La Croix parle enfin de l'initiative Pro reli à Berlin.
Quant aux catholiques et protestants ne sont-ils pas aujourd'hui aussi des minorités dans une ville où les adultes se disent à 60 % sans confession ? Ils demandent aussi à transmettre une vision ancrée dans leur foi face à une culture environnante indifférente, au mieux, à leur religion.]
Enseignement religieux obligatoire ou facultatif au collège ? Tel sera le choix que devra faire l’électeur berlinois[Ironiquement les minorités musulmanes et juives sont contre le cours d'éthique multi-religieux d'« éthique » imposé par la coalition rouge-rouge au pouvoir à Berlin car, disent-ils, leurs enfants sont déjà conscients du multiculturalisme et du multireligieux, mais ce qu'ils demandent c'est une réponse ancrée dans leur tradition religieuse à cette diversité. Que penser de Noël en tant que juif ou musulman ? Pas simplement savoir que ça existe (ces jeunes enfants le savent déjà).
D’un côté, de grands panneaux colorés « Pro Reli » décorent les rues de Berlin. Ils réclament « la liberté de choix » entre le cours d’éthique et celui de religion au collège à partir de la cinquième pour les écoliers et les parents.
En face, les affiches « Pro Ethik » militent pour « le droit de choisir les deux » : le cours d’éthique en commun, toutes confessions et opinions confondues, et le cours d’instruction religieuse, facultatif [et après les classes], pour chacun selon ses convictions.
Ce dernier est le régime actuel des collèges berlinois. Ailleurs en République fédérale, le cours d’instruction religieuse est intégré à l’emploi du temps obligatoire des collégiens comme une matière ordinaire. La capitale allemande est la seule exception à la règle.
Trop de « relativisme »
Que reprochent donc les « Pro Reli » à cet usage, pour vouloir y mettre fin ? Selon Christoph Lehman, président de l’association à l’origine du vote de ce dimanche, le cours d’éthique est trop marqué philosophiquement, imprégné de « relativisme ». Il ne donne pas à l’élève de repères solides. « Si l’on veut réellement transmettre des valeurs aux enfants, il faut leur offrir la possibilité de choisir entre un cours athée, éventuellement, et un cours musulman, protestant ou catholique. »
Le cours d’éthique obligatoire empêcherait de fait cette liberté. Les élèves et les parents renoncent en effet à suivre un cours religieux facultatif qui impose deux heures d’enseignement en sus du programme ordinaire. L’enseignement de la religion est donc dévalorisé face à l’éthique, et les cours d’instruction religieuse perdent régulièrement des inscrits.
Dans une ville cosmopolite comme Berlin, rétorque « Pro Ethik », ce serait un crime de renvoyer chaque enfant à sa religion sans lui offrir la possibilité d’un tronc commun à tous. Le cours d’éthique, selon les « Pro Ethik », permet d’enseigner aux enfants une morale qui leur sera commune. Et chacun peut ensuite approfondir ses racines.
« Les collégiens passent la semaine ensemble en classe, réplique Christophe Lehmann. Ce n’est pas d’être séparés pour deux heures de religion qui va les empêcher de se retrouver et de s’entendre. » « Pro Reli » propose d’ailleurs d’intégrer des heures d’enseignement dans lesquelles chacun peut exposer aux autres son point de vue, ses convictions. « C’est la meilleure manière d’apprendre la tolérance », dit-il.
Un débat qui déchaîne les passions
Au fil de la campagne, les arguments se sont durcis. Président du Comité central des laïcs catholiques allemands (ZdK) et partisan de « Pro Reli », Hans Joachim Meyer critique « l’uniformisation des esprits des cours d’éthique », qui lui rappelle l’ex-RDA dont il est originaire : « L’école y avait été conçue comme un lieu sans religion, puis comme un espace anti-religieux. » « Les Églises jettent de l’huile sur le feu », répondent les « Pro Ethik » [qui avaient pris l'initiative d'imposer le seul cours d'éthique...]
Ce débat – dont on n’aurait jamais imaginé qu’il déchaînerait autant les passions à Berlin, où 60 % des habitants [des adultes souvent sans enfants, pour les enfants voir le dernier paragraphe] s’affirment sans confession – a vu l’implication directe des Églises. Dans une lettre ouverte, les « chrétiens de Pro Ethik » s’insurgent contre le soutien unilatéral des Églises à « Pro Reli ».
Les politiciens s'affichent
Par ailleurs, la campagne s’est politisée avec l’implication de partis et de personnalités. La démocratie-chrétienne et les libéraux sont partie prenante de « Pro Reli », tandis que le SPD, les Verts et la Gauche [la coalition rouge-rouge comme on dit en Allemagne] soutiennent « Pro Ethik ».
Avec des exceptions de taille, cependant : Wolfgang Thierse, président du Bundestag, Frank-Walter Steinmeier, le vice-chancelier et ministre des affaires étrangères, Andrea Nahles, trois personnalités sociales-démocrates de premier plan, s’affichent ainsi « Pro Reli », contre le maire social-démocrate de Berlin Klaus Wowereit [militant pro-gay].
Le vote de dimanche sera un test politique, culturel, religieux, un « Kulturkampf » (combat culturel, comme celui qui opposa Bismarck aux Églises). Pour l’emporter, « Pro Reli » devra rassembler une majorité, mais aussi réunir au moins le quart de l’électorat berlinois afin que le résultat soit considéré comme valide. Pour l’heure, les sondages prévoient un résultat serré, plaçant les deux camps au coude-à-coude.
40 % des enfants berlinois sont issus de l’immigration
2,4 millions de Berlinois sont appelés aux urnes ce dimanche pour ce référendum local. En 2006, la municipalité de Berlin avait imposé le cours d’éthique pour tous avec l’objectif de rassembler dans une même classe les élèves de toutes origines dans une ville où plus de 40 % des enfants de 6 à 14 ans sont issus de l’immigration.
Quant aux catholiques et protestants ne sont-ils pas aujourd'hui aussi des minorités dans une ville où les adultes se disent à 60 % sans confession ? Ils demandent aussi à transmettre une vision ancrée dans leur foi face à une culture environnante indifférente, au mieux, à leur religion.]
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