vendredi 11 mai 2018

Éthique et culture religieuse : « lutter contre les préjugés à l'endroit des musulmans »

Un jeune chercheur de l’UQTR a constaté que les enseignants étaient souvent mal à l’aise lorsque venait le temps de parler en classe de ce qu’il qualifie comme des préjugés à l’endroit des musulmans dans le cadre du cours d’éthique et culture religieuse au secondaire.

Après avoir animé une série d’ateliers dans les écoles, il en conclut que les professeurs manquent surtout d’outils et de guides pour bien lutter contre les préjugés anti-musulmans. Devant d’autres chercheurs intéressés par le domaine, Mathieu Lizotte a parlé de son expérience avec un guide pédagogique développé par le Centre Justice et Foi à Montréal, « Québécois(e)s, musulman(e)s… et après ? ». « Très rapidement, on a senti qu’il y avait un intérêt d’avoir un outil supplémentaire. On sent parfois qu’il y a un manque de formation sur le terrain », a observé l’étudiant en sciences de l’éducation.

Le guide, conçu pour le Centre justice et foi et — mais cela ni Radio-Canada ni Le Devoir ne le mentionne — l’organisation de femmes musulmanes LaVoiEdesFemmes, a pour but d’aider les enseignants à déconstruire les images préconçues, particulièrement au sujet de la religion musulmane.

Le document propose notamment des ateliers pédagogiques et des activités d’animation à organiser en classe pour engendrer la réflexion. « Ne serait-ce que pour rappeler que tous les terroristes ne sont pas musulmans et que tous les musulmans ne sont pas terroristes », explique-t-il. On aimerait avoir plus d’exemples de préjugés déconstruits, car qui pensent vraiment que tous les terroristes sont musulmans, plutôt disons qu’un grand nombre récemment ?

Au fil de ses rencontres, il a constaté que de nombreux enseignants hésitent même à aborder ce genre de sujet.

« Le fait de ne pas avoir de conseiller pédagogique dans les cours d’éthique et de culture religieuse fait en sorte que les enseignants qui auraient besoin d’aide se sentent moins bien outillés », a-t-il constaté. Résultat : des professeurs tentent d’éviter certaines discussions, comme celles portant sur le voile, par exemple.

Mais ce n’est pas toujours si simple.

Mathieu Lizotte s’engage donc dans une étude en sciences de l’éducation qui porte précisément sur la façon dont les enseignants gèrent les échanges qui s’imposent d’eux-mêmes, notamment en raison de l’actualité. Il commencera cet automne un processus d’entrevues auprès d’enseignants.

« Je veux savoir d’où viennent les préjugés? Qu’est-ce que l’enseignant fait lorsque ces stéréotypes s’invitent en classe ? », se demande-t-il.

Il espère ainsi dresser un portrait dans le but d’adapter les interventions dans les salles de classe au Québec.


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