mercredi 3 mai 2023

Québec subventionne des projets pour rehausser la « qualité éducative » en garderies, serait-elle donc médiocre ?

Le Devoir nous apprend que :

Le ministère québécois de la Famille investira plus de 3,5 millions de dollars au cours de l’année dans 120 projets destinés à améliorer la « qualité éducative » des services de garde éducatifs à l’enfance, aussi bien en milieu familial qu’en « installation ».

Ces projets visent à développer des outils ou des stratégies qui permettront aux équipes de direction, aux éducatrices et aux responsables d’un service de garde « d’améliorer la qualité éducative dans leur milieu », indique dans un communiqué le cabinet de la ministre de la Famille, Suzanne Roy.

À la suite d’un appel de projets l’hiver dernier, 111 bureaux coordonnateurs de la garde éducative en milieu familial bénéficieront d’une subvention maximale de 25 000 $ pour améliorer la « qualité éducative » dans ces garderies. Selon le ministère, plusieurs projets portent notamment sur « la pédagogie par la nature, la gestion des émotions et le soutien émotionnel ».

La qualité des garderies laisserait-elle à désirer ?

C’est ce que plusieurs études internationales tendant à montrer quand on compare l’éducation en garderie à  la garde par un des parents à la maison (à l’exception notamment de familles dysfonctionnelles ou défavorisées).


Rappel :

Selon l’« Enquête québécoise sur le parcours préscolaire des enfants de maternelle 2017 », publiée jeudi, la fréquentation d’un service de garde n’aurait aucun impact significatif sur le développement cognitif et langagier, de même que sur la santé physique et le bien-être des enfants. Ces mêmes enfants « éduqués » en garderie sont aussi plus susceptibles d’être considérés comme vulnérables en matière de « compétences sociales » et de « maturité affective » que ceux qui restent à la maison.

Une publication récente par trois chercheurs de l’Université de Bologne, dont Andrea Ichino, suggère que les crèches et garderies ne sont pas la panacée.

Cette étude confirme qu’un temps plus important passé à la crèche entre l’âge de 0 à 2 ans pour les enfants issus de familles relativement aisées réduit de manière significative les capacités cognitives et comportementales durant l’enfance et l’adolescence.

Concernant l’intelligence, un jour supplémentaire  passé à la garderie par mois est associé à une réduction du quotient intellectuel (QI) de 0,5 %.

Ce phénomène aurait une explication claire : la crèche réduit les interactions en face à face avec les adultes, qui sont essentielles pour le développement cérébral. Les effets sont encore plus prononcés chez les filles — qui sont capables plus tôt de bénéficier de ces interactions — et dans les familles aisées, où la qualité des interactions parents-enfants est meilleure quand elle peut prendre place. 

Michael Baker, Kevin Milligan et Jon Gruber ont constaté dans leur recherche que le programme de garde d’enfants du Québec, l’accès à des services de garde subventionnés universels, aboutissait à une augmentation d’effets comportementaux défavorables chez l’enfant et de résultats préjudiciables dans la famille.

Pour Steven Lehrer et Mike Kottelenberg,  lorsque les parents envoient leurs enfants à la garderie [ou le CPE, distinction un peu stérile parfois faite au Québec], ils finissent par s’occuper nettement moins de ceux-ci, ils lisent notamment nettement moins à leurs enfants. Les parents supposent que leur enfant bénéficie de nombre d’activités éducatives dans les garderies. Ils pensent qu’il s’agit plus d’une éducation précoce que d’une garde précoce. Ce que nous avons constaté, c’est que les enfants qui sont vraiment très peu stimulés à la maison bénéficient de la garderie qu’ils y reçoivent plus de stimulation qu’à la maison. Mais pour les autres enfants, ils finissent par s’en tirer plus mal parce qu’une garde collective n’est pas aussi efficace qu’une garde individuelle.

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