lundi 12 juin 2017

Novlangue — Exit les immigrants illégaux, fini les sans-papiers, désormais c'est migrant au statut précaire

De Radio-Canada cette réserve inépuisable de correctivisme politique et de novlangue, cet extrait d’un reportage d’avril 2017 :

« Nous sommes chez Médecins du Monde, une clinique qui prodigue certains soins de santé gratuits à des migrants au statut précaire. »

« Braulio est un demandeur d’asile dont la demande a été refusée en 2009. » Il vit dans la clandestinité depuis huit ans, c’est un immigrant illégal donc.

« Après avoir épuisé leurs recours, ceux dont la demande d’asile est refusée reçoivent un avis de déportation et doivent ensuite se présenter à l’aéroport. »

« À long terme, ces personnes espèrent pouvoir régulariser leur statut [en restant suffisamment longtemps illégalement]. En attendant, l’accès aux soins de santé est pénible et il est difficile de voir la lumière au bout du tunnel. »

On comprend bien la portée de cet euphémisme : leur statut est précaire à cause d’une administration tatillonne ou injuste, il suffira d’attendre avec ou sans campagne médiatique jouant sur l’émotionnel (regardez comme cette fillette est charmante et on veut la renvoyer avec ses parents !) pour que cette précarité se transforme en des papiers finalement délivrés par une administration obtuse.

Ce terme n’est pas tout neuf, le ministère de l’Éducation du Québec (sous brève gouvernance du PQ, mais cela ne change habituellement rien aux tendances lourdes au sein de ce ministère) l’avait déjà utilisé en 2013 : « Québec facilite l’admission à l’école des enfants de migrants à statut précaire » encore décrits par la périphrase dont « leurs parents [sont dans l’incapacité] de fournir des documents officiels nécessaires à l’obtention d’un code permanent ».

Le projet de loi 144, présenté le 9 juin 2017 à l’Assemblée nationale, élargit « la portée du droit à la gratuité des services éducatifs dans le but d’assurer l’accessibilité à l’école pour les enfants à statut d’immigration précaire ».

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