mardi 25 septembre 2007

Début de la sagesse ?

Le chroniqueur du journal de Montréal, M. Richard Martineau, n'est pas content :
On est un drôle de peuple, non? On parle d'enlever les cours de religion des écoles, et tout le monde pogne les nerfs. « Ne touchez pas à mon crucifix !» « Ne démantelez pas la croix du mont Royal, ça fait partie de notre patrimoine! »

Mais quand on annonce qu'on va retirer les cours d'économie des institutions scolaires, personne ne lève le p'tit doigt.

Vous avez lu la nouvelle, hier? À partir de 2009, le cours d'éducation à la vie économique va disparaître des écoles québécoises. On va le remplacer par un cours fourre-tout (au titre pompeux de « Monde contemporain »), qui va fusionner l'histoire, la géographie, l'économie, l'écologie et la politique.

Pourquoi ne pas ajouter la physique nucléaire, la botanique et la microchirurgie, tant qu'à faire ?

Le peuple québécois est l'un des peuples les plus endettés au monde, on «crinque» nos cartes de crédit au maximum, on ne sait pas faire un budget, la majorité des Québécois croient que la meilleure façon de faire fructifier leur avoir est d'ouvrir un compte épargne à la caisse pop, mais ça ne fait rien, on va tirer la plogue sur les cours d'économie.

« Il faut faire des choix, a expliqué Catherine Dupont, directrice des programmes au ministère de l'Éducation. L'éducation économique peut se faire à la maison... »
C'est exactement ce qu'on répond aussi aux parents qui pensent que la religion est une partie importante de l’éducation de leurs enfants et que leurs impôts devraient servir en partie à transmettre ces valeurs.

Corolaire d'actualité : et si on favorisait l'enseignement de l'économie à l'école et qu'on faisait en sorte que le cours d'éthique et de culture soit enseigné à la maison ? En quoi ce cours « mou » et controversé de relativisme religieux est-il plus important que l'enseignement de l'économie ?
Par qui, madame ? Des parents qui s'endettent jusqu'au cou pour s'acheter un écran plasma de 62 pouces ?

Des gens qui se servent des pages Affaires des quotidiens pour allumer leur foyer à combustion lente ?

Les Québécois ne connaissent strictement rien à l'économie, et on va leur proposer un cours qui explorera divers thèmes comme « le mouvement des populations » et « la gouvernance mondiale » ?

Bravo, mesdames et messieurs les pédagogues ! C'est ce qu'on appelle avoir le sens des priorités...

Pourquoi ne pas remplacer les cours de français par un cours qui explorera l'origine des mots et le mouvement des accents ?
M. Martineau a toute notre sympathie, on peut en effet comprendre sa frustration de voir disparaître un cours qu'il considère comme important.

Mais ne voit-il pas que le problème naît de la centralisation de l'éducation et de l'idée que toutes les écoles (mêmes privées non subventionnées) doivent suivre le programme établi par des « experts » qui, eux, savent ce qui est bon pour tous ?

On aurait pu croire que le ridicule qui a entouré le fiasco du « bulletin scolaire unique » décidé par une ministre aurait vacciné les parents comme M. Martineau. Faut-il rappeler les critiques acerbes de professeurs à l'encontre du Renouveau pédagogique dénoncé dans un ouvrage comme Le Grand Mensonge de l'éducation ? Que ces professeurs aient raison ou non est relativement secondaire (mais, quand on voit les résultats médiocres des élèves québécois, il y a fort à parier qu'ils n'ont pas entièrement tort). C'est la centralisation et le monopole qui doivent être combattus : ils sont inefficaces par leur nature, ils privent les parents d'un légitime choix (y compris dans des matières très sensibles comme la religion ou la morale) et, quand une erreur est effectuée (la suppression d'un cours, l'imposition d'un autre, la généralisation d'une mode pédagogique), l'erreur s'étend à toutes les écoles, même le plus souvent aux écoles dites « privées », car seules les écoles privées qui rajouteront assez de cours complémentaires pourraient rattraper la sauce gâtée par les maîtres queux gouvernementaux !

Une fois de plus, le monopole défavorisera ceux qui n'ont pas le choix, ceux qui ne pourront se payer une école privée qui corrigerait les errements du Monopole par un supplément — supplément car le programme du Monopole est obligatoire pour tous au Québec — coûteux en temps et en argent.

Les parents ne peuvent probablement pas enseigner toutes les matières, M. Martineau, mais ils devraient pouvoir choisir quels cours leurs enfants devraient suivre et quelle école ou qui les leur enseignerait. Ce n'est pas le cas au Québec en 2007...

Il faut procéder à la séparation de l’État et de l’école !

4 commentaires:

Ian Marquette a dit…

Quand vous dites "début de la sagesse" j'aurais envie d'ajouter "sur ce blog" ... car il y a selon des affirmations très dures sur ce blog qui souvent manquent de nuance.

Vous n'avez pas discutez bon nombre de questions plutôt honnêtes que j'ai soulevées encore une fois, en particulier sur les mennonites, en plus que certains de mes messages ne s'affichent pas de façon inexplicatible ... ou inexpliquée ...

Vous dites "mais quand on voit les résultats médiocres des élèves québécois"

Tout d'abord très peu de nuances ... pourtant plusieurs éléments que j'ai déjà discuté permettent à mon sens une discussion plus nuancée.

Les jeunes (et je me répète), me semble-t-il, n'ont jamais été aussi mobiles, cultivés, informés, scolarisés et habile à utiliser des nouvelles technologies que maintenant. Alors, parler de résultats médiocres à tout vent me semble peu nuancé. Bon nombre d'étudiants performent également très bien à l'école.

Certains élèves ont des difficultés certes, je suis bien d'accord, mais à mon sens faut éviter les discours simplistes qui pourraient même faire une utilisation abondante du mot "médiocre".

J'aimerais que l'on m'explique sur quoi on se base pour faire des commentaires très durs et généraux ? des résultats internationaux ? des résultats d'avant ... ou la scolarisation était moins importante ... J'ai l'impression que souvent on fait des comparaisons dans le vide ...


Je dois avouer que j'ai jamais eu beaucoup de sympathie pour l'utilisation du mot "médiocre" ( et ses variations). Je dois avouer qu'il y a quelques chose qui m'agace dans ce mot et que j'associe dans mon inconscient probablement à de la prétention. Bon, on peut surement donner plusieurs définitions à ce mot ... mais j'ai toujours trouvé que l'utiliser était porter un jugement très dur ... mais bon vous êtes libre d'utiliser les mots que vous voulez.


On dit dans le texte que vous abordez "Vous avez lu la nouvelle, hier? À partir de 2009, le cours d'éducation à la vie économique va disparaître des écoles québécoises. On va le remplacer par un cours fourre-tout (au titre pompeux de « Monde contemporain »), qui va fusionner l'histoire, la géographie, l'économie, l'écologie et la politique."

Peut-on m'expliquer en quoi la lecture seule du nom du cours nous permet de juger le contenu ? C'est une analyse qui semble plutôt superficielle.


À mon sens plusieurs éléments peuvent très bien être mis en commun dans un cours et dans les faits dans le cours de géographie on discutait déjà des éléments d'économie et de politique et déjà le cours d'économie évoquait l'économie dans une perspective plus large.

Ainsi comme à l'habitude je crois que plus de détails seraient nécessaires sur ce cours et que certains peuvent bien faire un texte comme M.Martineau sur le titre d'un cours, mais je ne crois pas que cette approche soit la bonne.

Anonyme a dit…

On peut déjà deviner la réponse de Martineau pour ne pas admettre la liberté scolaire: il faut que "collectivement" (qui décide ?) nous défendions nos valeurs laïques (athées) et progressistes afin de mieux intégrer les immigrés et ne pas nous diviser.

Tym_Machine a dit…

Celui qui n’a pas entendu parler des accomodements raisonnables au Québec (et même dans le reste du Canada) dernièrement devait vivre dans le bois déconnecté de tout média.

Quant à moi, c’est peut-être une bonne chose d’être déconnecté des médias ces jours-ci, on en entend de toutes les couleurs à la commission (lire hobby de Jean Charest) du frère à Lulu et de l’autre anglais que personne ne connaît (lire Bouchard-Taylor).

Les démagogues populistes à la “as-tu vu mon 10 gallons de gros bon sens que je transporte tous les jours” prôneront une laïcité totalitaire qui ressemble plus aux dogmes athéistes des pires dictatures communistes de ce monde.

Les Québecois francophones de souche n’ont pas délaissé la religion catholique parce qu’ils prônaient une égalité absolue entre tous les gens sinon on n’aurait pas viré excentriques avec le fait français et on n’aurait pas entretenu pendant des années des préjugés frisant la paranoia versus les ethnies. Non…

Nous sommes devenus des athéistes par pure paresse intellectuelle et physique. Imaginez, se lever tous les dimanches matins pour être prêt à 11hAM à aller à la messe, quelle souffrance atroce. Se poser des questions existentielles sur notre vie, quelle perte de temps, vive les dogmes athéistes comme le communisme ou le syndicalisme ou son opposé le capitalisme et le matérialisme. Ça c’est concret. Pas besoin de se casser le coco sur des théories comme “Existe-t-il une vie après la mort?” “Y a-t-il un Dieu?”

Si au moins nous étions des athéistes par forte conviction. Mais non, nous le sommes par dépit, par défaut, parce qu’on n’a aucune conviction, en fait sait-on vraiment si nous avons des convictions?

Nous le sommes également par rectitude politique. En voulant imposer un athéisme institutionnalisé, tout ce que l’on fait, c’est renforcer la foi des croyants.

Prenez le Christianisme des premières années de l’Église Catholique. Et là, je ne parle pas des bâtisses, l’Église, c’est les gens qui la constituent. Les premiers catholiques étaient littéralement ridiculisés en public, martyrisés, brutalisés, torturés, brûlés vif, jettés aux lions affamés et cela pour le bonheur des foules athéistes en délire. Les chrétiens ne devaient être qu’une poignée d’individus, pas plus d’une centaine. Pourtant, malgré les risques énormes encourrus, les chrétiens croyaient et continuaient de propager leur foi au péril de leur vie. Malgré le faible nombre, le Christianisme était la religion connaissant le plus fort taux de croissance.

Même chose dans les régimes communistes athéistes où les églises furent débâties et les gens se rencontraient en cachette pour célébrer leur foi. Malgré une apparence de tolérance zéro pour les objets de foi, leur foi était des plus vivantes.

Mais les États font toujours ces mêmes erreurs, ils veulent éliminer une ou des religion(s), mais dans les faits ne font que la renforcer. Hitler croyait éliminer les juifs de la carte du monde, hors, leur foi n’a jamais été aussi florissante allant même jusqu’à prendre le contrôle d’un état (Israel évidemment). Une des premières choses que nous avons vu lors de la chute du régime communiste de l’U.R.S.S. et de l’Allemagne de l’Est hormi le retour évident du capitalisme fut la reconstruction des églises et des lieux de cultes religieux.

Si l’on a peur de l’Islam avec raison, il faut s’occuper des extrémistes et non pénaliser tout le monde pour une minorité (active et dangereuse) de terroristes. Si le musulman a assez de foi pour se tenir devant le tollé de protestation des accomodements raisonnables au même titre que le Juif Hassidique, n’aurions-nous pas quelque chose à apprendre de cela. On leur dira que nous, nous avons rennoncé collectivement et majoritairement au catholicisme même si nous sommes la majorité. Ils nous répondront, ce n’est pas notre problème, c’est le vôtre.

Si je décide de foutre ma maison par terre et d’aller vivre dans la rue, je n’ai pas à demander à mon voisin de faire la même chose, l’approche perdant-perdant, prive-toi parce que je me prive n’amène rien de bon et de constructif.

Si on a fait le choix collectif de l’athéisme institutionnalisé et la répression des religions, assumons notre répression étatique et notre nouvelle foi envers le néant. Cependant, si on se revange sur les autres religions par jalousie parce que nous on a foutu à grand coup de pied notre château de sable par paresse physique et intellectuelle sur un grand coup de tête et à cause de quelques enfants duplessistes malheureux, ce n’est pas le problème du juif, du boudhiste ou du musulman, nous n’avons pas à lui demander de démissionner parce que nous étions trop lâche et paresseux pour se tenir debout devant un peu d’adversité.

D’ailleurs pourquoi passerions-nous de 95% de catholiques francophones à 0% en l’espace de 40 ans? Pourquoi tant de haine et de mépris envers ce que nous sommes? Est-ce que le nationalisme athéisto-socialiste parti des années 60 nous a rendu bêta au point d’auto-détuire notre religion en se kamikasant sur celle des autres?

www.tymmachine.blogspot.com

Tym_Machine a dit…

M. Marquette,

Médiocrité a une connotation péjorative mais dans les faits, médiocre, c'est la complaisance dans la moyenne.

Dans le mot médiocre, il y a le mot milieu. Quelqu'un qui ne vise pas l'excellence, qui vise la moyenne est médiocre. Voilà tout.