jeudi 11 mai 2023

Pays-Bas — Plus les non-Occidentaux y vivent depuis longtemps, plus leur confiance envers autrui diminue

Conclusion des auteurs (Hans Schmeets, Jerome Conceiçao, Costanza Marcellino) d’une étude du Bureau central pour la statistique des Pays-Bas de 2021 :

Une étude précédente (Schmeets et Exel, 2021) avait déjà montré que les personnes issues de l’immigration font moins confiance à leurs semblables, mais ont souvent plus confiance aux institutions. La théorie des attentes et de l’assimilation a permis de déterminer si la durée du séjour jouait un rôle à cet égard. Selon ces perspectives, les immigrants ont de grandes attentes à leur arrivée quant au niveau de confiance du pays où ils immigrent, mais plus ils y restent longtemps, plus ils ajustent leur position sur l’échelle de confiance. Et cela s’applique plus fortement aux immigrants venant de pays, pour la plupart non occidentaux, dont les indicateurs de démocratie sont faibles.

Cette étude a montré que la théorie des attentes ne s’applique pas à la confiance dans autrui. Les immigrants n’ont pas plus, mais plutôt moins confiance dans les autres personnes que le groupe d’origine néerlandaise. Du point de vue de l’assimilation, on s’attend à ce qu’ils deviennent plus proches du groupe néerlandais au fur et à mesure qu’ils restent aux Pays-Bas. Là encore, cela ne correspond pas aux résultats.  

La confiance sociale, chez les immigrés qui restent plus longtemps aux Pays-Bas, n’augmente que légèrement pour le groupe occidental, alors qu’elle diminue en fait pour le groupe non occidental. Ainsi, alors que la distance de confiance sociale par rapport au groupe néerlandais diminue pour le groupe occidental, elle augmente pour le groupe non occidental.

Les deux perspectives théoriques semblent s’appliquer davantage à la confiance dans les institutions : les immigrants, en particulier, ont une plus grande confiance fiduciaire dans les institutions au cours de la première période de vie aux Pays-Bas que le groupe d’origine néerlandaise. Il semble également que cette confiance diminue au fur et à mesure que les immigrés restent aux Pays-Bas. Là encore, la distinction entre Occidentaux et non-Occidentaux est importante.

Pour l’immigré non occidental, dans presque tous les aspects de la confiance, celle-ci diminue au fur et à mesure qu’il vit aux Pays-Bas. Ce n’est pas le cas pour le groupe occidental. Soit il n’y a pas d’effet de la durée du séjour (police, médias, chambre basse, banques, églises), soit la corrélation est positive : un séjour plus long est associé à une plus grande confiance (armée, juges, UE, grandes entreprises). Ces résultats sont cohérents avec les études de Röder et Mühlau (2011, pp. 382-383 ; 2012, p. 12) et d’Adman et Strömblad (2015, p. 112) qui constatent une plus grande confiance [initiale] dans la police et dans les juges, en particulier chez les immigrés venant de pays où le niveau de corruption est élevé, confiance qui diminue toutefois plus ils restent longtemps dans le pays.

[Idéalisation initiale des institutions de la part des non-Occidentaux ?]

 Ainsi, au moins en ce qui concerne la confiance institutionnelle, les résultats soutiennent à la fois la théorie des attentes et la théorie de l’assimilation. Mais cela ne s’applique qu’au groupe non occidental. Cette convergence des immigrants vers le groupe néerlandais indique l’assimilation et entraîne l’intégration. Étant donné que cette évolution diffère entre le groupe occidental et le groupe non occidental, il s’agit d’une assimilation segmentée (Portes, Fernandez-Kelly et Haller, 2005). Les mécanismes qui jouent un rôle à cet égard n’ont pas été démontrés dans cet article. Du point de vue de la théorie de l’expectative, les attentes élevées à l’égard des institutions s’adaptent à une durée de résidence plus longue. Mais il est également concevable que la discrimination joue un rôle (supplémentaire) : plus les immigrés vivent longtemps aux Pays-Bas, plus ils sont [seraient ?] victimes de discrimination, ce qui entraîne une diminution de la confiance dans les institutions.

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