mardi 15 décembre 2015

L'héritage des Carolingiens


Grâce à l’école carolingienne, une partie des textes qui avaient été étudiés dans l’Antiquité est sauvée, une partie, car si nous connaissons près de huit cents noms d’auteurs latins, nous n’avons que cent cinquante œuvres. Les maîtres carolingiens ont fait recopier par les scribes les livres qui leur paraissaient importants pour les classes, ils sont devenus des « classiques » : Virgile, « le père de l’Occident », Horace, Térence, Quintilien, Sénèque, Cicéron, etc. Ainsi sont faits, dès cette époque, des choix d’auteurs, des autorités que tout écolier, tout lettré devaient suivre. Même si une petite partie de l’héritage littéraire romain nous est parvenue ainsi, la dette que l’Occident doit aux lettrés carolingiens est immense. Sur les huit mille manuscrits carolingiens que l’on a dénombrés encore existants, plusieurs milliers concernent les auteurs antiques païens et chrétiens. Sans eux, la culture européenne aurait été tout autre.

Les Carolingiens de la deuxième génération ont été des humanistes. Virgile est admis, comme Cicéron, dans la société des élus. Nous n’avons qu’à reprendre les lettres de Loup de Ferrières pour être convaincus de cette passion des auteurs classiques. Les Carolingiens ont su, selon la belle phrase de Jean Leclercq, « concilier l’amour des lettres et le désir de Dieu ».

D’autre part, l’école carolingienne a sauvé la langue latine. Avant le VIIIe siècle, le latin, libéré de la contrainte scolaire, évoluait rapidement sous une forme de latin vulgaire, latin rustique, ce qui deviendra notre langue romane. Le latin disparaissait, les langues nationales le remplaçaient. La Renaissance carolingienne a donné un coup d’arrêt à cette évolution, en obligeant les lettrés à reprendre les leçons des grammairiens romains. Un poète du IXe siècle ne disait-il pas que Charlemagne avait mis autant d’ardeur à supprimer les incorrections des textes qu’à vaincre ses ennemis sur-le-champ de bataille ? Ainsi, le latin est redevenu un instrument de communication entre les hommes cultivés de l’Occident.

Des nains sur des épaules de géants : Maîtres et élèves au Moyen Âge,
Pierre Riché et Jacques Verger, 2006, Taillandier.



Voir aussi

« Promulgué le 23 mars 789, le capitulaire Admonitio generalis est un texte de 82 articles qui aborde tous les sujets pouvant figurer dans une constitution à la fin de 8e siècle, c’est-à-dire les droits, les obligations et les missions des sujets de Charles dans les domaines religieux, moral et intellectuel ». « Le chapitre 72, spécialement adressé aux prêtres, leur enjoint de respecter les préceptes de l’Évangile, de fonder des écoles où les enfants puissent lire, et de corriger scrupuleusement les textes qu’il s’agit de transcrire avec le plus grand soin »…

Éducation et enseignement à l’époque carolingienne

La Renaissance carolingienne

Les écoles du Palais

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