jeudi 10 janvier 2019

Éducation sexuelle: retirez vos enfants des classes, propose l'archevêché

La Presse a publié un article sur le livre du Dr Ayas et de l’abbé Gendreau. On y sent poindre la désapprobation du journaliste qui cherche à montrer des contradictions dans la démarche des auteurs et à citer des phrases qui choqueraient des parents progressistes peu au courant de la recherche sur le sujet.

L’archevêché de Montréal a relayé hier une invitation à retirer les enfants de leurs classes d’éducation sexuelle afin de confier aux parents le soin de donner eux-mêmes le nouveau cours obligatoire en respectant « la pudeur naturelle » des jeunes.

Les autorités ecclésiastiques font la promotion d’un manuel [portant sur le cours d’éducation sexuelle imposé aux enfants de maternelles en 3e année du primaire, il faudrait le dire ici] destiné aux parents catholiques, qui compare le nouveau programme à une agression. 

Mais plutôt que de s’y attaquer de front devant les tribunaux, la conclusion d’ententes à la pièce est préconisée : « Les parents peuvent parler avec les enseignants et prendre une entente spéciale pour donner la matière eux-mêmes », indique un communiqué relayé hier par l’archevêché.

[Rappelons que le ministre Michel Pagé en 1992 avait permis la dispense du cours tant que l’enfant dispensé recevrait de l’information équivalente]

Le court manuel promu par l’Église reprend les objectifs obligatoires du Ministère en les adaptant à une perspective catholique.

Rédigé notamment par le directeur du service de pastorale liturgique de l’archevêché (mais à titre personnel), le livre préconise de repousser à plus tard plusieurs discussions sur la sexualité.

« Il est en effet reconnu par les psychologues les plus crédibles que l’enfant vit une période de latence de 6 à 12 ans environ, il serait comme sexuellement endormi », expliquent l’abbé Robert Gendreau et le médecin Riouf Ayas dans leur livre publié lundi.

« Il sera donc toujours préjudiciable au sain développement de l’enfant de forcer sa pudeur naturelle. L’action gouvernementale en ce sens pourrait être considérée comme une agression, alors que c’est exactement ce qu’elle prétend vouloir prévenir. »

– Extrait du livre de l’abbé Robert Gendreau et du Dr Riouf Ayas

Le programme d’éducation à la sexualité devrait être implanté à partir de cette année dans plusieurs commissions scolaires du Québec. Son déploiement a été retardé en raison des réserves des syndicats quant à la formation des enseignants.

Au primaire, il occupera cinq heures par année scolaire. Le temps qui lui est consacré triple au secondaire. Le droit de retrait est virtuellement impossible à exercer, sauf pour les victimes de crimes sexuels.  

[Le Québec, pays du Monopole de l’éducation...

Notez que la loi n'est en rien aussi restrictive, voir l'article 222 de la Loi sur l'instruction publique du Québec.

222. La commission scolaire s’assure de l’application du régime pédagogique établi par le gouvernement, conformément aux modalités d’application progressive établies par le ministre en vertu de l’article 459.

Pour des raisons humanitaires ou pour éviter un préjudice grave à un élève, la commission scolaire peut, sur demande motivée des parents d’un élève, d’un élève majeur ou d’un directeur d’école, l’exempter de l’application d’une disposition du régime pédagogique.

Il n'est en rien question de victimes sexuelles ni même d'avoir été victime de quoi que ce soit. C'est l'interprétation qu'en fait le Monopole de l'Éducation qui rend ce droit virtuellement impossible... Et si les parents ne sont pas contents, ils peuvent essayer de gagner devant les tribunaux avec un État qui utilise avec prodigalité les deniers publics pour imposer son interprétation restrictive. C'était justement l'article de loi invoqué par les parents dans l'affaire Lavallée c. la commission scolaire de Drummondville. Voir La mère aux commissaires : « Qu'est-ce que ça vous prend comme préjudice grave ? »

]



Des familles inquiètes

En entrevue, l’abbé Gendreau a expliqué qu’il côtoyait « beaucoup de familles chrétiennes » inquiètes par rapport au nouveau programme et à la rapidité avec laquelle il aborde certains sujets. « Nommer toutes les parties du sexe de la femme, de l’homme, externes et internes... je pense que quand on est en première année, c’est un peu raide », a-t-il expliqué. D’autres informations arrivent « beaucoup trop tôt » dans le parcours des enfants, à son avis.

Une réflexion a eu lieu et une solution a émergé, a-t-il relaté : « Après l’entente avec le professeur, on ne retire pas l’enfant du programme, mais on le retire de la classe. » Aux parents de prendre en charge ce cours à la maison, d’où la pertinence d’un manuel.

Ce manuel contient d’ailleurs un contrat vierge à faire signer par l’enseignant. Il prévoit que l’enfant « sortira de la salle de classe » pendant les cours pour se rendre à la bibliothèque ou dans un bureau.

« En contrepartie, nous nous engageons à remplir les objectifs pédagogiques à la maison », promettent les parents en signant le contrat.

Robert Gendreau précise que chaque parent serait alors libre de donner les enseignements prévus dans des séances formelles ou au moyen de discussions informelles. L’abbé n’est au courant d’aucune entente du genre pour le moment.

Personne au ministère de l’Éducation n’aurait été consulté quant à la légalité de ce type d’entente. Le ministère n’a pas répondu à La Presse, hier après-midi.

Meilleures ventes

Le manuel de l’abbé Gendreau et du Dr Ayas met de l’avant l’importance du mariage et de la foi dans la vie personnelle. Il propose notamment des passages bibliques à faire lire à l’élève et propose de « consolider ce que la nature nous a donné », plutôt que de soulever des questions d’identité sexuelle.

Les deux coauteurs critiquent aussi à plusieurs reprises le programme du Ministère qu’ils se chargent pourtant de transmettre. [Ils n’ont guère le choix au Québec pays de la contrainte éducative : le journaliste suggère-t-il aux parents mécontents de passer plusieurs années devant les tribunaux, de dépenser plusieurs centaines de milliers de dollars sans nécessairement gagner à terme ? Ou seule la résignation silencieuse est-elle désormais admise ?] Ainsi, quand, en deuxième année, on demande d’aborder l’anatomie et la diversité des corps, les auteurs du manuel rechignent : « Cette réflexion n’est-elle pas prématurée à l’âge de 7 à 8 ans ? À cet âge, l’enfant est beaucoup plus disposé à entendre parler de Jésus que de sexualité », écrivent-ils.

Le manuel met aussi en garde les parents contre les dérapages du programme, « qui pourrait en faire [des enfants] des proies faciles pour les prédateurs pédophiles qui attendent d’en abuser ».

Le livre aborde seulement le programme de la maternelle à la troisième année du primaire. D’autres tomes réinterprétant le programme destiné aux autres groupes d’âge sont envisagés.

Offert [vendu à un prix modique] sur Amazon.ca depuis le début de la semaine, le manuel s’est hissé parmi les ouvrages les plus vendus de sa catégorie sur la plateforme.

Le manuel écrit par l’abbé Robert Gendreau et du Dr Riouf Ayas met de l’avant l’importance du mariage et de la foi dans la vie personnelle.

Quelques extraits du manuel

« Encourager une initiation précoce à la sexualité pose question, car cela peut attaquer la pudeur naturelle des enfants, déranger leurs sentiments d’intimité personnelle et détruire leur belle innocence. »

« En premier lieu il faut développer chez l’enfant la pudeur, une pudeur saine et qui serait une première ligne de défense [contre les agressions sexuelles]. »

« Il faut apprendre à ne pas en dire plus que ce que l’enfant veut savoir. »

« Les filles seront toujours plus portées à jouer avec des poupées que les garçons. »


[On sent que cela choquera le lecteur progressiste et que c’est peut-être la raison de cette courte citation sans contexte. La recherche université tend toutefois à prouver que c'est globalement vrai : dès la prime enfance les tout jeunes garçons sont plus attirés par les choses alors que les petites fillettes s’intéressent plus aux visages, aux gens. Voir Le paradoxe de l’égalité entre les sexes c. la théorie du genre et Jordan Peterson et l’égalité des sexes : députée et ex-ministre suédoise à du mal à comprendre. Notons que cette lutte ne réduit en rien les stéréotypes dans les choix de carrière en Scandinavie. Voir Plusieurs grandes études : l'égalité juridique des sexes renforce les différences sexuelles.

Voici ce que disent les auteurs au sujet des « poupées » (3 passages), la réflexion des auteurs paraît raisonnable une fois citée en contexte:




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Voir aussi

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Jordan Peterson et les jeunes « trans » (M-à-j avis de Debra Soh sur l’augmentation de ceux-ci)

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