mardi 30 décembre 2014

Jésus n'a jamais existé... dit le professeur de cégep. Vraiment ?

Il y a quelque temps, un de nos correspondants au cégep avait eu maille à partir avec son professeur d'histoire au cégep. Ce « professeur » avait déclaré que rien ne prouvait l'existence historique de Jésus. Évidemment, la classe bien conditionnée par l'école et la culture médiatique québécoises n'avait pas réagi sauf notre correspondant.

Qu'en dit donc Jean-Christian Petitfils, un historien, pourtant la cible de critiques de la part de certains chrétiens conservateurs ? (Notons au passage que l'hypercritique utilisée pour remettre en question l'historicité de Jésus aboutirait à remettre en cause la plupart des figures de l'Antiquité.)

« Des textes anciens qui prouvent que Jésus a bien existé

Parlons des sources. Quelques notations peuvent être glanées chez Pline le Jeune, Tacite, Suétone et surtout Flavius Josèphe, ce Juif romanisé du Ier siècle qui évoque dans ses écrits la figure de Jean le Baptiste et celle de Jésus, « un homme exceptionnel » accomplissant des « choses prodigieuses ». « La veille de la Pâque, dit le Talmud de Babylone, on pendit Yéchou le Nazaréen. » Mais tous ces textes anciens ne sont utiles que dans la mesure où ils prouvent que Jésus a bien existé. Même un polémiste ardent, très antichrétien, comme Celse au IIe siècle ne met pas en doute ce fait.

Ce n'est qu'à partir du XIXe siècle que certains maîtres du soupçon traiteront très artificiellement Jésus comme un mythe ou un personnage imaginaire conçu à partir de citations du Premier Testament. Faut-il se tourner vers les Évangiles apocryphes? Ils ne nous apprennent pour ainsi dire rien du Jésus de l'Histoire. Ce sont des écrits tardifs, emplis de légendes, certains imprégnés de doctrines gnostiques étrangères au christianisme. Il reste donc les quatre Évangiles canoniques, Matthieu, Marc, Luc et Jean.

[...]


L’Évangile de Jean, le plus mystique et le plus historique

Mais leurs rapports à l'Histoire ne sont pas identiques. Les auteurs des Évangiles dits synoptiques (parce qu'on peut les lire en parallèle), Matthieu, Marc et Luc, ne sont pas des témoins directs - même si le premier Évangile comporte probablement un noyau primitif écrit en araméen par Lévi dit Matthieu, l'un des Douze. En revanche, le quatrième Évangile est celui d'un disciple de la première heure, un témoin oculaire, Jean.

Comme le père Jean Colson l'a montré, ce Jean n'était pas le fils de Zébédée, le pêcheur du lac de Tibériade, mort martyr très tôt, mais un disciple de Jérusalem, portant le même nom (très répandu), qui faisait partie du haut sacerdoce juif. Il s'est «endormi» à Éphèse en l'an 101. Cet éblouissant théologien, très versé dans la connaissance du judaïsme, « fut prêtre, disait au IIe siècle Polycrate, évêque de cette ville, et a porté le petalon », c'est-à-dire la lame d'or, insigne réservé aux grands prêtres et aux membres des grandes familles aristocratiques.

De fait, il connaît mieux Jérusalem et la topographie de la Judée que la Galilée et les bords du lac. Familier de l'administration du Temple, il est le seul à nous donner le nom du serviteur à qui Pierre a entaillé l'oreille de son glaive, Malchus. C'est lui qui, après l'arrestation de Jésus, permet à Pierre d'entrer dans la cour du grand prêtre en glissant un mot à la servante qui garde la porte. C'est quelqu'un du sérail. Il n'a pas suivi constamment Jésus en Galilée, mais il a été épaulé par certains de ses proches. «C'est ce disciple qui témoigne de ces choses et qui les a écrites, et nous savons que son témoignage est conforme à la vérité», lit-on à la fin de son Évangile.

Si l'on se rapporte à un texte du milieu du IIe siècle, qu'on appelle le Canon de Muratori, ce « nous » renvoie à un certain nombre de disciples et d'apôtres (dont André, frère de Simon-Pierre) qui ont encouragé le «disciple bien-aimé» à écrire son Évangile en lui faisant part de leurs propres informations. Cet évangile est à la fois le plus mystique et le plus historique, ces deux approches étant complémentaires. Tout ce que dit Jean est vrai, mais immédiatement replacé dans sa dimension spirituelle. La chronologie de ce témoin exceptionnel est à préférer à celle des synoptiques qui ont ramassé en une année, de façon très schématique, le ministère public de Jésus, qui se déroule en fait sur trois ans, du printemps 30 au 3 avril 33, date de sa mort.

Parmi les sources du dossier historique, pourquoi se priver de recourir aux reliques de la Passion, celles du moins que l'on peut raisonnablement considérer comme authentiques? A propos du linceul de Turin, de nouvelles découvertes ont été faites depuis la très contestée datation au carbone 14 révélant que le linceul était un faux du XIVe siècle : trace d'une couture très particulière (la seule comparable a été trouvée à Massada, la forteresse juive tombée en 73), présence d'écritures grecques et latines le long du visage, etc.

Le groupe sanguin sur les trois reliques de la Passion est le même

Des scientifiques américains, espagnols et français ont établi que les taches de sang figurant sur les trois grandes reliques de la Passion pouvaient se superposer: le linceul de Turin, le suaire d'Oviedo, linge qui aurait été mis sur le visage de Jésus aussitôt après sa mort, et la tunique d'Argenteuil, que Jésus aurait portée sur le chemin de croix. Le groupe sanguin est le même, AB, un groupe rare. On a également retrouvé sur ces linges des pollens de plantes ne poussant qu'au Proche-Orient. Ces découvertes sont restées ignorées de la plupart des médias.

Bref, on peut considérer que ces trois reliques, qui ont connu des pérégrinations très diverses au cours des âges, s'authentifient elles-mêmes, constituant une source très précieuse pour éclairer le déroulement de la Passion: le chemin de croix, le crucifiement, la descente de croix et la mise au tombeau. Partant de ces données, que peut-on dire de la vie de Jésus? Une certitude: il n'est pas né le 25 décembre de l'an 1, mais probablement en l'an -7, à une date inconnue. Selon Matthieu et Luc, il voit le jour au temps du roi Hérode le Grand. Or, celui-ci meurt en -4.Si l'on se réfère à l'épisode de l'étoile de Bethléem raconté par Matthieu, le calcul astronomique moderne a permis de constater qu'en l'an -7, une conjonction très rare des planètes Jupiter et Saturne était intervenue à trois reprises dans la constellation des Poissons.

Des tablettes en écriture cunéiforme, découvertes à Sippar en Mésopotamie, l'avaient déjà notée. C'était le signe pour les Juifs de la venue du Messie. Le rabbin portugais Isaac Abravanel le disait encore au XVIe siècle. Ce phénomène expliquerait pourquoi l'évangéliste Matthieu nous parle d'une étoile qui apparaît et disparaît. Le rapprochement entre ces données scientifiques et l'étoile des mages est troublant. Benoît XVI, dans son dernier livre, L'Enfance de Jésus, l'admet d'ailleurs comme hypothèse.

L'historien, naturellement, ne peut se prononcer sur la naissance virginale de Jésus. On a longtemps pensé que le vœu de virginité de Marie était incompatible avec la mentalité juive, jusqu'au jour où l'on a trouvé dans les manuscrits de la mer Morte le rouleau dit du Temple, un texte parlant de vierges consacrées dans le cadre du mariage: «Si une femme mariée prononce un tel vœu sans que son mari le sache, il peut déclarer ce vœu nul. Si toutefois il est d'accord avec une telle mesure, les deux sont dans l'obligation de le garder.» Cela permet de comprendre la surprise de Marie, vierge consacrée, à l'annonce de l'ange Gabriel, et celle de Joseph qui avait songé à la répudier en secret.

Jésus était très probablement un Nazaréen, membre d'un petit clan de juifs pieux venus de Mésopotamie, qui prétendaient descendre du roi David. Ce clan attendait la naissance du Messie en son sein et avait fondé en Galilée le village de Nazara ou Nazareth (de netzer, le « surgeon », autrement dit le rejeton de Jessé, père de David). Marie faisait vraisemblablement partie de ce groupe qui, selon Julius Africanus, gardait soigneusement ses généalogies. Jésus était sans doute considéré comme cet héritier royal.

Historiquement, le massacre des Innocents relaté par Matthieu n'a rien d'impossible. La suppression d'une dizaine ou d'une quinzaine de nourrissons de Bethléem n'aurait été qu'un infime épisode dans la multitude des crimes d'Hérode le Grand, tyran sanguinaire et paranoïaque. En tout cas, Jésus a grandi au milieu de ses «frères» et « sœurs ». À Nazareth, tous se disaient frères et sœurs. L'un d'eux, Jacques, fils de Marie femme de Clopas (qu'Hégésippe présente comme le frère de Joseph, l'époux de Marie), sera le premier évêque de Jérusalem et mourra en 62 de notre ère. Un autre, Syméon, son frère (ou cousin) et successeur, ne disparaîtra que sous le règne de Trajan (98-117). Il sera un témoin d'importance pour les premiers chrétiens.Quand il se fait baptiser par Jean en l'an 30 de notre ère, Jésus est un Juif pieux pleinement immergé dans la foi d'Israël, enraciné dans le monde culturel de son temps.

[...]
 »

Source

Plus de détails :

Jésus
par Jean-Christian Petitfils
publié à Paris
aux éditions Fayard
le 5 octobre 2011
690 pages
ISBN-13: 978-2213654843












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Manuel d'histoire (2) — Chrétiens tuent les hérétiques, musulmans apportent culture raffinée, pacifique et prospère en Espagne

Nous poursuivons ici l'analyse du manuel d'histoire pour le premier cycle du secondaire (I)  édité par une maison d'édition réputée (La Chenelière). (Lire le premier billet)

Dans ce billet, quelques commentaires sur la page 205 de ce manuel approuvé par le Bureau d'approbation du matériel didactique du Monopole de l'Éducation (MELS). Rappelons qu'au Québec, contrairement à la France, les manuels (mais pas les cahiers d'activités) doivent être approuvés par le MELS. En France, le dernier gouvernement à faire de la sorte était celui de Vichy de sinistre mémoire.

I. Chrétiens tuent hérétiques, musulmans raffinés, pacifiques

La page 205 présente sur le haut le sort réservé aux hérétiques dans la chrétienté médiévale (pas enviable), le bas parle des Arabes musulmans dans la péninsule ibérique, héritiers d'une culture raffinée, pacifique et prospère qui seront pourchassés par l'Inquisition.

On notera cette opposition flagrante : méchants aux Nord (surtout l'Inquisition), gentils, pacifiques, raffinés au Sud avant l'arrivée des méchants (surtout l'Inquisition) et des ingrats.

II. Les hérétiques chez les chrétiens, mais quid des hérétiques chez les musulmans ?

D'Hier à demain, manuel A, 1ercycle du secondaire (12-13 ans), édition Chenelière, p.  205.
Il s'agit ici de l'exécution d'amauriciens, des panthéistes, en 1210.

Le meurtre d'un dominicain, Pierre de Castelnau, en 1208 pousse en effet le pape Innocent III à lancer la croisade contre les Albigeois. Mais il est tendancieux de laisser entendre que le Roi de France participa à cette guerre. Au contraire, Philippe II Auguste  ne voudra jamais participer personnellement à cette croisade. En revanche, la conquête du Midi méditerranéen (Avignon, Beaucaire, Nîmes, etc.) par Louis VIII fut une affaire strictement royale, ni le Pape, ni les seigneurs croisés n'y prirent part. (Voir Alix Ducret, dans Mythes et polémiques de l'histoire, p. 54.)

Le manuel n'explique en rien le contexte politique de l'époque, tout semble uniquement une affaire de religion pour ce manuel. C'est paradoxal dans une époque matérialiste comme la nôtre.

Au début du treizième siècle, le roi d'Aragon Pierre II et son beau-frère, le comte de Toulouse, soutiennent la cause des Albigeois tandis que les rois chrétiens de Navarre épousent à chaque génération l'une des filles des émirs qui règnent sur la moitié sud de l'Espagne. Une alliance devient envisageable entre les Albigeois et les Maures d'Espagne contre le catholicisme. Les princes d'Europe du Nord veulent à tout prix éviter cette nouvelle menace après l'expulsion des Sarrasins de Sicile, un siècle plus tôt par les Normands. Ce sont du reste des seigneurs normands et du nord du domaine français qui vont diriger la croisade contre les Albigeois. Plusieurs historiens voient d'ailleurs dans cette guerre contre les Albigeois une manière d'éliminer des rivaux et d'étendre les terres de ces seigneurs septentrionaux et de faire rentrer ces territoires dans le domaine capétien. Dès que la noblesse albigeoise sera vaincue, l'hérésie disparaîtra. (Voir Alix Ducret, dans Mythes et polémiques de l'histoire, pp. 57-58.)

Il est en outre étonnant que la modernité ait des élans de sympathie envers les cathares qui dénonçaient la sexualité et la procréation comme incarnations du Mal... En effet, la procréation donnant lieu à une vie nouvelle avec un nouveau corps, elle est condamnée par la doctrine cathare, pour qui tout ce qui est corporel est mauvais. Dans le christianisme orthodoxe, par contre, ce qui est demandé au croyant c'est la chasteté laquelle consiste à ne pas avoir de relations sexuelles immorales.

Et les hérétiques musulmans ?

Le manuel passe sous silence ce que les musulmans faisaient de leurs hérétiques... Quel sort réservaient-ils aux panthéistes comme les amauriciens ou aux manichéens comme les cathares ?

Exécution du soufi Mansoûr el-Halloûj (922)
sur l'ordre du calife abbasside Al-Mouqtadir
Bien que l'absence d'une église unique musulmane, de synodes ou de conciles qui établissent la doctrine précise de la foi ne permette pas d'établir une équivalence exacte avec la notion d'hérésie dans le christianisme, il ne faut cependant pas croire que les musulmans étaient plus tendres envers ceux qu'ils considéraient comme de dangereux déviants ou des mécréants.

Dès la fin du VIIIe siècle, les musulmans ont commencé à traiter les manichéens, les zoroastriens, les apostats, les païens, les athées et tous ceux qui critiquaient ouvertement l'islam et l'unicité de Dieu comme des hérétiques, ce crime était punissable par la mort. (J. Bowker, entrée Zindiq dans Concise Oxford Dictionary of World Religions, 1997) À la fin du VIIIe siècle, les califes abbassides ont commencé à persécuter et à exterminer en grand nombre les hérétiques qui remettaient en cause leur autorité religieuse, les mettant parfois à mort sur ​​simple soupçon d'hérésie. (C. Glassé, dans The new encyclopedia of Islam, p. 491). La persécution commença à grande échelle sous le règne d'el-Mahdî,  elle fut poursuivie par ses successeurs, el-Hâdî et, un peu moins, par le célèbre Hâroûn er-Rachîd. Ensuite, le calife abbasside El-Ma'Moûn institua la Mihna, surnommée l'inquisition musulmane, qui devait faire imposer la doctrine d'État de la création du Coran, alors qu'aujourd'hui l'orthodoxie sunnite considère le Coran comme incréé. Bien des docteurs de la loi se soumirent, mais quelques-uns résistèrent : ils  furent arrêtés, flagellés ou emprisonnés. L'inquisition mutazilites ou mihna continua avec le calife Al-Wâlhiq (842-847).

Le mutazilisme disparaît définitivement entre le XIe et le XIIIe siècle. Il a été interdit, ses livres brûlés, et l'on ne connaît sa doctrine que par les textes des théologiens qui l'avaient attaqué.

Il est vrai que la chasse aux hérétiques devint par la suite relativement rare en islam (notons qu'on exagère aussi l'ampleur de l'Inquisition en Europe), mais elle existait bien. Elle touchera après l'inquisition des mutazilites principalement, mais pas uniquement, les groupes aux idées religieuses dissidentes qui se révoltaient contre l'ordre établi, religieux et politique puisqu'il n'y a pas traditionnellement de distinction en islam entre les deux (voir B. Lewis, p. 62).

Quelques exemples d'hérétiques persécutés en islam :  Al-Ja'd Ibn Dirham (mutilé et crucifié en 752),  Bachâr ibn Bourd (714 – 784),  Ibn al-Rawandî (827 – 911),  soufi Mansoûr al-Hallûj (858 – 922) qui s'était dit en union avec Dieu,  Lissan-Edine Ibn al-Khatib (v. 1313 – 1374), etc.

Ce silence au sujet du traitement des hérétiques et des rebelles en islam par le manuel n'est peut-être pas sans arrière-pensées politiques et philosophiques :
« Ce n’était pas la première fois qu’un islam mythique et idéalisé fournissait les verges destinées à châtier les défauts de l’Occident. Au XVIIIe siècle, les philosophes des Lumières avaient loué l’islam pour son absence de dogmes et de mystères, l’absence de prêtres et d’inquisiteurs, ou autres persécuteurs, lui reconnaissant ainsi de réelles qualités, mais les exagérant pour en faire un outil polémique contre les Églises et le clergé chrétien. Au début du XIXe siècle, les juifs d’Europe occidentale, émancipés récemment, mais encore imparfaitement, en appelèrent à un âge d’or de légende en Espagne musulmane, âge de tolérance et d’acceptation complète dans une harmonieuse symbiose. » 
(Bernard Lewis, Race et esclavage au Proche-Orient, p. 393)

III. Islam raffiné, pacifique, prospère et à nouveau l'Inquisition des chrétiens

La page 205 se termine par un encadré sur les Arabes musulmans en Espagne que nous reproduisons ci-dessous :

D'Hier à demain, manuel A, 1ercycle du secondaire (12-13 ans), édition Chenelière, p.  205.

Ce petit encadré vaut son pesant d'or... Nous analyserons ci-dessous ce faisceau de faussetés, d'approximations et d'insinuations.

« Les Arabes s'installent... »

Couronne
wisigothe
Les Arabes sont en fait minoritaires dans les troupes qui envahissent la péninsule ibérique : il s'agirait plutôt principalement de soldats berbères. Au passage, les « Arabes » ne s'installent pas en Hispanie, ils l'envahissent militairement en profitant des conflits internes aux chrétiens. Des villes comme Tarragone (en 718) seront complètement détruites par les immigrants envahisseurs.

«... Ils apportent avec eux une culture raffinée, pacifique et prospère... »

Ah, la mission civilisatrice des « Arabes » ! (Note au réviseur linguistique des éditions Chenelière : « apporter avec soi » est un pléonasme.)

En quoi cette culture militaire qui a conquis une grande partie du pourtour méditerranéen par les armes est-elle pacifique ?

Pour ce qui est du prospère, ce n'est pas tant la culture qui l'est que les territoires conquis par les musulmans, notamment la Syrie et  l'Égypte.

Le manuel affirme, sans aucune preuve, que cette culture est raffinée. En quoi était-elle plus raffinée en 711 que celle de l'Hispanie wisigothique ? Tout à coup, dans notre monde relativiste (il n'y a plus d'arts  primitifs, mais des arts premiers qui ont leur musée), il y aurait des cultures raffinées et d'autres moins ?  Comment, en 711, la culture arabe (si ce n'est pas la culture berbère) — sortie depuis peu des déserts arabes — peut-elle prétendre dépasser en raffinement la civilisation wisigothique ?

Mais on connaît mal (et ce manuel n'en dira rien) la culture wisigothe. L'orfèvrerie wisigothe connut un grand essor, notamment dans l'atelier royal d'où sortirent croix et couronnes votives qui, comme à Byzance, étaient suspendues au-dessus des autels (voir ci-contre). Les sculpteurs abandonnèrent la représentation de la figure humaine au profit de motifs géométriques, végétaux et animaux où se mêlaient les influences romaine, byzantine et germanique.

Si l'orfèvrerie wisigothe est raffinée, son architecture l'est aussi. L'arc outrepassé si caractéristique de l'art « musulman » fut utilisé par les Wisigoths bien avant l'arrivée en Hispanie des musulmans. L'arc outrepassé sera repris et amplifié dans l'architecture omeyyade de l'émirat de Cordoue (à partir de 759) où il acquit une forme plus fermée que l'arc wisigothique.



Arcs outrepassés de Sainte-Marie de Melque,
début de la construction au VIIe siècle
(Autres exemples)



Arc outrepassé de la mosquée de Cordoue
début de la construction 786
Dans les grands centres urbains de l'Hispanie wisigothe comme Mérida, Tolède, Hispalis (Séville), Cordoue, Lisbonne, Carthagène, Barcelone ou Saragosse, des édifices religieux s'étaient substitués à des bâtiments plus anciens. De grands évêques, qui étaient également de grands auteurs, firent de leurs sièges épiscopaux des centres intellectuels en les dotant de bibliothèques et d'écoles. Le plus célèbre d'entre eux fut sans doute Isidore de Séville (vers 570-636), dont les œuvres furent lues et commentées pendant tout le Moyen Âge. « C'est dans le royaume wisigothique que la culture classique jette en Occident son dernier éclat. Le rôle politique joué par l'épiscopat, la diffusion de l'éducation et de l'écriture, l'importance de la société urbaine assurent une longue survie à l'héritage de la civilisation romaine » de résumer le professeur Michel Zimmermann.

L'Espagne wisigothe accueille les intellectuels d'Afrique du Nord chassés par les Vandales, les Byzantins puis les Musulmans. Le pays se spécialisa dans les compilations et les florilèges, tout en produisant des œuvres originales en histoire, en droit et en théologie. Ses écoles, qui transmettaient la culture classique, formèrent aussi bien des clercs et des laïcs, et de nombreux actes de vente conservés sur ardoise témoignent de la diffusion de l'écriture dans les communautés rurales.

Les Espagnols du VIIe siècle continuèrent à vivre dans des villas de type romain, décorées de fresques, au centre de vastes domaines agricoles ou artisanaux

En droit (Liber Iudiciorum terminé en 654), les femmes espagnoles pouvaient hériter de terres et les gérer de manière indépendante de leur mari ou de leur parenté mâle. Elles pouvaient tester (disposer de leurs biens par testament) si elles n'avaient pas d'héritiers, elles pouvaient ester (en justice) dès l'âge de 14 ans et décider qui marier dès l'âge de 20 ans (voir Suzanne Fonay Wemple).

En quoi la culture wisigothe était-elle donc moins raffinée que celles de Bédouins et de Berbères qui envahirent l'Espagne en 711 ? Pour Ph. Conrad, « il semble extrêmement difficile d'accueillir, sans réserve, la thèse selon laquelle la civilisation de l'Espagne musulmane serait un "miracle arabe". Comment des Bédouins, originaires d'un désert aride, vivant jusque-là sous la tente, auraient-ils créé, ex nihilo, une civilisation essentiellement urbaine ? » (Voir Alix Ducret, dans Mythes et polémiques de l'histoire, p. 70.)

Michel Zimmermann résume l'éclat de l'Espagne wisigothe : « La synthèse entre la vigueur de l'héritage romain et le dynamisme du peuple wisigoth fit du VIIe siècle un moment de grande prospérité culturelle ».

«... Ils vivent en bon voisinage avec les chrétiens et les juifs... »

Euh.. Si l'on considère bon voisinage le fait

  • que les chrétiens et les juifs devaient s'acquitter d'une capitation mensuelle occasion à des humiliations (soufflet du percepteur musulman), 
  • qu'ils se font expulser du centre des villes, de leurs églises (comme leur église de Cordoue transformée en mosquée), 
  • que leur responsabilité collective peut être décrétée pour la défaillance d'un de leur membre, 
  • qu'ils doivent se garder de toute provocation envers la religion musulmane, 
  • que la simple vue d'une croix ou d'un porc peut être interprétée comme une injure faite au prophète Mahomet. 

Les périodes troublées que connaît assez fréquemment l'Espagne musulmane sont également le prétexte des pires excès. Les chrétiens de Séville en font la cruelle expérience en 891, à l'occasion d'une révolte de la garnison yéménite contre le gouverneur local. (Voir p. 45 de Mozárabes y mozarabías de Manuel Rincón Álvarez, éditions universitaires de Salamanque, 2003).

De manière générale, les musulmans andalous, attachés comme ceux du Maghreb, au rite malékite défini au VIIIe siècle par le docteur médinois Malek Ibn Anas limitent les contacts avec les « infidèles ». Un faquih (juriste) musulman recommande de ne leur adresser la parole qu'à distance, en évitant de frôler leurs vêtements. Des distinctions doivent permettre de distinguer les croyants des dhimmis. Ceux-ci se voient interdire le port d'arme. Ils doivent l'hospitalité à tout voyageur qui la réclame. Ils ne peuvent monter à cheval et doivent se contenter de mulets ou d'ânes. Le fouet et la prison sont les peines prévues pour toute infraction à ces interdictions. Les infidèles doivent s'effacer quand ils croisent un croyant et se lever s'ils sont assis au passage d'un musulman. Les maisons des dhimmis doivent être moins hautes que celles des musulmans, la construction des églises est limitée, etc. (Voir Mythes et polémiques de l'histoire, pp. 68-69)

Voir aussi

Histoire — « On a trop souvent mythifié el-Andalous »

Les chrétiens et les juifs dans l'Occident musulman

«... Mais au XIe siècle les forces chrétiennes décident de chasser les Arabes musulmans... »

Vivant en « bon voisinage », ces « forces chrétiennes » sont bien ingrates...

On note que ce ne serait que les « forces chrétiennes » pas les chrétiens (parce qu'eux vivaient en bon voisinage ?) qui décident de chasser le pacifique musulman. Pourquoi « les Arabes musulmans » ?  Il s'agit pour les chrétiens de se libérer du joug des musulmans et de l'islam, pas d'un peuple puisqu'on cherchera à convertir les musulmans ! Les musulmans sont des Arabes, des Berbères, des juifs ou des chrétiens convertis.

Enfin, les chrétiens n'ont jamais eu de cesse de chasser les « forces musulmanes ». La Reconquista recommence dès 718 (ou 722 selon les sources) à partir des Asturies et des monts Cantabriques. En 795 Charlemagne établit la marche d’Espagne, un territoire gagné sur les musulmans composé par des comtés dépendants des monarques carolingiens. Parmi eux, celui qui jouera le plus grand rôle fut le comté de Barcelone.

Ce qui est vrai c'est qu'à partir du XIe siècle les royaumes chrétiens se concentrent sur les royaumes musulmans et que la Papauté met son poids dans la balance. Les chrétiens profitèrent de l'émiettement des forces musulmanes et des rivalités chroniques entre les princes musulmans pour travailler à la Reconquista. Déjà, le roi Ferdinand Ier, après avoir uni en 1037 le Léon et la Galice à la Castille, avait manifesté, par son refus d'annexer la Navarre (1054), sa volonté de concentrer ses efforts contre les musulmans. Par ses offensives heureuses, il avait réduit au rang de tributaires les rois de Séville, Badajoz, Tolède, Saragosse, et élargi ses frontières dans toutes les directions. En 1063, le pape Alexandre II décidait l'octroi d'une indulgence spéciale à quiconque irait lutter contre les musulmans d'Espagne, et les chevaliers de France vinrent en nombre se joindre à leurs pairs d'outre-mont.

La Reconquista commence dès la fin de la conquête musulmane. Le territoire en orange foncé ne fut jamais conquis par les Maures. La zone orange claire qui comprend (de gauche à droite) Porto, Bragance, Léon et Barcelone fut reconquise au cours du IXe siècle.

«... Pour atteindre leur objectif, elles font appel à l'Inquisition... »

L'Inquisition espagnole ou Tribunal du Saint-Office de l'Inquisition est une juridiction ecclésiastique instaurée en Espagne en 1478, quatorze ans avant la fin de la Reconquista qui s'achève le 2 janvier 1492 quand Ferdinand II d'Aragon et Isabelle de Castille chassent le dernier souverain musulman de la péninsule, Boabdil de Grenade. L'inquisition sert non pas à reconquérir les territoires sur les « Arabes », mais à détecter les faux convertis (juifs ou musulmans d'ailleurs). L'élite musulmane s'exile après la prise de Grenade en 1492. Les musulmans qui ne s'exilent pas sont forcés de se convertir à partir de 1502. On les nomme les morisques. Après plusieurs révoltes, les derniers morisques furent expulsés de Castille en 1609 et d'Aragon en 1610.

Notons que la tradition islamique demande à ce que les musulmans partent des pays conquis par les chrétiens :
« Les musulmans ont-ils le droit de vivre sous un gouvernement chrétien ou bien doivent-ils émigrer ? La réponse est sans équivoque : ils doivent partir, hommes, femmes et enfants, tous sans exception. Ce gouvernement est tolérant ? Leur départ n’en est que plus urgent, car le danger d’apostasie est plus grand. […] Mieux vaut la tyrannie de l’Islam que la justice des chrétiens. »
(Bernard Lewis, Juifs en terre d’Islam, p. 470)

Enfin, il faut rappeler que la déportation de masse de chrétiens (notamment au XIIe) avait fait partie des outils de « pacification » des musulmans d'Espagne. C'est ainsi qu'à la suite d'une expédition chrétienne en 1125 jusqu'à Grenade par Alphonse d'Aragon, les chrétiens demeurés en el-Andalus sont en majorité déportés en Afrique du Nord pour y être installés près de Meknès et de Salé où l'interdiction de pratiquer leur religion entraîne la disparition rapide de ces communautés. Dans l'ensemble d'el-Andalous, le nombre des chrétiens est désormais très réduit, à un moment où, dans le contexte général des croisades et des « réveils » religieux radicaux berbères, l'antagonisme entre islam et chrétienté atteint son intensité maximale.

«...nombreuses années ... la Reconquista »

Est-ce que plus de sept siècles (718 — 1492) peuvent vraiment être décrits comme de «  nombreuses années » ?

À suivre 

Nous reviendrons sur ce manuel qui est une source intarissable de clichés et stéréotypes du prêt-à-penser politiquement correct. On comprend pourquoi il a été approuvé par le « politburo » du MELS.





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dimanche 28 décembre 2014

France — les universités préoccupées par l'orthographe

Plusieurs universités françaises se mobilisent pour améliorer le mauvais niveau de français de leurs étudiants. Dossier.

7 000 étudiants en première année de licence à l’université de Nanterre ont été, dès le début de leur cursus, obligés de suivre des cours en ligne pendant les douze semaines du premier semestre.

C’est le nouveau cheval de bataille des universités françaises. Depuis plusieurs années déjà, le constat s’impose : le niveau de langue des étudiants se dégrade. Le baccalauréat, obtenu par plus de 80 % d’une génération, n’est plus le garant d’un bon niveau de français, écrit comme oral, et les bacheliers accèdent aujourd’hui massivement à l’université malgré leurs lacunes. Des difficultés d’expression que les chargés de TD et maîtres de conférences observent maintenant à tous les niveaux et dans toutes les filières. Si les établissements d’enseignement supérieur — tous confondus — se sont longtemps reposés sur des organismes privés pour faire face à ce problème grandissant, plusieurs universités s’organisent aujourd’hui pour reprendre la main sur la plume de leurs étudiants.

mercredi 24 décembre 2014

Écriture cursive — « Il ne faut pas abandonner l’écriture en lettres attachées »


Radio-Canada consacre un reportage sur l’abandon de l’écriture cursive par les écoles publiques de plusieurs États.

« Vous souvenez-vous de ces premières lettres que vous traciez sur du papier ligné ? Selon que vous avez un certain âge ou un âge certain, ces premières lettres, ces « i » ces « e » et ces « b » (oh la difficile), étaient cursives.

Nous devions tracer, lentement, consciencieusement, du début de la ligne, en allant vers le haut, faire une pause, puis redescendre et recommencer l’exercice.

« Cent fois sur le métier remettez votre ouvrage » dit le proverbe. Dans le cas de nos balbutiements en écriture, nous reprenions le tracé de nos lettres jusqu’à ce qu’on les réussisse.

Aujourd’hui, presque tous les états des États-Unis ont abandonné l’écriture cursive. Pire, la Finlande, en septembre prochain, passe à l’écriture au clavier. [Note du carnet : C'est inexact.] Fini le tracé des lettres.

Au Québec, les élèves de la première année du primaire apprennent l’écriture par l’écriture scripte – en lettres détachées avant de passer à l’écriture cursive, – en lettres attachées – à la deuxième année.

Doit-on abandonner l’écriture cursive ? Est-ce encore utile d’écrire en lettres attachées

En 2012, trois universitaires se sont penchées sur cette question.

Isabelle Montésinos-Gelet, professeure à la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université de Montréal, Marie-France Morin de l’Université de Sherbrooke et Natalie Lavoie de l’Université du Québec à Rimouski ont publié les résultats d’une étude menée auprès de 718 enfants de 54 classes de 2e année du primaire.

Constat

La façon dont on apprend à tracer nos lettres n’est pas sans conséquence. Passer d’une façon de faire à une autre n’est pas la meilleure idée.

Isabelle Montésinos-Gelet
« Qu’ils apprennent en script ou en cursive, les enfants sont avantagés quand un seul type d’écriture est enseigné.»


L’écriture cursive est préférable

De fait, selon les résultats obtenus par les trois chercheuses, il semble que les enfants qui n’avaient appris à écrire qu’en lettres cursives ont une meilleure syntaxe.

On est encore loin du « tout clavier », mais, s’il n’en tient qu’à ces trois universitaires, les cahiers lignés horizontalement avec des lignes penchées pour bien tracer des lettres cursives ont encore de l’avenir.

Isabelle Montésinos-Gelet est l’invitée au micro de Raymond Desmarteau [qui se trompe pour la Finlande].

Écoutez (13 minutes)

»


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mardi 23 décembre 2014

C'est à l'école que je suis devenu athée, lors d'un cours d'histoire des religions


Chantal Guy écrit un article sur Mehdi Bousaidan (22 ans) dans la Presse de Montréal. Extraits :
Brillant. C'est le premier mot qui nous vient à l'esprit après une heure de discussion avec Mehdi Bousaidan. Qu'il s'agisse de sa vision du métier, de l'éducation, du Québec ou du monde, ce jeune homme a manifestement pris goût très tôt à la réflexion.

[...]

À l'université, Mehdi Bousaidan s'était d'abord inscrit en théologie: il était fasciné par l'histoire des religions, car, à l'école secondaire, c'est un cours d'histoire des religions qui l'a rendu athée, dit-il.

« J'étais musulman, et j'ai découvert que ma religion n'était pas meilleure que les autres, que la religion n'était pas le plus important. Ç'a complètement changé mon mode de vie, mais c'est un sujet qui me passionne », explique-t-il

[De quel cours d'histoire des religions à l'école secondaire s'agissait-il ? Le début d'ECR ? Il y a 5 ou 6 ans ? De 2009 à 2011, il est inscrit au cégep Montmorency à Laval.


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lundi 22 décembre 2014

samedi 20 décembre 2014

Noël au Complexe Desjardins de Montréal, décembre 2014






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jeudi 18 décembre 2014

Débat : plus d'élèves par classe ?


Débat avec Yves Boisvert et Mathieu Bock-Côté : Plus d'élèves dans les classes ?

Cliquez pour écouter. (8 minutes)

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Éducation : les variables non significatives et la variable pertinente

mercredi 17 décembre 2014

« Multicultiphobie, nouvelles formes d’exclusion et néoracisme »


Le Congrès de 2015 de la Société canadienne de sociologie se tiendra à Ottawa du 1er au 5 juin. Une des sessions se penchera sur la « multicultiphobie » :
« Un discours répandu ces dernières années, tant à gauche qu’à droite, voudrait que le multiculturalisme comme projet politique et mode de gestion étatique de la diversité soit entré en crise. Accusé d’être à la source d’une multitude de problèmes sociaux, politiques et économiques et de menacer la cohésion sociale, le multiculturalisme fait l’objet d’une remise en question transnationale, en particulier depuis le 11 septembre 2001. Ce panel se penchera sur les dimensions théoriques de cette question ainsi que sur les trajectoires historiques des critiques du multiculturalisme dans divers contextes nationaux. Quels sont les mythes constitutifs de la multicultiphobie ? Quels concepts nous permettent le mieux d’appréhender les nouvelles formes d’exclusion matérielle et symbolique dirigées contre les minorités culturelles et religieuses ? Quelle relation y a-t-il entre le backlash [Note du carnet : ressac] contre le multiculturalisme et les mutations contemporaines du racisme ? Quel est le rôle du libéralisme et du néolibéralisme dans la mise à distance de l’altérité ? Comment s’articule l’étude du multiculturalisme et de ses critiques aux enjeux liés au genre et à la sexualité ? Les contributions des participants à cette séance offriront des éléments de réponse à ces questions, qui se situent au carrefour de la sociologie de l’immigration et des relations ethniques, de la sociologie du racisme et de la sociologie du nationalisme. »
Cette annonce a suscité cette réaction de la part d’un sociologue enseignant à l’université sur Facebook
« Vous le savez, la meilleure manière de disqualifier une idée, aujourd’hui, c’est de l’associer à une «phobie». Hey bien certains universitaires-militants liés à la gauche multiculturelle (et qui ont en plus le culot de faire passer leur militantisme idéologique pour de la science de haut calibre) ont trouvé une nouvelle manière de diaboliser leurs adversaires : ils les accusent de « multicultiphobie ». Oui, oui ! « Multicultiphobie » (le terme n’est pas neuf, Phil Ryan a donné ce titre à un livre en 2010). Et vlan ! Un nouveau terme pour pathologiser le désaccord avec le multiculturalisme, pour le présenter comme un dérèglement psychiatrique. Et que fait-on avec les multicultiphobes ? On débat avec eux ? Non. On les disqualifie moralement, peut-être même qu’on les soigne et on les rééduque avec des campagnes de sensibilisation destinés à les guérir de leurs mauvais penchants. Je note que ce terme est associé au racisme. Comment dire ? Il y a quand même des limites à faire passer du militantisme idéologique grossier pour de la science. Mais cela en dit beaucoup sur la triste dérive d’une partie des sciences sociales aujourd’hui. »

Malgré un assouplissement de la politique de l'enfant unique, la fécondité chinoise ne remonte pas


Selon le Quotidien du peuple, le taux de fécondité en Chine est aujourd’hui de 1,4 enfant par femme, touchant presque la ligne d’avertissement de 1,3 reconnu comme le « piège de la faible fécondité », selon un rapport publié lundi par l’Académie chinoise des sciences sociales.

La Chine, avec une population de 1,4 milliard d’habitants, vient de franchir un tournant : sa population active a commencé à diminuer en 2012 et continuera de le faire dans un avenir prévisible. Son taux de natalité actuel, estimé à 1,4, est bien en dessous du taux de remplacement de 2,1 et même inférieur à celui de l’Europe ou du Québec qui ont un taux de fécondité moyen de 1,6.

En novembre 2013, le gouvernement de la Chine continentale a assoupli certaines restrictions, permettant à un couple d’avoir un deuxième enfant si l’un d’eux est enfant unique.

La politique a été mise en place dans de nombreuses villes et provinces, mais n’est pas encore appliquée au plan national. La Commission chinoise de la santé et de la planification familiale a estimé que cette mesure va permettre d’ajouter environ 2 millions de naissances par an pour actuellement 15 millions de naissances annuelles.

Toutefois, le 5 novembre 2014, la commission a indiqué que seulement 700 000 couples ont fait les démarches pour avoir une deuxième progéniture.

« Le pic de natalité tant attendu ne s’est pas produit. Et la volonté de la population de faire des bébés va diminuer avec le développement économique. Plus tôt nous ferons la promotion d’une politique pour un deuxième enfant, et plus tôt nous verrons les effets positifs qu’elle apporte », a souligné Cai Fang (Ts'aï Fang), directeur adjoint de l’Académie chinoise des sciences sociales.

Le coût élevé de l’éducation oblige actuellement de nombreux couples chinois éligibles pour avoir un deuxième enfant à revoir leur projet, d’après une récente enquête menée par le China Youth Daily. Des 2052 personnes interrogées, 75,1 % ont indiqué ne pas vouloir entreprendre les démarches pour un deuxième enfant.

Quand on leur demande pourquoi, 58,1 % des répondants ont indiqué que financièrement ils ne pouvaient se permettre de faire un deuxième bébé.

Une femme répondant au nom de Jia (Kia) résidant à Xi’an (Si'an), la province du Shaanxi (Chen-si), explique que la charge d’un seul enfant représente déjà pour elle et son mari 4000 yuans (650 dollars) par mois, soit près de la moitié de leurs salaires combinés. Une autre bouche à nourrir serait un fardeau trop lourd à porter, a-t-elle confié.

Sources : Quotidien du peuple et Christian Science Monitor




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Éducation : les variables non significatives et la variable pertinente


Il y a des débats qui sont émotifs. Lorsqu’on utilise un fait dans un débat émotif sans le contextualiser, il y a des gens qui peuvent tirer des conclusions erronées à partir de ce fait. Le cas de la taille des classes est un exemple flagrant. En éducation, la taille des classes n’est pas une variable déterminante sur la performance scolaire. Plus précisément, les études ont tendance à ne pas observer un effet statistique observable positif ou négatif. Lorsque les études découvrent qu’il y a un effet statistique, l’ampleur de cet effet est minime relativement aux autres variables en jeu. Cependant, faire cette admission n’établit aucun jugement sur l’état actuel des choses. Alors, faisons l’effort pédagogique de créer le contexte à partir des études scientifiques disponibles sur le sujet.

Des variables non significatives

En fait, il y a plusieurs variables qui sont – de manière surprenante – absolument peu importantes. Le montant dépensé par écolier n’a pas une incidence appréciable sur les réalisations scolaires ni même si sur le succès socioprofessionnel d’une personne au cours de sa vie. L’économiste Erik Hanushek a bien documenté ceci dans une série d’articles publiés dans la revue spécialiste de l’éducation – Economics of Education Review (voir ici, ici, ici et ici et voir aussi ces articles ici et ici qui ne sont pas par Hanushek). Non seulement le montant dépensé ne semble pas avoir d’effets, mais le niveau de scolarité des enseignants a un effet statistique positif, mais d’une petite amplitude et avec des discontinuités importantes dans l’effet (l’effet de l’éducation est particulièrement fort chez les plus jeunes et après un certain temps, le niveau d’expérience des enseignants a un effet statistique plus fort).

Dépense globale par élève des commissions scolaires québécoises en dollars courants et en dollars constants de 2008-2009

La variable pertinente : la qualité

Toutefois, la variable qui compte le plus, c’est la qualité du corps enseignant. La qualité de l’enseignement ne se mesure pas au nombre de dollars dépensés par enfant. Plutôt, la qualité de l’enseignement se mesure par les réactions fournies par les enseignants, le tutorat, le temps d’instruction offert, l’utilisation de méthodes interactives d’enseignement et la participation communautaire des parents (voir ces études ici et ici et ici et ici et aussi cet article du Journal of Urban Economics qui montre l’importance des communautés religieuses dans l’amélioration de l’éducation pour les familles pauvres). En fait, les mesures portant sur la qualité de l’enseignement ont toutes plus d’effets que les variables portant sur la taille des classes, le montant dépensé et le niveau de scolarité de l’enseignant. En outre, l’ampleur de ces effets s’accroît au fur et à mesure que l’expérience de l’enseignant augmente.

Dépense globale d’éducation par rapport au PIB, Québec (le plus haut) et régions du Canada (en %)


Considérant ces études qui viennent directement de millions de salles de classe à travers plusieurs pays et des statistiques de milliers de comtés, états, provinces et districts, il semble que l’approche des libéraux ne causera pas des problèmes majeurs. Cependant, admettre l’absence d’effets pervers n’implique pas la présence d’effets positifs. Personnellement, je doute que la réforme libérale améliore les choses (mais, elle ne les dégradera pas). Toutefois, on peut se questionner sur pourquoi les libéraux proposent une réforme esthétique du système d’éducation au Québec ?

Rapport élèves-éducateur dans les commissions scolaires, Québec et régions du Canada

La qualité ne dépend pas principalement de l’argent qu’on investit

En fait, la qualité de l’éducation ne dépend pas principalement des ressources qu’on y investit, mais plutôt de l’organisation de celles-ci. L’une des variables de la qualité que j’ai mentionnée plus tôt, le temps d’instruction, est très fortement corrélée avec la performance scolaire et les résultats de long terme de l’enfant. Toutefois, c’est au Québec qu’on force les enseignants à passer le moins de leur temps travail total à l’enseignement. En effet, selon l’indicateur D.3.2.2 de Statistique Canada, les professeurs québécois sont ceux qui travaillent le plus longtemps au Canada (1280 heures). Cependant, ce sont ceux qui passent le moins de temps en classe au Canada – tout juste 600 heures. Ainsi, on gaspille la moitié du temps que les professeurs offrent sur autre chose que l’enseignement. Par conséquent, la totalité du nombre d’heures d’instruction que recevra un enfant québécois sera inférieure à la moyenne canadienne. Ceci signifie qu’une année d’éducation au Québec n’a pas la même valeur qu’une année d’éducation ailleurs au Canada (voir indicateur D.1.1.) Si les libéraux voulaient faire une réforme pertinente, s’attaquer aux tâches non enseignantes du corps professoral serait un bon point de départ.


Une autre variable pertinente sur la qualité des enseignants c’est la capacité des écoles de licencier et d’embaucher des enseignants. Une réforme pertinente serait de trouver des manières d’autonomiser les écoles afin d’en faire des entités libres en concurrence pour attirer les enfants à l’intérieur d’un réseau financé publiquement. En laissant plus de jeu aux écoles, les enseignants et les directions pourront établir leurs propres approches pour satisfaire la population de parents qui ont choisi leurs services. Si un professeur effectue un travail décevant et que certains parents quittent cette école pour aller ailleurs, la subvention suivra le choix des parents. Éventuellement, l’école devra agir et améliorer la qualité du corps professoral. Les mauvais professeurs seraient rapidement éliminés et tous les jeunes professeurs qui attendent depuis des années qu’un poste se libère pourront tenter leur chance. En fait, une école (grâce à son autonomie) pourrait créer un programme sur mesure pour ses besoins de rémunération incitative des enseignants. Ceci augmenterait aussi la qualité de l’enseignement. Face à de telles pressions, les écoles couperaient aussi probablement dans la lourdeur administrative (les commissions scolaires ne seraient plus nécessaires dans un tel système d’autonomisation qui conserve le caractère de financement public et le ministère de l’Éducation serait beaucoup moins gros). En dernière analyse, les montants dépensés seraient plus efficaces et la charge de travail des enseignants serait redirigée vers l’enseignement et les enseignants restants seraient les meilleurs !

Conclusion

Avec de telles réformes, on réussit à augmenter la qualité de l’éducation en réduisant les dépenses publiques. Cependant, les réformes proposées par le parti libéral ne sont même pas proches d’arriver à une telle réorganisation des ressources présentement gaspillées dans le domaine de l’éducation. On doit être honnête et admettre que leurs réformes ne changeront absolument rien de significatif, mais on doit reconnaître qu’elles ne changeront absolument rien — donc aucune amélioration de la situation tragicomique de l’éducation précollégiale au Québec. Après tout, le Québec est toujours le champion du décrochage au Canada — pas uniquement pour les élèves, mais également pour les enseignants. Si vous voulez étriller Yves Bolduc — il y a des milliers de bonnes raisons de le faire dont plusieurs sont fournies dans cet article —, de grâce appuyez-vous sur les faits. Sinon, vous êtes exactement comme les doreurs d’images des partis politiques.

Source : Vincent Geloso (avec illustrations et corrections éditoriales de ce carnet)

Extrait d'une mise au point de Vincent Geloso

Le ministère reconnaît donc avoir un ratio plus bas d'éducateurs-équivalents à temps plein inférieur aux autres provinces. Mais heureusement, le ministère publie aussi une statistique qui essaie de se concentrer uniquement sur le personnel enseignant. C'est pourquoi il produit la mesure intitulée « Rapport élèves-enseignant dans les établissements d’enseignement » — une mesure qui peut être comparée avec la moyenne des pays de l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE). À tous les niveaux hormis le niveau préscolaire, les tailles des classes au Québec sont plus petites qu'ailleurs (14,4 contre 15,8 pour le secteur primaire et 13,7 contre 13,8 pour le secteur secondaire). Non seulement cela, mais dans des rapports précédents du ministère intitulé Bulletin statistique de l'Éducation on voit que cette réalité est valide depuis 2001 face aux pays de l'OCDE. En plus, le ratio baisse plus vite au Québec que dans les pays de l'OCDE. En 2001, le Québec avait un ratio élève-enseignant équivalent à temps plein (pas éducateur, enseignant) de 17,5 contre 17,7 au primaire et de 14,2 contre 14,3 au secondaire (total). Donc clairement, les faits que j'ai observé sont acceptés par l'appareil étatique québécois comme étant valide (voir la définition ici qui tient compte précisément de la taille des classes dans le calcul).


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lundi 15 décembre 2014

Québec — anglais intensif pour tous les francophones, pas de français intensif pour les immigrés ?


Dans la région de Québec, plus de 2000 élèves venant des quatre coins du monde doivent apprendre à maîtriser une langue complexe, le français, pour poursuivre leur parcours scolaire. Or seulement 3 % d'entre eux sont assis dans une classe d'accueil, alors que la quasi-totalité sont plutôt intégrés à des classes ordinaires, avec quelques heures de francisation par semaine. Une situation dénoncée haut et fort par des enseignantes, qui estiment que cette formule ne répond pas du tout à leurs besoins.

Une jeune fille népalaise, que nous appellerons Shirisha, a 13 ans. Elle ne comprend pas un mot de français, selon son enseignante de francisation. Pourtant, elle est assise dans une classe ordinaire de sixième année, dans une école de Québec. Comme plusieurs autres élèves allophones, elle ne bénéficie que de quelques heures de francisation par semaine.

Sa place serait plutôt dans une classe d'accueil, affirme son enseignante, qui refuse d'être identifiée, puisque la situation est délicate à dénoncer, explique celle que nous appellerons Isabelle.

Mais les classes d'accueil, où l'élève apprend à temps plein à maîtriser sa nouvelle langue, sont rares à Québec. Très rares. Sur 2221 élèves qui ont des mesures de francisation, seulement 76 fréquentent une classe d'accueil à temps plein selon une recension effectuée par Le Soleil (voir plus bas). La classe d'accueil est réservée aux élèves «les plus amochés», explique Isabelle. Plusieurs viennent de camp de réfugiés et n'ont pas été scolarisés dans leur langue maternelle.

Annie-Christine Tardif trace par ailleurs un parallèle avec l'anglais intensif, que le gouvernement Couillard aimerait étendre à la majorité des élèves de la fin du primaire. «Il faut qu'il y ait de l'anglais intensif pour tout le monde, mais pourquoi il n'y aurait pas de français intensif pour les élèves allophones?» demande-t-elle.

Celle-ci rappelle que la recherche a démontré que le «saupoudrage» de quelques heures par semaine n'est pas la façon la plus efficace d'apprendre une deuxième langue, un argument maintes fois évoqué en faveur de la formule de l'anglais intensif.

Pour l'instant, les quelques heures de francisation par semaine ne permettent pas à une majorité d'élèves allophones de bien maîtriser leur deuxième langue et de rattraper leur retard scolaire, affirment les enseignantes interrogées. Résultat: une fois arrivés au secondaire, des élèves comme Shirisha se retrouveront probablement dans des groupes d'adaptation scolaire, toujours avec quelques heures de francisation par semaine.

Une formule vouée à l'échec, selon Sophie. «À long terme, on forme des décrocheurs.»

Source : Le Soleil


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Littérature jeunesse : comment s'y retrouver ?

Le refus, bruyamment manifesté par de nombreuses familles, de la diffusion de la « théorie du genre » dans les écoles a eu un corolaire intéressant : de nombreux parents ont pris conscience à cette occasion de l’impact des idéologies sur la littérature de jeunesse. Il sort chaque année en France près de 9 000 titres nouveaux à destination des jeunes lecteurs. Auxquels s’ajoutent, bien sûr, les titres non épuisés des années précédentes. Comment s’y retrouver ? Il est de plus en plus délicat, pour les parents et les enseignants, de trier le bon grain de l’ivraie, d’autant plus que la littérature de jeunesse est au cœur de puissants enjeux commerciaux, idéologiques, intellectuels et esthétiques. Anne-Laure Blanc, auteur de Une bibliothèque idéale – Que lire de 5 à 11 ans ?  (éditions TerraMare et Fondation pour l’école) et animatrice du blog Chouette, un livre ! répond à nos questions.

Les conseils (fréquents) de lecture de Chouette, un livre !


dimanche 14 décembre 2014

Angleterre — Plus du tiers des enfants de 10 à 13 ans ne savent pas ce que Noël fête

Les vacances approchent mais les autorités de certaines villes de Grande-Bretagne redoutent de souhaiter un « Joyeux Noël ! » à leur citoyens. Elles vont même jusqu’à éviter les cartes de vœux avec l'image de Jésus-Christ pour ne pas offenser les représentants d’autres confessions lesquels ne s'offusquent pas de ces expressions et images...

Une étude publiée par Christmas starts with Christ indique que plus de 30 % des enfants britanniques de 10 à 13 ans ne savent pas que Noël célèbre la naissance de Jésus-Christ.

De plus en plus d'écoles abandonnent également les représentations liés à la nativité du Christ, plus de saynète déguisé en Marie, Joseph ou les mages.





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« Les enfants soldats de la CSDM »


Ne décolérant pas contre le projet de redécoupage des commissions scolaires qui lui ferait perdre des dizaines de milliers de jeunes, la Commission scolaire de Montréal (CSDM) organise des manifestations d’élèves.

Mathieu Bock-Côté revient sur cette mobilisation d’élèves captifs :

« La nouvelle n’est pas passée inaperçue mais n’a pas reçu l’attention qu’elle méritait : la Commission scolaire de Montréal (CSDM), récemment, a abusé grossièrement de l’autorité qu’elle exerce sur les élèves en les transformant en enfants soldats au service de ses objectifs politiques. Pour protester contre la réforme des commissions scolaires, elle a poussé les élèves à manifester contre le gouvernement.

La CSDM a même le culot de dire que les élèves l’ont fait de leur propre initiative, qu’ils n’y étaient pas poussés. Elle nous prend pour des idiots. Comme si les élèves avaient la moindre compréhension de la complexité de ces dossiers. Non pas qu’ils ne soient pas intelligents, mais ils sont en formation. Et ils sont facilement impressionnables. Et l’institution qui devrait les éduquer décide plutôt de les manipuler idéologiquement.

Des élèves ont formé une chaîne humaine autour d’une école. Sur la photo, Menelik Philip, président de l’association des élèves de Montréal.


Autrement dit, l’école fait de l’endoctrinement. Et il ne s’agit pas d’une erreur isolée.

Les idéologues

De bien des manières, l’école québécoise cède à cette tentation, souvent maquillée derrière de grands discours. C’est souvent au nom de l’écologisme. On fait défiler les enfants dans leur quartier en scandant des slogans ­écolos. On les invite à surveiller les comportements écologiques de leurs parents. On leur apprend souvent à ­détester un capitalisme accusé de ­violer la planète.

Le ministère de l’Éducation se prête lui-même à de tels exercices, par exemple, avec son cours Éthique et culture religieuse. Il prétend instruire les jeunes sur la diversité religieuse contemporaine. Dans les faits, il entend surtout les convertir à la logique des accommodements raisonnables. Les idéologues du multiculturalisme ont expliqué pourquoi : puisqu’ils peinaient à convaincre les adultes de ses vertus, ils décidèrent de l’inculquer aux enfants.

Ceux qui félicitent l’école d’initier ainsi les élèves à la citoyenneté devraient réfléchir un peu plus. Peut-être se félicitent-ils de voir le gouvernement libéral contesté ? Mais que diraient-ils si, dans une école du West Island, les professeurs envoyaient les enfants manifester contre la loi 101 ? Qu’auraient-ils dit si, au moment du débat sur la Charte des valeurs, certaines écoles montréalaises avaient fait défiler les gamins en scandant des slogans anti-péquistes ?

Enfants amenés par leur école pour défiler lors de la Journée de la Terre à Granby

Mission trahie

En faisant de la propagande, l’école trahit sa mission. En un mot, elle ne doit être ni souverainiste, ni fédéraliste, ni de gauche, ni de droite. Une chose est certaine : le temps pris à manifester ou à réciter un chapelet écologiste n’est pas consacré à l’apprentissage de la langue, à la lecture d’un grand roman, ou encore à l’apprentissage de l’histoire. Et avons-nous la certitude que nos jeunes sont à ce point cultivés qu’ils puissent ainsi militer alors qu’ils devraient étudier ?

On en arrive à l’essentiel : il faut éviter à tout prix la politisation de l’école. En classe, les professeurs devraient se placer au-delà de leurs convictions personnelles. C’est pourquoi, d’ailleurs, ils ne devraient porter devant leurs élèves ni foulard islamique, ni carré rouge, ni macaron indépendantiste, ni symbole écologiste. Le professeur doit transmettre des savoirs et non pas ses propres convictions. »


Voir aussi

« Nos ancêtres, les Amérindiens »

Pas de classiques de la littérature, mais la lutte contre l'hétérosexisme en classe de français, d'anglais, d'histoire et de mathématiques

Le cours d'ECR — « multiculturalisme 101 »

Les Québécois veulent des bons d’étude et que le cours ECR soit optionnel ou aboli

Le cours ECR, école de l'unanimisme politiquement correct

Compte rendu de l'audience Loyola c. MELS à la Cour suprême (dossier ECR)