lundi 11 mai 2015

Pourquoi l'absence du père serait néfaste pour les garçons

Dans le monde actuel, un enfant a plus de chance d’avoir un téléviseur dans sa chambre, qu’un père à la maison à la fin de son enfance. Pour chaque demi-heure qu’un garçon britannique parle avec son père, il passe 44 heures devant son écran. Un constat qui met en péril son évolution en tant qu’homme. C’est ce qui ressort du livre « Man (dis)connected : How technology has sabotaged what it means to be male. Why do boys need fathers? » du psychologue américain et professeur à l’université de Standford, Philip Zimbardo.

Le psychologue précise que chaque enfant a besoin d’un père et d’une mère, car chacun donne une forme d’amour différente. L’amour d’un père n’est pas inconditionnel comme celui d’une mère. Exister ne suffit pas. En tant que fils, on se doit de faire quelque chose pour que notre père soit fier de nous. C’est le contrat tacite passé entre un père et un fils. Or cette source de motivation intrinsèque est en train de s’atténuer peu à peu. Au point que celle-ci a disparu pour un enfant sur deux.

On remarquerait particulièrement ce phénomène dans les familles afro-américaines, ou entre 60 et 70 % des jeunes garçons auraient été élevés dans un environnement féminin. Le phénomène s’étend aussi aux autres communautés. Aux États-Unis, on estime qu’un tiers des garçons a été élevé dans un foyer où le père est absent. Au Royaume-Uni, c’est un quart des enfants qui sont élevés par des mères célibataires. C’est trois fois plus qu’en 1971. Si l’on combine cela avec une mère qui s'investit de plus en plus au travail, cela donne de jeunes hommes qui vont de plus en plus chercher la sécurité et les encouragements sur internet. Cette fuite fait que les jeunes ont plus de mal à apprendre la communication sociale élémentaire et ne savent plus comment réagir au rejet.

On constate que l’effet est cependant moins néfaste sur les filles que sur les garçons. Les garçons se concentrent sur l’action et négligent plus facilement la réflexion. Les garçons, confinés dans leur chambre, vont perdre leur intérêt et leur motivation et se déliter dans un monde virtuel. Les filles, elles, ont plus de ressort et sont plus axées sur l’être et les sentiments. Elles vont, au contraire, se battre encore davantage pour s’en sortir dans le vrai monde. Zimbardo en veut pour preuve qu’il y a entre 5 et 10 % en plus de femmes que d’hommes dans de nombreuses universités aux États-Unis et en Angleterre.


L’homme herbivore

Ces garçons, engoncés dans un monde virtuel où la pornographie est la norme et où la communication de base n’est jamais acquise ou éprouvée, souffrent d’une nouvelle forme de timidité sociale. La peur du rejet et le manque de pratique de ce dernier rendent toute communication difficile et vont encore encourager le jeune à se réfugier dans la bulle virtuelle. Un homme qui n’est plus intéressé par rien qui ne vienne du monde réel, ce qu'on nomme au Japon un homme herbivore.

La solution pour reconnecter ces garçons à la réalité serait, selon le professeur, de les entourer de plus d’hommes. Des professeurs hommes, d’autres garçons ou même des cercles d’homme afin de leur réinsuffler une « attitude mâle » qui est en passe de s’étioler.



Man (Dis)Connected : How Technology Has Sabotaged What it Means to be Male, and What Can be Done
par Philip Zimbardo et Nikita D. Coulombe
Paru le 7 mai 2015
chez Rider and Co
à Londres, Royaume-Uni
352 pages
ISBN-10 : 1846044847



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