants ? Nous avons posé la question à Jean-Pierre Proulx et Claude Lessard, professeurs à la Faculté des sciences de l’éducation, et à Guy Durand, professeur émérite de la Faculté de théologie et de sciences des religions et auteur d’un ouvrage récent intitulé L’école privée: pour ou contre? (Les Éditions Voix parallèles).

Question très intéressante et nous tenterons dans un prochain billet de fournir une réponse libérale et tolérante à cette question.
« La responsabilité première du ministère est d’assurer la qualité de l’éducation au Québec. On imagine mal que le darwinisme puisse être ignoré dans l’enseignement des sciences », commente M. Proulx. À son avis, le ministère a bien agi en menaçant de fermer l’école mennonite.
Il s’agit du même M. Proulx qui défend le programme unique d’éthique et de culture religieuse qui va remplacer la diversité de programmes de morale et de religion. Imposition qui se fera dans toutes les écoles du Québec, primaires et secondaires, publiques, privées et même confessionnelles ! Dans le cas des mennonites, M. Proulx semble une nouvelle fois être contre le choix et lui préfère l'imposition d'un seul programme « de qualité » décidé par des fonctionnaires et des universitaires comme lui.

Notons au passage que le ministère n’a pas tant menacé de fermer une école, il l’a fait fermer, mais qu'il a menacé les parents d’actions judiciaires par l'entremise des services de Direction de la « protection » de la jeunesse s’ils ne se soumettaient pas. Menace contre des parents et des enfants, pas contre une entité abstraite.

Quant au fond : si on peut considérer – à notre avis en partie à tort, nous y reviendrons – que l’État doit garantir la qualité de l’enseignement, on peut se demander si la priorité en termes de qualité d’éducation aujourd’hui au Québec est de pourchasser les mennonites conservateurs (une cinquantaine de personnes !) ou de s’assurer que tous les jeunes gens qui passent par les écoles du Monopole puissent lire correctement et ne plus avoir 30 % de jeunes Québécois qui ne peuvent pas comprendre le sens d'un paragraphe.
On imagine mal que le darwinisme puisse être ignoré dans l’enseignement des sciences
Oui, mais l’enseignement principal concernant la théorie darwinienne se fait dans un cours (biologie 534) qui est en réalité optionnel, même dans les écoles publiques québécoises, car il est surtout destiné aux étudiants des sciences. Notez que ce cours est pour le moins dépourvu d'esprit critique, voir une analyse de celui-ci par des créationnistes. On a déjà signalé par ailleurs des critiques relatives à la théorie de Darwin publiées dans La Recherche et dans un livre du docteur Georges Torris Le mystère de l'évolution : Repenser l'évolution et l'hominisation, le manuel approuvé (et donc imposé puisque nous sommes au Québec) par le Ministère de l'Éducation ne semble pas répondre aux difficultés soulevées dans ce type d'ouvrages et d'articles.

La nature optionnelle de l'enseignement de la théorie de Darwin a été signalée aux mennonites lors d’une rencontre il y a quelques semaines avec des responsables du Monopole. Lors de cette rencontre, on leur aurait dit qu'il semblerait y avoir un malentendu et qu'ils n’étaient pas obligés d’enseigner le darwinisme. La question devient alors : peut-on toutefois enseigner la biologie sans aborder ce qui n’est après tout qu’une théorie scientifique et se concentrer à l'école — on ne parle pas ici d'un enseignement universitaire — sur des aspects plus terre-à-terre de la science ? Est-ce vraiment si dur à supporter ?

On comprend que M. Proulx aime l’idée d’unicité de programme, d'obligation de le suivre et approuve les menaces faites à l'encontre des « originaux » qui pensaient pouvoir jouir de la même liberté au Québec qu'ailleurs au Canada, mais on ne comprend pas la raison de son enthousiasme à applaudir l'État dans le cas des mennonites puisque de toute façon cette matière est optionnelle !
Guy Durand se montre embêté par notre question. « Les écoles privées suivent généralement le programme établi par le ministère, en ajoutant des éléments qui leur paraissent importants. Par exemple, les groupes religieux feront l’étude de la Bible, du Coran ou de la Torah. Toutefois, pour être subventionnées, elles doivent recevoir la visite d’évaluateurs. »
Les mennonites ne demandent aucune subvention...
Dans le cas des écoles privées qui ne reçoivent aucune subvention gouvernementale (moins de 10 % d’entre elles, estime l’auteur), la question est plus délicate. « Avons-nous, collectivement, le devoir d’intervenir si l’intégrité psychologique des enfants est menacée ?
Euh... Et comment jugez-vous de cette menace à l’intégrité psychologique...? Toutes les religions ne sont-elles pas des drogues pour de nombreuses personnes au Québec ? Dans cette perspective, toute interprétation mystique ne menace-t-elle pas l’intégrité psychologique des enfants et la moindre évocation dans ce sens ne devrait-elle pas déclencher l'intervention de fonctionnaires — qui est ce « collectivement » ? — pour protéger les enfants ? Et pourquoi uniquement à l'école si c'est si grave ?
Je dirais que oui. Mais pas à n’importe quel prix », répond-il. Le fait de tenir les enfants à l’écart du darwinisme « n’est pas si grave que ça », car ils auront bien l’occasion de le découvrir tôt ou tard.
C’est assez juste. Mais l’idée même que l’État et ses « experts » puissent intervenir comme bon leur semble devrait faire frémir les gens épris de libertés religieuse et philosophique.
« Il y a une certaine autonomie dans l’application des programmes, mais à l’intérieur de balises bien définies », explique M. Lessard. Au cours de ses recherches, l’ancien doyen de la Faculté a noté que les enseignants jouissent d’une grande liberté dans leur classe. En histoire, par exemple, certains consacrent plus d’heures que d’autres aux évènements marquants du 19e siècle ou de la période préhistorique; d’autres favorisent le cours magistral ou les nouvelles technologies de l’information. Cependant, tout cela se fait en respectant le programme ministériel (le « curriculum ») en vue de l’examen final. M. Lessard n’aurait pas d’objection à ce que le créationnisme soit présenté comme un courant idéologique à l’intérieur d’un cours sur l’éducation à la citoyenneté ou en enseignement moral et religieux. « Le problème, ici, c’est de présenter le créationnisme comme une théorie scientifique. C’est inacceptable. »
Euh... M. Lessard sait-il si les mennonites prétendaient que le créationnisme est une théorie scientifique ?
Depuis les années 60, la Loi sur l’instruction publique rend la fréquentation de l’école obligatoire pour tous, rappelle M. Proulx. Certains enfants sont soustraits à cette obligation par la volonté des parents. Le prix à payer est parfois élevé, car leur formation ne sera pas reconnue par le réseau scolaire. On sait qu’environ 2000 enfants fréquentent actuellement des « écoles clandestines ». Ils sont juridiquement hors la loi.
On peut comprendre qu’un professeur à la Faculté des sciences de l’éducation n’aime pas que des parents ne paient pas hommage au diplôme du Monopole, mais les mennonites ne souffrent pas – tant s'en faut – de cette absence de diplôme : ils sont des citoyens très tôt autonomes, industrieux et honnêtes et qui ne connaissent pratiquement pas le chômage. Eh ! non, un diplôme (surtout à 16 ou 17 ans !) estampillé par le Monopole ne signifie pas nécessairement qu'on ait affaire à un candidat travailleur, consciencieux, habile ou même doué en affaires.

On nous apprend, incidemment, que plusieurs mennonites de Roxton Falls ont passé en une journée leur diplôme de secondaire V après leur arrivée au Québec pour pouvoir avoir accès à des professions réglementées (autres spécialités du Québec).
Pour leur part, grâce à leur foi, les mennonites n’ont pas déclaré forfait. « Si un miracle se produit et que nous obtenons la permission d’ouvrir notre école cet automne, nous n’allons pas déménager mais, avec joie, [nous allons] rester ici », écrit M. Wedel.
Croire que des professeurs comme M. Proulx puissent imaginer un autre salut que le programme unique approuvé par le Monopole et le diplôme du Monopole tient en effet du miracle.

Et c'est une journaliste chevronnée...

Nous avons déjà relevé ici les propos sensationnalistes de certains journalistes qui se braquent sur un trait secondaire, la partialité d’un reporter, et la déformation des propos par un autre, voici qu’une journaliste chevronnée comme Josée Legault, dans un de ses derniers articles parus dans la Gazette, ne parvient pas à échapper aux raccourcis désolants qui semblent frapper la gent journalistique dès qu'elle parle de religion et d’école. J’en veux pour preuve ses quelques lignes sur la Coalition pour la liberté en éducation (CLÉ) :
Witness the Roman Catholic coalition of Quebec parents. It is demanding the axing of a new school course in 2008 that will replace religious or moral classes with a class on religious culture and ethics. The course will study Christian and aboriginal faiths, Judaism, Islam, Buddhism and Hinduism.

The coalition wants parents to decide which single religion is to be taught to their children in state-funded school.
Quelques phrases et presque autant d’erreurs ou d'imprécisions. Passons en revue ces quelques lignes, l'une après l'autre :
Witness the Roman Catholic coalition of Quebec parents.
La coalition n’est pas catholique, mais constituée principalement de catholiques (eh ! oui, nous sommes au Québec), mais elle comprend des membres protestants et se veut multiconfessionnelle. Il existe bien une Association des parents catholiques du Québec, mais elle ne correspond justement pas à la Coalition récemment annoncée. Mme Josée Legault devrait lire le journal dans lequel elle écrit : Free choice urged on religious schooling.
It is demanding the axing of a new school course in 2008 that will replace religious or moral classes with a class on religious culture and ethics.
C’est faux, elle ne veut pas sa suppression, mais demande à ce qu’il soit optionnel et non plus obligatoire. Madame Legault est-elle partisane du leitmotiv en matière d’éducation au Québec : « obligatoire » ?
The course will study Christian and aboriginal faiths, Judaism, Islam, Buddhism and Hinduism.
Madame Legault omet de dire, étrangement, que ce cours se penchera aussi sur l’athéisme, l’idée de la mort de Dieu et les nouveaux mouvements religieux.
The coalition wants parents to decide which single religion is to be taught to their children in state-funded school.
Notons que le « state-funded » comprend les écoles confessionnelles partiellement subventionnées. D’une part, il nous semble normal que les écoles catholiques, juives ou protestantes enseignent d’abord la confession qui les distingue et non un cours de relativisme sociologique sur les religions. Cela semble choquer Mme Legault qui prétexte des subventions consenties à ces écoles pour vouloir imposer à tous le même programme d'éthique et de culture religieuse. Mais ces parents qui envoient leurs enfants aux écoles confessionnelles s'acquittent déjà de leurs impôts et taxes qui financent en partie les écoles publiques auxquelles ils n'envoient pas leurs enfants et ils paient un supplément pour avoir le choix d'envoyer leurs enfants dans des écoles confessionnelles (alors qu'on prétend qu'il y a liberté de religion, mais qu'on la décourage en faisant payer plus pour pouvoir l'exercer dans le domaine crucial de l'instruction). D’autre part, toutes les écoles québécoises – même les écoles non subventionnées – doivent « normalement » (enfin, si on peut dire) respecter le programme intégral décidé par les fonctionnaires du Monopole. Donc, même ces écoles non subventionnées devront enseigner ce programme, bien qu’il soit peu probable qu’elles le fassent avec zèle en classe, ce qui poussera peut-être le Monopole à fermer les yeux dans un premier temps.

jeudi 20 septembre 2007

Plus de quinze ans de tractations pour un permis provisoire de deux ans...

On se rappellera qu’il y a un an un membre salarié du Monopole de l’Éducation du Québec, Pierre Daoust, directeur général de la Commission scolaire au Cœur-des-Vallées, avait dénoncé une école évangélique de l’Outaouais parce qu’elle n’aurait enseigné ni l’éducation sexuelle ni la théorie de l’évolution. Cette dénonciation suivie par d’autres, après un appel du Monopole « au signalement », fit grand bruit à l’époque.

On apprit assez vite que lesdites écoles enseignaient bien la théorie de l’évolution, mais se permettaient de signaler également ses failles[1]. Notons que certains scientifiques l’ont également fait et cela jusqu’à dans la prestigieuse revue de vulgarisation française La Recherche. Apparemment, le programme officiel du Monopole ne s’étend pas sur les failles et les difficultés liées à la théorie darwinienne. À ce sujet, afin de favoriser l'ouverture d'esprit, le Monopole de l'Éducation va-t-il inviter ses élèves à aller voir le film Expelled ?

Voilà plus de quinze ans que Me Claude Grant représente les écoles évangéliques du Québec et fait un travail de coulisses pour qu’elles ne soient plus considérées « illégales » par Québec. À la suite d’une campagne médiatique dénonçant les écoles dites « clandestines » l’année passée, Québec décida de ne plus tolérer cet état de fait et força les écoles évangéliques à « négocier » avec le Monopole.

Au cours de ces négociations, le Ministère de l’Éducation a exigé la modification du programme scolaire suivi par ces écoles. Ce programme, l’ACE (Accelerated Christian Education), a été enseigné par le ministre fédéral Stockwell Day alors qu’il était encore professeur en Alberta. Québec a demandé que ce programme soit modifié : les écoles évangéliques doivent augmenter l’interaction sociale entre les étudiants (davantage de discussions de groupe par exemple) et améliorer l’éducation artistique dans le sens voulu par le Ministère. Contrairement à l’école mennonite interdite au Québec (mais autorisée ailleurs en Amérique du Nord et plus particulièrement en Ontario et en Saskatchewan), les écoles évangéliques emploient des professeurs diplômés par Québec.

Il y a quelques semaines, peu avant la rentrée, le gouvernement a indiqué qu’il allait accorder un permis temporaire de deux ans aux écoles primaires évangéliques, mais qu’il interdisait ses écoles secondaires qui regrouperaient environ 200 élèves. Plus de quinze ans de jeux de coulisses et de négociations, pour ça ! On a l’impression que le Monopole cherche à épuiser ses concurrents. Aucune nouvelle dans les « gros médias ».

Qu’est-ce qui justifie cet acharnement ?

Comment expliquer ces tractations en coulisses depuis près de quinze ans et ces négociations sous la menace d’une interdiction imminente depuis un an ? Quelles menaces représentent ces écoles et leurs élèves ? Ces écoles produisent-elles 30 % de jeunes adultes qui ne peuvent comprendre un paragraphe comme les écoles publiques ? Quarante pour cent de garçons décrocheurs, comme ceux issus des écoles « légales » de Montréal ? Quarante pour cent des élèves des écoles secondaires évangéliques se droguent-ils — même occasionnellement — comme c’est le cas de ceux qui suivent le programme approuvé par le Monopole de l’Éducation ? Ces écoles évangéliques sont-elles la proie de violences fréquentes de la part d’élèves comme c’est le cas dans des écoles « légales » ?

Comment le gouvernement du Québec peut-il justifier ces vexations qui touchent de plus en plus les écoles confessionnelles du Québec qui ne suivent pas le programme centralisé ? Québec ne voit-il aucune autre priorité dans le domaine de l’instruction ? Quelle raison pousse le gouvernement à laisser le Monopole étendre son emprise tatillonne à toutes les écoles du Québec ? Pourquoi ne peut-il pas concevoir une liberté scolaire plus grande pour mettre fin à un système d’accréditation procédurier qui, dans les faits, brime inutilement des gens honnêtes et consciencieux ? Vexations qui font fuir des citoyens modèles comme les mennonites ce qui a mérité au Québec une place au palmarès des pays où les libertés religieuses sont menacées selon le Becket Fund, organisme proche de l’ONU. Pourquoi ces tracas constants, alors que ces écoles et leurs élèves ne posent pas de difficultés ailleurs au Canada ?

Pourquoi ne pas limiter les interventions de l’État aux seuls cas où il y a maltraitance physique, persécution morale ou absence patente de scolarisation et ne plus poursuivre les écoles confessionnelles en voulant les forcer à utiliser le programme officiel intégral, car trop souvent on a l’impression que l’État cherche par là à imposer un point de vue philosophique ou des préférences pédagogiques subjectives sans réellement viser à obtenir de meilleurs résultats scolaires « scientifiques » ?

[1] Exemple de critique du manuel de biologie approuvé par le Ministère par des créationnistes québécois  http://www.creationinfo.com/Biologie534.pdf. Ce carnet ne promeut aucune opinion en la matière, il défend en revanche le droit d'enseigner la théorie de Darwin, la théorie créationnisme ainsi que le droit pour les parents de décider si on doit enseigner une de ces théories ou les deux à la fois à leurs enfants.

mardi 18 septembre 2007

Michel de Poncins : privatiser l'instruction

Nous reproduisons ci-dessous un large extrait d'un article de Michel de Poncins sur la nécessité de privatiser l'instruction.

La privatisation de l'enseignement au Québec ne permettrait-elle pas d'éviter les querelles stériles que suscitent actuellement les programmes imposés à toutes les écoles par des fonctionnaires non élus ? Ne rendrait-elle pas inutiles tant de témoignages devant la commission Bouchard-Taylor ? Peut-être la tenue même de ces consultations ? N'éviterait-elle pas les protestations des parents qui se sentent privés de la liberté d'enseignement religieux et inquiets de voir que l’État imposera à leurs enfants des programmes à contenu philosophique qu'ils désapprouvent ? N'aurait-elle pas empêché la fuite des parents mennonites chassés du Québec par le ministère de l'Éducation qui disait les « accompagner », tout en les menaçant d’une possible action de la Direction de la « protection » de la jeunesse ?
Il est clair que dans le domaine de l’éducation la responsabilité et le devoir des parents sont primordiaux. C’est à eux, dans le droit naturel, que revient la tâche de choisir l’éducation de leurs enfants et de la diriger. Dans l’accomplissement de cette tâche, ils essaieront de transmettre le meilleur de ce qu’ils ont reçu de leurs propres parents, en l’améliorant si possible puisque chaque génération apporte ses progrès. Dans cet esprit, toute intervention de l’État est malvenue.

Cela n’empêche pas que les parents fassent appel à ce que l’on peut considérer comme des sous-traitants c’est-à-dire les entreprises d’éducation à la fois écoles, maisons d’édition, répétiteurs, etc. En bonne logique d’économie de marché et si la liberté souhaitable régnait dans ce domaine, il y aurait un grand nombre d’entreprises d’éducation concurrentes à la recherche permanente de la meilleure qualité.

A l’inverse, il est facile d’observer, dans de nombreux pays, la véritable catastrophe qu’engendre la nationalisation de l’éducation. La France est un exemple emblématique de cette calamité.

Le premier aspect est l’immensité de l’administration en question. Il est coutume de dire que le service public de l’éducation nationale est en quelque sorte la dernière armée soviétique du monde, avec 1 260 000 membres du personnel et 14 000 000 d’élèves; l’effectif du personnel comprend un administratif sur trois enseignants.

Toute personne habituée au management peut comprendre qu’un tel ensemble est par nature impossible à gouverner ; s’ajoutent inévitablement les syndicats embusqués partout et jouant les véritables maîtres du système parfaitement ingérable. L’immensité de l’ensemble interdit à la fois de vraiment innover et d’innover en outre suivant les besoins diversifiés du terrain. Cette même immensité oblige à gouverner par des nuées de règlementations absurdes et inopérantes au niveau de la base. À titre d’exemple un proviseur du lycée ne choisit ni ses enseignements, ni ses élèves ni ses professeurs, même si son autorité s’exerce au moins sur les locaux, les horaires et les femmes de ménage… . Autre exemple : le « mammouth » est passé jusqu’ici à coté de l’utilisation massive de l’informatique !

Le caractère étatiste conduit à des objectifs parfaitement chimériques. L’on peut citer pêle-mêle : la mixité dans les établissements, le collège unique soi-disant prévu pour réaliser l’égalité des chances et dont la vanité est bien connue, la quasi-suppression de l’émulation avec souvent la renonciation à une vraie notation.

Voulant assurer l’uniformité générale de l’éducation, autre objectif chimérique, l’administration a créé artificiellement la carte scolaire qui oblige chacun à inscrire ses enfants dans un établissement voisin de son domicile. Comme tout système artificiel, cette répartition absurde est tournée par les riches et les habiles, les pauvres et les non-informés restant les victimes.

Dans la course à la catastrophe, il ne manque pas la diffusion d’idées révolutionnaires. Sur l’économie en particulier l’enseignement est largement tourné vers le marxisme et sur le plan historique la vérité est largement occultée, avec l’aide des éditeurs.

L’effet à la fois de l’obésité du « mammouth » et de l’orientation quasi marxiste de l’éducation est surtout nuisible aux faibles et aux pauvres. Les riches ou tout au moins les plus favorisés trouvent des moyens latéraux pour éduquer leurs enfants comme ils l’entendent même s’ils n’y arrivent pas toujours. Les pauvres et les faibles sont évidemment démunis devant le mammouth et la production massive d’illettrés les touche particulièrement. Un million deux cent mille salariés, généralement de base, souffrent d’illettrisme ; les patrons se plaignent de ce que des cadres ne savent pas rédiger un rapport.

Cet état désolant de la prétendue éducation prétendue nationale en France se retrouve dans tous les pays où, même si le mammouth est moins imposant, il existe une large nationalisation de l’éducation : c’est le cas en partie aux États-Unis et malgré une plus grande atmosphère de liberté qu’en France.

Ne voulant pas réformer l’éducation malgré quelques coups de menton, le pouvoir en France refuse la seule vraie réforme qui serait sa privatisation c’est-à-dire la reconnaissance officielle du jeu de l’économie de marché dans l’éducation.

Tout le monde se souvient des grandes manifestations pour la liberté de l’enseignement il y a plusieurs années ; malgré une immense démonstration populaire et après avoir simulé un retrait, le pouvoir s’est attaché à bétonner le service public et laïc de l’éducation. La liberté de l’enseignement avec son corollaire le bon scolaire n’aurait pourtant été qu’un début. La vraie formule est la privatisation de l’éducation en commençant par la vente des universités à des capitaux privés ou à des associations et ensuite par la même opération au niveau des grands lycées.

La privatisation de quelque système que ce soit dans le libre jeu de l’économie de marché conduit à un progrès de la qualité et, dans le temps, à la réduction de moitié des coûts. La privatisation de l’enseignement en France conduirait à des dizaines de milliards d’euros d’économie avec enfin, grâce aux bienfaits de la concurrence, le retour du pays dans le peloton de tête des nations civilisées.

Le raisonnement étendu au monde entier conduirait à une forte progression du PIB mondial qui est presque impossible à mesurer.

En France tout au moins ce serait la vraie rupture dans un domaine essentiel.

Michel de Poncins
Nous reviendrons dans les semaines à venir sur un ouvrage québécois publié il y a quelques années qui préconisait également la privatisation de l'école au Québec : Le Monopole public de l'Éducation de Jean-Luc Migué et Richard Marceau. Les auteurs tentaient d'y démontrer que la suppression de la concurrence au profit des règles mises en place par des politiciens et des bureaucrates aboutit au nivellement par le bas de l’école. La comparaison qu’ils établissent longuement entre l’école privée et l’école publique n’est pas tant une « défence et illustration » de l’école privée, qu’un plaidoyer contre la centralisation.

lundi 17 septembre 2007

Fin du financement des écoles confessionnelles... en échange d'une véritable liberté scolaire ?

M. Lisée est contre les subventions accordées aux écoles confessionnelles — pas les écoles privées, mais les écoles religieuses — comme il le signalait dans un article récent de L'Actualité :
« dans ma proposition, aucune école confessionnelle ne sera financée par l’État – ni publique, ni privée – ni chrétienne, ni juive, ni musulmane. »
Mais comment justifie-t-il que les parents religieux qui voudront envoyer leurs enfants dans l'école de leur choix devront payer deux fois pour l'instruction de ceux-ci ? Une éducation religieuse pour de nombreux parents ne se limite pas à un cours de religion hebdomadaire à l'école laïque. M. Lisée semble donc recommander la discrimination contre les parents les plus croyants qui ne se contentent pas d'un cours religieux dans une école trop laïque à leur goût et qui envoient leurs enfants dans une école religieuse. Discrimination justifiée pour M. Lisée par l'expression des convictions religieuses de ces parents. Hum... Est-ce vraiment conforme aux chartes de droits et libertés, en commençant par celle du Québec ?

M. Lisée préconise-t-il, au moins, en échange de la fin de cette subvention que le Monopole de l'Éducation du Québec n'impose plus ses programmes – comme le très controversé renouveau pédagogique – à ces écoles qu'on prétend pour l'instant privées et qui ne recevraient plus de subventions ? Serait-il en faveur d'une véritable liberté scolaire une fois que ces écoles ne recevraient plus la part des taxes et impôts payés, notamment, par les parents d'élèves qui la fréquentent ? Serait-il d'accord qu'il faut enfin laisser en paix des gens comme les évangéliques qui négocient depuis près de 15 ans avec le Ministère de l'Éducation pour avoir le droit d'enseigner ce qui est permis ailleurs au Canada ? Préconise-t-il qu'on laisse enfin les mennonites conservateurs de Roxton Falls avoir leur école non subventionnée au Québec, seule province qui le leur interdit, et que cette liberté élémentaire ne soit plus soumise à l'orwellien « accompagnement » du ministère ?

Que propose donc M. Lisée en échange de cette double taxation des parents qui désirent envoyer leurs enfants à l'école de leur choix ? Double taxation au seul motif qu’ils sont croyants et veulent une éducation plus complète que le simple cours religieux que M. Lisée espère voir conserver à l’école publique ?

Denise Bombardier et les « valeurs québécoises »

Lors des réunions de la commission Bouchard-Taylor sur les accommodements culturels et religieux, on a souvent entendu parler des valeurs québécoises chaque fois qu'il s'agissait d'imposer la laïcité ou le laïcisme dans les écoles (même privées) au Québec.

Denise Bombardier revient le 13 septembre 2007 sur ces « valeurs québécoises » qui sont mortifères selon elle. « Les Québécois risquent aussi de disparaître », « c'est le fruit des dernières quarante années » car « on a fait sauter toutes les institutions reliées à la religion ». « Maintenant, on en est à faire sauter la cellule familiale ».

« On finance des vasectomies et des revasectomies, tout ça avec nos fonds publics. » « On paie des avortements » « jusqu'à 24 semaines » et dans un cas d'espèce une même femme a avorté « 23 fois ». « On finance les gens pour ne pas avoir d'enfants, alors qu'on a un problème de survie collective. » Tout cela alors qu'on n'aide pas les parents qui désirent avoir un enfant par fécondation in vitro.

« On s'en va dans l'obscurité, et on sait ce qu'est l'obscurité, l'obscurité c'est la mort. »

Faut-il vraiment enseigner ces valeurs qu'on a baptisées québécoises — était-ce pour nous y faire adhérer par un patriotisme mal placé ? — à nos enfants, dans nos écoles ? Sont-ce les mêmes valeurs auxquelles se référait l’ancien ministre de l’Éducation, M. Fournier, quand il déclarait en novembre 2006, devant l’Assemblée nationale : « combien il est important pour [ces enfants] de faire partie de la société, de connaître l'ensemble des valeurs de cette société-là et de les partager avec tout le monde » ?

Écoutez l'entretien.

[Article sur le documentaire de Julie Snyder auquel Mme Bombardier fait allusion. On y apprend qu'au Québec les gens qui ne veulent pas avoir d'enfants obtiennent gratuitement des ligatures de trompes, des avortements et des vasectomies. Le tout entièrement payé par les contribuables. L'ancien Premier ministre du Québec, Bernard Landry, souligne que le Québec a le plus haut taux de ligatures et d'avortements en Occident. En revanche, les gens qui veulent des enfants et qui connaissent des problèmes de fertilité doivent payer pour la fertilisation in vitro. Autour de 24 000 $. Comme s'il s'agissait d'un caprice que le gouvernement n'a pas à satisfaire.]

dimanche 16 septembre 2007

Jean-François Lisée contre l'imposition du nouveau programme d'éthique et de culture religieuse

Surprise lors du téléjournal de Radio Canada vendredi 14 septembre 2007.

Le célèbre politicologue québécois, Jean-Francois Lisée, y a expliqué – à partir de la 7e minute – une de ses propositions en matière d'accommodements : revenir sur l'imposition du programme d'éthique et de culture religieuse, rendre ce programme optionnel et permettre aux communautés religieuses d'enseigner leur religion à l'école publique pendant les heures d’enseignement prévues dans la grille scolaire.

Bref, laisser le choix à la majorité des parents qui choisissent encore actuellement le cours de religion plutôt que le cours de morale et ne pas leur imposer le programme pluraliste religieux et moral que le Ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport voudrait voir enseigner dès septembre 2008 dans toutes les écoles du Québec, écoles primaires et secondaires, publiques et « privées ».



On remarquera que Mme Céline Galipeau, habituellement calme, s'offusque visiblement des biens modestes propositions de M. Lisée  et lance un véhément « on s'est battu contre ça » — à plus d'une reprise — c'est ce qu'on appelle sans doute une journaliste objective et laïque...

Cette entrevue fait suite à une article récemment publié par M. Lisée sur le site de L'Actualité où M. Lisée déclarait :
« Nous voici pourtant à un point de rupture. Nos penseurs gouvernementaux viennent de mettre un terme à l’enseignement religieux à l’école. Votre fillette n’aura pas de préparation à sa première communion. Des laïcs lui enseigneront l’histoire du petit Jésus, mais aussi celle de Bouddha, Allah et Yahvée. Si on veut du pur jus, il faut les envoyer à la paroisse, le dimanche. Eh oh ! Il y a le soccer, la piscine et le hockey. Pas que ça à faire, la religion ! Lorsque les 75 % de parents (dont un bon nombre de religieux convaincus) qui ont choisi l’enseignement religieux s’en rendront compte, le tollé sera pire que celui du bulletin non chiffré.

L’aménagement de la religion de la majorité (chrétienne) à l’école est donc sur le point de passer à la trappe. Au même moment, le religieux des minorités entre dans nos institutions publiques par la porte des accommodements: kirpan admis à l'école par décision de la Cour suprême du Canada, demandes d'exemption de leçons de flûte à bec ou, pour de jeunes musulmanes, de cours natation mixtes. Qu’on ne se surprenne pas que cela cause des remous ! »

France – malaise d'une modératrice au bac

Géraldine, agrégée d’histoire, a eu une rentrée « calme, très calme » au lycée Lakanal de Sceaux, dans la banlieue sud de Paris, loin de la mobilisation de l’an dernier contre les décrets Robien qui rallongeaient le temps de travail et instauraient la bivalence. Quelques postes de surveillants ont bien disparu, mais ce n’est pas trop grave dans ce lycée réputé. « Non, ce qui m’inquiète, c’est le bac. Nous avons eu 96 % de reçus en juin, mais en réalité, la moitié de la classe n’aurait pas dû l’avoir. On donne à ces jeunes l’illusion qu’ils ont le niveau et ils redoublent leur première année de fac. »

Géraldine, 43 ans, estime que depuis cinq à sept ans, la chute de niveau est drastique [sic]. « J’adore mon métier : me retrouver dans ma classe face aux élèves me plaît toujours autant, mais je ne m’y reconnais plus », explique-t-elle. Au fil des réformes, les exigences n’auraient cessé de baisser. Avec des programmes toujours plus lourds et des matières toujours plus nombreuses - « Pourquoi deux langues vivantes ?»

[...]

« Les secondes ressemblent de plus en plus à des collégiens, les terminales n’ont pas l’habitude du travail approfondi. »

Géraldine se sent en outre « complice » de ce système. En juin, elle a été « modératrice » au bac, chargée d’animer une équipe de correcteurs. « Nous recevons des consignes terribles, comme ne pas pénaliser l’orthographe et la syntaxe. Il fallait faire aussi en sorte que les copies d’histoire-géo atteignent 12 de moyenne. »

Source : Libération

vendredi 14 septembre 2007

Mais enfin, l'école c'est pas pour apprendre des mythes !

Le présentateur Richard Martineau soumettait à la question Mme Morse-Chevrier au sujet de son opposition au nouveau programme obligatoire d'éthique et de culture religieuse que le Ministère de l'Éducation du Québec veut imposer à tous les élèves du Québec, des écoles publiques et des écoles dites « privées », du primaire au secondaire.

Pour terminer son entretien, M. Martineau s'exclame :

— Mais enfin, l'école n'est pas là pour des mythes, des légendes, des croyances !

Imperturbable, Mme Morse-Chevrier de répondre :

— Mais si c'est cela que vous croyez, M. Martineau, vous devriez être contre le nouveau cours, car le nouveau programme enseigne des croyances et des mythes. Et beaucoup de parents ne veulent pas que cela soit enseigné à leurs enfants de cette façon-là.


La CLÉ organise une grande marche, le samedi 20 octobre 2007 à Québec

La Coalition pour la liberté en éducation organise une grande marche le samedi 20 octobre 2007 à Québec.

Horaire prévu

11 h 30 — Rassemblement : Parc de l'Amérique française
13 h 00 — Départ de la marche : Boul. René-Lévesque
13 h 30 — Rassemblement devant l'Assemblée nationale
13 h 30 à 15 h 00 — Animation, conférenciers, pétitions, musique
15 h 15 — Marche jusqu'au Parc de l'Amérique française
16 h 00 — Départ des autobus

La CLÉ dénonce le fait que le gouvernement du Québec imposera en septembre 2008 à tous les élèves du Québec de la première année du primaire jusqu’à la fin du secondaire un cours sur l’ensemble des religions : christianisme, judaïsme, islam, bouddhisme, hindouisme, nouveaux mouvements religieux et même l'athéisme. Dire que toutes ces formes de religion ou de croyances sont légitimes comme l'affirme Mme Azdouz, rétribuée par le Ministère de l'Éducation et activement impliquée dans l'implantation de ces programmes obligatoires, ne peut qu'entraîner la confusion chez les élèves dont les parents tentent de transmettre une seule de ces formes religieuses.

Ce cours sera obligatoire, sans exception, dans les écoles publiques et privées, ce qui pour la CLÉ est contraire aux droits de liberté religieuse.

Cette manifestation sera organisée par la Coalition pour la liberté en éducation (CLÉ) www.coalition-cle.org

Pour information au sujet du transport faites le 1-888-839-6236

Pour information au sujet du transport de Valcourt en autobus, contactez Sylvain Lamontagne au 450-532-5606.

jeudi 13 septembre 2007

Le Ministère de l’Éducation remercie le Journal de Montréal

M. Jean-Philippe Pineault, dont nous avions déjà dénoncé un article d’une rare mauvaise foi et d’une partialité insigne sur les mennonites et l'éducation en Ontario, a eu l’honnêteté de signaler cette fois-ci sa source d'inspiration en terminant son article par « Source : Ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport (MELS) ».

En effet, M. Pineault laisse tomber le masque du journaliste objectif dans sa description de parents qui expriment leur désapprobation face à un Ministère qui imposera sous peu à tous les enfants du Québec un programme empreint, selon eux, de relativisme moral. On a la désagréable impression que ce journaliste cherche à ridiculiser ces parents et qu'il considère que son rôle est de défendre le programme du Ministère quand il est trop sévèrement attaqué par des gens pour lesquels il n'a aucune sympathie. Citons deux exemples typiques du dernier article de M. Pineault :
« ce qui fait rager une nouvelle coalition de parents »

« Frustrés qu'on oblige leurs enfants à suivre le nouveau cours »
Voyez par vous-mêmes comme ces parents ont l'air enragés lors de cette conférence de presse...

Maintenant, il suffit de comparer ces « rager » et « frustrés » avec l’équanimité – telle que rapportée par le prisme de M. Pineault – des parents laïques qui s’opposent aussi à ce programme, mais uniquement au primaire :
« Le Mouvement laïc du Québec est en faveur de la disparition du cours de religion pour le remplacer par un cours de culture religieuse générale. « On a une réserve sur le fait de donner ce cours au primaire », affirme le président de l'organisme, Henri Laberge, qui croit qu'on aurait dû limiter le programme au secondaire. »
Aucune immixtion du journaliste dans cette relation-ci, aucun mot déplaisant de la part du reporter, là soudainement M. Pineault retrouve une plume neutre...


Évidemment, comme d’habitude, le Ministère de l’Éducation ne s’émeut pas des protestations de ces parents. En effet, quel choix ont-ils puisque le Ministère est juge, partie et monopole ?

On n’attend plus qu’un de ces communiqués où le Monopole nous dira qu’il « accompagnera » les parents de cette coalition quand il voudra dire qu’il s’affaire à les faire rentrer dans le rang, à les faire céder ou fuir comme les parents mennonites.

Ce qu'on nous concocte comme « école laïque »

Reportage de Radio Canada (ou, en cas de difficultés techniques, le même reportage mais avec publicité) sur ce qu'on nous concocte comme école laïque au Québec...

Ou comment préparer les professeurs au nouveau programme obligatoire d'éthique et culture religieuse, leur proposer des argumentaires pour répondre aux craintes des parents, les aider à limiter les demandes d'accommodements religieux. Bref, comment imposer à tous, mêmes aux parents récalcitrants, la laïcité telle que la comprend le Ministère de l'Éducation.

Soulignons les propos de Rachida Azdouz, psychologue à l'Université de Montréal, quand elle déclare (à partir de 8 minutes 17 secondes) :
« des parents arc-boutés sur leur pratique religieuse – on appréciera la neutralité laïque dans la description – ne sont pas disposés à permettre à leur enfant de mieux cohabiter avec les autres, car ils transmettent à leur enfant que leur croyance est la seule, l’unique et la meilleure. Et c’est là qu’intervient l’école et le rôle des intervenants scolaires c'est d'apprendre à cet enfant de composer avec des enfants qui ont d’autres croyances religieuses et dire qu’elle est tout aussi légitime que la leur ou, des enfants qui n’ont pas de croyances religieuses et que cette position-là est tout aussi légitime que la leur. »
D’une part, il est faux que des parents ou des enfants qui croient vraiment en leur religion – ceux qui croient qu’elle est la meilleure et l’unique – ne peuvent cohabiter avec d’autres enfants : le respect n’implique pas que l’on pense que l’autre puisse avoir raison. C'est plus facile, mais pas obligatoire. D’autre part, quel nom donner à l’intervention de l’école préconisée par Mme Azdouz si ce n’est le relativisme moral ? Car enfin que signifie dire que toutes les autres religions ou même l’athéisme sont légitimes, si ce n’est que tout se vaut ?

Autres déclarations révélatrices : celles du théologien (!) Jacques Racine qui participe à la laïcisation des écoles. Il rappelle que pour Québec la réussite des élèves ne doit pas être que scolaire (10:55) car
« les textes ministériels les plus récents nous rappellent que c’est de la réussite éducative dont il est question, et que cette réussite éducative signifie que l’école est responsable de faire en sorte que chaque élève puisse réussir sa vie et non seulement réussir ses examens. »
Bref, il s'agit de transmettre des valeurs morales communes à tous les élèves québécois, même si cela empiète sur les prérogatives des parents dont on ne demandera d'ailleurs pas vraiment l'avis. Car le gouvernement se soucie-t-il encore de ces géniteurs un peu gênants ? Alain Touraine remarquait déjà que « [l]es parents n'ont pas démissionné, ils ont été licenciés. »

Ces déclarations rejoignent celles de l’ancien ministre de l'Éducation Fournier qui déclarait en novembre 2006 à l’Assemblée nationale de Québec, lors du débat sur les écoles que Québec avait déclarées illégales, que la raison pour laquelle il ne fallait « pas perdre » les enfants de ces écoles était qu’il fallait s’assurer que ces enfants partagent les valeurs de la société québécoise : « il est important pour [ces enfants] de faire partie de la société, de connaître l'ensemble des valeurs de cette société-là et de les partager avec tout le monde. » Pardon ? De partager les valeurs québécoises qu'ils ne connaîtraient pas sans l'étude du programme officiel ? Mais cela implique donc bien la substitution de valeurs culturelles et morales par l'État ! Comme si les valeurs actuelles de ces enfants et de leurs parents posaient un problème aujourd'hui et devaient être changées...

Reportage sur l'instruction en famille en France

« On estime à 30 à 40.000 le nombre d'enfants qui ne vont pas à l'école... L'instruction leur est donnée à la maison par un précepteur comme autrefois.. ou par leurs propres parents.. La loi l'autorise et l'état procède même à des contrôles réguliers... »
Reportage au 20 heures de France 2

mercredi 12 septembre 2007

La CLÉ ouvre son site

La Coalition pour la liberté en éducation a ouvert son site : http://www.coalition-cle.org.

La CLÉ milite pour que le gouvernement du Québec suspende la mise en application de la loi 95 afin d’y apporter les modifications nécessaires pour que :
  1. le cours d’éthique et de culture religieuse de l’État soit optionnel tant à l’école publique que privée ;

  2. les Églises et les différents groupes religieux reconnus par l’État puissent offrir un enseignement religieux confessionnel à l’intérieur de l’horaire et des infrastructures scolaires en ayant la liberté d’établir le contenu et de choisir les intervenants qui donneront ces enseignements.

L'école et la 1ère réunion de la commission Bouchard-Taylor selon le Soleil


Étrange article dans le Soleil
au sujet de la première réunion de la commission Bouchard-Taylor.

Voici en effet comment le journaliste Raymond Giroux résume la première journée :
« S’il y a une certaine constante dans cette deuxième journée de consultations publiques de la commission, à Gatineau, c’est le refus ferme des accommodements de type religieux, à moins qu’ils ne redonnent le droit à l’enseignement catholique dans les écoles. »
Le journaliste semble vouloir disqualifier les parents catholiques en les faisant passer pour des nostalgiques qui n'admettraient qu'une religion dans les écoles publiques et privées du Québec, la catholique.

Il me semble que le journaliste a mal compris les parents catholiques qui avaient déjà fait connaître leur position par écrit sur la question :
« Une accommodation qui respecterait la liberté de religion reconnue par les chartes permettrait des options d’enseignement religieux pour toute confessionnalité où le nombre le justifie, et accepterait le choix confessionnel des écoles privées. »
On voit bien qu’il n’est pas du tout question de ne garantir que « le droit à l’enseignement catholique dans les écoles », mais bien de garantir le droit à l’enseignement catholique parmi d'autres enseignements religieux, là où le nombre le justifie.

Le journaliste ne semble pas avoir mieux compris le reste de l’intervention de ces parents catholiques quand il prétend que
« Selon leur présidente, Mme Jean Morse-Chevrier, le nouveau cours d’introduction aux cultures religieuses introduit dans les faits l’enseignement de sept autres religions, ce à quoi son groupe s’oppose. »
Mme Morse-Chevrier ne s’oppose pas à l'enseignement des autres religions de manière séparée (voir plus haut), mais à l'amalgame de ces religions et courants philosophiques comme l'athéisme dans un seul cours imposé à tous les enfants, ce qui ne peut que créer confusion chez les jeunes enfants.

Voir à nouveau ce que la présidente de l'Association des parents catholiques du Québec avait écrit auparavant dans Le Devoir et que nous avons bien entendu confirmé lors de ses interventions dans les médias (RDI et Radio-Canada ces derniers jours) :
« Devons-nous conclure devant ce témoignage que le gouvernement tenterait de changer « nos enfants » (ceux de l'État ?), les faisant passer de chrétiens (pour la grande majorité) à pluralistes? Si c'est le cas, ses intentions vont au-delà de ce qu'il annonçait dans les orientations pour ce cours lorsqu'il a eu l'appui de l'Assemblée nationale au projet de loi 95, en juin 2005. Il viserait non seulement l'ouverture à l'autre, tel que cela a été annoncé, mais chercherait à faire assimiler par l'élève la diversité morale et religieuse au moment même de sa construction identitaire. Or comment est-il possible de construire une identité personnelle pluraliste à moins de délaisser sa propre identité confessionnelle ?

[...]

Devons-nous comprendre que notre société sera meilleure lorsque ces enfants, devenus grands, seront pluralistes plutôt que chrétiens? Si c'est la position de la ministre de l'Éducation, elle devrait être appelée à en faire la preuve, avant d'imposer des contenus multireligieux à l'ensemble des élèves et avant d'expérimenter l'identité religieuse et morale des Québécois.»
C’est donc bien le pluralisme, l’amalgame de ces différentes religions présentées en même temps comme d’égales valeurs à tous les enfants qui soulèvent des difficultés. Et, soyons clair, ceci n’incommode pas uniquement les parents catholiques, car il existe bien d’autres parents qui désirent que leurs enfants apprennent d’abord à connaître leur foi avant d’apprendre, par exemple, l’idée de la mort de Dieu, concept athée inclus dans ce programme qui sera imposé aux écoles publiques du Québec ainsi qu’à celles que l’on nomme « privées ». C’est, notamment, le cas des mennonites de Roxton Falls dont les parents d’écoliers en âge scolaire ont dû se réfugier ailleurs au Canada pour échapper aux menaces de Québec. Mais gageons que certains parents juifs ne sont pas plus contents de cet enseignement religieux relativiste obligatoire dès la prochaine rentrée.

[Notons enfin ce coup de griffe inexpliqué quand le journaliste du Soleil, sans préciser de quel problème il s'agit, lance :
« À celui qui proposait comme une des clés au problème l’octroi au parent d’un vote par enfant, — un père de cinq enfants pourrait voter six fois... — , M. Bouchard a demandé s’il partagerait son vote entre les trois partis ! »
On comprend que M. Bouchard se voulait humoristique, mais M. Bouchard ferait-il la même remarque aux gens qui votent déjà plusieurs fois (par procuration au Canada et ailleurs dans le monde) ? Le vote par procuration est-il ridicule ?

Mais on croit comprendre que cette remarque du journaliste du Soleil visait à ridiculiser ceux qui dénoncent le système politique actuel où les citoyens avec peu d'enfants ont un fort poids politique. Cette critique est cependant loin d'être ridicule, car le système actuel — qui représente de plus en plus des adultes peu féconds — adopte peu de mesures en faveur des familles qui assument le lourd fardeau de former la majorité des futurs citoyens. Devant la dénatalité logique qui s'ensuit (il est plus rentable de ne pas avoir d'enfant avec le système fiscal actuel), le système tente de résoudre les problèmes démographiques par l’immigration, solution d’apparente facilité qui crée toutefois des problèmes d'intégration même au niveau scolaire. Il rechignera, de par la composition de son électorat, à envisager des politiques natalistes ce qui ne peut que prolonger ou empirer la dénatalité. Sur le suffrage familial, voir par exemple Reconnaitre les familles comme un corps social et Les femmes et les enfants aussi. Ou le droit d’être représenté par le vote familial]

mardi 11 septembre 2007

France – subordination de l’enseignement « libre »

Sur 11 200 suppressions de postes prévues pour 2008 dans l’Éducation nationale française, 1 400 concernent l’enseignement catholique alors qu'environ 30 000 dossiers d’inscription y ont été refusés pour cette rentrée. Ceci en vertu des accords Lang-Cloupet qui répartissent les postes à 80 % pour le public et 20 % pour le privé.

Quand on demande au nouveau secrétaire général de l’enseignement catholique en France, Éric de Labarre, s’il entend remettre en cause cette règle inique qui empêche une véritable liberté de choix des parents en garantissant un public captif au Monopole de l’Éducation, celui-ci répond étrangement : « C’est un tabou, auquel je ne souhaite pas m’attaquer : je suis là pour régler les problèmes, pas pour ouvrir des fronts idéologiques. » Il vient de le répéter dans Famille chrétienne après l’avoir déjà dit dans La Croix du 29 août. Et d’ajouter par ailleurs : « Sur un plan plus personnel, si j’avais un rêve à réaliser, ce serait d’éteindre la guerre scolaire définitivement. Et pour ce faire de convaincre que le modèle contractuel inventé par la loi Debré pourrait être étendu, et pourquoi pas appliqué aux établissements publics d’enseignement. »

Affligeante servilité qui se préoccupe du bien-être de son adversaire plutôt que du réseau qu’il devrait représenter ! C’est ce que ne cesse de proclamer à sa façon Mgr Cattenoz depuis sa charte diocésaine de l’enseignement catholique l’an dernier : « Avouons-le, aujourd’hui, beaucoup d‘établissements catholiques n’ont plus de catholique que le nom [...]. Je crois que la loi Debré de 1959, qui avait pour but d’intégrer progressivement les écoles catholiques dans l’enseignement public, est arrivée à ses fins. »

Le secrétaire général de l’enseignement catholique, Éric de Labarre, vient de réaffirmer sa sujétion lors de cette rentrée dans Le Monde de l'éducation et dans Pèlerin, quand il affirme que les évêques font « fausse route » : l’« enseignement catholique a perdu son caractère propre. Les chefs d‘établissement [...] contrôlent de plus en plus difficilement l’embauche des professeurs. Ceux que les académies nous envoient ne sont pas toujours correctement formés aux missions d’enseignement. En outre, nombre de directeurs reconnaissent eux-mêmes n‘être pas croyants ou pratiquants. Par esprit de consensus, les projets éducatifs des établissements se limitent en général au plus petit dénominateur commun : la transmission de valeurs comme le partage ou la tolérance. »

À quoi bon un enseignement catholique à ce compte, si ce n'est que pour faire dans l’humanisme et le politiquement correct ?

Ne vaudrait-il pas mieux que l’école catholique perde de ses subsides, mais recouvre son âme, échappe aux programmes « laïques » décidés par d’autres, puisse choisir ses professeurs et puisse placer sa conception religieuse au centre de son programme et de sa vie scolaires ?

Ne vaut-il pas mieux d’abord être libre, offrir une véritable différence et ensuite lutter pour un supplément de justice : permettre l’utilisation de bons scolaires dans ces écoles vraiment libres. En effet, pourquoi les parents devraient-ils payer deux fois – par leurs impôts, puis par les frais d’inscription des écoles libres – pour avoir un véritable choix d’enseignement ?

La seule solution : privatiser l'école

Tiré d'un site français, ces paragraphes écrits par Michel de Poncins et qui pourraient s'appliquer ailleurs qu'en France :
« L'enseignement nationalisé en Fance est peut-être l'une des toutes dernières grandes administrations soviétiques du monde qui regroupe 1 350 000 fonctionnaires avec un administratif pour trois enseignants ; les « enseignés » sont 14,5 millions. Il est évident qu'un tel ensemble avec les syndicats embusqués partout et véritables maîtres du système est parfaitement ingérable ; il ne peut se bouger que par des nuées de réglementations absurdes et inopérantes au niveau du terrain. À titre d'exemple, un proviseur du lycée ne choisit ni ses enseignements, ni ses élèves ni ses professeurs, même si son autorité s'exerce au moins sur les locaux, les horaires et les femmes de ménage… .

La privatisation de quelque système que ce soit conduit à un progrès de la qualité et, dans le temps, à la réduction de moitié des coûts. La privatisation de l'enseignement en France conduirait à des dizaines de milliards d'euros d'économie avec enfin, grâce aux bienfaits de la concurrence, le retour du pays dans le peloton de tête des nations civilisées.

A quand la vraie rupture ? »