jeudi 8 octobre 2015

Le Japon souhaite un taux de fécondité de 1,8

Comme le cabinet du premier ministre l’avait annoncé la semaine dernière, Shinzo Abe a remanié son gouvernement ce mercredi. Si la moitié des 18 postes ministériels ne change pas de titulaire, notamment les Finances, l’Économie et les Affaires étrangères, la principale innovation consiste en la création d’un ministère chargé de « construire une société dans laquelle 100 millions de gens peuvent être actifs ». Cette mission est confiée à Katsunobu Kato, ex-sous-directeur du cabinet du Premier ministre. Il aura pour tâche de coordonner les mesures susceptibles de favoriser la natalité, tout en accroissant la participation des femmes au marché du travail, et de faciliter le travail des seniors, au-delà même de 65 ans.
 
Lors d’une conférence télévisée le 25 septembre dernier, Shinzo Abe avait indiqué qu’il voulait enrayer la chute de la population, actuellement de 126 millions, après avoir atteint un maximum historique de 128 millions en 2010.

Son objectif est que « dans les cinquante prochaines années » la population se stabilise à 100 millions. Or c’est loin d’être gagné : selon des projections faites par le ministère de la Santé, du Travail et du Bien-être, la population nipponne s’établirait entre 80 et 95 millions en 2060 si rien n’est fait. L’objectif affiché, devenu véritable priorité nationale, consiste d’abord à faire remonter le taux de fécondité des Japonaises, actuellement de 1,4 enfant par femme, à 1,8 [c'est plus que le Québec], sans qu’un calendrier ne soit précisé.

Alors que les Abenomics, la nouvelle stratégie du Premier ministre arrivé au pouvoir fin 2012, comportent trois flèches — politique monétaire accommodante de façon à faire remonter l’inflation à 2 %, relance et assainissement budgétaire simultanés, réformes structurelles —, la démographie est désormais revendiquée comme une quatrième flèche.
Politique familiale très discrète jusqu’ici
Pour le moment, le gouvernement n’a pas défini les mesures concrètes qui pourraient redresser la courbe des naissances. Seule certitude, il va falloir redorer les comptes publics consacrés à la famille.

« Le Japon consacre 1,1 % de son PIB à la politique familiale, trois fois moins que la France. Si l’on veut atteindre un taux de fécondité de 1,8, il faudra dépenser 8000 milliards de yens par an (59 milliards d’euros) et 13 000 milliards de yens (96 milliards d’euros) pour retrouver un taux de 2 assurant l’équilibre démographique » , nous explique à Tokyo Kazumasa Iwata, président du Japan Center for Economic Research.

D’ores et déjà, la sous-natalité pèse doublement pour réduire la croissance économique. « À la fois sur la demande et plus encore sur l’offre. La population active diminue de 0,3 % par an, le chômage est à son plus bas niveau depuis 18 ans (3,3 %) et il y a plus d’offres d’emplois que de demandeurs » , souligne Susumu Takahashi, président du Japan Research Institute.

Mais hormis des quotas ciblés, principalement sur les aides-soignantes pour personnes âgées venues du Vietnam, d’Indonésie ou des Philippines, la question de l’immigration reste taboue au Japon.

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