mardi 2 avril 2019

Vive le latin ! [Rediff]

De Christian Rioux du Devoir (on notera son appréciation des nouveaux cours d'ECR et d'histoire sur lesquels nous partageons son avis). 


Le 11 février dernier [2013] vers midi, l’agence de nouvelles italienne ANSA a été la première à annoncer la démission du pape Benoît XVI. Pourtant, l’agence n’avait accès à aucune source privilégiée. Son arme secrète était une simple journaliste, Giovanna Chirri, qui assistait avec une poignée de collègues à un consistoire réunissant des cardinaux. Contrairement à ses confrères, Giovanna Chirri a immédiatement compris ce qui se passait lorsque le pape annonça en latin qu’il n’était plus apte à exercer ses fonctions. La nouvelle a aussitôt fait le tour du monde et les collègues de Giovanna en furent quittes pour aller réviser leurs déclinaisons.

Nul doute qu’aucun journaliste québécois, y compris votre humble serviteur, n’aurait pu saisir ce scoop au vol. Du moins si l’on se fie à l’état de l’enseignement du latin chez nous, où aucun établissement d’enseignement public secondaire ne l’offre. Après avoir mariné si longtemps dans l’eau bénite, voilà que nous avons oublié jusqu’à l’existence de cette langue qui est au français ce que les mathématiques sont à la physique. À l’exception des écoles privées qui appliquent le programme français, le seul établissement québécois où l’on récite encore rosa, rosam, rosae est le collège Brébeuf. Et l’on nous parlera ensuite de la « démocratisation » du savoir !

Dans notre édition de samedi, un groupe de professeurs de l’Université Laval plaidait pour le retour d’un enseignement des langues anciennes au secondaire. En ces temps d’utilitarisme galopant, ils risquent de passer pour de doux hurluberlus. Et pourtant. Ailleurs dans le monde, notamment en Allemagne et en Italie, le latin a encore droit de cité. Toutes les écoles secondaires de la France, même dans les banlieues les plus reculées, proposent une option latin offerte à tous. En France, 18 % des élèves du secondaire suivent au moins un cours de latin. Plus important encore, les professeurs de français du secondaire, diplômés de lettres classiques, peuvent généralement enseigner le latin et le grec. Comprenez qu’ils ont étudié autre chose que la « communication » et les nouvelles théories pédagogiques à la mode.

***

Comme le soulignent nos rêveurs de l’Université Laval, l’enseignement du latin aurait plusieurs vertus, surtout dans un pays où les programmes de français ont si radicalement expulsé la littérature. La première consisterait à renouer avec les racines gréco-latines de notre civilisation. À lire les programmes actuels d’histoire ainsi que d’éthique et de culture religieuse, on a l’impression que les Amérindiens et l’animisme ont eu plus d’influence sur la culture québécoise que la grande tradition gréco-latine. Ce qui est risible. À feuilleter certains manuels, on croirait même qu’un nouveau clergé, guère plus éclairé que l’ancien, a mis les humanités à l’index au profit de la pensée cool et jetable.

L’autre grande qualité de l’enseignement des langues mortes, c’est de forcer les élèves à l’un des exercices les plus formateurs qui soit : la traduction. Depuis que l’enseignement des langues vivantes est axé sur l’oral, la traduction est pratiquement disparue des écoles. Or, il n’y a rien de plus formateur que de s’interroger, pour traduire la pensée d’un auteur, sur le sens exact d’un mot, son étymologie et sa place dans la phrase. Cette discipline est le fondement même de tout travail sur la langue et, par voie de conséquence, sur les idées. À plus forte raison dans un pays où tant de nos élites parlent deux langues secondes.

Quel Québécois n’est pas admiratif devant la langue ni relâchée ni ampoulée du plus grand de nos chantres populaires, Gilles Vigneault ? Or, qu’on me pardonne l’expression, l’auteur des Gens de mon pays n’est pas sorti de la cuisse de Jupiter. Il a d’abord été professeur de latin et fait toujours des versions latines pour garder la forme.

Dans les années 60, une certaine gauche antiélitiste s’est déchaînée contre l’étude du latin et du grec que le philosophe [sic] Pierre Bourdieu, dans sa haine des « héritiers », qualifiait de « gaspillage ostentatoire ». Il y a longtemps que cette gauche s’est alliée aux néolibéraux pour continuer à dépouiller l’école de la culture humaniste. Les premiers en avaient contre les élites et croyaient servir la cause du peuple en le privant de culture générale. Les seconds rêvaient d’employés compétents et adaptables à l’infini, donc pas trop cultivés. Ce mariage a produit la catastrophe que nous connaissons.

Il ne s’agit pas de redonner au latin la place prépondérante qu’il a eue. Mais, « sans le latin, c’est tout bonnement le « roman familial » du français qui devient illisible », écrivent Hubert Aupetit et Cécilia Suzzoni dans Sans le latin (éd. Mille et une nuits). Ils rappellent aussi que le latin est « le sésame d’un apprentissage ambitieux du français ». Pressés de passer à la « modernité », dans les années 60, nous avons bazardé le latin en même temps que nos « p’tits chars ». Nous voilà, 50 ans plus tard, à rêver d’un tramway pour Montréal. Si la coupe à blanc n’est plus acceptable dans nos forêts, pourquoi le serait-elle à l’école ?

L’école à la maison du professeur idéaliste

À Jean-François Roberge, Ministre québécois de l’Éducation,

Nous faisons l’école à la maison avec nos trois enfants depuis maintenant plus de trois ans. Comme nous sommes un couple binational, nous utilisons des ressources pédagogiques du Canada anglais, du Québec et d’Allemagne. Nous sommes donc en désaccord avec votre projet d’amendement aux règlements concernant l’école à la maison qui nous forcerait à suivre le curriculum québécois.

Après avoir lu votre livre « Et si on réinventait l’école », je ne comprends vraiment pas pourquoi vous vous attaquez à l’école à la maison.

Dans ce livre, vous dressez un portrait catastrophique de l’école publique québécoise. Nous avons aussi l’impression que bien des priorités passent avant celle de « l’élève, un être anonyme trop souvent laissé pour compte dans le dédale des règles et des normes. » À la suite de cette constatation, vous avez entrepris des démarches en politique et nous avons décidé de faire l’école à la maison.

Tout comme vous, nous pensons que la culture générale est négligée à l’école publique et que le vrai apprentissage se passe durant les activités parascolaires. Lorsque vous réinventez l’école, vous décrivez assez bien les motivations et objectifs des parents qui font l’école à la maison.

Le diagnostic de M. Roberge candidat... Ministre, il veut désormais que les parents imitent cette école qui diplôme des « analphabètes » ?


Vous proposez plus de liberté aux directions d’école pour qu’elles développent des projets qui correspondent aux besoins de leurs écoles. Nous demandons plus de liberté pour qu’on puisse suivre les programmes qui correspondent aux besoins de nos enfants.

Vous dénoncez du même souffle la dérive bureaucratique des commissions scolaires. Je vous écris pour limiter le fardeau bureaucratique que vous voulez imposer aux parents qui font l’école à la maison.

J’aimerais donc que le ministre un peu borné laisse la place au professeur idéaliste qui a écrit ce livre. J’ai l’impression qu’on s’entendrait mieux avec lui.

Vincent Chandler,

Professeur,

Université du Québec en Outaouais

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Pétition en ligne : Protéger l'enseignement à la maison

Des parents qui instruisent à domicile en colère contre le ministre Roberge

Les associations d’instruction à domicile planchent sur une réponse au ministre Roberge

Des parents qui instruisent à domicile en colère contre le ministre Roberge

Des parents qui font l’école à la maison veulent échapper aux nouvelles règles que veut leur imposer le gouvernement Legault.

Mardi, l’Association juridique canadienne pour l’école-maison (HSLDA) a appelé le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, à assouplir ou retirer son projet de règlement. Plusieurs membres ont d’ailleurs entrepris dans les derniers jours de sensibiliser les députés de l’Assemblée nationale à leur cause.

La semaine dernière, M. Roberge a présenté un projet de règlement pour obliger l’enseignement d’un contenu minimal en langues, mathématique, sciences et univers social, ainsi que la passation d’examens ministériels.

Il exige aussi que les quelque 5000 petits Québécois scolarisés à la maison se présentent à des rencontres dans le but de permettre un meilleur suivi et un dépistage plus efficace des difficultés d’apprentissage.

Le ministre veut ainsi empêcher l’utilisation de l’école à la maison comme « astuce » pour se soustraire à la Loi sur l’instruction publique.

Il a donné l’exemple de parents qui prétendent faire l’école à la maison mais qui, en réalité, envoient leurs enfants dans une école religieuse, où ils ne suivent pas le programme de formation de l’école québécoise. « C’est inacceptable », avait-il déclaré en point de presse. La logique du ministre-instituteur Roberge n’est pas pas infaillible : le fait qu’ils apprennent le Talmud et l’hébreu le matin dans une yéchiva n’implique en rien qu’ils n’apprennent rien l’après-midi à la maison... En passant, il existe des programme de formation que des parents peuvent considérer comme meilleurs que celui du Québec (voir le bac français ou le bac international) ou mieux adapter à leurs enfants, notamment les surdoués ou ceux au contraire avec des difficultés d’apprentissage. L’ancien instituteur Roberge ne semble voir les choses qu’à travers l’école qu’il connaît et uniquement elle et le programme d'étude québécois.

Le ministre Roberge (à droite) jette un regard vers un parent québécois qui le supplie. La réponse est NON !


Ce qui est inacceptable, répond Manon Fortin, une porte-parole de HSLDA, c’est que le ministre place tous les parents qui font l’école à la maison dans le même « étau ». Elle déplore également que les trois principales associations représentant les parents qui font l’école à domicile n’aient jamais été consultées.

« En voulant imposer des évaluations, on va imposer par le fait-même un curriculum, parce que si on veut se préparer à des examens, on devient restreints et on rentre dans un cadre qui brise la beauté de l’école-maison », a-t-elle déploré lors d’un entretien téléphonique avec La Presse canadienne, mardi.

« La raison pour laquelle les parents font l’école-maison, ce n’est pas pour suivre ce qui se fait à l’école à la lettre. [...] Il y a des parents qui veulent voyager, qui ont des enfants avec des particularités », a-t-elle illustré.

« Je me sens comme si on me force à niveler par le bas, au nom de l’uniformité québécoise, a pour sa part déclaré Mélanie Camirand, une mère-éducatrice, dans un courriel envoyé à La Presse canadienne. Je crois que le ministre Roberge cherche à se faire du capital politique en s’inventant des faux problèmes. »

« Nous savions que la CAQ était comme une épée au-dessus de notre tête. Je vais être contrainte de faire une année sous le régime Roberge, mais à l’été 2020, nous aurons quitté le Québec », a-t-elle pesté.

Par ailleurs, Jean-François Roberge a tort d’affirmer que les règles actuelles sont « largement insuffisantes », selon elles.

Présentement, le projet d’apprentissage de l’enfant scolarisé à la maison doit comporter des activités « variées et stimulantes », dont l’apprentissage de la langue française, d’une autre langue et de la mathématique, ainsi que d’au moins une matière appartenant à chacun des domaines d’apprentissage suivants :

– mathématique, science et technologie ;

– arts ;

– développement de la personne ;

– univers social, dans le cas où l’enfant a atteint l’âge de 9 ans à la date du début de la mise en œuvre du projet d’apprentissage.

Les examens du ministère sont actuellement optionnels. En revanche, les parents doivent fournir au ministère des plans d’apprentissage et des évaluations de leurs enfants.


« Il y a beaucoup de choses qui sont demandées, a insisté Mme Fortin en entrevue. Le parent avise, envoie son projet d’apprentissage, la Direction de l’enseignement à la maison (DEM) le regarde, ensuite le parent envoie un bilan mi-parcours, il y a une rencontre de suivi qui se fait, [...] ensuite un bilan de fin d’année et il y a des évaluations qui sont faites par le parent tout au long de l’année. »

Elle craint que les propos du ministre Roberge ne viennent ternir la réputation de l’école-maison, alors que « les tabous commençaient à tomber », et que les gens se mettent à dire : « “C’est du n’importe quoi. Ses enfants ne sauront rien. ” »


Son association compte bien se faire entendre. Une période de 45 jours est actuellement en cours, durant laquelle toute personne intéressée peut transmettre son avis au ministre sur les modifications proposées. Cette période se termine le 10 mai prochain.

« Le ministre s’est déjà engagé à tenir compte des avis reçus dans l’édiction du règlement. [...] Je ne crois pas qu’un retrait pur et simple du règlement soit une option », a indiqué l’attaché de presse du ministre Roberge, Francis Bouchard.

La porte-parole du Parti libéral du Québec en matière d’éducation, Marwah Rizqy, exige quant à elle la tenue de consultations publiques en commission parlementaire. « Le ministre est très loin de la réalité des gens », a-t-elle martelé, mardi.

Source : Presse canadienne

Les associations d'instruction à domicile planchent sur une réponse au ministre Roberge

Le 27 mars, le ministre Jean-François Roberge déposait dans la surprise générale un projet de règlement plus draconien qui visait les enfants instruits à domicile. Toute personne ou organisation qui souhaite commenter le projet de règlement doit le faire dans les 45 jours suivant le 27 mars.

Voici le commentaire récemment publié par la HSLDA, une des grandes associations des parents éducateurs à la maison :

Le projet de règlement du ministre Roberge rendrait obligatoires :

1. Les examens ministériels, et ce, à partir de la 4ième année ;

2. La présence de l’enfant avec ses parents lors de la rencontre de suivi.

Bien que la formulation employée dans le projet de règlement ne soit pas tout à fait claire, il est possible que l’amendement proposé à l’article 4 (2) du Règlement sur l’enseignement à la maison exige l’utilisation du programme scolaire du ministère pour les matières obligatoires (français, anglais, mathématiques, sciences, technologies et sciences sociales, choisies parmi celles qui sont enseignées au cours du cycle d’enseignement dans lequel serait l’enfant s’il fréquentait l’école).

L’équipe juridique de la HSLDA prépare actuellement, de concert avec les autres associations d’école-maison, la réponse qui sera présentée au gouvernement au sujet de ce projet de règlement. Nous nous assurons également de clarifier auprès des médias le contenu de la réglementation déjà existante. Le projet de règlement constitue un changement majeur à l’ensemble du paradigme de l’école-maison établi par la Loi 144 et par le Règlement sur l’enseignement à la maison, lesquels avaient été adoptés suite à de longues consultations effectuées entre 2017 et 2018 auprès des communautés affectées, des professionnels de l’éducation et des chercheurs. En revanche, le présent projet de règlement a été annoncé le 27 mars 2019, sans qu’aucun préavis ne soit transmis aux différents professionnels, organisations et communautés qui avaient été impliqués activement dans l’élaboration du projet de loi 144 et du Règlement sur l’enseignement à la maison, et sans consulter la Table de concertation nationale en matière d’enseignement à la maison qui avait été mise sur pied en 2017.

Alors que nous nous préparons à présenter au gouvernement nos propositions au sujet du projet de règlement, nous vous invitons à nouveau de tout cœur à communiquer avec votre député, par téléphone ou en personne, afin d’exprimer vos préoccupations au sujet de ce projet de règlement. Pour ce faire, veuillez prendre connaissance du guide Comment effectuer du lobbying auprès de votre député et partagez-le avec d’autres. Ce guide inclut maintenant des instructions détaillées sur la façon de trouver les coordonnées de votre représentant à l’Assemblée Nationale. Nous vous encourageons aussi à soumettre par écrit vos commentaires au ministre de l’Éducation et de l’enseignement supérieur, au sujet du projet de règlement. Ces commentaires peuvent être acheminés directement au ministre à l’adresse suivante : 1035, rue De La Chevrotière, 16e étage, Québec (Québec) G1R 5A5. Si vous souhaitez nous soumettre auparavant vos commentaires afin d’obtenir de la rétroaction et des conseils, l’équipe de la HSLDA est disponible à cet effet. Veuillez communiquer avec nous à francais@hlsda.ca ou appelez au 819 909-6928 pendant les heures de bureau.
Points relevés par la HSLDA auprès de ses membres
  • Le ministre Roberge a déclaré à maintes reprises que les enfants éduqués à la maison n’ont l’obligation d’apprendre que les mathématiques, le français une langue seconde, ce qui est incorrect. Le règlement de M. Proulx (art. 4 [2] [a] — [d]) exige en fait que les élèves étudient le français, une langue seconde et les mathématiques plus au moins une matière choisie parmi chacun des domaines d’apprentissage suivants : (a) mathématiques, science et technologie (b) arts (c) développement personnel ; et (d) pour les élèves âgés de 9 ans et plus, les sciences sociales. Ces matières additionnelles ne sont pas facultatives, mais obligatoires ;

  • Si le projet de règlement vise à corriger le problème des écoles religieuses illégales, comme le ministre l’a indiqué, la portée du projet de règlement devrait être restreinte afin de s’assurer que des milliers de parents éducateurs qui se conforment à la loi ne soient pas pénalisés ;

  • Le projet de règlement tente d’imposer le programme d’études provincial aux parents éducateurs, ce qui désavantage les élèves qui utilisent actuellement des curriculums et programmes d’études personnalisés. Cette situation sera particulièrement dévastatrice pour les enfants ayant des troubles d’apprentissage ;

  • Nous n’avons même pas eu un an pour observer le fonctionnement du règlement actuel. Celui-ci inclut déjà de nombreux mécanismes de suivi qui garantissent une éducation appropriée en dehors du contexte de l’école publique. Ces mécanismes incluent un projet d’apprentissage détaillé, des rapports de la progression de l’enfant, ainsi qu’une évaluation effectuée par une tierce partie, telle qu’un enseignant, une commission scolaire ou une école privée.

  • Le règlement actuel a été mis en place à la suite de discussions et consultations approfondies qui ont eu lieu à la Table de concertation, avec des associations d’école-maison ainsi qu’avec des familles qui font l’école-maison. Déposer un projet de règlement sans même informer aucune de ces parties, alors que ce texte vient apporter des changements draconiens au règlement qui a déjà été adopté après une longue consultation, démontre un sérieux manque de considération pour les communautés ainsi affectées ;




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Instruction à domicile — Québec serre la vis et renforce le monopole du Ministère

Les deux-tiers des Québécois pour conserver le crucifix, les députés à l'unanimité contre

Soixante-trois pour cent des citoyens croient que « les croix et autres symboles religieux qui ornent les institutions publiques devraient rester à leur place, car ils font partie du patrimoine », révèle un sondage Léger réalisé du 22 au 26 mars pour le compte de la CAQ.

Les citoyens en région sont les plus attachés à l’héritage catholique (68 %), alors que les habitants de Montréal et ses environs le sont un peu moins (59 %).

Entretemps, les députés québécois ont voté à l’unanimité pour retirer le crucifix du Salon bleu de l’Assemblée nationale alors qu’en 2008 ils avaient voté à l’unanimité pour son maintien.

Le Québec est un lieu singulier où les députés votent des textes importants à l’unanimité.

C’est ainsi que le 14 décembre 2000 l’Assemblée nationale du Québec vota une motion de blâme adoptée à l’unanimité et sans débat contre Yves Michaud provoquant une crise importante au sein du Parti québécois entre les défenseurs et les détracteurs de Michaud. En janvier 2011, un total de 51 députés péquistes ont exprimé leurs regrets ou excuses concernant l’affaire Michaud.

L’ancien ministre Jacques Brassard commentait ainsi ce qui se passa en juin 2005, « l’Assemblée nationale avait modifié à l’unanimité et à toute vapeur sans vote nominal la Charte des droits. Résultat : abolition, à toutes fins utiles [en pratique], de la liberté de choix des parents en matière d’enseignement religieux et moral... »

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Tous du même avis ? Trop beau pour être vrai ? Indication d’une erreur ? «Selon le Talmud, un suspect condamné à l’unanimité par les juges devrait être acquitté. À première vue, ce raisonnement est déroutant. Mais, pour les sages de l’époque, l’accord à l’unanimité trahissait souvent une erreur systémique dans la procédure judiciaire, même si la nature exacte du problème restait à identifier.»

Le cours ECR, école de l'unanimisme politiquement correct

Comment Pauline Marois modifia une constitution... et une charte



Programme d'éducation à la sexualité du Québec : lutter contre « les effets nuisibles des versions traditionnelles » des rôles sexuels

Extrait du programme officiel d’éducation à la sexualité du Québec, partie des contenus obligatoires au secondaire :



En agrandissant certains passages, on voit un des aspects idéologiques du programme : la lutte conte les « stéréotypes » sexuels traditionnels, contre les normes sociales qui s’opposeraient à la fluidité de  l’« identité de genre » des enfants, distincte rappelons-le de leur sexe, selon la théorie du genre en vogue dans certains départements universitaires de sciences sociales. Pourtant ce n’est pas à l’État à imposer une vision anthropologique particulière. Que disait encore le père Trudeau ? « L’État n’a rien à faire dans les chambres à coucher. » (décembre 1967)


Notez ci-dessous le « mais ». Pourquoi « mais » ? Comme si les comportements et les attitudes « de genre » plus traditionnels étaient une mauvaise chose...


Le programme est écrit dans un langage un peu hermétique (sans doute pour aider les parents...). Rappelons à ce sujet que le Monopole de l'Éducation du Québec (MEES) fournit du matériel pédagogique, mais qu'il n'est accessible qu'à ceux qui enseignent le programme, (surtout) pas aux parents.

Ici l’allusion aux jeunes immigrés (en novlangue « issus de différentes communautés culturelles ») qui font face à un plus important « défi » signifie que ces communautés culturelles sont plus traditionnelles qui s’opposeraient à une libre « construction [de genre] de soi » chère aux militants LGBTQ2SAI+. Heureusement, l’État québécois est là pour assurer qu’ils pourront se construire « librement » dans le domaine des rôles, de l’orientation et du genre, loin des constructions stéréotypées et traditionnelles.


Le programme ECR aborde déjà certains de ces aspects. Comme l’écrivait Le Devoir, les enseignants marchent sur des œufs dans les écoles multiethniques. « Aborder les questions des menstruations ou de la séduction devant un auditoire plutôt multiethnique lui [au prof Tobin] a valu des reproches de ses élèves qui l’ont sommé de se mêler de ses affaires. Et M. Tobin a suscité de plus vives réactions encore à la présentation du film C.R.A.Z.Y., de Jean-Marc Vallée, dont il s’est servi pour parler de l’homosexualité et des valeurs du Québec dans les années 60-70-80. “Deux gars qui s’embrassent, c’était pour elles ‘dégueulasse’”, a raconté M. Tobin, en admettant avoir reçu quelques appels téléphoniques de parents. »


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Éducation à la sexualité : « les craintes des parents sont légitimes » (Ce texte aurait mené à l’exclusion de la professeure Nadia El-Mabrouk d’un colloque syndical à cause de ses positions sur la laïcité et l’éducation à la sexualité.)

Jordan Peterson et les jeunes « trans » (M-à-j avis de Debra Soh sur l'augmentation de ceux-ci)

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Dix choses à savoir sur le nouveau programme québécois d'éducation à la sexualité

L'absence de nouveau programme d'éducation sexuelle explique-t-elle la hausse des MST ?

Rapport sur la Présentation sur l'éducation sexuelle au Québec à Gatineau par Uni-T

Roberge (CAQ) veut que l'Éducation à la sexualité soit imposée à tous malgré couacs et difficultés

Barbara Kay : Suggestions pour le nouveau programme d'éducation à la sexualité ontarien

Extraits de la chronique de Barbara Kay du 3 juillet dans le National Post :

La première obligation d’un programme d’éducation à la sexualité responsable est de respecter les parents comme première ligne de protection pour éviter que l’État ne nuise à leurs enfants et n’expérimente avec l’esprit de leurs enfants. J’espère que ce credo sera le mot d’ordre de l’éducation à la sexualité en Ontario pendant le mandat de Doug Ford.

La victoire de Doug Ford était dans une certaine mesure due à sa promesse — que je crois sincère — d’abroger le programme d’éducation à la sexualité dans les écoles de l’Ontario. Je suppose qu’un programme de remplacement est prévu. Créer un vide dans ce domaine n’est pas une option défendable sur le plan politique, ni même ce que les parents conservateurs désirent.

Quels principes sous-tendront un programme inspiré par Doug Ford ? Je suggère quatre lignes directrices à son examen.

Premièrement, débarrassez-vous des idéologues et des activistes. Constituez un groupe de travail composé de diverses parties prenantes, impliquant des parents libéraux et conservateurs (y compris les parents d’étudiants LGBT [note du carnet : combien dans le primaire ?], des autorités scientifiques désintéressées et, oui, des représentants religieux, pour élaborer des recommandations pour programme d’éducation à la sexualité, qui distingue science et théorie, et dans lequel les partisans de la morale et de la pudeur ont droit au chapitre et peuvent se reconnaître.

Deuxièmement, réexaminez la prémisse sous-jacente à l’éducation sexuelle aujourd’hui que l’État doit enseigner tout ce qui touche à la sexualité aux enfants. En 2012, le « Sexe : l’expo qui dit tout ! », produit par le Centre des sciences de Montréal financé par l’État, a été inauguré au Musée des sciences et de la technologie d’Ottawa après une tournée à Montréal et à Regina. Il était prévu que les écoliers âgés de 12 ans et plus la voient. L’une des caractéristiques de l’exposition était une animation vidéo d’un homme et d’une femme se masturbant. Les adolescents n’ont pas besoin qu’on leur fasse un dessin (ou on la leur enseigne autrement). Plus déconcertants, les jeunes regardaient cela en présence d’étrangers qui les regardaient. Forcer des enfants à regarder des images de ce type en compagnie d’adultes inconnus est amoral ; la conception de cette expérience vidéo confine au voyeurisme. (Des protestations ont mené à l’établissement d’un âge minimum d’entrée de 16 ans avant l’ouverture de l’exposition.) Bien sûr, cette exposition ne faisait pas partie du programme d’éducation sexuelle de l’Ontario. Mais cet événement indique que certaines de nos élites culturelles présupposent que plus les enfants en connaissent sur le sexe, plus on en parle ouvertement [note du carnet : et le plus tôt] mieux c’est et plus c’est sain. Je ne suis ni religieuse ni pudibonde, mais je rejette vigoureusement cette hypothèse, tout comme beaucoup d’autres conservateurs. On ne perdrait rien à enseigner l’éducation sexuelle dans les premières années en séparant les garçons des filles. Je crois que la pudeur est un trait naturel chez les enfants et que les groupes d’études unisexes offrent un environnement plus approprié pour la discussion de questions intensément privées, comme la masturbation, la menstruation ou les éjaculations nocturnes.

Troisièmement, il y a la question de la maturité des enfants. Les enfants peuvent apprendre les faits de la biologie assez tôt, mais il n’est pas nécessaire d’engager les jeunes enfants dans une discussion détaillée des préférences sexuelles [y compris homosexuelles] avant de bien comprendre la nature du désir sexuel. Il est évidemment approprié de mettre en garde contre les dangers de la pornographie sur Internet et des médias sociaux à un âge relativement précoce, il faut aussi reconnaître la réalité des couples homosexuels (y compris parmi les parents d’élèves), mais il vaut mieux laisser à l’adolescence les discussions sur la nature du désir sexuel dans toute sa diversité.

[Ce carnet se demande si, pour Mme Kay, il est concevable que des écoles privées ou catholiques proposent un programme différent de ce que le gouvernement décidera et si ces écoles pourront ouvertement marquer leur désapprobation envers certains « désirs sexuels dans toute leur diversité » ?]

Enfin, nulle part le besoin d’une distinction entre science et théorie n’est plus criant que dans le domaine du transgendérisme. Une grande partie de ce que les enfants apprennent sur le transgendérisme aujourd’hui, à un âge très tendre, n’est pas fondée sur la science, mais sur une théorie dictée par un activisme qui peut causer des préjudices psychologiques. En Californie, l’année dernière, dans une école huppée, une institutrice de Sacramento a envoyé un garçon atteint de dysphorie sexuelle dans les toilettes, où il a changé de vêtements et en est ressorti une « fille ». L’enseignante a dit aux élèves de la maternelle de l’appeler désormais d’un nouveau prénom de fille, cette fois. Les parents ont été indignés lorsque leurs enfants sont rentrés angoissés, certains enfants « pleurant, craignant de devenir du sexe opposé ». C’est un abus de l’autorité professionnelle, une manipulation effroyable de la confiance en soi des enfants et de la réalité objective.

[L’éducatrice de maternelle de la Rocklin Academy Gateway avait donné plus tôt une leçon sur le transgendérisme parce qu’un garçon de la classe était en transition pour devenir une fille, de déclarer Jonathan Keller, membre d’un groupe de pression parentale.

Au cours de la leçon de l’avant-dernier jour avant les vacances d’été, l’enseignante a lu deux livres, « Je suis Jazz » et « Le Crayon rouge », qui visent à expliquer le « transgendérisme » aux enfants de quatre à huit ans.

« Je suis Jazz » est particulièrement explicite dès le début : Dès ses deux ans, Jazz savait qu’elle avait le cerveau d’une fille dans le corps de garçon. »

L’inspectrice du district scolaire, Robin Stout, a déclaré à Fox40News que les parents n’avaient pas été informés de ces activités parce que les enfants ne pouvaient pas s’absenter des cours d’identité et d’expression de genre.

Le district scolaire a également tenu une session spéciale sur le sujet le 31 juillet au cours de laquelle un cabinet d’avocats a fait une présentation sur la loi californienne pour appuyer les affirmations de Mme Stout.

Selon cette présentation, depuis janvier 2016, la loi de l’État ne permet désormais aux parents de retirer leurs enfants que des seuls cours d’éducation sexuelle. La même présentation insistait sur le fait que « Les programmes d’éducation à la diversité et à la tolérance ne font pas partie de l’“éducation à la sexualité” ».
]


« Manipulation » n’est pas un mot trop fort pour la mise en scène travelo de cette institutrice. Toute discussion en classe sur le transgendérisme doit être traitée avec une extrême sensibilité et retenue. La théorie de la fluidité du genre ne devrait pas être présentée comme vraie tant que les étudiants n’ont pas l’esprit critique nécessaire pour distinguer une théorie de la science. Les diagrammes « Gingenre » [bonhomme de pain d’épices conçu pour les enfants et qui sert à « expliquer » aux bambins les différents termes de la théorie du genre, similaire au pantin articulé illustré ici] qui sèment le doute, qui tentent d’expliquer les différences entre l’identité sexuelle, la préférence sexuelle et le sexe biologique et qui ont été introduits dans les salles de classe de l’Ontario par certains enseignants, devraient disparaître complètement.



Les cas individuels de dysphorie chez les jeunes enfants devraient être réglés entre les parents et le thérapeute qu’ils choisiront. « Observer et attendre » devrait être l’attitude des écoles. Les enfants sont capables de tolérer les différences par rapport aux stéréotypes de genre qu’ils peuvent rencontrer dans des camarades de classe véritablement dysphoriques sans qu’un programme complet ne soit consacré à ce qui est en fait extrêmement rare. L’éducation à l’éducation prodiguée par l’État n’est qu’une composante de l’éducation de l’enfant. Si les parents progressistes croient aux théories de l’ingénierie sociale, qu’ils enseignent à leurs enfants la « construction sociale » et la « fluidité du genre » chez eux.

[...]

Voir aussi

Doug Ford : nous abrogerons le nouveau programme d'éducation à la sexualité

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Une priorité éducative du Québec : « Adapter l’école aux écoliers transgenres »

Le genre et l'université : une chape de plomb s'abat dès qu'on en parle

Jordan Peterson sur l’écart salarial, l’imposition des pronoms trans et la gauche radicale

Université Wilfred Laurier (Ontario) — S’opposer aux pronoms transgenres (Jordan Peterson), c’est comme Hitler...

La croisade des LGBT contre la liberté d’expression et les distinctions linguistiques immémoriales


Thomas entre Pauline Moreno et Debra Lobel (ses deux « mères » lesbiennes) qui affirment qu’il n’a pas subi de pressions dans sa décision de devenir une fille


Garçon gardé par un couple de lesbiennes subit un traitement hormonal pour bloquer sa puberté