vendredi 9 février 2018

Malgré des prix fixés par ordinateur, les conductrices d'Uber gagnent moins que les conducteurs

Les hommes qui conduisent pour Uber gagnent en moyenne 7 % de plus que les femmes, d’après une étude menée auprès de plus d’un million de conducteurs et conductrices.

Alors que l’économie des petits boulots, devait être, selon certains, la solution pour une société égale entre les sexes, une nouvelle étude de l’Université Stanford sur Uber vient contrer cette prévision : les femmes conductrices gagnent moins que les hommes conducteurs. Après avoir interrogé plus de 1,8 million de conducteurs1, dont 27 % étaient des femmes, cette étude menée par l’Université de Stanford de Chicago et l’équipe économique d’Uber révèle que les hommes gagnent 7 % de plus par heure que les femmes. Elles gagnent en effet 1,24 $ américains, soit 1 €, de moins par heure que ses homologues masculins, cela fait en moyenne une perte de 130 $ américains par semaine.

Les cinq auteurs de l’étude, parmi lesquels on trouve les deux économistes en chef d’Uber, Jonathan Hall et John A. List ou encore le professeur d’économie Paul Oyer, la professeure-assistante en économie à Stanford Rebecca Diamond et Cody Cook de chez Uber, ont analysé les données récoltées par Uber sur ses chauffeurs et leurs gains.

Un algorithme distribue les courses et détermine le prix de la course

Selon les auteurs de l’étude interrogés par Freakonomics, Uber paie ses conducteurs en fonction d’une formule relativement simple et transparente qui tient compte de la longueur du trajet parcouru en milles, de la durée du trajet et, potentiellement, d’un multiplicateur de surchauffe quand la demande est excessivement élevée.

Ainsi, le tarif lui-même est déterminé par un algorithme qui ne tient pas compte du sexe du conducteur. La répartition des courses parmi les conducteurs disponibles ne tient, elle aussi, pas compte du sexe des conducteurs. La structure de rémunération est directement liée à la productivité des conducteurs et non négociée.

Cette transparence et cette simplicité de rémunération sont ce qui rend Uber si intéressant pour l’étude des écarts de rémunération entre les sexes.

Auteurs surpris

Rebecca Diamond pensait qu’il y avait des raisons de penser que l’écart salarial entre hommes et femmes chez Uber pouvait être faible, mais elle y est entrée avec un esprit très ouvert.

La prédiction de John List était plus ou moins que les hommes et les femmes gagneraient la même chose, mais s’il y avait une différence, il pensait que l’écart de rémunération favoriserait légèrement les femmes pour deux raisons. Primo, List savait que les femmes travaillaient moins d’heures par semaine, mais qu’elles pourraient choisir les meilleures heures pendant la semaine. Secundo, s’il y avait une discrimination, il pensait qu’elle aurait lieu dans le chef des clients et que ceux-ci préféreraient les conductrices aux conducteurs.

Aucune discrimination de la part des clients

List et Diamond déclarent à Freakonomics n’avoir trouvé aucune preuve de discrimination du côté des clients, ce qui signifie que les conducteurs ne préfèrent pas les hommes aux femmes ou les femmes aux hommes. Ils considèrent les hommes et les femmes de la même manière lorsqu’il s’agit d’être leur chauffeur. Les chercheurs n’ont pas constaté de différences globales dans les taux de refus entre les conducteurs masculins et féminins par les clients. Et si l’on considère ce paramètre dans la régression, il ne contribue pas à l’écart entre les sexes.

Les hommes travaillent plus et roulent plus vite

L’étude a révélé que la différence de salaire est liée à de simples facteurs d’habitudes chez les chauffeurs. Il faut notamment savoir que les chauffeurs hommes travailleraient 50 % plus souvent ce qui, logiquement, leur permet de toucher en moyenne 21,28 dollars par heure contre 20,04 dollars par heure pour les chauffeurs femmes.

Cette habitude de rouler plus leur permettrait également de mieux connaître le marché et de savoir où et quand il y a les meilleurs prix, Uber changeant les prix de la course en fonction de l’horaire, du lieu ou encore de la demande.

Et ce n’est pas tout : selon Uber les hommes ont tendance à rouler en moyenne 2,2 % plus rapidement que les femmes. Ils se rendent de fait plus rapidement à destination et peuvent plus rapidement accepter une nouvelle course. Si sur une journée cela ne fait pas une grande différence, sur le long terme cette habitude de conduire plus rapidement leur permet de gagner plus d’argent et vient s’ajouter à tous les autres paramètres.

Contrairement à l’intention de certains chercheurs, l’heure quand les courses sont effectuées n’est pas un facteur qui explique le fait que les hommes gagnent plus d’argent (ce serait plutôt l’inverse).

Des choix, des contraintes et des intérêts différents

Pour John List, auteur de l’étude et professeur en Économie à l’Université de Chicago, il faut prendre également certaines « contraintes » en compte. « Les femmes ont plus de contraintes — à savoir, emmener l’enfant à l’école le matin, devoir emmener Johnny à son match de football. Et je pense que ces contraintes conduisent alors les femmes à accumuler moins d’expérience », et donc d’argent.

Pour Rebecca Diamond de l’Université de Stanford, « [i]l est logique de payer les personnes qui font un travail plus productif. Il est normal de payer plus les gens qui travaillent plus d’heures. Je ne pense pas qu’il s’agit là de choses qu’il faudrait jamais changer parce qu’elles seraient un problème. Nous devrions rétribuer les gens en fonction de la productivité. »

Selon Rebecca Diamond, ces différences salariales s’expliquent fondamentalement par des choix différents des hommes et des femmes et non de la discrimination sur le lieu du travail, « à savoir comment les hommes et les femmes font des choix concernant leur vie, plus que simplement dans leur travail », comme les répartitions des tâches à la maison.





[1] Uber emploie à lui seul plus de 3 millions de conducteurs actifs dans le monde qui effectuent 15 millions de courses par jour.

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