vendredi 13 octobre 2023

Québec haussera les tarifs pour les étudiants qui ne résident pas au Québec

Le gouvernement Legault compte augmenter dès l’automne 2024 les tarifs imposés aux étudiants étrangers et aux étudiants canadiens hors Québec des universités de la province, qui, selon son évaluation, profitent surtout aux établissements anglophones que sont McGill, Concordia et Bishop’s. 

Le gouvernement ne semble, toutefois, pas vouloir imposer la francisation de certaines facultés de ces nombreuses universités anglophones. Pourquoi continue-t-il ainsi d’offrir des formations fort coûteuses subventionnées par les contribuables en médecine en anglais ? C’est former des docteurs qui ne pourront parler correctement la langue officielle du Québec, tiendront des dossiers en anglais qu’ils communiqueront à des collègues québécois ou qui s’expatrieront rapidement.

La nouvelle a été confirmée vendredi matin par le biais d’un communiqué rédigé par les cabinets de la ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry, et du ministre responsable de la Langue française, Jean-François Roberge.

Deux mesures en lien avec « la tarification s’appliquant aux étudiants non québécois » sont annoncées.

La première consistera en un tarif plancher qui sera établi « pour tous les étudiants québécois inscrits aux 1er cycle et au 2e cycle professionnel », explique-t-on.

La seconde verra les étudiants canadiens non résidents du Québec payer « un tarif équivalent à ce que coûte la formation au gouvernement du Québec, alors que le tarif établi pour les étudiants internationaux sera plus élevé ». Les frais de scolarité pour un étudiant canadien provenant de l’extérieur du Québec, actuellement de 8992 $, passeront à près de 17 000 $ annuellement dès l’an prochain. Québec affirme que cette somme permettra de couvrir l’ensemble des coûts liés à leur formation.

À l’Université de Toronto, par exemple, une année au bac [licence] en administration coûtera 15 900 $. Pour étudier en droit, c’est près de 35 000 $ qu’il faudra débourser.  À 17 000 $/an au Québec, venir étudier en anglais au Québec constituera toujours une aubaine.

 L’annonce de ce vendredi s’inscrit dans le cadre des travaux lancés plus tôt cette année par le Groupe d’action pour l’avenir de la langue française, composé, entre autres, des ministres Jean-François Roberge (au centre), Christine Fréchette (à gauche) et Pascale Déry (à droite).

« De plus, le ministère de l’Enseignement supérieur va récupérer un montant forfaitaire pour chaque étudiant non québécois », poursuit-on. Les établissements universitaires, cela dit, « conserveront le droit de facturer un montant discrétionnaire additionnel selon leur stratégie et leurs priorités de recrutement à l’étranger ».

Ces mesures, espère-t-on, permettront de corriger le déséquilibre financier entre les réseaux francophone et anglophone, mis à mal par « l’adoption de la politique de déréglementation » du gouvernement Couillard.

De 2019 à 2022, cette politique a permis aux universités d’engranger 407 M$ en revenus additionnels grâce aux droits de scolarité des étudiants internationaux. Or, McGill, Concordia et Bishop’s ont à elles seules encaissé 282 M$ de cette enveloppe, contrairement à 47 M$ pour les 10 établissements de l’Université du Québec.

Le Journal de Montréal révélait récemment que les contribuables québécois paient 200 millions $ par année pour subventionner le parcours scolaire d’étudiants du Canada anglais et de l’étranger inscrits dans des universités anglophones. Ces fonds publics « contribuent directement » à l’anglicisation du Québec, dénonçait Martin Maltais, professeur spécialisé en financement de l’éducation à l’Université du Québec à Rimouski.

Des exceptions sont toutefois prévues

« Les étudiants visés par des ententes internationales, notamment les Français et les Belges, ainsi que les étudiants non québécois inscrits dans des programmes au 2e cycle (recherche) et au 3e cycle, ne seront pas touchés par ces changements », précisent les cabinets des ministres Déry et Roberge. Il n’est pas précisé si cette exception vaudra toujours pour les Belges et les Français inscrits dans les universités anglophones du Québec.

En outre, les étudiants internationaux et les étudiants canadiens hors Québec ayant déjà entamé leur programme d’études « pourront continuer de bénéficier des conditions de tarification actuelles jusqu’à leur diplomation », assure-t-on.

Résumé des coûts

  • Étudiant québécois en 2022-2023 : 2881 $
  • Canadien hors Québec actuellement : 8992 $
  • Canadien hors Québec l’an prochain : ~17 000 $
  • Étudiants étrangers l’an prochain : 20 000 $ et +
  • Les exemptions demeurent pour les ententes internationales (France, Belgique, etc.)
  • La mesure ne s’applique pas au 2e cycle (recherche) et au 3e cycle

Réactions du chef du Parti Québécois, une mesure timide insuffisante

Paul St-Pierre Plamondon a réagit en ces termes à ces annonces :

L'intention du gouvernement est certes louable. La mesure va cependant manquer d'envergure et aura donc un impact limité. Ce n'est pas parce que ça coûte un peu plus cher qu’on réussira à changer les dynamiques migratoires et linguistiques. Ainsi, nous appuyons très certainement la démarche mais elle doit venir avec d'autres mesures plus structurantes.

L'enjeu est le NOMBRE. Comme nous l’avons déjà proposé, il faut donc mettre un quota MAXIMAL pour les étudiants étrangers dans les universités anglophones.

Contrairement à ce que pense la ministre de l’Immigration, le Québec dispose bel et bien des pouvoirs pour agir en la matière. Nous contrôlons nos universités et délivrons nous-mêmes nos certificats d'acceptation. Le laisser-faire total de la CAQ a comme résultat que le Québec finance sa propre anglicisation comme jamais auparavant depuis cinq ans.

On est passé de 160 000 immigrants temporaires à 471 000 en cinq ans de gouvernance caquiste. Environ la moitié sont des étudiants étrangers. Un peu moins de la moitié ne maîtrisent pas le français.

Le rythme annualisé était de 12 000 par année sous Couillard. Seulement cette année, entre janvier et juillet, le nombre d'immigrants temporaires a augmenté de 85 000. L'année dernière, le nombre annualisé sous la CAQ était 7x plus important que celui sous les libéraux; à ce rythme, il sera 8x ou 9x plus élevé cette année.

L'enjeu, il est là. Et ça n'a rien à voir avec notre volonté de recevoir des jeunes de partout à travers la planète. Il s'agit de ne pas créer un écosystème linguistique dans lequel le français est condamné à décliner et c'est exactement ce que la CAQ a fait en 5 ans. Hausser les frais de scolarité est une mesure timide qui ne renversera pas ces dynamiques, bien que nous l'appuyons.

 

 

Sources : Radio-Canada, Journal de Montréal, X

Voir aussi

Les Pays-Bas veulent décourager les étudiants internationaux d'y étudier

Les Pays nordiques veulent limiter la place de l’anglais à l’université

Sur l’île de Montréal, chaque étudiant qui étudie en anglais reçoit 56 % de plus de fonds d’immobilisation que celui qui étudie en français

 

3 commentaires:

Nlle France a dit…

1800 médecins en 15 ans unilingues anglais du reste du canada ont quittés le Québec ,pour retourner chez eux hors-Québec ( au Canada) formés a McGill , d'infirmières &dentistes ont imposés en internat l'anglais à l'hôpital juif, de Verdun & Centre universitaire de santé McGill ?

De Mio a dit…

Bien trop #timide.
1) Imposer un numerus clausus (nombre maximum d'inscrits dans les #universités anglophones)
2) Imposer des cours de français dans toutes les universités anglophones à tous les étudiants
3) franciser des facultés (médecine à #McGill p.ex.).

#polqc #CanPoli

Anonyme a dit…

« En 2021, la moitié des médecins diplômés de McGill ne pratiquaient pas au Québec. On en retrouvait plutôt le tiers en Ontario, selon des données provenant de l’Institut canadien d’information sur la santé. »