vendredi 19 janvier 2024

Population chinoise chute pour la 2e année consécutive, avec un taux de natalité historiquement bas

Résumé

  • La population de la Chine a diminué de 0,15 % en glissement annuel en 2023
  • Le taux de natalité est au plus bas, le taux de mortalité au plus haut depuis 1974
  • Le nombre total de nouvelles naissances diminue de 5,7 % pour atteindre 9,02 millions
  • Le nombre total de décès augmente de 6,6 % à 11,1 millions

La population chinoise a baissé pour la deuxième année consécutive en 2023, en raison d’un taux de natalité historiquement bas et d’une vague de décès dus au COVID-19 lors de la levée des mesures de confinement strictes, ce qui a accéléré un ralentissement qui aura des effets profonds à long terme sur le potentiel de croissance de l’économie.

Le Bureau national des statistiques a déclaré que le nombre total d’habitants en Chine avait diminué de 2,08 millions, soit 0,15 %, pour atteindre 1,409 milliard en 2023.

Ce chiffre est bien supérieur à la baisse de 850 000 habitants enregistrée en 2022, laquelle était la première depuis 1961, lors de la Grande Famine de l’ère Mao Tsé-Toung (Zedong).

Au début de l’année dernière, la Chine a connu une flambée spectaculaire du COVID à l’échelle nationale, après trois années de dépistage rigoureux et de mesures de quarantaine qui ont permis de contenir le virus jusqu’à ce que les autorités lèvent brusquement les restrictions en décembre 2022.

L’année dernière, le nombre total de décès a augmenté de 6,6 % pour atteindre 11,1 millions, le taux de mortalité atteignant son niveau le plus élevé depuis 1974, pendant la révolution culturelle.

Les nouvelles naissances ont chuté de 5,7 % pour atteindre 9,02 millions et le taux de natalité a atteint un nadir de 6,39 naissances pour 1 000 habitants, alors qu’il était encore de 6,77 naissances en 2022.

Les naissances dans le pays sont en chute libre depuis des décennies en raison de la politique de l’enfant unique mise en œuvre de 1980 à 2015 et de l’urbanisation rapide au cours de cette période. À l’instar des essors économiques antérieurs du Japon et de la Corée du Sud, d’importantes populations ont quitté les fermes rurales chinoises pour s’installer dans les villes, où il est plus coûteux d’avoir des enfants. Ainsi, le taux de natalité du Japon était de 6,3 pour 1 000 habitants en 2022, tandis que celui de la Corée du Sud était de 4,9.

« Comme nous l’avons observé à maintes reprises dans d’autres pays à faible taux de fécondité, il est souvent très difficile d’inverser la tendance à la baisse de la fécondité », a déclaré à Reuters Zhou Yun, démographe à l’université du Michigan.

Le chômage des jeunes a atteint un niveau record, les salaires de nombreux cols blancs ont baissé et la crise du secteur immobilier, où sont stockés plus des deux tiers des richesses des ménages, s’est intensifiée, ce qui a encore entamé l’envie de faire des enfants en Chine en 2023.
 
Ces nouvelles données renforcent les inquiétudes selon lesquelles les perspectives de croissance de la deuxième économie mondiale s’amenuisent en raison de la diminution du nombre de travailleurs et de consommateurs, tandis que l’augmentation des coûts des soins aux personnes âgées et des prestations de retraite pèse de plus en plus sur les gouvernements locaux endettés.

L’année dernière, l’Inde a dépassé la Chine comme pays le plus peuplé du monde, selon les estimations des Nations unies, ce qui a alimenté le débat sur les mérites de la délocalisation de certaines chaînes d’approvisionnement basées en Chine vers d’autres marchés, en particulier à mesure que les tensions géopolitiques augmentent entre Pékin et Washington.

À long terme, les experts de l’ONU prévoient que la population chinoise diminuera de 109 millions d’ici à 2050, soit plus du triple de la baisse prévue dans leurs précédentes prévisions en 2019.
 
La population chinoise âgée de 60 ans et plus a atteint 296,97 millions en 2023, soit environ 21,1 % de la population totale, contre 280,04 millions en 2022.


Problèmes de pension

Le taux chinois de 7,87 décès pour 1 000 habitants en 2023 était plus élevé que le taux de 7,37 décès en 2022.

La population du pays en âge de prendre sa retraite, c’est-à-dire âgée de 60 ans et plus, devrait passer de 280 millions de personnes actuellement à plus de 400 millions d’ici 2035, soit plus que l’ensemble de la population des États-Unis.

L’Académie chinoise des sciences, organisme public, estime que le système de retraite sera à court d’argent d’ici à 2035.

Zhu Guoping, un agriculteur de 57 ans de la province du Gansou (Gansu), dans le nord-ouest du pays, a déclaré que son revenu annuel d’environ 20 000 yuans (3 783,98 dollars canadiens, 2576 euros) ne laissait à sa famille que de maigres économies.

Il recevra une pension mensuelle de 160 yuans lorsqu’il aura 60 ans, soit l’équivalent de 30,2 $ canadiens ou 20,6 euros.

« L’argent n’est vraiment pas suffisant », a déclaré M. Zhu. « Peut-être que nos enfants [au pluriel ?] pourront nous apporter un peu de soutien à l’avenir. »

Moins de bébés

Les frais élevés de garde d’enfants et d’éducation dissuadent de nombreux couples chinois d’avoir des enfants, tandis que l’incertitude du marché de l’emploi décourage les femmes d’interrompre leur carrière.

Selon des démographes, la discrimination fondée sur le sexe et les attentes traditionnelles selon lesquelles les femmes assument le rôle de gardienne de la famille exacerbent le problème.

Le président Xi Jinping a déclaré l’année dernière que les femmes devraient raconter « de bonnes histoires de traditions familiales », ajoutant qu’il était nécessaire de « cultiver activement une nouvelle culture du mariage et de la procréation », qu’il a liée au développement national.

Les gouvernements locaux ont annoncé diverses mesures visant à encourager les naissances, notamment des déductions fiscales, des congés de maternité plus longs et des subventions au logement.

Mais nombre de ces politiques n’ont pas été mises en œuvre en raison de l’insuffisance des fonds et du manque de motivation des gouvernements locaux, a déclaré un institut politique de Pékin, qui préconise plutôt la mise en place d’un système unifié de subventions familiales à l’échelle du pays.

Wang Weidong, 36 ans, qui réside à Pékin et travaille dans une société Internet, a déclaré que sa femme et lui hésitaient à avoir un deuxième enfant.

« Les gens n’auront pas d’enfant à cause de ces incitations. Les incitations sont secondaires, elles ne sont pas à l’origine du problème. Je pense donc qu’il est plus difficile d’inverser cette tendance », a déclaré M. Wang.

Source : Reuters


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