Des universités anglophones québécoises affirment avoir des difficultés à recruter des professeurs étrangers en raison des exigences en français qui leur font obstacle lorsqu’elles tentent d’attirer chez elles des individus hautement spécialisés en provenance d’autres pays.
Des professeurs et recruteurs des universités McGill et Concordia affirment que le processus complexe d’immigration au Québec, qui s’appuie sur un système de points, les place dans une situation désavantageuse en comparaison avec les institutions des États-Unis et des autres provinces canadiennes.
En 2013, le gouvernement péquiste avait haussé les exigences en français pour les immigrants qui faisaient une demande de résidence permanente, une décision qui a causé des maux de tête aux recruteurs, selon des dirigeants de Concordia et McGill.
En entrevue, la ministre de l’Immigration Kathleen Weil (PLQ) a indiqué sans surprise que le gouvernement libéral avait donné plus de flexibilité au processus en décembre, mais les universités le considèrent toujours comme trop compliqué.
Réactions
Certains professeurs, comme Emer O’Toole, de l’École des études canado-irlandaises de Concordia, ne s’en font pas avec les exigences en français. Mme O’Toole, qui vient d’Irlande, avait déjà étudié la langue avant de s’installer au Québec.
« Apprendre le français a été l’une des raisons qui m’ont réjouie de m’installer ici », a-t-elle lancé. « J’aime la langue [mais] je peux comprendre que cela puisse être pénible pour quelqu’un qui ne possède pas de base [en français] », a-t-elle ajouté.
Elle affirme qu’elle comprend pourquoi le Québec souhaite protéger sa langue et sa culture.
« Il est très probable que [sans ces protections], le français cesserait d’être la langue majoritaire à Montréal », a-t-elle souligné.
Pour Mathieu Bock-Côté, « Le message est clair : pour ces messieurs dames de McGill et Concordia, le français est un obstacle au progrès, au Québec. Si nous pouvions nous en délivrer, nous en passer, nous pourrions enfin devenir une région nord-américaine comme les autres. En gros, nous sommes de trop chez nous. Merci, on avait compris. »
Plus de 25 % des subventions
Rappelons qu’alors que la population anglophone du Québec compte pour moins de 9 % de la population totale, les universités anglophones du Québec recevraient quelque 25 %, et plus, des fonds du gouvernement québécois et quelque 35 % de l’aide du gouvernement fédéral.
En ce moment, tout favorise les universités anglophones et la langue anglaise au sein des institutions universitaires, dans le monde et y compris au Québec où les trois universités anglophones reçoivent 27 % des subventions normées, alors que les Québécois de langue maternelle anglaise ne représentent que 8,2 % (2006) de la population. À Montréal, ville où se joue l’avenir du français en Amérique du Nord, les deux universités anglophones, McGill et Concordia, comptent environ 57 % des professeurs. (« Les disparités du système québécois de financement des universités » par le politologue Marc Chevrier. l’Encyclopédie de la francophonie, mars 2008.).
Si le gouvernement du Québec nivelait ses subventions aux universités anglophones au prorata de la population anglophone du Québec, on dégagerait du coup un financement accru pour les universités francophones ; elles pourraient ainsi être plus compétitives et répondre aux besoins du Québec francophone ainsi qu’au développement des activités innovatrices au sein de la Francophonie.
(Mise à jour : réaction plus longue de Mathieu Bock-Côté) : Des professeurs et recruteurs des universités McGill et Concordia affirment que le processus complexe d’immigration au Québec, qui s’appuie sur un système de points, les place dans une situation désavantageuse en comparaison avec les institutions des États-Unis et des autres provinces canadiennes.
En 2013, le gouvernement péquiste avait haussé les exigences en français pour les immigrants qui faisaient une demande de résidence permanente, une décision qui a causé des maux de tête aux recruteurs, selon des dirigeants de Concordia et McGill.
En entrevue, la ministre de l’Immigration Kathleen Weil (PLQ) a indiqué sans surprise que le gouvernement libéral avait donné plus de flexibilité au processus en décembre, mais les universités le considèrent toujours comme trop compliqué.
Réactions
Certains professeurs, comme Emer O’Toole, de l’École des études canado-irlandaises de Concordia, ne s’en font pas avec les exigences en français. Mme O’Toole, qui vient d’Irlande, avait déjà étudié la langue avant de s’installer au Québec.
« Apprendre le français a été l’une des raisons qui m’ont réjouie de m’installer ici », a-t-elle lancé. « J’aime la langue [mais] je peux comprendre que cela puisse être pénible pour quelqu’un qui ne possède pas de base [en français] », a-t-elle ajouté.
Elle affirme qu’elle comprend pourquoi le Québec souhaite protéger sa langue et sa culture.
« Il est très probable que [sans ces protections], le français cesserait d’être la langue majoritaire à Montréal », a-t-elle souligné.
Pour Mathieu Bock-Côté, « Le message est clair : pour ces messieurs dames de McGill et Concordia, le français est un obstacle au progrès, au Québec. Si nous pouvions nous en délivrer, nous en passer, nous pourrions enfin devenir une région nord-américaine comme les autres. En gros, nous sommes de trop chez nous. Merci, on avait compris. »
Plus de 25 % des subventions
Rappelons qu’alors que la population anglophone du Québec compte pour moins de 9 % de la population totale, les universités anglophones du Québec recevraient quelque 25 %, et plus, des fonds du gouvernement québécois et quelque 35 % de l’aide du gouvernement fédéral.
En ce moment, tout favorise les universités anglophones et la langue anglaise au sein des institutions universitaires, dans le monde et y compris au Québec où les trois universités anglophones reçoivent 27 % des subventions normées, alors que les Québécois de langue maternelle anglaise ne représentent que 8,2 % (2006) de la population. À Montréal, ville où se joue l’avenir du français en Amérique du Nord, les deux universités anglophones, McGill et Concordia, comptent environ 57 % des professeurs. (« Les disparités du système québécois de financement des universités » par le politologue Marc Chevrier. l’Encyclopédie de la francophonie, mars 2008.).
Si le gouvernement du Québec nivelait ses subventions aux universités anglophones au prorata de la population anglophone du Québec, on dégagerait du coup un financement accru pour les universités francophones ; elles pourraient ainsi être plus compétitives et répondre aux besoins du Québec francophone ainsi qu’au développement des activités innovatrices au sein de la Francophonie.
L’agence Presse canadienne nous apprenait que des figures importantes des universités McGill et Concordia trouvent trop encombrantes les exigences liées au français dans l’embauche des professeurs.
Cela les empêche de recruter des sommités. Ils ont demandé au gouvernement de les ramener à la baisse et il s’est discrètement plié à leur demande en décembre. Mais ce n’est pas assez. Il faudrait aller encore plus loin. Ou encore plus bas.
Le message implicite est compris : une fois passé l’obstacle administratif du français, ces professeurs pourront vivre à Montréal sans en parler un traître mot et n’en subiront aucun préjudice. Autrement dit, il est possible de vivre à Montréal en se contrefoutant de la langue et de la culture de la société d’accueil. Le français au Québec serait une contrainte administrative et non pas une nécessité vitale. Confessons toutefois que c’est rigoureusement vrai.
Mondialisation
D’ailleurs, on nous répondra que la société d’accueil n’est pas le Québec, mais Montréal, et que dans la métropole, le français n’est qu’un choix sur deux. Aujourd’hui, les grandes villes déclasseraient les pays et les nations. Elles chercheraient à jouer leur carte dans la mondialisation anglophone, où circulent des citoyens du monde cosmopolite. Et l’identité montréalaise aurait de moins en moins de points communs avec l’identité québécoise.
Mais revenons sur Terre un instant. Ce que nous disent McGill et Concordia, et en cela, ils trouvent un écho chez le Conseil du patronat qui estime qu’on donne trop d’importance au français dans la sélection du français chez les immigrants, c’est que le français est de trop au Québec. Ils peuvent bien faire des poèmes sur cette langue belle, ils la présentent pratiquement comme un obstacle au progrès, comme la cause de nos retards. [Et c’est pourquoi c’est dans Montréal la bilingue que le taux de chômage est tellement haut...]
Héritage linguistique
On nous dit : le peuple québécois est de trop chez lui. C’est son identité linguistique et culturelle qui l’empêche de tirer pleinement avantage de la mondialisation. S’il s’en délivrait, comme un homme se libère d’une obsession qui l’empêche d’avancer dans la vie, il pourrait enfin être riche. En un mot, c’est son existence qui pose problème. Les Québécois ne devraient plus, aujourd’hui, se libérer du Canada, mais de leur propre langue pour vivre heureux.
Le gouvernement libéral n’a qu’une envie : céder. L’héritage linguistique de la Révolution tranquille s’est effrité. Ils sont de moins en moins nombreux à croire que le français doit être la seule langue officielle. L’idéologie du bilinguisme obligatoire gagne du terrain. On s’indigne moins de l’ignorance du français chez les immigrants que de la connaissance trop limitée de l’anglais chez les Québécois. On les aimerait bilingues en sortant du berceau.
C’est l’instinct de survie qui semble s’affaiblir chez les Québécois. Ou du moins, chez leurs élites. Il faut convenir qu’il n’a jamais été très fort chez elles : elles s’accommodent de notre subordination. Après de longues batailles, le Québécois semble dire avec la chanson de Starmania : « Je voudrais seulement dormir / M’étendre sur l’asphalte / Et me laisser mourir. »
[En cette semaine après la décision de la Cour suprême : Un suicide collectif assisté par le PLQ, le Conseil du patronat et les « citoyens du monde » formés par l’école québécoise ?]
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