dimanche 14 décembre 2014

« Les enfants soldats de la CSDM »


Ne décolérant pas contre le projet de redécoupage des commissions scolaires qui lui ferait perdre des dizaines de milliers de jeunes, la Commission scolaire de Montréal (CSDM) organise des manifestations d’élèves.

Mathieu Bock-Côté revient sur cette mobilisation d’élèves captifs :

« La nouvelle n’est pas passée inaperçue mais n’a pas reçu l’attention qu’elle méritait : la Commission scolaire de Montréal (CSDM), récemment, a abusé grossièrement de l’autorité qu’elle exerce sur les élèves en les transformant en enfants soldats au service de ses objectifs politiques. Pour protester contre la réforme des commissions scolaires, elle a poussé les élèves à manifester contre le gouvernement.

La CSDM a même le culot de dire que les élèves l’ont fait de leur propre initiative, qu’ils n’y étaient pas poussés. Elle nous prend pour des idiots. Comme si les élèves avaient la moindre compréhension de la complexité de ces dossiers. Non pas qu’ils ne soient pas intelligents, mais ils sont en formation. Et ils sont facilement impressionnables. Et l’institution qui devrait les éduquer décide plutôt de les manipuler idéologiquement.

Des élèves ont formé une chaîne humaine autour d’une école. Sur la photo, Menelik Philip, président de l’association des élèves de Montréal.


Autrement dit, l’école fait de l’endoctrinement. Et il ne s’agit pas d’une erreur isolée.

Les idéologues

De bien des manières, l’école québécoise cède à cette tentation, souvent maquillée derrière de grands discours. C’est souvent au nom de l’écologisme. On fait défiler les enfants dans leur quartier en scandant des slogans ­écolos. On les invite à surveiller les comportements écologiques de leurs parents. On leur apprend souvent à ­détester un capitalisme accusé de ­violer la planète.

Le ministère de l’Éducation se prête lui-même à de tels exercices, par exemple, avec son cours Éthique et culture religieuse. Il prétend instruire les jeunes sur la diversité religieuse contemporaine. Dans les faits, il entend surtout les convertir à la logique des accommodements raisonnables. Les idéologues du multiculturalisme ont expliqué pourquoi : puisqu’ils peinaient à convaincre les adultes de ses vertus, ils décidèrent de l’inculquer aux enfants.

Ceux qui félicitent l’école d’initier ainsi les élèves à la citoyenneté devraient réfléchir un peu plus. Peut-être se félicitent-ils de voir le gouvernement libéral contesté ? Mais que diraient-ils si, dans une école du West Island, les professeurs envoyaient les enfants manifester contre la loi 101 ? Qu’auraient-ils dit si, au moment du débat sur la Charte des valeurs, certaines écoles montréalaises avaient fait défiler les gamins en scandant des slogans anti-péquistes ?

Enfants amenés par leur école pour défiler lors de la Journée de la Terre à Granby

Mission trahie

En faisant de la propagande, l’école trahit sa mission. En un mot, elle ne doit être ni souverainiste, ni fédéraliste, ni de gauche, ni de droite. Une chose est certaine : le temps pris à manifester ou à réciter un chapelet écologiste n’est pas consacré à l’apprentissage de la langue, à la lecture d’un grand roman, ou encore à l’apprentissage de l’histoire. Et avons-nous la certitude que nos jeunes sont à ce point cultivés qu’ils puissent ainsi militer alors qu’ils devraient étudier ?

On en arrive à l’essentiel : il faut éviter à tout prix la politisation de l’école. En classe, les professeurs devraient se placer au-delà de leurs convictions personnelles. C’est pourquoi, d’ailleurs, ils ne devraient porter devant leurs élèves ni foulard islamique, ni carré rouge, ni macaron indépendantiste, ni symbole écologiste. Le professeur doit transmettre des savoirs et non pas ses propres convictions. »


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