mardi 4 octobre 2016

Québec — Trois nouveau-nés sur dix ont au moins un parent né à l’étranger

Parmi les 86 800 bébés québécois nés en 2015, trois sur dix ont au moins un parent né à l’extérieur du Canada, une proportion qui s’inscrit dans une tendance à la hausse, écrit l’Institut de la statistique du Québec dans son portrait sociodémographique publié ce matin.

« L’augmentation de 21 % à 30 % observée par rapport à l’année 2000 s’explique surtout par des naissances issues de deux parents nés à l’étranger, dont la part est passée de 13 % à 20 %. Quant à la proportion des nouveau-nés dont un des parents est né à l’étranger et l’autre au Canada, elle se maintient à environ 10 % », peut-on lire.


Les principaux pays de naissance des parents nés à l’étranger sont demeurés pratiquement inchangés au cours des dernières années, est-il encore écrit. « Chez les mères comme chez les pères, les trois principaux pays sont le Maroc, l’Algérie et Haïti. Parmi les autres pays fréquemment déclarés, on retrouve la France, la Chine, le Liban et les États-Unis. La plupart de ceux-ci correspondent également aux principaux pays de naissance des immigrants récents. »


Si, dans l’ensemble du Québec, 30% des nouveau-nés de 2015 ont au moins un parent né à l’extérieur du Canada, cette proportion varie grandement d’une région administrative à l’autre. Deux de celles-ci se distinguent avec des proportions beaucoup plus élevées que dans le reste du Québec. Montréal est, de loin, la région qui affiche la part la plus élevée en 2012 (plus récentes données finales disponibles): presque les deux tiers des bébés ont au moins un parent immigrant. La part de naissances ayant au moins un parent né à l’étranger est aussi particulièrement forte dans la région de Laval, avec une naissance sur deux en 2012.


L'Institut de la statistique du Québec relève une particularité des enfants nés de parents canadiens : ils ne sont pas mariés, alors que c'est diamétralement le contraire pour les couples dont un parent est né à l'étranger : « Lorsqu'au moins un des parents est né à l'étranger, 74 % des bébés sont issus d'un couple marié. Quand la mère et le père sont nés au Canada, cette proportion est d'environ 22 %. »


Rappelons que la fécondité des francophones au Québec est très basse (1,49 enfant par femme en 2006, or la fécondité générale au Québec a constamment baissé depuis lors) et plus particulièrement sur l'île de Montréal (1,1 enfant par femme en 2006).




Pendant longtemps au Québec, les femmes de langue maternelle française ont eu une fécondité assez élevée, supérieure à celle des femmes de langue anglaise ou autre. À la fin des années 1950, on comptait encore plus de quatre enfants par femme en moyenne chez les francophones. (Ce chiffre avait baissé dans les années trente pour atteindre plus près de trois enfants en moyenne.) Leur fécondité a cependant connu une importante diminution durant les décennies 1960 à 1980, plus marquée que celle affichée par les autres groupes linguistiques durant cette période (Lachapelle, 1988; Corbeil et autres, 2010). Depuis, les femmes de langue maternelle française affichent une fécondité semblable à celle des femmes de langue anglaise. Celle-ci se caractérise par des indices très faibles, largement en deçà du seuil de remplacement des générations qui est de l’ordre de 2,1 enfants par femme dans les populations où la mortalité est très faible de la naissance aux âges de fécondité.

Si les femmes de langue maternelle autre que le français, l'anglais et les langues autochtones (les « immigrantes ») ont un taux de fécondité inférieure à celle des femmes de langue autochtone (environ 3 enfants par femme), elle dépasse celle des francophones et des anglophones dans des proportions variant de 10% à 30% selon la période. En 2001-2006, leur indice de fécondité s’établit à 1,8 enfant par femme. Il importe toutefois de préciser qu’on retrouve une grande diversité dans les comportements de fécondité chez les femmes allophones. En témoigne la figure ci-dessous, qui compare sept langues ou groupes. La fécondité des femmes de langue maternelle autochtone telle que mesurée ici est probablement légèrement sous-estimée. En effet, l’ajustement visant à redresser le nombre d’enfants afin de tenir compte de la mortalité en bas âge a été fait de manière uniforme pour tous les groupes linguistiques, à l’aide d’un facteur correspondant à la mortalité moyenne des enfants au Québec. Le compte d’enfants du groupe de langue maternelle autochtone aurait été un peu plus important si un facteur d’ajustement reflétant la mortalité plus élevée de ce groupe avait été appliqué.


On y voit que les femmes ayant l’arabe comme langue maternelle affichent une fécondité autour de 2,5 enfants par femme. Outre ces dernières, seules les femmes de langue indo-iranienne ont maintenu une fécondité supérieure à 2 enfants en 2001-2006. Les femmes ayant une langue créole ou l’espagnol comme langue maternelle avaient un indice d’un peu plus de 2 enfants par femme au cours des périodes 1991-1996 et 1996-2001, mais il est descendu sous ce seuil en 2001-2006. Les femmes appartenant aux trois catégories linguistiques situées à droite de la figure ci-dessus ont, quant à elles, une fécondité inférieure à celle des francophones et des anglophones. Ces catégories regroupent les femmes dont la langue maternelle est une langue chinoise, une langue slave (principalement le russe et le polonais) ou une langue latine différente de l’espagnol (italien, roumain et portugais).

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