jeudi 25 janvier 2018

Ontario et Nouveau-Brunswick — Augmentation des incidents violents à l'école force enseignants à se cuirasser de kevlar

Certains enseignants de la région de Waterloo (Ontario) ressentent désormais le besoin de porter des vêtements en Kevlar pour se protéger en raison de la tendance croissante à la violence dans les salles de classe. Le kevlar est une fibre très résistante qui entre notamment dans la fabrication de gilets pare-balles.

« Nous avons affaire à tout : des morsures, des coups de pied et de poing », a déclaré Jeff Pelich, vice-président de la section locale de la Fédération des enseignantes et des enseignants de l’élémentaire de l’Ontario.

« Plusieurs de nos enseignants, assistants pédagogiques, et éducateurs auprès des enfants et des jeunes, doivent désormais porter du Kevlar, de porter des gilets complets pour se protéger contre les coups de poing et de pied. »

1 300 incidents violents

La dernière année scolaire, il y a eu environ 1 300 incidents violents entre élèves et enseignants au niveau élémentaire dans le conseil scolaire de la région de Waterloo, comparativement à environ 900 l’année précédente.

Les chiffres faisaient partie d’un rapport présenté à la réunion du comité plénier de la commission scolaire lundi soir.

Le surintendant Scott Miller passe en revue les incidents d’agression étudiante.

Les vêtements de Kevlar peuvent comprendre des gilets, des manches ou des jambières. Les enseignants de la région de Durham (Ontario) et du Nouveau-Brunswick ont ​​également eu recours à l’équipement de protection.

Pelich a déclaré que l’équipement de protection est généralement porté par les enseignants qui travaillent dans des classes qui regroupent de 8 à 12 étudiants qui ont une variété de besoins spéciaux.

Il a dit qu’il n’y a pas de chiffres exacts sur le nombre de gilets portés, mais a déclaré que les demandes augmentent, en particulier pour les assistantes en éducation qui travaillent seules avec des élèves individuellement afin de s’assurer qu’elles ne se blessent pas.

Ailleurs au Canada, le syndicat des enseignants anglophones du Nouveau-Brunswick (NBTA) affirme que certains de ses membres portent des vêtements faits de kevlar pour se protéger contre des situations violentes en salle de classe. Selon le président de la NBTA, Guy Arseneault, la politique d’inclusion scolaire au N.-B. et son application inégale ont créé des situations de violence dans les salles de classe. D’ailleurs, révèle-t-il, une enseignante lui a récemment signalé qu’elle avait été frappée par deux élèves différents dans la matinée. Un peu plus tard le même jour, elle a encore reçu un coup de pied et un coup de poing.

Pas de données sur le phénomène au Nouveau-Brunswick

Un porte-parole du syndicat, Larry Jamieson, affirme que les règles sur la confidentialité l’empêchent de révéler le nombre d’enseignants qui portent du kevlar ou qui paie ces vêtements.

Les mêmes règles l’empêchent d’être plus précis sur l’ampleur du phénomène de la violence dans les salles de classe. Il reconnaît que le syndicat n’a pas de données précises sur le phénomène, mais précise qu’il reçoit quand même des témoignages anecdotiques d’enseignants.

« On a également recommandé à certains enseignants, dans certaines situations, de porter de l’équipement de protection comme du kevlar lorsqu’ils travaillent auprès d’un élève en particulier ou d’un groupe d’élèves. », dit-il.

Une révision de la politique d’inclusion exigée

La NBTA demande au ministère de l’Éducation de mener une révision de la politique sur l’inclusion scolaire et de la façon dont elle est appliquée dans les écoles de la province.

Source CBC et SRC

Le cégep québécois ne convainc pas, il n'aurait pas réussi à faciliter l'accès à l'université

Robert Lacroix, ancien recteur de l’Université de Montréal et fellow au Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations (CIRANO), lance un grand débat. Les cégeps, un héritage phare de la Révolution tranquille, ont-ils permis aux Québécois francophones de rattraper leur retard face au taux de diplomation universitaire du reste du Canada ? L’économiste en doute. Entrevue dans La Presse.


Question — Dans votre étude, cosignée avec le sociologue Louis Maheu, vous évaluez que les Québécois francophones n’ont pas réussi à diminuer l’écart qui les sépare du reste du Canada quant à la diplomation universitaire, malgré les progrès effectués depuis la Révolution tranquille.

Réponse — C’est assez troublant. Quand on a commencé à travailler sur les données canadiennes, la performance du Québec [en ce qui concerne la diplomation universitaire] semblait assez intéressante. [...] Or, en divisant par groupes linguistiques l’évolution des taux de diplomation universitaires sur quelques années, on [s’est rendu compte] que la performance des Québécois francophones sur le plan de la diplomation au baccalauréat était faible. Quand on l’a comparée à la performance des allophones et des anglophones, ainsi qu’avec le reste du pays, elle l’était aussi à la maîtrise. Au doctorat, c’était catastrophique. La performance qui semble donc relativement raisonnable du Québec en diplomation universitaire est essentiellement imputable à la performance des anglophones et des allophones, puisque les francophones sont sous-performants.

On a fait la Révolution tranquille [notamment] pour que les francophones fassent un rattrapage par rapport au reste du Canada

[Ce carnet est dubitatif, le rattrapage universitaire et économique du Québec était déjà bien entamé sous la prétendue « Grande Noirceur » lire Du Grand Rattrapage au Déclin tranquille : déboulonner la prétendue Révolution tranquille, la Révolution tranquille cache de multiples réalités, mais s’il y a bien une révolution elle est cultuelle et culturelle, anticonservatrice, démographique et étatiste dans sa nature. Voir aussi Baisse relative du nombre de diplômés par rapport à l’Ontario après la Grande Noirceur].

On regarde ça maintenant et on se dit que ça ne s’est pas passé. La hausse [de la diplomation universitaire] a été observée partout au Canada, mais l’écart du Québec, qui existait avant la Révolution tranquille, semble demeurer dans la même proportion, sinon un peu plus élevé.

— Comment la formation préuniversitaire des cégeps nuit-elle à la diplomation universitaire ?

— En créant les cégeps, le Québec a refusé de s’adapter au modèle canadien et nord-américain, qui est de 12 années de scolarité préalable à l’université avec un enseignement primaire et secondaire.

[Robert Lacroix oublie-t-il que la scolarité de 12 ans pré-universitaire est un modèle quasi universel en Occident hérité du collège classique ? En France, en Belgique, en Suisse, en Allemagne on passe son bac ou sa maturité après 12 ans de scolarité et par un accord bilatéral celui-ci équivaut au diplôme d’études collégiales (DEC) québécois qui prend 13 ans de scolarité.

Le Québec n’a pas tant refusé de s’adapter au modèle canadien et nord-américain, car c’était déjà le système des collèges classiques ! Ce que la prétendue Révolution tranquille a tenu à faire c’est d’éliminer ces établissements perçus comme élitistes et trop liés à la religion, alors qu’ailleurs dans le monde on a simplement sécularisé et démocratisé le collège classique (le lycée en France par exemple), parfois au prix d’une perte de qualité.

Lire Gary Caldwell sur l’étatisation de l’école québécoise (1965-2005) [Ire partie]]

Ce système existait pourtant chez les Québécois anglophones et ils performaient remarquablement bien. [...] Avec les cégeps, on s’aperçoit que cette structure intermédiaire entraîne un allongement des études préalables à l’université, des étudiants qui s’endettent et qui, lorsqu’ils en sortent, vont parfois sur le marché du travail plutôt que d’entrer à l’université, retardent leur entrée à l’université ou font des certificats, sans terminer un baccalauréat.

— Votre étude est publiée dans un contexte bien particulier. Le Québec est en année électorale. Croyez-vous que la société est mûre pour un autre débat de structure ?

— Ça va faire jaser, mais c’est important que ça fasse jaser. C’est difficile de toucher aux cégeps, notamment parce que sur le plan de la formation professionnelle et technique, c’est une tout autre histoire puisque le Québec [font bonne figure]. [...] Dans notre étude, on a soulevé la question des cégeps, mais il y a plus qu’une cause [pour analyser le taux de diplomation universitaire des francophones]

[cela semble évident puisque malgré les cégeps anglais les anglophones québécois vont plus souvent à l’université, il doit donc avoir d’autres facteurs en jeu].

Mais si ce taux reste plus faible que ceux des anglophones ou du reste du Canada, est-ce que les francophones pourront vraiment jouer leur rôle dans l’économie du savoir ? [...] Il faut se poser la question sur la formation préuniversitaire et voir s’il n’y a pas des aménagements possibles.

[Note aux lecteurs : les questions et les réponses de cette entrevue ont été abrégées.]

Source

Le film Hochelaga : terre des âmes fausse la réalité historique

Gilles Proulx sur le film Hochelaga : terre des âmes ! actuellement en salles.

Allez voir Hochelaga : terre des âmes ! Ma collègue Sophie Durocher me semble trop sévère à l’endroit de ce film, qu’elle a décrié dans ces pages, même si le fond de sa critique est vrai. Ce long métrage fausse la réalité historique dans le but de nous culpabiliser.

Nos aïeux étaient si peu nombreux et si éparpillés de par le continent que l’alliance avec les Autochtones et l’apprentissage de leurs langues étaient une nécessité. Ils étaient obligés d’être gentils.

Or, le film présente nos ancêtres comme des génocidaires... un portrait qui serait exact pour décrire les rejetons du Mayflower et ces habitants de la Nouvelle-Angleterre qui ne communiquaient avec les Indiens qu’à coups de fusil...



Humiliés de concert

Comme de raison, le film axe son intrigue sur les Mohawks... la seule nation majoritairement hostile aux Français et fanatisée par les habits rouges. Ils étaient partis de Montréal depuis 70 ans quand Champlain y a remis les pieds.

Il est ridicule de prétendre réconcilier les Français et leurs anciens alliés puisque le « génocide culturel » à l’encontre de ces derniers est le fait du régime anglais, puis de la Confédération de 1867... alors même que les Français se faisaient eux-mêmes humilier et recaler dans la misère.

Coupables d’avoir perdu

Depuis la grande paix de Montréal de 1701, nos aïeux formaient avec une quarantaine de nations amérindiennes une sorte de « peuple ». Les Américains appellent notre guerre de sept ans la French and Indian War. Cessons de nous attribuer à tort le crime commis par les Anglais après nous et malgré nous. La preuve : le chef Pontiac refusera de reconnaître la conquête britannique et rêvera de reprendre le Canada pour y créer un État Franco-Indien...

Pourtant, je vous recommande d’aller voir Hochelaga : terre des âmes. Ce film nous fait revivre l’histoire dans des décors on ne peut plus justes pour camper le séjour de Jacques Cartier chez les Iroquois, l’hôpital de Ville-Marie (même si on ne voit pas Jeanne Mance... dommage) et la fuite des Patriotes poursuivis par les Anglais. Juste pour ça, ça vaut la peine.

Voir aussi

« The » Revenant, Hollywood et le Canadien français