mercredi 16 mai 2018

Dans une garderie près de chez vous — Un premier jouet transsexuel créé au Québec

Nouvel épisode de notre feuilleton Le Québec à l’avant-garde. Voir les épisodes précédents Un juge demande la reconnaissance des familles à trois parents, À dépenses similaires, l’Ontario diplôme de plus en plus alors que le Québec fait du surplace et Québec : jamais aussi peu de naissances depuis 10 ans, jamais autant de décès depuis la tenue des statistiques.

Les enseignants et éducateurs en garderie qui accueilleraient de « plus en plus des enfants transgenres » dans leurs groupes selon TVA nouvelles, pourront bientôt utiliser un des 500 exemplaires du premier jouet conçu pour expliquer cette apparente mode récente.

Jacques Pétrin est un des premiers à avoir commandé des exemplaires de Sam, premier jouet transgenre au monde. Il croit que ses créateurs québécois ont bien fait de concevoir un jouet que les enfants pourront manipuler, au lieu des traditionnels livres ou campagnes de communication.


« Il y a des jeunes qui n’ont même pas commencé à apprendre à lire. Ça arrive souvent avant ça », affirme M. Pétrin, en faisant référence aux questionnements sur ce qu’on nomme parfois l’identité de genre. Il est coordonnateur de la Table nationale de lutte contre l’homophobie et la transphobie des réseaux de l’éducation.

Afin d’enrayer la prétendue « transphobie » dès le plus jeune âge, l’agence LG2 et l’organisme Enfants transgenres Canada ont créé un jouet basé sur le modèle des poupées russes, accompagné d’un court film qui raconte l’histoire du personnage imaginaire Sam.

Chaque poupée représente les étapes par lesquelles peuvent passer certains enfants qui se questionnent sur leur identité de genre. Par exemple, la deuxième poupée montre Sam, alors considéré comme une fillette, qui s’amuse naïvement à se dessiner une moustache.

Sam « considérée comme une fillette » explore son identité à la garderie

La cinquième poupée montre Sam dans une phase plus sombre, où il éprouve de la tristesse à force de se sentir rejeté.

Les intervenants pourront donc présenter la vidéo aux enfants, les laisser s’amuser avec le jouet et les inviter à discuter de ce qu’ils ont retenu, avance M. Pétrin.

« Ça ne dit pas aux enfants comment être, mais plutôt comment accepter ceux qui vivent cela », explique le designer graphique Jean-Philippe Dugal, chez LG2, qui espère rien de moins que de « changer le monde » grâce à Sam.

Au cours des 10 dernières années en Angleterre, on assiste a eu une forte augmentation du nombre de références à des cliniques de genre pour les adolescentes qui veulent devenir des garçons.

Une étude de 2017 a établi une association entre ce phénomène et le fait d’avoir un ami (ou plusieurs amis) identifié comme transgenre, suggérant que cette augmentation ait des similitudes avec une contagion sociale. Ces filles ont fréquemment d’autres problèmes de santé mentale, comme l’autisme ou un trouble de la personnalité limite, qui devraient plutôt être au centre des préoccupations.

Des statistiques récentes estiment que six adultes sur 1000 sont des transgenres (un nombre qui a étrangement doublé au cours de la dernière décennie), et jusqu’à une personne sur 100 pourrait avoir une différence de développement sexuel (une condition médicale anciennement appelée « intersexe »).

Sans aucun doute, ces individus méritent la dignité et le respect. En même temps, on ne s’avance guère en affirmant que l’immense majorité des enfants grandiront en s’identifiant à leur sexe de naissance.

Pour le psychologue clinicien et professeur de psychologie à l’Université de Toronto, Jordan Peterson, on assiste à une épidémie d’autodiagnostic chez les jeunes, une course à la multiplication des pathologies, une glorification des troubles comme les troubles de la personnalité limite, lesquels sont rares. Cette course victimaire qui permet au plus opprimé d’atteindre le sommet de la hiérarchie aboutit à un nivellement vers le bas.

Les adultes n’aident pas les jeunes enfants à trouver une voie de l’avenir noble et difficile, où ils seront responsables et avanceront confiants vers l’âge adulte. Bien au contraire. Nous glorifions un statut extrêmement minoritaire, une confusion qui se résorbe souvent à l’adolescence avec l’enclenchement de la puberté. Au lieu de cela, on voit des écoles envoyer des enfants à des cliniques spécialisées au moindre soupçon de trouble de l’identité sexuelle et des parents aller jusqu’à demander que la puberté de leur enfant soit retardée par des injections d’hormones.

Quiconque essaie de parler de cela sait à quoi s’attendre : on vous appelle un bigot haineux. Aux parents, en particulier, on affirme que 41 % des personnes transgenres ont tenté de se suicider et que leur enfant fera partie de cette statistique s’ils ne cèdent pas à leur affirmation infantile d’être né dans le mauvais corps. C’est exactement ce que fait l’organisme Enfants transgenres Canada sur sa page d’accueil et dans ses interventions dans les médias.

Tiré de la page d’accueil du site militant Enfants transgenres Canada

Cependant, les chercheurs qui ont publié cette statistique ont reconnu les limites de leur étude ; ils n’ont pas demandé aux répondants s’ils souffraient d’autres problèmes de santé mentale ni s’ils s’identifiaient [encore] comme transgenres, au moment de leur tentative de suicide.

Extrait de l’article de TVA Nouvelles qui n’interroge personne pour remettre en question cette statistique et son insinuation simpliste (c’est la « transphobie » qui causerait ces suicides)

Pour Debra Soh, titulaire d’un doctorat en neurosciences sexuelles de l’Université York, les thérapeutes sont désormais incapables d’avoir d’honnêtes conversations avec les parents au sujet de leurs enfants, de peur de perdre leur permis d’exercer de peur d’enfreindre la Loi ontarienne de 2015 sur l’affirmation de l’orientation sexuelle et de l’identité sexuelle car, selon elle, « Nul ne doit, lorsqu’il fournit des services de soins de santé, fournir un traitement visant à changer l’orientation sexuelle ou l’identité sexuelle d’une personne de moins de 18 ans. » Cela a des implications importantes pour le bien-être de l’enfant, car la transition sociale et médicale n’est souvent pas une solution appropriée.

En prenant les affirmations des enfants pour argent comptant, les adultes leur refusent l’aide dont ils ont besoin. L’objectif d’une politique et d’un traitement médical efficaces devrait être d’améliorer la vie de ceux qui souffrent, plutôt que de s’autocongratuler parce que nous serions ouverts d’esprit, tolérants, bisounours et progressistes.

Voir aussi

Jordan Peterson et les jeunes « trans » (M-à-j avis de Debra Soh sur l’augmentation de ceux-ci)

Priorité éducative du Québec (du moment) : Urgence : « Adapter l’école aux écoliers transgenres »

Élève à la télévision : « J’en parlais avec mes amis trans à l’école... »

Angleterre — Au moindre soupçon, des écoles considèrent désormais les élèves comme transgenres

Nombre d’enfants référés à la clinique du genre (GIDS) par année et par sexe


Priorité en éducation selon le syndicat CSQ : lutter contre l’hétérosexisme...


Le genre et l’université : une chape de plomb s’abat

Garçon gardé par un couple de lesbiennes subit un traitement hormonal pour bloquer sa puberté

Thomas entre Pauline Moreno et Debra Lobel qui affirment qu’il n’a pas subi de pressions dans sa décision de devenir une fille

L'Italie est le deuxième pays le plus vieux au monde

L’Italie a confirmé en 2017 son statut de second pays le plus vieux au monde, après le Japon, et son déclin démographique, a indiqué mercredi l’Institut national de la statistique (Istat) dans son rapport annuel.

« Depuis 2015, notre pays est entré dans une phase de déclin démographique », après avoir encore perdu 100 000 habitants entre 2016 et 2017, a souligné l’Istat. L’Italie comptait 60,5 millions d’habitants au 1er janvier 2018 dont 8,4 % d’étrangers.

Taux de fécondité en chute libre

Le taux de fécondité, qui définit le nombre d’enfants par femme en âge de procréer, reste l’un des plus bas au monde à 1,34. Il est même de 1,27 dans la population italienne contre 1,95, mais en baisse, dans la population étrangère. Pays en phase de vieillissement, l’Italie comptait au 1er janvier de cette année 168,7 personnes âgées pour 100 jeunes, selon l’Istat, un rapport qui la place juste derrière le Japon. Dans 20 ans, ce rapport sera de 265 contre 100, indique encore l’institut.

Comparaisons internationales


À titre de comparaison le taux de fécondité en 2017 au Québec était de 1,54 enfant/femme, le taux des femmes francophones est habituellement inférieur de 0,1 enfant à ce taux. La fécondité a Montréal est 1,4 enfant/femme, 1,45 dans la Capitale nationale et 1,47 à Laval mais elle est de 2,6 (et en hausse) dans le Nord du Québec. Le taux de fécondité en 2017 était de 1,88 enfant/femme en France, un chiffre qui a baissé tout au long du quinquennat Hollande. En tête des pays développés en 2016, les 3,11 enfants par femme israélienne (juives et non juives). Comme la plupart des pays industrialisés, le taux de fécondité en Israël avait considérablement diminué entre les années 70 et le début des années 2000, passant d’une moyenne de 4 enfants en 1970 à 2,80 enfants en 2005. Cependant depuis 2006, le taux de fécondité en Israël est en hausse et dépasse maintenant l’Arabie saoudite, qui occupait auparavant la première place, avec une moyenne de 7,30 enfants par femme en 1979, mais qui est tombé à 2,70 depuis lors. D’autres pays connaissent des regains de fécondité, parmi ceux-ci l’Algérie et l’Égypte.

Espérance de vie au plus haut

L’espérance de vie est aussi l’une des plus élevées au monde avec 80,6 ans pour les hommes et 84,9 pour les femmes. Mais les disparités entre nord et sud sont encore fortes. A Bolzano (nord), on peut s’attendre à vivre en bonne santé jusqu’à 70 ans en moyenne, mais seulement jusqu’à 52 ans en Calabre, affirme l’Istat.

Immigration en baisse

L’immigration étrangère, dans un pays qui a vu arriver près de 700 000 migrants sur ses côtes en cinq ans, est en baisse constante avec 337 000 nouveaux inscrits à l’état-civil en 2017 contre 527 000 dix ans plus tôt. Quelque 227 000 nouveaux permis de séjour ont été accordés en 2017, mais ils étaient près de 600 000 en 2010.

Les départs d’Italiens ont triplé en 10 ans

Le solde migratoire reste positif, mais les départs d’Italiens vers l’étranger ont triplé en dix ans, effets de la crise économique obligent. La dynamique migratoire positive continue toutefois à limiter le déclin démographique dans un pays qui a vu en 2017 le nombre de naissances diminuer de 2 % sur an an, relève l’Istat.

Benoît XVI : les « droits de l'homme » sans Dieu se réduisent au « pragmatisme » capricieux

Si Dieu n’existe pas, les droits de l’homme s’effondrent est un texte écrit par Benoît XVI en 2014. Il a été publié par Sandro Magister le 8 mai 2018. Benoît XVI écrit qu’il a compris en 2014 qu’il y a une discontinuité entre les papes précédents et l’encyclique de Jean XXIII Pacem in Terris (avril 1963) qui poussait pour la reconnaissance des « droits de l’homme ». Jusque-là, le concept agnostique des « droits de l’homme » avait été condamné par l’Église parce qu’il est coupé de l’autorité de Dieu, confond la vérité et le mensonge et place ces « droits » à la merci des caprices des législateurs humains. L’ancien pape Benoît XVI est arrivé à une conclusion similaire, c’est-à-dire que les « droits de l’homme » sans Dieu sont finalement réduits au « pragmatisme ». Selon Benoît, un tel concept agnostique conduit à la « destruction de l’idée du droit » et au « droit nihiliste » de l’homme de se nier « comme dans l’avortement et le suicide ». Selon Ratzinger, les « droits de l’homme » séparés de Dieu conduisent à la négation du christianisme. Le texte sera imprimé dans un nouveau livre le 10 mai 2018.

Il s’agit d’un texte que Ratzinger a rédigé dans sa retraite vaticane, un an et demi après sa démission comme pape — par la suite publié en 2015 sous le titre définitif « Diritti umani e cristianesimo. La Chiesa alla prova delle modernità » — de son ami Marcello Pera, philosophe de l’école libérale et ancien président du sénat italien.

Dans son commentaire, le « pape émérite » analyse l’immixtion des droits de l’homme dans la pensée laïque et chrétienne de la deuxième moitié du vingtième siècle en tant qu’alternative aux dictatures totalitaires en tout genre, communistes ou islamiques. Et il explique pourquoi « dans ma prédication et dans mes écrits, j’ai toujours affirmé la centralité de la question de Dieu ».

La raison est justement d’assurer aux droits de l’homme leur fondement de vérité, sans lequel les droits se multiplient jusqu’à s’autodétruire et l’homme finit par se nier lui-même. Le volume dans lequel va paraître ce texte, ainsi que d’autres textes de Ratzinger sur le lien entre foi et politique, est édité en Italie par Cantagalli. Joseph Ratzinger-Benedetto XVI, « Liberare la libertà. Fede e politica nel terzo millennio », Pierluca Azzaro et Carlos Granados dir., préface du Pape François, Cantagalli, Sienne, 2018, pp. 208, 18 €.


C’est le second d’une collection de sept volumes intitulés Joseph Ratzinger – Textes choisis sur les thèmes fondamentaux de la pensée de Ratzinger théologien évêque et pape, publiés en même temps en plusieurs langues et dans plusieurs pays, en français par Parole et Silence.

Voici ci-dessous le texte inédit qui ouvre le second volume de la collection. Le sous-titre est l’original de Ratzinger en personne.

Sans Dieu, les droits de l’homme s’effondrent

Éléments pour une discussion sur le livre de Marcello Pera « La Chiesa, i diritti umani e il distacco da Dio ».
de Joseph Ratzinger

Ce livre représente sans aucun doute un défi majeur pour la pensée contemporaine et aussi, particulièrement, pour l’Église et la théologie. Le hiatus entre les affirmations des papes du XIXe siècle et la nouvelle vision qui commence avec « Pacem in terris » est évidente et l’on a beaucoup débattu à ce sujet. Elle se trouve aussi au cœur de l’opposition de Lefebvre et de ses partisans contre le Concile. Je ne me sens pas en mesure de fournir une réponse claire à la problématique soulevée par votre livre ; je me limiterai donc à faire quelques remarques qui, à mon sens, pourraient être importantes pour une discussion ultérieure.

1. Ce n’est que grâce à votre livre qu’il m’est apparu clairement dans quelle mesure « Pacem in terris » est à l’origine d’une nouvelle orientation. J’étais conscient de l’ampleur de l’impact de cette encyclique sur la politique italienne : c’est elle qui a donné l’impulsion décisive pour l’ouverture à gauche de la Démocratie Chrétienne. Je n’étais en revanche pas conscient du nouveau départ qu’elle a constitué, notamment par rapport aux idéaux fondamentaux de ce parti. Et néanmoins, pour autant que je m’en souvienne, ce n’est qu’avec Jean-Paul II que la question des droits de l’homme a acquis une importance de premier plan dans le Magistère et dans la théologie postconciliaire. À partir de là, cette affirmation ne concernait plus seulement les dictatures athées, mais également les États fondés sur base d’une justification religieuse comme on en trouve surtout dans le monde musulman. À la fusion du politique et du religieux dans l’islam, qui limite nécessairement la liberté des autres religions et donc aussi celle des chrétiens, on oppose la liberté de conscience qui considère dans une certaine mesure l’État laïque lui-même comme étant la forme juste de l’État, une forme qui donne de l’espace à cette liberté de conscience réclamée par les chrétiens depuis le début. En cela, Jean-Paul II savait qu’il était en profonde continuité avec les origines de l’Église. Il se trouvait devant un État qui connaissait la tolérance religieuse, bien sûr, mais qui identifiait autorité publique et autorité divine, ce que les chrétiens ne pouvaient accepter. La foi chrétienne, qui annonçait une religion universelle pour tous les hommes, incluait nécessairement une limitation fondamentale de l’autorité de l’État en raison des droits et des devoirs de la conscience individuelle.

Ce n’est pas en ces termes que l’idée des droits de l’homme était formulée. Il s’agissait plutôt de fixer l’obéissance de l’homme à Dieu comme limite de l’obéissance à l’État. Cependant, il ne me semble pas justifié de définir le devoir d’obéissance de l’homme à Dieu comme un droit par rapport à l’État. Et à cet égard, il était parfaitement logique que Jean-Paul II, devant la relativisation chrétienne de l’État en faveur de la liberté de l’obéissance à Dieu, vît ainsi s’exprimer un droit humain qui précédait toute autorité de l’État. Je crois qu’en ce sens le Pape ait pu affirmer qu’il y avait certainement une profonde continuité entre l’idée de fond des droits de l’homme et la tradition chrétienne, même si bien sûr les instruments respectifs, les mots et la pensée étaient très éloignés l’un de l’autre.

J’ai l’impression qu’en ce qui concerne le Saint Pape, il ne s’agisse pas tant du résultat d’une réflexion (même si elles sont nombreuses chez lui) que de la conséquence d’une expérience pratique. Contre l’emprise totalitaire de l’État marxiste et de son idéologie sous-jacente, il a vu dans cette idée des droits de l’homme l’arme concrète en mesure de limiter le caractère totalitaire de l’État, offrant ainsi l’espace de liberté nécessaire non seulement pour la pensée de l’individu, mais aussi et surtout pour la foi des chrétiens et pour les droits de l’Église. L’image séculaire des droits de l’homme, selon la formulation qu’on leur a donnée en 1948, lui est apparue de toute évidence comme la force rationnelle qui contrebalançait la prétention universelle, au niveau idéologique et pratique, de l’État fondé sur le marxisme. C’est ainsi qu’en tant que pape, il a affirmé que la reconnaissance des droits de l’homme était une force reconnue par la raison universelle dans le monde entier contre les dictatures de toute sorte.

2. À mon avis, dans la doctrine de l’homme fait à l’image de Dieu, on retrouve fondamentalement ce que Kant affirme quand il définit l’homme comme une fin et non comme un moyen. On pourrait également dire qu’elle contient l’idée que l’homme est sujet et non pas seulement objet de droit. Cet élément constitutif de l’idée des droits de l’homme est à mon sens exprimé clairement dans la Genèse : « Quant au sang, votre principe de vie, j’en demanderai compte à tout animal et j’en demanderai compte à tout homme ; à chacun, je demanderai compte de la vie de l’homme, son frère. Si quelqu’un verse le sang de l’homme, par l’homme son sang sera versé. Car Dieu a fait l’homme à son image. » (Gn 9, 5-6). Le fait d’être créé à l’image de Dieu inclut le fait que la vie de l’homme soit placée sous la protection spéciale de Dieu et le fait que l’homme, par rapport aux lois humaines, soit titulaire d’un droit instauré par Dieu lui-même. Sauf erreur de ma part, Jean-Paul II concevait son engagement en faveur des droits de l’homme dans une continuité avec l’attitude adoptée par l’Église primitive envers l’État romain. De fait, le mandat du Seigneur de faire de toute les nations des disciples avait créé une situation nouvelle dans le rapport entre religion et État. Jusqu’à cette époque, aucune religion ne prétendait à l’universalité. La religion constituait une partie essentielle de l’identité de chaque société. Le mandat de Jésus ne signifie pas qu’il faille exiger une transformation de la structure des sociétés individuelles, mais il exige toutefois que dans chaque société, on donne la possibilité d’accueillir son message et de vivre en conformité avec celui-ci.

Il en découle surtout en premier lieu une nouvelle définition de la nature même de la religion : celle-ci n’est plus un rite ou une observance qui garantit en définitive l’identité de l’État. Elle est en revanche reconnaissance (foi) et précisément reconnaissance de la vérité. Puisque l’esprit de l’homme a été créé pour la vérité, il est clair que la vérité oblige, mais non pas dans le sens d’une éthique du devoir de type positiviste, mais bien à partir de la nature de la vérité même qui, précisément de cette manière, rend l’homme libre. Ce lien entre religion et vérité comprend un droit à la liberté qu’il est légitime de considérer en profonde continuité avec le noyau authentique de la doctrine des droits de l’homme, comme l’a évidemment fait Jean-Paul II.

Une telle conception a acquis une importance fondamentale au début des temps modernes avec la découverte de l’Amérique. Tous les nouveaux peuples rencontrés n’étaient pas baptisés, c’est ainsi que s’est posée la question de savoir s’ils avaient des droits ou pas. Selon l’opinion dominante, ils ne devenaient des sujets de droits à proprement parler que par le baptême. La reconnaissance qu’ils étaient à l’image de Dieu en vertu de la création — et qu’ils demeuraient tels même après le péché originel — signifiait qu’ils étaient déjà des sujets de droit avant le baptême et que donc ils pouvaient prétendre au respect de leur humanité. À mon sens, il me semble qu’il s’agissait là d’une reconnaissance des « droits de l’homme » qui précèdent l’adhésion à la foi chrétienne et au pouvoir de l’état, quelle que soit sa nature spécifique.

3. Vous avez à juste titre considéré comme fondamentale l’idée augustinienne de l’État et de l’histoire en la plaçant à la base de votre vision de la doctrine chrétienne et de l’État. Toutefois, le point de vue d’Aristote aurait mérité une attention plus grande encore. Pour autant que je puisse en juger, elle n’a eu que peu d’importance dans la tradition de l’Église médiévale, d’autant plus qu’elle fut adoptée par Marsile de Padoue pour s’opposer au magistère de l’Église. Elle a ensuite été reprise de plus en plus, à partir du XIXe siècle quand on a commencé à développer la doctrine sociale de l’Église. On partait alors d’un double ordre : l’ordo naturalis et l’ordo supernaturalis ; là où l’on considérait que l’ordo naturalis se suffisait à lui-même. On a expressément mis en évidence que l’ordo supernaturalis était un ajout libre de l’ordre de la grâce pure auquel on ne peut prétendre à partir de l’ordo naturalis.

En construisant un ordo naturalis qu’il est possible d’appréhender de façon purement rationnelle, on tentait de bâtir une base argumentative grâce à laquelle l’Église aurait pu faire valoir ses positions éthiques dans le débat politique sur la base de la pure rationalité. Et de fait, on retrouve dans cette vision le fait que même après le péché originel, l’ordre de la création, bien que blessé, n’a pas été complètement détruit. Faire valoir ce qui est authentiquement humain là où il n’est pas possible de se prévaloir de la foi est en soi une position juste. Elle correspond à l’autonomie dans le cadre de la création et à la liberté essentielle de la foi. En ce sens, une vision approfondie de l’ordo naturalis du point de vue de la théologie de la création est justifiée, voire nécessaire, en lien avec la doctrine aristotélicienne de l’État. Mais il y a également des dangers :

a) On peut très facilement oublier la réalité du péché originel et en arriver à des formes naïves d’optimisme qui ne rendent pas justice à la réalité.

b) Si l’on considère l’ordo naturalis comme une totalité se suffisant à elle – même et qui n’aurait pas besoin de l’Évangile, on court alors le risque que tout ce qui est spécifiquement chrétien ne finisse par apparaître comme une superstructure en fin de compte superflue que l’on aurait superposée à l’humain naturel. Je me souviens en effet qu’on m’a une fois présenté le brouillon d’un document qui se terminait par des formules très pieuses alors que dans toute l’argumentation non seulement Jésus Christ et son évangile n’apparaissaient nulle part, mais Dieu non plus, ils semblaient être superflus. Naturellement, on croyait pouvoir construire un ordre de la nature purement rationnel, qui n’est pas à proprement parler véritablement rationnel et qui, d’un autre côté, menace de reléguer tout ce qui est spécifiquement chrétien dans le domaine du simple sentiment. C’est là qu’apparaît clairement la limite de la tentative de concevoir un ordo naturalis refermé sur lui-même et autosuffisant. Le Père de Lubac, dans son « Surnaturel », a cherché à démontrer que Saint Thomas d’Aquin lui-même — dont il se réclamait pour formuler cette tentative — n’avait en réalité pas entendu cela.

c) L’un des problèmes fondamentaux d’une telle tentative consiste dans le fait qu’avec l’oubli de la doctrine du péché original naît une confiance naïve en la raison qui ne perçoit pas la complexité effective de la connaissance rationnelle dans le domaine éthique. Le drame de la controverse sur le droit naturel montre clairement que la rationalité métaphysique, qui est présupposée dans ce contexte, n’est pas immédiatement évidente. Il me semble que Kelsen avait raison quand il disait que dériver un devoir de l’être n’est raisonnable que si Quelqu’un a déposé un devoir dans l’être. Cette thèse n’était pas digne de discussion pour lui. Il me semble donc qu’en définitive, tout repose sur le concept de Dieu. Si Dieu existe, s’il y a un créateur, alors même l’être peut parler de lui et indiquer à l’homme un devoir. Dans le cas contraire, l’éthos finit par se réduire au pragmatisme. C’est pourquoi dans ma prédication et dans mes écrits, j’ai toujours affirmé la centralité de la question de Dieu. Il me semble que cela soit le point vers lequel convergent fondamentalement la vision de votre livre et ma pensée. L’idée des droits de l’homme ne garde en dernière analyse sa solidité que si elle est ancrée dans la foi en Dieu créateur. C’est de là qu’elle reçoit à la fois la définition de ses limites et sa justification.

4. J’ai l’impression que dans votre livre précédent, « Perché dobbiamo dirci cristiani », vous considériez l’idée de Dieu des grands libéraux d’une manière différente à votre nouvel ouvrage. Dans ce dernier, elle apparaît comme une étape vers la perte de la foi en Dieu. Au contraire, dans votre premier livre, à mon avis, vous aviez montré de façon convaincante que, sans l’idée de Dieu, le libéralisme européen est incompréhensible et illogique. Pour les pères du libéralisme, Dieu était encore le fondement de leur vision du monde et de l’homme, de sorte que, dans ce livre, la logique du libéralisme rend justement nécessaire la confession du Dieu de la foi chrétienne. Je comprends que les deux analyses soient justifiées : d’un côté, dans le libéralisme, l’idée de Dieu se détache de ses fondements bibliques perdant ainsi lentement sa force concrète ; de l’autre, pour les grands libéraux, Dieu existe et est incontournable. Il est possible d’accentuer l’un ou l’autre aspect du processus. Je crois qu’il est nécessaire de les mentionner tous les deux. Mais la vision contenue dans votre premier livre reste pour moi incontournable : c’est-à-dire celle selon laquelle le libéralisme, s’il exclut Dieu, perd son fondement même.

5. L’idée de Dieu inclut le concept fondamental de l’homme en tant que sujet de droit, justifiant et établissant ainsi les limites de la conception des droits de l’homme. Dans votre livre, vous avez montré de façon persuasive et rigoureuse ce qui se passe quand on détache le concept des droits de l’homme de l’idée de Dieu. La multiplication des droits finit par entraîner la destruction de l’idée de droit et aboutit inévitablement au « droit » nihiliste de l’homme de se nier lui-même : l’avortement, le suicide, la production de l’homme comme un objet deviennent des droits de l’homme en même temps nient ce dernier. Ainsi, il ressort de façon convaincante de votre livre que l’idée des droits de l’homme séparée de l’idée de Dieu finit par mener non seulement à la marginalisation du christianisme, mais en fin de compte à sa négation. Ce point, qui me semble être le véritable but de votre livre, est très pertinent face à l’actuelle évolution spirituelle de l’Occident qui nie toujours davantage ses racines chrétiennes et se retourne contre elles.

Sources : Gloria TV et Diakonos

Le 18 mai 1756 : la Grande-Bretagne déclare officiellement la guerre à la France

le 18 mai 1756 : George II de Grande-Bretagne déclare officiellement la guerre à la France.

L’année 1755 est marquée par de nombreuses agressions anglaises. L’Angleterre prend ainsi l’initiative des hostilités, en capturant deux vaisseaux français et des dizaines de bateaux de pêche et de commerce, au large de Terre-Neuve.

En mai 1755, départ d’une flotte de 20 navires et quatre frégates partant de France, commandée par Emmanuel-Auguste Cahideuc Dubois de La Motte. Cette flotte transporte des renforts militaires au Canada.

4-16 juin : victoire britannique sur la France à la bataille de Fort Beauséjour.

10 juin : deux vaisseaux français, Lys et Alcide, sont capturés par les Britanniques commandés par Edward Boscawen près de Terre-Neuve3. Le navire Dauphin Royal échappe à la capture.

17 juin : le Fort Gaspareaux faiblement défendu par les Français se rend aux Anglais. L’Acadie est entièrement sous domination anglaise.

Au cours de l’été, les Britanniques saisissent 300 navires de commerce français avec 8000 hommes d’équipage. Cette perte en tonnage et en hommes porte un coup très dur à la flotte française. La France, qui possède 45 vaisseaux de ligne, ne peut en armer que 30, faute de matériel et d’équipage. Rupture des relations diplomatiques.

Dans l’été encore, le général Braddock, envoyé contre la place forte française du Fort Duquesne, l’actuelle ville de Pittsburgh, en Pennsylvanie, est battu par les Français. Braddock est tué et son armée est mise en déroute. Le jeune George Washington parvient à maintenir un certain ordre dans l’arrière-garde, ce qui permet à l’avant-garde de se replier. Ceci lui vaut le surnom de « Hero of the Monongahela »...


De juillet à décembre, les Anglais expulsent d’Acadie tous les habitants d’origine française. Cette déportation de près de 10 000 personnes entre dans l’Histoire sous le nom de « Grand Dérangement ».

Le 21 décembre, Louis XV adresse un ultimatum à la Grande-Bretagne pour que ses navires et marins lui soient restitués. Il menace de déclarer la guerre. L’ultimatum est rejeté le 13 janvier 1756. Trois jours plus tard, Frédéric II de Prusse conclut avec l’Angleterre le traité de neutralité de Westminster. La France se tourne alors vers l’Autriche, ce qui aboutit au traité de Versailles du 1er mai 1756. C’est un renversement complet des alliances. En mai, Montcalm arrive au Canada, il s’empare d’Oswego, dans la vallée de l’Ohio.

En avril, les Français débarquent à Minorque Le 6 mai a lieu la victoire navale de Richelieu et de La Galissonnière sur l’amiral Byng à Minorque et la prise du Port Mahon. Le 18 mai l’Angleterre déclare la guerre à la France, qui lui déclare la guerre à son tour, le 9 juin.