vendredi 21 novembre 2008

Espagne – Un gouvernement qui prétend redéfinir l'homme

Résumé de la situation en Espagne selon le Comité protestant évangélique pour la dignité humaine.

Le ministre de l'Égalité a annoncé le 4 septembre 2008 que le gouvernement espagnol allait proposer une modification de la loi sur l'avortement datant de 1985. Le but est de permettre aux femmes d'avorter sans restriction jusqu'à la seizième semaine. Le ministre affirme que le texte sera préparé par un comité d'experts disposant d'un « haut niveau scientifique et intellectuel ». La refondation morale, culturelle et politique de l'Espagne amorcée en 2004 par le gouvernement Zapatero se poursuit sur plusieurs fronts reliés entre eux. Le gouvernement a décidé d'un coup de renforcer la laïcité et de reculer le délai de l'IVG qui devra être libre et non plus justifiée par des risques psychologiques ou l'abus sexuel 1. Ces annonces témoignent que José Zapatero connaît le lien entre l'éthique populaire et l'héritage chrétien encore relativement fort en Espagne, éthique dont il souhaite redéfinir le contenu. Cette actualité nous donne l'occasion de nous pencher sur l'évolution de ce pays.

L'Espagne est une nation de 45 millions d'individus avec une forte tradition catholique. Mais si le nombre de baptisés est important, celui de pratiquants est relativement bas. Selon un sondage dont les chiffres ont été révélés en janvier 2008, 77 % des Espagnols se disent catholiques et 17 % des sondés vont à la messe une fois par semaine. En 1978 le nombre de pratiquants était de 79 % et en 2005 de 24 % 2. Quant aux protestants, ils représentent à peu près 1 % de la population.

Dans le cadre de cette déchristianisation, une ville a même ouvert un bureau pour « apostasier » sa religion et se faire débaptiser. Si l'on peut comprendre l'agacement ressenti par une personne à qui l'on refuserait la possibilité de quitter une église, il est étrange toutefois d'engager une telle procédure dans une mairie comme si la laïcité se posait en religion alternative et le temporel pouvait appréhender le spirituel 3.

Si la mutation contemporaine de l'Espagne peut s'expliquer par un certain désintérêt pour la chose religieuse, cette explication ne suffit pas. Il peut y avoir un manque d'intérêt pour la religion sans perte immédiate d'intérêt pour les valeurs d'origines religieuse. Un non pratiquant peut tout à fait défendre de bonnes valeurs morales. Avant les attentats du 11 mars 2004, le Parti populaire (PP) était censé remporter les élections législatives assez facilement. La droite espagnole était alors profondément conservatrice, au sens positif du terme. En dépit de la baisse de la pratique religieuse, elle n'était pas contestée par la majorité du peuple sur les questions sociétales. L'explication est davantage politique que sociologique : en 4 ans, le gouvernement Zapatero a saisi l'opportunité qu'il avait pour remodeler la société, sachant que d'une manière générale, à part les chrétiens, une grande partie de l'opinion ne se mobilise pas assez fortement si ses intérêts propres ou directs ne sont pas en jeu, même si elle n'approuve pas la ligne politique du gouvernement. Bien des électeurs manifesteront pour une augmentation de salaire mais refuseront de défiler pour s'opposer au mariage homosexuel même s'ils ne l'approuvent pas.

En 2004, l'Espagne était prospère et connaissait un taux de chômage incompressible. Le Parti socialiste ouvrier (PSOE) de Zapatero ne pouvait pas s'opposer fondamentalement au PP sur les questions économiques, hormis sur une certaine précarité des jeunes travailleurs. Il lui fallait donc trouver un cheval de bataille et son choix s'est porté sur une certaine réforme de la société. Depuis sa première victoire, Zapatero ne cesse de remplir ses objectifs : lutte contre l'influence chrétienne, redéfinition de la famille, promotion de l'avortement et de l'homosexualité, etc. [Entretemps à la suite de l'explosion de la bulle immobilière, l'Espagne a connu une hausse rapide du chômage.]

Derrière ces dérives éthiques, ne peut-on pas voir une volonté de déchristianisation ? Ne servent-elles pas à miner jusqu'à l'effondrement toute un héritage bâti sur plusieurs siècles ? C'est en effet en faisant taire les voix morales que l'on peut présenter cette orientation politique comme juste, faute de contradiction.

Pour aller plus loin...

Une refonte de la pensée et de la culture

Pour modifier les valeurs d'une société, le procédé est simple : l'intéressé peut agir sur deux terrains. Il suffit de bouleverser brutalement les repères et d'agir sur le long terme, notamment en façonnant les enfants. Les conditions sont cumulables, mais la seconde est une nécessité car les coups de force peuvent échouer. Le gouvernement espagnol a choisi de mener sa conquête sur les deux fronts.

1. L'éducation

Suite à une loi votée en 2002 par le PP [parti conservateur] sous le gouvernement Aznar, l'enseignement de la religion catholique, d'une autre religion selon le choix des parents ou d'un cours de morale était obligatoire dans les écoles primaires et secondaires. On peut tout à fait comprendre que des parents s'opposent à ce que leurs enfants reçoivent un enseignement religieux contraire à leurs convictions et la loi respectait cette liberté en proposant une alternative. Mais le PSOE [socialiste] a totalement pris le contre-pied de la loi en substituant un enseignement civique obligatoire à partir de la rentrée 2007-2008. Le problème n'est pas dans le caractère contraignant d'un cours, mais dans son contenu. En l'occurrence, ce « Cours d'éducation à la citoyenneté et aux droits humains » vise, par exemple, à faire admettre aux enfants que le mariage homosexuel ou l'homoparentalité est un mode familial normal.

Faut-il s'étonner qu'en Andalousie assez fortement imprégnée de valeurs morales (86 % de catholiques sur lesquels 28 % sont des pratiquants réguliers), la Cour supérieure de justice ait qualifié certaines mentions du cours civique d'atteinte « illicite » au droit des parents « d'enseigner à leurs enfants une conception de la sexualité conforme à leurs convictions. » La Cour a même considéré que la nouvelle évolution en matière de droits de l'homme s'appuie sur « Un point de vue idéologique qui ne fait pas partie de la norme constitutionnelle. »

Les juges de la Cour ne raisonnaient pas tant en fidèles catholiques - ce qu'ils ne sont peut-être pas - qu'en juristes réticents à ce que les droits fondamentaux soient niés par le gouvernement. Dans une société encore fortement croyante, ils s'en sont tenus à la Constitution, norme supérieure à la loi, au lieu de l'interpréter de façon idéologique. Et quand la loi sur le mariage est contraire à ses convictions et est constitutionnelle, il reste au juge la possibilité de démissionner.

2. La religion

Pour contrer l'influence morale de l'Église catholique, le gouvernement a choisi de modifier les dispositions concernant le financement des cultes. En minorant les crédits 4, les dirigeants espagnols espèrent apparemment rendre le clergé inaudible. La question de la légitimité de ces affectations peut se poser et la réponse est simple : si l'État aidait l'Église catholique, c'était en compensation des prestations offertes par cette dernière comme la mise à la disposition des collectivités des lieux de culte pour des expositions, ou la prise en charge d'activités sociales. Il n'y avait pas là de discrimination injustifiée. Si les voix morales 5 cessent d'interpeler (comme par exemple à Madrid pour défendre la famille) il est à craindre que bien des Espagnols ne s'interrogent plus assez sur les choix éthiques imposés. Dès lors, bien des réformes sont possibles sans provoquer trop de remous. Notamment des réformes touchant à la définition de l'homme pour qui sonne le glas.

Une nouvelle anthropologie

Nous avons déjà parlé de la proposition d'une commission de la chambre des députés de reconnaître des droits humains aux grands singes. Outre cette quasi promotion de l'animal au niveau de l'humain, la redéfinition de l'homme se fait par l'imposition d'une modèle familial alternatif niant la valeur de la famille traditionnelle. Ainsi l'Espagne a légalisé le mariage gay et autorisé l'adoption des enfants par des couples homosexuels. Le 30 juin 2005, une semaine après le rejet du texte par le Sénat, la Chambre des députés a voté définitivement le projet de loi. Un million de personnes avaient pourtant défilé dans les rues de Madrid. La majorité parlementaire et le gouvernement sont restés inflexibles. A l'autorisation du mariage homosexuel, ont été joints les droits dont bénéficiaient les familles conventionnelles dont le plus spectaculairement mis en œuvre est le droit d'adopter des enfants. En dépit des affirmations étayées par des rapports favorables à l'homoparentalité, force est de constater l'échec de cette révolution égoïste sur le terrain : 40 % de ces enfants sont suivis par un psychologue. Mais pour éluder la question, les dirigeants n'hésitent pas à se référer à des données orientées, par exemple des études sur des adolescents adoptés alors qu'ils avaient déjà une personnalité assez construite et non sur des jeunes enfants. L'intérêt de l'enfant n'est plus pris en compte dans cette nouvelle anthropologie reposant sur le mythe de l'individu-roi. La négation de la famille conventionnelle, qui suit un modèle se retrouvant dans toutes les cultures a pu se faire parce que l'État s'est prétendu légitime pour imposer à la société un schéma dont elle ne voulait pas. Plus en amont, c'est l'opposition du nouvel homme à l'homme proposé par le christianisme qui est l'enjeu de ces évolutions. Il semble moralement insupportable à une partie de la classe politique espagnole que l'image sociale de l'humain trouve sa source dans le christianisme, même quand il n'est plus pratiqué. En opposition à une religion, le gouvernement se met à défaire ce que la nature constate depuis toujours : la complémentarité sexuelle uniquement entre l'homme et la femme et l'éducation d'un enfant par des parents biologiquement différents.

A côté de ces exemples de rejet de la loi naturelle, la modification du statut des transsexuels en 2006 n'étonne plus : ils peuvent juridiquement changer de sexe et de nom sans même passer sur une table d'opération. Il leur suffit de produire un certificat médical attestant de leur trouble psychologique et de leur suivi d'un simple traitement hormonal. Ce n'est plus la nature qui définit l'homme, ni même plus faussement l'opération, mais c'est désormais la quasi seule volonté d'appartenir à l'autre sexe. A terme, la condition de deux années d'attente et celle du traitement hormonal pourraient disparaître. Rien ne l'en empêche dans cette logique de redéfinition de l'humain.

Les limites de l'appréhension de la dignité humaine par la raison

La raison remplace l'éthique dans le choix de redéfinition anthropologique de l'individu, de la Vie et de la société. Cela explique, par exemple, que le ministre de l'Égalité ait demandé à un comité de « haut niveau scientifique et intellectuel » de faire des propositions, réduisant la question de la Vie à un débat intellectuel. Au nom des Lumières - qui n'avaient pas que des aspects négatifs - l'homme a choisi de se faire maître de sa destinée. Il se pensait bon, mais oubliait que l'humanisme procédait de tout un héritage religieux, précisément chrétien. Descellé du roc spirituel et moral qu'est l'Évangile, l'homme avançant dans l'humanisme a perdu bien des vertus chrétiennes qui avaient été sécularisées dans différentes cultures. Il s'est rendu compte face aux barbaries du siècle dernier de ses limites morales, du danger de l'excès de confiance en lui-même, mais il semble vouloir oublier la leçon. Et il refonde la civilisation et la nature selon des fantasmes dont il devrait saisir la faiblesse morale.

En se faisant juge de sa propre dignité, l'homme l'a mal perçue. Il confond dignité et droits de l'homme. Untel souhaite tel droit, il lui est accordé au nom des droits de l'homme. Ainsi, dans le schéma relativiste, chacun peut demander à être tué par des médecins, à changer d'identité sexuelle, à se marier avec une personne du même sexe et à adopter en tant qu'homosexuel des enfants dont les parents ne sont plus là pour les protéger.

Et pourtant... le gouvernement Zapatero et les députés peuvent modifier toutes les lois qu'ils souhaitent pour soi-disant transcrire juridiquement des droits naturels, il restera toujours que les droits de l'homme, même quand ils sont bons, n'équivalent pas à la dignité humaine : ils ne sont qu'immanents tandis que la dignité reste transcendante, l'homme ayant été créé à l'image de Dieu. De manière laïque, la Cour de cassation française a implicitement reconnu cette distinction en rejetant une demande du criminel nazi Klaus Barbie dans sa décision du 20 décembre 1985 : « Le droit à l'acquisition de la prescription [des crimes contre l'humanité] ne saurait constituer un droit de l'homme. » Ce qui empêche de reconnaître un tel droit de l'homme, c'est parce que les droits de civils et politiques ne peuvent enfreindre la dignité humaine.

Les Lumières n'ont pas pu aboutir à l'émancipation de l'homme et même Kant, philosophe de l'Aufklärung, les Lumières allemandes, a été obligé de constater la finitude de l'humain qui ne peut appréhender tout le réel et doit se contenter d'une vision relative et incomplète de ce qui est et se satisfaire de sa perception. Se rattacher à une acceptation d'une telle vision subjective et limitée de la réalité, ne peut in fine que conduire l'homme à nier sa propre dignité en croyant, comme le penseur de Königsberg, la reconnaître.

On ne peut que voir le contraste entre la volonté de l'Espagne de se montrer à la pointe de la modernité et affranchie des valeurs qui l'ont façonnée des siècles durant, et la réalité : croyant progresser, l'Espagne perd sa grandeur. Fatalement, par une loi de gravité spirituelle, se détacher du Ciel revient à dévisser.

(Jean Degert) CPDH - 22/09/08

Notes

  1. L'avortement est dépénalisé (et non légalisé) en Espagne depuis une loi de 1985 Actuellement, trois cas l'autorisent. Premièrement, si la femme présente l'avis d'un spécialiste autre que le médecin qui pratiquera l'avortement, disant que l'intervention est nécessaire pour préserver sa santé psychique ou physique, l'avortement est possible à tout moment. Le risque est très facilement admis. Deuxièmement, en cas de viol l'avortement est possible jusqu'à la douzième semaine de grossesse. Enfin, si son enfant doit naître handicapé physique ou que l'on suppose qu'il sera handicapé mental, une femme peut demander une IVG, après l'avis positif de deux spécialistes autres que celui qui interviendra sur elle et l'enfant. Dans ce cas, elle peut subir une IVG jusqu'à vingt-deuxième semaine de gestation.
  2. En ce qui concerne la France, la pratique religieuse au sein des religions chrétiennes est en baisse ainsi qu'en témoigne ce document (erroné quand il affirme que 4 cultes sont reconnus depuis 1905, confondant avec la loi du 18 germinal an X [8 avril 1802]concernant les cultes protestants et catholiques et l'ordonnance du 25 mai 1844 concernant le culte juif) :

    — Selon un sondage IFOP-La Croix de 2006 il y aurait environ 65 % de catholiques contre 80 % au début des années 70. De 2001 à 2004, la pratique est passée de 10 à 7,7 %.

    — Chez les protestants, le chiffre de 2 % (1,2 million) de la population ne varie pas ; la part croissante des évangéliques est de 30 % (395 000 dont 45 000 pour les églises des diasporas)

    — Il y a 300 000 orthodoxes et autant d'apostoliques arméniens. En y ajoutant les autres églises traditionnelles d'Orient (copte, syriaque, chaldéen, maronite, melkite), on atteint un chiffre de 750 000 personnes se déclarant chrétiens de rite oriental.
  3. Si les catholiques peuvent demander à ce que leur Eglise bénéficie de 0,7 % de leur déclaration d'impôts, il ne s'agit que d'une faculté. La situation est différente de l'Allemagne où l'impôt ecclésiastique est obligatoire pour le membre d'une église. Dans le cas cité, les personnes qui se font débaptisées ne présentent pas leur demande par objection de conscience fiscale.
  4. Même si l'assignation fiscale dans la déclaration d'impôt des contribuables choisissant de voir une part de leur imposition profiter à l'Église catholique est relevée passe de 0,5 à 0,7 , en réalité il s'agit de couper les crédits. En effet, du même coup l'État se dégage de son obligation de compensation et, qui plus est, dans un pays où le catholicisme est en perte de vitesse, cette légère hausse ne peut dissimuler un effondrement prochain.
  5. Les évangéliques ont aussi averti le gouvernement face à ces dérives. Cf. le manifeste traduit sous cet article.*

    * Manifeste pour la responsabilité prophétique de l'Eglise évangélique en Espagne signé par 18 conducteurs spirituels.

    Après un sévère constat sur « la situation morale que traverse notre pays et [après avoir discerné] notre devoir en tant que chrétiens évangéliques et témoins de Jésus-Christ, et en reconnaissant notre absence de fermeté et de clarté sur ce thème jusqu'à aujourd'hui », dix-huit leaders évangéliques réunis à Alcorcon, Madrid, les 22 et 23 septembre 2007 ont fait une déclaration sur la responsabilité de l'église prophétique de l'église évangélique en Espagne.

    Les signataires - à titre personnel - sont Juan Barnreuther; David Burt; Wenceslao Calvo; Demetrio Cánovas; Iñaki Colera; Bernard Coster; David Estrada; Francisco González; Diego Guirao; Juan Hanna; J. A. Juliá; Curt Kenneth-Borrough; Boni Lozano; Frances M. Luttikhuizen; Scot Musser; Juan Sánchez Araujo; Larry Thornburg; y César Vidal.

    Le manifeste :

    1. Nous estimons tout d'abord que la « situation morale dans laquelle nous nous trouvons est extrêmement grave, avec l'institutionnalisation et la légalisation de pratiques abominables pour Dieu que sont l'avortement i, l'expérimentation sur les embryons humains ii, les atteintes à la famille iii, le mariage homosexuel [et le droit à l'adoption qui y est attaché] iv, la confusion des identités sexuelles v ou encore la prévarication et la fausse justice dans les affaires de terrorisme et autres atteintes à la sûreté publique pour motifs politiques vi. » Toutes ces dérives sont condamnées par Dieu dans la Bible.

    2. En conséquence, les signataires reconnaissent qu'il est de la « responsabilité des chrétiens en cette période de s'identifier avec ce que Dieu révèle, enseigne et commande dans sa Parole, pour ainsi donner un témoignage sans faille de la Vérité », sans que cela emporte, précisent-ils, de jugement de leur part à l'endroit de ceux qui, induits en erreur par le diable, pratiquent ou promeuvent les comportements mortifères dénoncés et qui sont appelés « à recevoir la grâce et le pardon de Dieu en Jésus-Christ par le moyen de la foi et de la repentance. »

    3. Les signataires comprennent aussi que leur devoir « est d'inciter les autorités à considérer le sens et les conséquences de leurs actes et à cesser de bouleverser les valeurs et principes posés par Dieu dans la Bible, sinon elles mettront l'Espagne sous la colère divine vii.

    4. En ce qui concerne les actions concrètes à mener, les signataires pensent que leur devoir de chrétiens dans un pays démocratique est d'utiliser tous les moyens légitimes et légaux « pour la défenses des valeurs vertueuses qu'enseigne la Bible. » A cette fin, « Nous unissons nos forces avec ceux qui poursuivent les mêmes objectifs que nous pour résister à ceux qui souhaitent bannir toute trace du christianisme de la société. »



  1. Exode 20:13 (voir également Psaumes 139:13 ; Jérémie 1:5 ; Luc 1:15 ; Ex. 21:22-23...).
  2. Cf. note 1.
  3. Malachie 2:13-16 (v. également Matthieu 5:31-32 ; 19:3-9, etc.) ; Ephésiens 5:22-24 (également Colossiens 3:18 ; 1 Pierre 3:1) ; Eph. 6:4 (également Deutéronome 6:6-7 ; Proverbes 1:1-10 ; Prov. 5 :1-2 ; Prov. 13 :24 ; Prov. 22 :6 & 15 et 23 :13-14).
  4. Matthieu 19 :4-6 (v. également Genèse 1:27-28 et 2 :21-24) ; Lévitique 18:22 et 20:13
    (v. également Romains 1:26-27 ; 1 Corinthiens 6 :9-11).
  5. Deutéronome 22:5.
  6. Proverbes 17 :15 (v. également Romains 13:3-4 ; Esaïe 1:17 ; etc.).
  7. Psaumes 2.


(Source : ACPress.net, MADRID, 02/10/2007. Traduction : Jean Degert)

Le cardinal espagnol Cañizares appelle à l’objection de conscience, « Nous, vos évêques, sommes à vos côtés »

Résumé d'une lettre du cardinal espagnol Cañizares, traduire par Eucharistie miséricordieuse, qui appelle à L,objection de conscience envers le cours d'Éducation à la citoyenneté imposé par le partis socialiste espagnol.

« Il s’agit d’une question très importante, face à laquelle il faut agir avec lucidité, vérité, responsabilité et liberté, conformément aux devoirs et aux droits qu’ont les parents en matière d’éducation : des devoirs et des droits fondamentaux et inviolables, qui doivent être entièrement satisfaits et dont l’exercice, protégé par la Constitution espagnole, doit être garanti ». C’est ce qu’affirme l’Archevêque de Tolède, le Cal Antonio Cañizares Llovera, au sujet de l’introduction obligatoire de la matière « Éducation pour la citoyenneté » à partir de la rentrée prochaine dans la Communauté de Castille-La Manche.

Selon le Cardinal, cette matière « de fait impose obligatoirement à tous les élèves et dans toutes les écoles – dans ses objectifs, ses contenus, ses compétences et ses valeurs -, une formation morale non choisie par les parents » et même en contradiction ouverte avec la formation religieuse qu’ont choisi beaucoup de parents. À ce propos il rappelle que « l’autorité publique ne peut imposer aucune morale à tous : ni une que l’on suppose majoritaire, ni celle catholique, ni aucune autre » puisque « ce serait léser les droits des parents et de l’école librement choisie par eux, selon leurs convictions ».

C’est pourquoi le Cardinal Cañizares et son évêque auxiliaire, dans leur responsabilité d’évêques du diocèse, soutiennent et encouragent les parents et les centres éducatifs à agir de façon autonome selon leurs droits et leurs devoirs, et prennent leur défense : « vous parents vous ferez très bien de défendre par tous les moyens légitimes à votre portée (y compris, par conséquent, l’objection de conscience, légitime), votre droit exclusif à déterminer l’éducation que vous désirez pour vos enfants ». Aux centres catholiques d’enseignement ils rappellent que « si vous admettiez dans votre programme les contenus prévus par les Décrets Royaux, vous entreriez en contradiction avec votre caractère, modelé par la morale catholique ».

Les centres publics, à leur tour, « en devant transmettre cette matière, perdraient leur neutralité idéologique obligatoire, imposant aux élèves une formation morale non choisie librement par les parents ».

« C’est un péché – continue le Cardinal - qu’une telle évidence ne soit pas reconnue suffisamment, ou que réclamer l’exercice de ces droits garantis suscite constitutionnellement tant de difficultés ». Par conséquent il rappelle aux parents de défendre leurs enfants et d’exiger ce qui leur revient car c’est ainsi « qu’on édifie une société démocratique et une vraie cohabitation ». L’archevêque assure en outre qu’« il est encore temps de corriger la situation. Mais si l’on ne la rectifie pas, ce serait trop tard pour l’éducation des enfants et des jeunes ».

« Nous, vos évêques, sommes à vos côtés, et comme vous, nous ne voulons rien d’autre qu’une bonne formation pour vos enfants, à tous les niveaux, autant comme personnes que dans leurs devoirs civils, mais nous ne voulons pas qu’ils soient instrumentalisés au-delà de ce qui constitue les devoirs exigibles pour le bien commun et en correspondance avec le bien de la personne et la vérité sur l’homme » lit-on dans la Lettre.

Le Cardinal exhorte ensuite les parents catholiques à accomplir leur devoir en demandant une formation religieuse et morale catholique pour leurs enfants. Et il manifeste sa gratitude à « de nombreux professeurs chrétiens et éducateurs qui agissez conformément à la raison et à la vérité » et aux écoles catholiques pour le service qu’elles rendent au nom de l’Église.

« Ce programme — affirme encore le Cardinal Cañizares — c’est-à-dire l’éducation nécessaire des enfants et des jeunes pour vivre comme citoyens de l’Espagne et du monde, ne devrait jamais être l’objet d’affrontements et de divisions ; si c’est le cas, c’est le signe que quelque chose ne va pas, ou que ce n’est pas bien fait ». Par conséquent « n’ayez pas peur ! Vous ne demandez rien qui ne vous revienne pas. Vous savez très bien que, comme évêques, nous nous sentons très proches de vous et que nous vous soutenons ».


Texte intégral de la lettre en espagnol (cliquer pour voir le texte)

CARTA DEL ARZOBISPO DE TOLEDO Y SU OBISPO AUXILIAR SOBRE «EDUCACIÓN PARA LA CIUDADANÍA»

Llegamos al final del año escolar 2007-2008. Escuelas, institutos y colegios interrumpirán este mes sus labores educativas y prepararán el próximo curso, que, entre otras, en la Comunidad de Castilla-La Mancha, tendrá la novedad del comienzo de la implantación de la materia "Educación para la ciudadanía y los derechos humanos", en la Educación Secundaria Obligatoria; en la Comunidad de Extremadura ya ha comenzado su impartición en este curso que ahora finaliza.

Es éste un hecho importante, ante el que hay que actuar con lucidez, verdad, responsabilidad y libertad y conforme a los deberes y derechos que tienen los padres en materia educativa: deberes y derechos fundamentales e inviolables, primarios, que deben ser enteramente atendidos y cuyo ejercicio, tutelado por la Constitución Española, debe ser garantizado.

Os corresponde a los padres elegir y determinar el tipo de formación religiosa y moral que deseéis para vuestros hijos. Éste es vuestro derecho primordial, insustituible e inalienable. Os lo reconoce la Constitución en el artículo 2 7.3. Queda tutelado también por el artículo 16.1, que consagra la libertad ideológica y religiosa. Por tanto, el Estado no puede imponer legítimamente ninguna formación de la conciencia moral de los alumnos al margen de la libre elección de vosotros, sus padres.

Como es sabido por todos, la materia "Educación para la ciudadanía y los derechos humanos" es una materia obligatoria para todos los alumnos y todos los centros. No habría nada que objetar, en principio, a esto: es deseable y necesario una formación de los alumnos en los principios constitucionales y en cuanto entraña convivir en una sociedad democrática como la nuestra.

Pero los Reales Decretos de enseñanzas mínimas obligatorias y las correspondientes Normas de nuestra Comunidad Autónoma, por las que se establece, regula y aplica esta nueva materia, van más allá de esto deseable e imponen obligatoriamente a todos los alumnos y a todos los centros, de hecho -en los objetivos, contenidos, competencias y evaluaciones-, una formación moral no elegida por vosotros, los padres, e incluso en abierta contradicción con lo que muchísimos de vosotros habéis elegido ya para vuestros hijos al solicitar "Formación religiosa y moral católica".

También entran en contradicción tales Reales Decretos y Normas con el carácter propio confesional de algunos Centros escolares, establecido en virtud del derecho que asiste a sus titulares. Estos centros, se diga lo que se diga, se ven obligados igualmente a impartir esta materia en su totalidad, es decir en sus objetivos, contenidos, competencias, y evaluaciones, mientras no se determine nada en contrario a través de normas legales explícitas, indubitables y precisas.

En todo esto hay que tener en cuenta y no se puede olvidar que "la autoridad pública no puede imponer ninguna moral a todos: ni una supuestamente mayoritaria, ni la católica ni ninguna otra. Vulneraría los derechos de los padres y/o de la escuela libremente elegida por ellos según sus convicciones.

Son los padres y es la escuela, como colaboradora de aquéllos, quienes tienen el derecho y el deber de la educación de las conciencias, sin más limitaciones que las derivadas de la dignidad de la persona y del justo orden público" (Comisión Permanente de la Conferencia Episcopal Española).

Por ello, al encontrarnos al final de un curso y con la perspectiva del próximo en que ya se impartirá esta materia, es nuestro deber de Obispos apoyar y alentar a los padres y a los centros escolares con carácter propio en el cumplimiento de sus deberes y derechos y en la defensa de los mismos. Por eso mismo recordando lo que la Comisión Permanente de la Conferencia Episcopal afirmó en su Declaración de febrero de 2 007, los padres haréis muy bien en defender con todos los medios legítimos a vuestro alcance (incluida, por tanto, la objeción de conciencia, legítima) que os asisten de ser vosotros quienes determinéis la educación moral que deseáis para vuestros hijos. Los centros católicos de enseñanza, por vuestra parte, sabéis muy bien que si admitieseis en vuestra programación, los contenidos previstos en los Reales Decretos entraríais en contradicción con vuestro carácter propio, informado por la moral católica; el Estado no puede obligaros a hacerlo, ni los centros podríais hacerlo tampoco, si no fuese vulnerando el derecho a la libertad de enseñanza y a la libertad religiosa. Los centros estatales, a su vez, al tener que impartir esta asignatura, perderían su obligada neutralidad ideológica, si impusieran a los alumnos una formación moral no libremente elegida por vosotros, padres, o incluso expresamente contradictoria con vuestra voluntad cuando, por ejemplo, en la diócesis de Toledo, habéis elegido tan ampliamente para vuestros hijos la enseñanza de la Religión y Moral Católica en los centros públicos o estatales. Los padres y los centros educativos deben actuar de modo responsable y comprometido en favor de sus derechos educativos.

Es una lástima que esto que es tan obvio no sea reconocido suficientemente, o que el reclamar y ejercer estos derechos garantizados constitucionalmente estén encontrándose con tantas dificultades en las Administraciones Educativas. Padres y Centros educativos, profesores y titulares de los centros católicos tenéis el deber de defender a los hijos y de exigir lo que les corresponde en derecho propio e inalienable. Vuestros deberes y derechos deben ser respetados. Así es como se edifica una sociedad democrática y en verdadera convivencia. Todavía hay tiempo para rectificar. Nunca es tarde. Pero, si no se rectifica, podría ser tarde para la educación de los niños y jóvenes. Sois vosotros los padres quienes debéis y podéis reclamar lo que es vuestro y pertenece, además, al bien común.

Nosotros, como obispos vuestros, estamos a vuestro lado, y, como vosotros, no queremos otra cosa que vuestros hijos sean bien formados en todos los órdenes como personas, también en sus deberes cívicos, pero que no sean instrumentalizados fuera de lo que son esos deberes cívicos exigibles por el bien común y en correspondencia con el bien de la persona y la verdad del hombre.

Aprovechamos esta ocasión para exhortaros a los padres católicos a que cumpláis el deber que tenéis de pedir para vuestros hijos la Formación Religiosa y Moral Católica. Como Obispos os damos las gracias y reconocemos públicamente lo bien, lo admirablemente, que estáis cumpliendo en nuestra diócesis con este deber vuestro: cada año estáis pidiendo y renovando la petición de esta enseñanza religiosa y moral, tan fundamental para vuestros hijos, para el hombre y su futuro. Por eso, vosotros que con tanta claridad y constancia venís eligiendo esta formación sed congruentes y reclamad que ninguna otra enseñanza moral impuesta distorsione vuestra elección: en el interior de vuestros hijos se generaría, de hecho, una contradicción que no podría educar su personalidad.

Agradecemos también a los profesores de Religión vuestra gran labor y os pedimos que no os desalentéis ante las dificultades: sin duda alguna, estáis llevando a cabo una de las tareas más decisivas para el futuro de vuestros alumnos. Cierto que la enseñanza religiosa está tropezando con escollos importantes, pero es fundamental y no la dejaremos morir: la defenderemos siempre, porque no es privilegio alguno sino un derecho fundamental. Vosotros ofrecéis un testimonio espléndido de coherencia y de servicio. ¡Animo!

También nuestro total agradecimiento a tantísimos profesores cristianos y educadores que estáis actuando conforme a la razón y a la verdad, y os esforzáis tanto en esa nobilísima tarea de la educación, donde se edifica en buena medida el futuro de los hombres y de la sociedad por el aprendizaje de ser hombres conforme a la verdad del ser personas.

No queremos dejar de mostrar también nuestra gratitud más plena a los colegios católicos, tanto de titularidad diocesana como de otras instituciones religiosas. A todos los que trabajáis en ellos que Dios os pague la obra y el servicio que en nombre de la Iglesia estáis llevando a cabo: la educación cristiana, que es sin duda obra de evangelización y de renovación de la humanidad, escuela y aprendizaje de ser hombres libres en la verdad y constructores de una sociedad justa, fraterna y en paz. En todo seguid las enseñanzas de la Iglesia sobre la escuela católica. Secundad también lo que los Obispos estamos pidiendo tan encarecidamente a los colegios de la Iglesia, por ejemplo, a propósito de la "Educación para la ciudadanía": secundar estas orientaciones de vuestros Obispos y actuar en comunión con ellos también es propio de la escuela católica y pertenece a su misma identidad; en vuestros propios colegios, facilitad a los padres el ejercicio de sus derechos y deberes ante esta materia.

Agradecemos y alentamos de todo corazón a tantos padres que sintiendo vuestra responsabilidad y deber de padres, reclamáis lo que es justo y exigible en materia educativa. No desfallezcáis en modo alguno. Sabemos que al actuar como lo estáis haciendo no os mueve otra cosa que vuestros hijos. No son vuestras posturas de rebeldía o de oposición a nadie, sino de reclamo, exigencia y defensa de vuestros justos derechos con los que cumplís, nada más y nada menos, con los deberes que tenéis para con vuestros propios hijos y para con la sociedad misma. ¡No tengáis miedo alguno! No pedís nada que no os corresponda. Sabéis muy bien que, como obispos, nos sentimos muy cercanos y os apoyamos.

Finalmente, pensamos también en la Administración Educativa de la Comunidad de Castilla-La Mancha y de la provincia de Toledo. Agradecemos con total sinceridad lo mucho y bueno que innegablemente están haciendo por mejorar la enseñanza entre nosotros, y les felicitamos abiertamente por sus logros, que a todos benefician. Agradecemos también su gran atención no sólo a los centros estatales sino también a los de iniciativa social, en concreto, a la escuela católica. Nuestra gratitud, así mismo, por su gran sensibilidad, respeto y ayuda para con la enseñanza de la religión y moral católica. Agradecemos su disponibilidad para el diálogo y su buena disposición en orden a encontrar soluciones ante problemas y cuestiones que siempre surgen. Sabemos que en el tema que motiva principalmente esta carta, el de la materia de "Educación para la Ciudadanía", se ven ante una normativa de carácter estatal que obliga a las Comunidades Autónomas. Es deber de justicia y de fidelidad a la verdad reconocer públicamente que hemos sido escuchados en este asunto, aunque no se haya podido alcanzar, al menos hasta ahora, lo que correspondería satisfactoriamente a lo que tantos padres reclaman justamente.

Con todo respeto, nos permitimos pedir tanto al Gobierno de la Comunidad de Castilla-La Mancha como de Extremadura, que no se cierren puertas y se prosiga el camino para encontrar soluciones justas y precisas que respeten y garanticen eficazmente el derecho que los padres están reclamando y defendiendo amparados en la Constitución, tanto en los centros estatales como en los de iniciativa social, con medios legítimos a su alcance.

Esta materia, es decir, la necesaria educación de los niños y jóvenes para vivir como ciudadanos de España y del mundo, nunca debería ser objeto de confrontación y de división; si esto está sucediendo es señal de que algo no se ha hecho, o no se está haciendo bien. Es tiempo de buscar el encuentro y llegar al acuerdo; para eso habrá que rectificar en lo que sea justo y necesario. Ante tanta dificultad y duda, ante tanto sufrimiento como se está originando o se puede originar, ante tanta polémica como se ha desatado, ¿no cabría una moratoria en su aplicación, no se podría parar su implantación tal como ha sido programada en los Reales Decretos y en Normas de aplicación en Comunidades Autónomas?. Con toda sencillez, estamos convencidos de que si así se procediese ganaríamos todos; sería, incluso, una gran lección de la ciudadanía para la que se pretende educar.

Elevamos a Dios nuestra plegaria, para que Él nos ayude a cuantos estamos implicados de una manera u otra en la decisiva e importantísima labor educativa. Con nuestra bendición para todos.

+ Antonio Cañizares Llovera
Cardenal Arzobispo de Toledo
Primado de España

+ Carmelo Borobia Isasa
Obispo Auxiliar de Toledo

Un commissaire d'école de Gatineau retire sa fille de troisième année du cours d'éthique et de culture religieuse

Info 007 Gatineau rapporte qu'un commissaire de la Commission scolaire des Draveurs a décidé de retirer sa fille de troisième année du cours d'éthique et de culture religieuse imposé par le gouvernement du Québec à toutes les écoles du Québec, privées comme publiques.

« Pour ma part, ce n'est pas le cours en tant que tel, mais bien son imposition, explique celui qui siège à la Commission scolaire des Draveurs (CSD). Que ce soit la laïcité complète ou le libre choix de l'enseignement religieux, d'accord. Mais ce cours est une vision développée par un gouvernement. On l'impose non pas à des adultes mais à des enfants. »

Pour expliquer leur décision, les deux parents indiquent que le contenu du cours oblige leur fille à remettre en question les croyances religieuses que sa mère lui transmet et la nature obligatoire du cours qui s'apparente, selon eux, à une tentative de l'État québécois et des partis politiques au pouvoir de véhiculer une vision intégriste de la culture en imposant cette vision à nos enfants. L'obligation est aussi un manque de respect à l'autorité parentale, affirment-ils.

Jusqu'ici, l'école semble collaborer avec le couple. « Nous nous sommes entendus avec l'école pour qu'elle ne soit pas confrontée publiquement avec cette décision », résume le commissaire.

En août dernier, M. Choquette avait appuyé un groupe de parents ayant fait la demande auprès de la CSD de retirer leur enfant du cours controversé. Le conseil des commissaires, sur lequel siège M. Choquette, avait rejeté la demande de façon très majoritaire. Seul M. Choquette avait accepté l'appel des parents.

Pour M. Choquette, cette imposition revient à la même chose que l'obligation de suivre les cours de catéchisme dans les années 1950. « C'est la même chose, mais à l'envers, dit-il. Le droit de décider revient au parent et non au gouvernement. Ce n'est pas à lui de dire que le père Noël n'existe pas », a lancé, mi-blagueur, le commissaire.

M. Choquette croit tout de même que ce cours peut être utile à des adolescents, « parce que, pour eux, il est temps de voir autre chose, ce qui se passe ailleurs ».

Quant aux difficultés logistiques du retrait, M. Choquette concède qu'« Il faut être déterminé pour le faire et il faut avoir le temps. Mais c'est une alternative qui n'a jamais été véhiculée. L'école ne peut pas empêcher un parent d'aller chercher son enfant. »

Questionné sur l'impact possible pour l'obtention d'un diplôme avec cette démarche, Michel Choquette est conscient de cette possibilité. « Mais quand vient qu'on s'ingère dans ma famille, je dresse une ligne. S'il le faut, on va se battre jusqu'au bout. »

Du côté de la C.S. des Draveurs, on a indiqué qu'aucun commentaire ne sera émis sur cette situation puisque la cause du cours d'éthique et culture religieuse est devant les tribunaux.

mardi 18 novembre 2008

Église de La Prairie : réunion sur Mahomet, Bouddha et... Jésus, dialogue interdit

Le Reflet de La Prairie du 1er novembre nous informe qu'une réunion sur le cours d'éthique et de culture religieuse s'est tenue le 8 octobre à la Paroisse de la Nativité de la Sainte-Vierge.

Le curé de la paroisse, Réjean Poirier, avait de manière un peu provocante pour un prêtre catholique placé sur un même pied Jésus, Bouddha et Mahomet dans l'annonce de cette soirée. Malgré une publicité de plus d’un mois et d'une invitation du curé faite à 4 paroisses regroupées, seuls deux ou trois parents y ont pris part alors qu'une dissidence montante se fait entendre contre ce nouveau programme.

« La paroisse veut apporter sa contribution à la réalité du vécu dans notre société [sic] », a indiqué le curé et hôte, Réjean Poirier, devant à peine une vingtaine de participants, pour la plupart des grands-parents venus assister en couple à la conférence donnée par Serge Côté, du ministère de l'Éducation. La publicité invitant les parents de la paroisse réunissant les villes de La Prairie, Candiac, Saint-Philippe et Saint-Mathieu n'a pas eu l'effet escompté. Seules quelques personnes âgées ont répondu à l'appel. Dans une présentation laborieuse qui a duré près de deux heures, M. Côté a détaillé le contenu du cours imposé pour une première année dans toutes les écoles primaires et secondaires de la province.

Auparavant, huit établissements en avaient fait l'essai pendant deux ans, avec des résultats mitigés de la part des professeurs, mais surtout des parents.

Large consensus parmi les cooptés habituels

« Son élaboration est le fruit d'un large consensus, a prétendu celui qui s'est “largement impliqué dans la conception du programme”. La réunion des deux volets, soit éthique et culture religieuse, a été demandée par le gouvernement parce qu'ils sont complémentaires. Le but est l'initiation des jeunes et non pas d'en faire des spécialistes. »

Quatre comités réunissant plus de 80 professionnels et spécialistes en histoire, en philosophie et en éthique, entre autres, ont planché sur l'élaboration du contenu du programme. Plusieurs « partenaires éducatifs », dont la Centrale syndicale des enseignants du Québec et maints comités de parents, se seraient aussi penchés sur la création du cours.

Une longue et fastidieuse conférence de deux heures de la part de cet ancien conseiller pédagogique a suivi.

Levée de boucliers

Deux personnes, bien au fait du nouveau programme, ont sorti l'éparse salle paroissiale de sa torpeur. Elles ont pris la parole afin de montrer le côté de la médaille omis dans le discours « du technocrate » venu en présenter le contenu. Elles se sont vite confrontées au mutisme de M. Côté qui n'appréciait pas que cette soirée où tout débat ou discussions étaient exclus comme l'avait précisé le curé Poirier auparavant.

« Il faut alerter les parents qui gobent tout ça la bouche grande ouverte, a clamé Richard Décarie, de la Coalition pour la liberté en éducation. L'État est laïque et impose des cours de religion ! Ça frôle la folie ce que nous [parents] vivons présentement ! Des dizaines de milliers de parents sont choqués de perdre leur droit de regard sur l'éducation de leur enfant et ont demandé leur retrait de la classe. » Tout comme Gina Petrosa, une maman, celui qui en fait son cheval de bataille a fait valoir que l'État prend de plus en plus de place. Il a rappelé que l'article 41 de la Charte des droits et libertés a été modifiée en douce en 2005 afin de « saper l'autorité parentale » et son pouvoir de choisir.

Enfants cobayes sans consentement des parents

« Certains enfants ont même été utilisés pour le programme [expérimental d'avant 2008] dans Outremont, sans que leurs parents aient été avisés. On est mis devant un fait accompli ! », a pesté M. Décarie, qui a reçu pour toute réponse de s'en remettre à son député ou de tenir sa propre conférence sur le sujet. Selon lui, une entité politique aurait dû accompagner M. Côté afin que les questions des participants soient entendues, qu'elles aillent à l'encontre du programme ou pas. Il a de plus dénoncé le manque de tolérance et de dialogue dans une conférence portant sur un cours qui… valorise ces mêmes valeurs.

Laissez la formation morale et religieuse aux spécialistes de l'État

M. Côté a alors fait part d’une métaphore brillante : « L’autre jour, ma laveuse s’est brisée et comme je n’y connais rien, j’ai téléphoné à un ami qui s’y connait. Il est arrivé en 15 minutes et a tout de suite compris que c’était la pompe qui était défectueuse et l’a changée sur le champ. Ça, c’est de la compétence ! »

M. Décarie a alors posé la question suivante : « M. Côté, que diriez-vous si c’était l’État qui choisissait votre réparateur et qu’il décidait ce qui est le mieux pour vous dans votre maison ?»

M. Côté n'a pas répondu et à couper court à toute discussion. Sans quoi M. Décarie aurait sans doute compléter l'analogie bancale du fonctionnaire : « 1. Le réparateur de l’État serait en retard (comme le programme d’ÉCR) et 2. un réparateur, mal formé et malheureux de son métier imposé, lui présenterait 7 choix de pompes différentes sans en favoriser une (il s'agit d'une initiation) et que finalement 3. il partirait en vous disant qu’il s’agit d’un domaine privé et qu’il faut donc recourir à son propre plombier de paroisse ! Il est certain que le dégât d’eau aurait fait encore plus de dommages pendant ce temps… tout comme nous constaterons les dommages irréparables aux générations montantes dans une dizaine d’années. »

Gémissements dans le maigre public

Lors de cette passe d'armes, en bon technocrate, M. Côté s’est empressé d'interrompre ses contradicteurs et dire qu’il n’était que le « messager » et qu’il fallait s’adresser à son député. À ce moment, on entendit la maigre assistance émettre des gémissements dubitatifs.

dimanche 16 novembre 2008

L'athéisme bien enseigné grâce à certains cahiers d'éthique et culture religieuse

Dans un rare éditorial lucide sur le cours d'ECR en date du lundi 28 avril 2008, la Presse de Montréal avait émis d'importantes réserves à l'égard du cours d'éthique et de culture religieuse. Le journal avait, par exemple, relevé que ce programme posera des difficultés permanentes en obligeant les enfants à s'identifier en termes religieux (« relater leur vécu ») par rapport à leur camarade, ce qui est pour le moins paradoxal pour des écoles qui se veulent désormais laïques.

Ce même article nous apprenait aussi que le mot d'athéisme avait été banni des manuels d'ECR.
Que dira-ton [sic] aux enfants lorsque viendra le temps d'aborder la question de la non-croyance? (Pour compliquer les choses, le mot « athéisme » ne fera pas partie du vocabulaire employé dans les manuels. Dans un excès de rectitude politique qui frise le ridicule, le Ministère a jugé que ce terme était péjoratif)
Eh bien ! Si les manuels d'ECR ne peuvent pas utiliser ce terme, les cahiers d'activités ECR qui sont bel et bien utilisés en classe (comme les règlements le permettent), eux, peuvent parler de l'athéisme et en prononcer le nom.

C'est ainsi que le « cahier-manuel » d'éthique et de culture religieuse publié par les éditions de la Pensée en 2008 et destiné à la 2e année du 2e cycle du secondaire (soit secondaire IV) y consacre cinq pages explicitement.

Karl Marx et Jea-Paul Sartre, athées
(page 183, du cahier d'éthique et de culture religieuse, Dialogue II, publié par les éditions La Pensée, 2008)


On a droit à deux pages sur Karl Marx, Jean-Paul Sartre et Simone Beauvoir. Simone de Beauvoir est l'auteur du livre Le deuxième sexe devenu l'ouvrage de référence du mouvement féministe selon les auteurs de ce cahier d'ECR qui déjà consacrent ailleurs 28 pages au féminisme.

Simone de Beauvoir athée et féministe
(page 185, du cahier d'éthique et de culture religieuse, Dialogue II, publié par les éditions La Pensée, 2008)


Le livre demande à l'élève d'expliquer ce qu'il pense de cette pensée de Jean-Paul Sartre : « Il suffit qu'un seul homme en haïsse un autre pour que la haine gagne de proche en proche gagne l'humanité entière. »

Pensée généreuse et simpliste. Il aurait été plus intéressant de confronter cette façade avec d'autres déclarations de J.-P. Sartre : « En ce premier temps de la révolte, il faut tuer : abattre un Européen c'est faire d'une pierre deux coups, supprimer en même temps un oppresseur et un opprimé : restent un homme mort et un homme libre. » (dans la préface des Damnés de la terre par Frantz Fanon, Paris, Maspéro, 1961, p. 16)

Ou encore « Les derniers liens furent brisés, ma vision fut transformée : un anticommuniste est un chien, je ne sors pas de là, je n'en sortirai plus jamais. » (dans Situations, IV, 1961)

Les auteurs ne parviennent pas à échapper à une question sur « La religion est l'opium du peuple » sans aucune mise en contexte. Marx voit, en effet, un double caractère à la religion que l'on comprend mieux en citant le contexte de la célèbre citation : « La détresse religieuse est en même temps l'expression de la vraie détresse et la protestation contre cette vraie détresse. La religion est le soupir de la créature opprimée, le cœur d'un monde sans cœur, tout comme elle est l'esprit d'une situation sans spiritualité. Elle est l'opium du peuple. »

Le texte ne rappelle pas, par exemple, que cette image de la religion comme opium n'est pas de Marx, que Heine l'a déjà utilisée en 1840, mais dans un sens plutôt positif ou du moins nettement moins négatif : « Bénie soit une religion, qui verse dans l'amer calice de l'humanité souffrante quelques douces et soporifiques gouttes d'opium spirituel, quelques gouttes d'amour, foi et espérance. » (Ludwig Börne, Eine Denkschrift par Heinrich Heine, 1840)

Québec Solidaire appuie le cours d'éthique et culture religieuse

On apprenait la semaine passée, le 11 novembre pour être précis, dans les colonnes du Journal de Sherbrooke que Québec Solidaire était en faveur du maintien du cours d’éthique et de culture religieuse.

Parlant de Québec Solidaire, il est intéressant de consulter le « cahier-manuel » d'éthique et de culture religieuse publié par les éditions de la Pensée en 2008 et destiné à la 2e année du 2e cycle du secondaire (soit secondaire IV).

Dans un chapitre de vingt-huit pages (28) consacré au « féminisme : un autre regard sur la justice », trois pages sont consacrées à Mme François David, chef du parti bicéphale Québec Solidaire. À titre de comparaison, le même cahier ne consacre que douze pages (12) au christianisme dans un chapitre intitulé « Colloque des savoirs en histoire et en religion ». Le même chapitre consacre 8 pages au judaïsme, 7 à l'islam, 8 à l'hindouisme, 7 au bouddhisme et 5 à l'athéisme.

Françoise David dit merci aux éditions de la pensée
(page 198, du cahier d'éthique et de culture religieuse, Dialogue II, publié par les éditions La Pensée, 2008)


Yvon Landry dans les colonnes de la Voix de l'Est dénonçait cette publicité gratuite en ces termes :
Sur le féminisme, il y a une superbe photo en médaillon de Françoise David que les auteures décrivent comme étant sans doute l'une des féministes aujourd'hui les plus connues au Québec. Mme David souhaite maintenant faire progresser sa version de justice sociale par le biais de la politique. Ce paragraphe vaut une publicité d'un million de dollars pour le parti Québec solidaire dont Mme David est la représentante.
Rappelons que Québec Solidaire est un parti sans représentation parlementaire et que Mme David est le seul personnage politique québécois à bénéficier de ce type de publicité dans ce manuel.

Françoise David dit merci aux éditions de la pensée (suite)
(page 199, du cahier d'éthique et de culture religieuse, Dialogue II, publié par les éditions La Pensée, 2008)


On demande ensuite à l'élève de se pencher sur le programme de Mme David et de justifier un des points de son programme à l'aide de cet exercice pour lequel on réserve 22 lignes blanches de réponse :
2. François David énumère une série de choses urgentes à régler. Crois-tu qu'il s'agisse réellement de priorités ? Pourquoi ? Si tu devais choisir un élément particulier, lequel serait-il ? Justifie ta réponse.

L'article 41 de la Charte des droits et libertés de la personne du Québec selon un cahier d'ECR publié en 2008

Version désuète de l'article 41 de de la Charte des droits et libertés de la personne du Québec selon un cahier d'éthique et de culture religieux publié en 2008.


Article 41 désuet
(page 228, du cahier d'éthique et de culture religieuse, Dialogue II, publié par les éditions La Pensée, 2008)


Rappelons que cet article a été modifié par l’adoption de la Loi 95 en juin 2005. Cette loi a pavé la voie au cours d’éthique et culture religieuse. Pour imposer ce cours, la Loi 95 abolit en pratique la liberté de choix des parents :
  1. en abrogeant l’article 5 de la Loi sur l’instruction publique ;
  2. en modifiant l’article 41 de la Charte québécoise.
Cette Loi abroge également l’article 20 de la Loi sur l’instruction publique, qui prévoyait la liberté de conscience pour les professeurs en matière d'enseignement de cours à contenu moral ou religieux.

Le projet de loi 95 a modifié l’article 41 de la Charte québécoise de la façon suivante :
Article 41
(avant le projet de loi 95)(depuis le projet de loi 95)
Enseignement religieux ou moral.Éducation religieuse et morale.
41. Les parents ou les personnes qui en tiennent lieu ont le droit d'exiger que, dans les établissements d'enseignement publics, leurs enfants reçoivent un enseignement religieux ou moral conforme à leurs convictions, dans le cadre des programmes prévus par la loi.41. Les parents ou les personnes qui en tiennent lieu ont le droit d'assurer l'éducation religieuse et morale de leurs enfants conformément à leurs convictions, dans le respect des droits de leurs enfants et de l'intérêt de ceux-ci.


Plus d'exigence. Plus de choix. Et qui veillera au respect de l'intérêt de l'enfant si ce n'est l'État qui étend ainsi explicitement son droit de supervision à la transmission des valeurs et des convictions des parents, et ceci même hors de l'école qui n'est plus mentionnée dans la nouvelle formulation de l'article 41 ?

Le Projet de loi 95, opérant cette modification à la Charte, a été adopté sans vote par appel nominal [1] de l’Assemblée nationale.

[1] Procès-verbal de l'Assemblée nationale du 15 juin 2005 (n° 169) : page 1723 pour l’adoption du projet de loi 95, Annexe pour les votes par appel nominal aux pages 1725-1726 : le projet de loi 95 n’y figure pas.

samedi 15 novembre 2008

Pour le Mouvement laïque québécois « Le nouveau programme d'éthique et culture religieuse est un outrage à l'intelligence »

Le Mouvement laïque québécois poursuit son opposition au programme d'éthique et de culture religieuse.

Dans le numéro 13 de Cité Laïque, hiver 2008, la revue du Mouvement laïque québécois, Marie-Michelle Poisson, professeur de philosophie au Collège Ahuntsic à Montréal mène une charge sévère contre le volet « culture religieuse » du cours d'éthique et de culture religieuse.

Extrait :
Incohérence inavouable

Les finalités du programme sont tellement incompatibles avec certains faits religieux que les enseignants ne pourront aborder les religions autrement que de manière partielle et partiale. Ne pourront être présentés que les manifestations religieuses compatibles avec la reconnaissance de l'autre et la recherche du bien commun en passant sous silence tout ce qui est moins compatible avec ces finalités. Seront alors occultées les manifestations religieuses qui accordent une supériorité de l'homme sur la femme ou encore une supériorité d'un peuple « élu de dieu » [Dieu ?] sur les autres peuples. Seraient aussi omises les interventions religieuses qui ont longtemps été ouvertement hostiles à la recherche du bien commun comme le fait indéniable que certaines religions réprouvent les plaisirs, méprisent les bonheurs terrestres, font obstacle aux progrès de la science et à l'acquisition des richesses matérielles pour les plus démunis. Un enseignement religieux amputé de sa part la plus sombre serait alors un enseignement partial des religions assimilable à de la propagande ou à de la fausse représentation.

À l'impossible, nul n'est tenu

La « posture professionnelle » de l'enseignant qui doit se soumettre à un « devoir supplémentaire de réserve » tel que stipulé dans le préambule du nouveau programme s'avère dès lors intenable. Trois cas de figure, tous aussi impraticables l'un que l'autre, sont envisageables.
  1. Un professeur intègre [dans une perspective « laïque »] pourrait décider de respecter intégralement les finalités propres de l'éthique en soumettant les contenus religieux aux critiques qui découlent nécessairement de l'application rigoureuse du principe de respect de la dignité humaine et du bien commun. En ce cas l'enseignant pourrait être accusé de manquer de réserve en exprimant des opinions critiques envers les religions qui ne manifestent pas spontanément une réelle reconnaissance de l'autre ni un réel soucis du bien commun.
  2. Un professeur conscient des erreurs et incohérences du programme mais peu combattif pourrait décider d'appliquer le programme à la lettre tout en maintenant une attitude distanciée. En ce cas il fait, même de manière passive, le jeu de la propagande pro-religieuse et de la fausse représentation et court le risque de s'exposer aux critiques de ceux, parents et/ou élèves qui souhaiteraient un enseignement rigoureux et conséquent de l'éthique. Ces enseignants seraient donc aussi susceptibles d'être accusés de manquer de réserve.
  3. Mais les plus à plaindre sont les enseignants qui adhèrent sincèrement aux finalités erronées du programme et qui sont par conséquent incapables de percevoir les incohérences que cela suscite. En reproduisant candidement les inepties prescrites par le programme, ces professeurs seraient de la même façon accusés de manquer de réserve par ceux qui ont une approche plus réaliste et donc plus critique des « faits » religieux.
Outrage à l'intelligence et injure à la philosophie

Le nouveau programme d'éthique et culture religieuse est un outrage à l'intelligence dont souffriront d'une manière ou d'une autre les enseignants qui auront à pâtir des incohérences insolubles inhérentes à un programme dont la structure est bancale.

Le nouveau programme d'éthique et culture religieuse est aussi une injure à la philosophie, discipline pourtant directement interpelée par deux des trois compétences du nouveau programme à savoir l'éthique philosophique et l'aptitude au dialogue (ou dialectique [hmmm, pas sûr de cette identité avec la dialectique]). Pourtant les contenus philosophiques de portée universelle ont été escamotés cavalièrement pour laisser place à un étalage encyclopédique de connaissances religieuses extrêmement détaillées, trop souvent anecdotiques ou désuètes.

Ce programme a été conçu en vase clos, dans le plus mystérieux des secrets par des gens moins soucieux du bien commun que de la promotion de leurs propres intérêts corporatistes ou de leurs convictions personnelles. Des gens qui, au vu des erreurs, des incohérences et des graves lacunes relevées dans le programme sont ou bien des incompétents ou de sinistres manipulateurs qui se seraient évertués à « trouver de nouvelles façons de sauvegarder l'essentiel de la confessionnalité scolaire, tout en la faisant évoluer ». [1]

Le plus navrant dans toute cette histoire c'est que la ministre de l'Éducation ainsi que ses conseillers du Comité sur les affaires religieuses semblent insensibles au sort des jeunes enfants et des adolescents qui, à cause d'un programme qui s'avère inadéquat en ce sens qu'il n'a pas su proposer une solution viable et définitive à l'épineux problème de l'enseignement religieux en milieu scolaire, se trouvent au cœur de querelles d'adultes. Finalement ce sont les êtres les plus vulnérables et influençables de notre société qui font actuellement les frais de ce gâchis lamentable qui a mené, à ce jour, à plus de 1200 demandes d'exemptions [dans les écoles publiques] et qui mènera encore à bien des malentendus et des déconvenues si la ministre ne daigne pas y apporter les rectificatifs qui s'imposent.


[1] Le CJF : l'incarnation d'un christianisme critique au sein de l'Église Propos tenus par par Christine Cadrin-Pelletier le 10 mars 2008 lors de l'événement soulignant les 25 ans du Centre Justice et Foi. Rappelons que Madame Christine Cadrin-Pelletier, théologienne de formation, fut sous-ministre associé de foi catholique de 1995 à 2000, responsable du Comité catholique avant d'occuper le poste de Secrétaire aux affaires religieuses de 2000 à 2005.

Charest prétend que l'imposition du cours d'ECR est le reflet de la volonté générale, décidément plus c'est gros !

Le Soleil rapporte diligemment que pour M. Charest, il n'est pas question d'abolir le cours d'éthique et de culture religieuse pour favoriser le retour de l'enseignement catholique dans les classes du Québec, dit Jean Charest.

« C'est un cours qui est là pour rester, a dit le chef libéral, samedi. On va le mettre en place [euh, il n'est pas déjà en place ?] et on l'évaluera comme on le fait normalement. Je respecte le point de vue de ceux qui ne sont pas d'accord, mais je pense que ça reflète le consensus général de la population du Québec. »

Est-ce que M. Charest est à ce point mal renseigné ? Les médias ne lui ont peut être pas rappelé que
  1. un sondage Léger-Marketing commandé par le Devoir nous apprend que 45 % des Québécois sont contre ! C'est un consensus général ça ?
  2. qu'un autre sondage Léger-Marketing nous révèle que 69 % des Québécois et 72 % des parents sont justement pour le choix entre le cours d'ECR et un cours confessionnel !
Le Soleil ne fait pas mention de ces contradictions flagrantes.

Manifestants attendaient M. Charest

À un de ses arrêts, la caravane libérale était attendue par une trentaine de parents qui refusent le nouveau cours implanté par le gouvernement Charest.

Jean Tremblay contre le cours d'ECR

Le maire de Saguenay, Jean Tremblay, fervent partisan libéral qui prédit deux sièges à Jean Charest dans sa région, est de ceux qui s'opposent au cours d'éthique et de culture religieuse. Selon lui, on devrait enseigner les religions catholiques, musulmanes ou autres là où le nombre le permet et en fonction du désir des parents.

« On se méprise nous-même, a déclaré M. Tremblay. On méprise nos valeurs et on est à genoux devant des valeurs qui nous viennent de nulle part et qu'on comprend plus ou moins. C'est un cours qui ne mène à rien. On devrait l'abolir. »

Malgré ces nombreuses protestations, Jean Charest n'a pas l'intention de faire marche arrière. Selon Le Soleil, il aurait justifié cette intransigeance par cette déclaration : « Les choix religieux que nous faisons relèvent d'abord des familles et ce sont des choix individuels, souligne-t-il. L'État ne peut pas se substituer aux individus dans le choix
qu'ils sont appelés à faire sur des questions morales ou de religion. »

M. Charest a-t-il lu le programme d'éthique et de culture religieuse ? Pense-t-il vraiment qu'il n'aura aucun effet sur la formation morale, éthique ou religieuse des élèves ? Aucun effet ? Alors pourquoi le donner ?

L'ancienne juge Ruffo pour les parents comme véritables éducateurs pas l'État

Dans une érablière pleine à craquer à Lévis, 'ancienne juge de la Chambre de la jeunesse Andrée Ruffo a pris la parole devant près de 300 militants adéquistes ce samedi. L'ancienne juge Ruffo est connue pour sa défense des droits des enfants ; elle avait démissionné en 2006 afin de pouvoir jouir d'une pleine liberté de parole et de dénoncer certains errements.

Rappelant les paroles de Clemenceau qui disait que l'État avant trop d'enfants pour être un bon père de famille, Mme Ruffo a déclaré « Je crois encore aux familles. [...] Ce n'est pas vrai que c'est l'État qui donne de l'amour aux enfants », a-t-elle lancé en allusion au programme de garderies. Et d'ajouter : « Il faut revenir à la communauté et c'est urgent de le faire ».



Opposée au cours d'éthique et de culture religieuse dès six ans

Au sujet du cours d'éthique et de culture religieuse, auquel Mario Dumont s'oppose, elle a déclaré que « des enfants de 6 ans, ça ne peut pas avoir accès à une large culture, à l'histoire des religions ».

Qui va vraiment aider les familles ?

Elle estime qu'il y a « urgence de se recentrer sur les enfants », notamment ceux qui sont « parqués » dans les centres de réadaptation.

« Mais qui va se lever et va vraiment aider les familles à faire en sorte que leurs enfants deviennent de grands et beaux citoyens ? », s'est interrogée Mme Ruffo.

vendredi 14 novembre 2008

Éducation civique, favoriser la cohésion sociale...

« C’est l'État qui forme les individus aux vertus civiques, les rend conscients de leur mission, les amène à l’unité ; il harmonise leurs intérêt dans la justice ; il transmet les conquêtes de la pensée dans le domaine des sciences, des arts, du droit et de la solidarité humaine »


[...]



Benito Mussolini, le 12 décembre 1929.

Pauline « le-libre-choix-continuera-d'être-offert » Marois contestée au Saguenay pour ses promesses trahies

Mme Pauline Marois du Parti québécois faisait campagne aujourd'hui au Saguenay où elle a été accueillie très fraîchement par des parents qui tenaient à lui rappeler ses promesses de 1997 dans le dossier du libre choix de l'enseignement moral et religieux.

Rappelons qu'à l'époque Mme Pauline Marois avait solennellement déclaré le 26 mars 1997 à l'Assemblée nationale :
« L'école publique se doit donc de respecter le libre choix ou le libre refus de la religion, cela fait partie des libertés démocratiques. »

« Le libre choix entre l'enseignement moral et l'enseignement religieux catholique et protestant continuera d'être offert, en conformité avec la Charte québécoise des droits et libertés. »

« Cette école devra être capable d'offrir le libre choix aux parents qui la fréquenteront... c'est-à-dire aux parents des enfants qui la fréquenteront, soit la possibilité d'une formation religieuse catholique, protestante ou une formation morale. »

« Je répète, M. le Président, que l'école publique doit respecter le libre choix comme le libre refus de la religion qu'expriment les parents. » 




Mme Pauline Marois est ici présentée souriante et polie. Elle était nettement moins souriante auparavant quand la police a menacé d'expulser cette trentaine de manifestants.

Remarquons que le journaliste de TVA ne donne pas la parole aux protestataires pour recueillir leur opinion quant aux affirmations lénifiantes de la chef souriante du Parti québécois et l'innocuité prétendue du cours d'Éthique et de culture religieuse.

Plus de détails à venir....

Dénatalité et politique familiale

Le Devoir publie aujourd'hui un long texte de Sophie Mathieu, doctorante en sociologie à l'université Carleton.

Les allocations de naissance censément inefficaces

L'article rappelle qu'
« entre 1988 et 1996, Québec offrait une allocation à la naissance qui atteignait jusqu'à 8000 $ pour la troisième naissance et les subséquentes. »
Mme Mathieu affirme ensuite que
« Cette mesure fut toutefois abolie en 1997, en raison de son inefficacité. La solution à la dénatalité proposée par l'ADQ est donc basée sur une affirmation erronée, soit que l'allocation à la naissance en vigueur de 1988 à 1996 a augmenté la natalité au Québec, alors que la tendance est réapparue lorsqu'on a mis fin à cette mesure. Les chiffres parlent d'eux-mêmes: bien que la natalité grimpa de 1988 à 1990, elle reprit sa pente descendante dès 1991, bien avant l'abolition du bébé-prime [il faudrait parler de prime-bébé]. »
Cette prétendue inefficacité a été analysée dans deux rapports bien étayés, celui du CREFE en 2001 et celui de l'Institut CD Howe en 2002. Ces deux rapports concluaient pourtant que l'allocation à la naissance avait eu des effets importants sur la fécondité.

Comment réconcilier cette baisse avant la fin du programme — fortement accélérée après la fin du programme au demeurant ! — et cette conclusion sur l'efficacité en définitive de ce programme ?

Il faut d'abord considérer que la natalité n'est pas influencée par un seul élément et par une seule mesure politique. Il faut donc essayer d'isoler l'effet de la prime-bébé. À cette fin, il est intéressant de comparer l'évolution de la natalité du Québec avec celle du reste du Canada (RdC) qui ne bénéficiait pas de la prime-bébé mais partageait bien d'autres paramètres comme l'économie. Le RdC constitue donc un groupe de contrôle approprié. Il convient de prendre note que celui-ci ne présume pas une absence de différence dans les caractéristiques des Québécoises et des résidentes du RdC, mais plutôt que ces différences restent constantes sur une période de temps.

Or, qu'observe-t-on dans le schéma ci-dessous correspondant à cette évolution ?

courbe natalité du Québec et du Canada

Le taux de fécondité du Québec et celui du RdC ont divergé pendant toutes les années 80. L’écart le plus important s’est produit en 1986, lorsqu’il a atteint 0,3 enfant par femme. Il a légèrement diminué en 1987 et en 1988, avant que l’allocation à la naissance ait pu influer sur la fécondité. À partir de 1989, l’écart entre le taux de fécondité du Québec et celui du RdC s’est réduit rapidement et considérablement. De 1989 à 1996, l’écart s’est resserré de 86 %, passant de 0,29 à 0,041 enfant par femme. Tout au long des années 90, l’écart s’est maintenu assez constant, à environ 0,08 enfant par femme.

En outre, si le taux des premières naissances au Québec est passé de 0,656 par femme en 1987 à 0,755 en 1993, soit une hausse de 15 %. Durant la même période, cette hausse était de 7 % dans le RdC. Par contraste, le taux des troisièmes naissances et plus au Québec s’est accru de 35 %, passant de 0,217 par femme, en 1987, à 0,294 en 1993, alors qu’il chutait de 3 % ailleurs au Canada. Cette tendance bien plus forte chez les Québécoises vient appuyer l’hypothèse que l’allocation à la naissance (plus forte pour le troisième enfant) influait sur les décisions à l’égard de la famille.

Désir de plus d'enfants

On ne peut donc suivre Mme Mathieu quand elle déclare :
« La solution aux problèmes de dénatalité ne se situe donc pas dans une allocation à la naissance. Ni dans un retour aux valeurs traditionnelles.
Ah, les valeurs traditionnelles honnies ! Elles ont bien vite bon dos.
Une étude menée dans les années 80 a démontré que les aspirations des Québécoises en matière de fécondité n'étaient pas comblées: les femmes n'ont pas le nombre d'enfants qu'elles souhaiteraient avoir. »
C'est exact.

La conciliation-travail prétendument seule solution
Il semblerait que, lorsque confrontées aux difficultés engendrées par la conciliation travail-famille, les femmes reverraient à la baisse le nombre d'enfants auquel elles désirent donner naissance.
C'est une conclusion hâtive. Ce n'est pas nécessairement la conciliation travail-famille qui pose problème. Cela peut être un problème. Le problème plus large est simplement qu'avoir des enfants coûte cher et que ce coût freine certaines familles et force souvent les femmes à travailler même quand elles préfèreraient rester à la maison. C'est alors qu'intervient pour beaucoup la conciliation du travail et de la famille. Mais, avec une aide financière supplémentaire consentie directement aux familles, certaines de ces femmes ne seraient pas forcées de travailler ou, si elles continuaient de travailler, trouveraient leur charge financière d'autant allégée et envisageraient à nouveau cet enfant supplémentaire souhaité.

Un peu plus loin, très occupée à défendre les mesures de conciliation travail-famille, Mme Mathieu ressort un lieu commun :
« À l'opposé, les pays n'offrant pas aux femmes la possibilité de réconcilier leurs responsabilités familiales et professionnelles ou, dit autrement, les pays où les femmes doivent faire le choix d'être une mère ou une travailleuse, sont ceux où la dénatalité reste la plus aiguë (les États-Unis faisant exception). Je fais ici référence à l'Italie, à la Grèce et à l'Espagne, des pays où la famille reste pourtant au cœur de la vie sociale. »
Ce que Mme Mathieu oublie de dire c'est que la politique familiale de ces pays est quasi inexistante : pas plus de conciliation travail-famille que d'allocation importante à la naissance.

Les garderies : non universelles, ruineuses et aux effets aléatoires

Comme il est à la mode dans les cercles progressistes, Mme Mathieu qui tient par-dessus tout à ce que les femmes ne restent pas au foyer préconise plus de places de garderies, mais enfin à des heures flexibles. Ce n'est pas sot. Le bât blesse quand on considère cette solution comme la seule et que le gouvernement doit être en charge de cet effort plutôt que de laisser les parents choisir la forme de garde.

Quels sont les problèmes liés aux garderies comme seul axe d'une politique familiale ?

Le premier problème c'est que les garderies ne satisferont jamais toutes les femmes, on en punira donc certaines dans les faits pour ne pas avoir adopté la solution politiquement correcte : le retour au travail le plus vite possible, l'éducation des jeunes enfants par des tiers.

Le second problème en est un d'efficacité au niveau de la natalité. Quel est le « retour sur investissement » de cette mesure nettement plus chère que les primes-bébés ? En effet, une seule année de subventions de garderie pour un enfant coûte quasiment aussi cher que la prime-bébé versée une seule fois par enfant. Or les enfants peuvent rester plusieurs années en garderie. Et enfin quels sont ces études qui prouvent que les garderies ont réellement produit un mini baby-boom quand on considère l'embellie économique connue par le Québec jusqu'à récemment et qu'on la compare aux conditions difficiles de la fin des années 80 et du début des années 90 quand le gouvernement avait mis en place les allocations de naissance ?

Enfin, s'il est possible que les enfants défavorisés profitent de la stimulation offerte par les garderies, les bénéfices pour l'ensemble des enfants sont loin d'être évidents. C'est ainsi que, d’après une étude de 6 ans réalisée par l’université de Durham l'année passée et portant sur 35 000 enfants, le programme britannique de garderie SureStart (« Départ assuré ») qui a coûté près de 45 milliards de $ canadiens n’a eu aucun effet sur les compétences et le niveau de développement des enfants quand ils sont testés à leur entrée à l’école primaire.

Ces résultats confirment l’évaluation du programme SureStart effectuée en 2005; celle-ci n’avait également trouvé aucune amélioration globale chez les enfants des milieux défavorisés qui constituaient les cibles de ce programme à son origine.

Rappelons que des études antérieures ont démontré des désavantages notables liés à une garde trop précoce des enfants d'âge préscolaire. C'est ainsi que le Bureau national de recherche économique, un organisme renommé de recherche des États-Unis, a récemment publié ce qui est l'étude la plus complète et la plus récente sur le système de garderie du Québec. Dans leur résumé, les professeurs d'économie Michael Baker, Jonathan Gruber et Kevin Milligan écrivent que l'introduction de ce programme a eu des conséquences négatives autant sur les parents que sur les enfants:

« [N]ous avons découvert des preuves frappantes que les enfants ont subi des détériorations dans un éventail d'aspects comportementaux et liés à la santé, allant de l'agression aux aptitudes motrices et sociales en passant par la maladie. Notre analyse suggère aussi que le nouveau programme de garderie a mené à des pratiques parentales plus hostiles et moins cohérentes ainsi qu'à une détérioration de la santé parentale et des relations parentales. »

jeudi 13 novembre 2008

Fallardeau a-t-il raison ? Il y aurait donc des journalistes mal renseignés et suiveux ?

Ah ! Le Québec a vraiment des journalistes de haut calibre. Prenons pour exemple cet article de Mme Michèle Ouimet sur le soutien (un peu confus) de Mario Dumont aux parents qui désirent avoir la liberté de choix en matière de formation morale et religieuse dans les écoles publiques et privées. Le texte de Mme Ouimet est bordé d'un liseré bleu.
« Selon M. Dumont, le multiculturalisme prôné par Pierre Elliott Trudeau hante le programme. À quelle page a-t-il lu ça ?
Par exemple à la page 71 de la version approuvée du cours d’ECR pour le primaire. Elle indique les noms du divin que l’enfant devra apprendre dès l’âge de 6 ans :
Des noms du divin :
• Dieu, Seigneur, Hashem, Adonaï, les esprits protecteurs, Allah, Brahma, Shiva et Vishnu, etc. [1]
Il faut aussi rappeler ici la doctrine interculturelle prônée par MM. Bouchard et Taylor et qui dans les faits est peu distincte du multiculturalisme quoi qu'en dise M. Bouchard.

C'est ainsi que dans un ouvrage collectif paru l’année dernière (Questions d’équité en éducation et formation, Éditions Nouvelles), Fasal Kanouté, professeur au Département de psychopédagogie et d’andragogie et spécialiste de l’éducation interculturelle, écrivait : « La littérature anglophone parle d’éducation multiculturelle au même titre que la littérature francophone parle d’éducation interculturelle. [...] Nous sommes d’avis que les uns et les autres disent la même chose sur la prise en compte de la diversité ethnoculturelle par l’école. »

Rappelons que le rapport Bouchard-Taylor soutenait fortement l'imposition du cours d'éthique et de culture religieuse par l'État au nom de l'interculturalisme.
Précisons d'abord que le cours d'éthique n'est pas sorti du cerveau malveillant des bureaucrates qui voulaient annihiler l'identité québécoise.
L’article intitulé « L’enseignement du fait religieux dans l’école publique » [2], Fernand Ouellet, père du cours ECR [3], commente ainsi les assertions de l’auteur Gallichet sur la « pédagogie du conflit » à privilégier dans le cadre d’un tel cours :
Dans le contexte actuel, il ne suffit pas d’éduquer à la reconnaissance et au respect de l’autre. Il faut aussi apprendre à ébranler la « suffisance identitaire » et à s’intéresser à l’autre par delà les divergences et les conflits de valeurs :

« On saisit à partir de là les principes de ce que pourrait être une éducation à la citoyenneté et à la responsabilité. Le problème n’est pas d’inculquer telle valeur ou ensemble de valeurs plutôt que tel autre. Il est de permettre l’émergence d’un questionnement, d’une inquiétude qui arrache l’enfant ou l’adolescent au confort d’un plein et serein accord avec soi-même (…) Il est donc moins de « construire une identité » que, à l’inverse, d’ébranler une identité trop massive et d’y introduire la divergence et la dissonance; il n’est pas de préparer à la coexistence et à la tolérance, mais au contraire, de mettre en scène l’incommensurable abîme qui me sépare d’autrui et m’oblige (au sens moral du terme) à m’intéresser à lui. C’est donc une « pédagogie du conflit » à la fois entre les individus mais aussi en chacun. » (p. 146) [4]
La laïcisation des écoles a suivi un long processus. En 1998, les commissions scolaires ont perdu leur statut religieux pour devenir linguistiques. C'est Pauline Marois qui a mené cette délicate opération.
C’est vrai.

Pauline Marois, alors ministre de l'Éducation, déclarait le 26 mars 1997 à l'Assemblée nationale :
« L'école publique se doit donc de respecter le libre choix ou le libre refus de la religion, cela fait partie des libertés démocratiques. »

« Le libre choix entre l'enseignement moral et l'enseignement religieux catholique et protestant continuera d'être offert, en conformité avec la Charte québécoise des droits et libertés. »

« Cette école devra être capable d'offrir le libre choix aux parents qui la fréquenteront... c'est-à-dire aux parents des enfants qui la fréquenteront, soit la possibilité d'une formation religieuse catholique, protestante ou une formation morale. »

« Je répète, M. le Président, que l'école publique doit respecter le libre choix comme le libre refus de la religion qu'expriment les parents. » [5]
Stéphane Dion, alors Ministre des Affaires intergouvernementales canadiennes, déclarait le 22 avril 1997 à la Chambre des Communes :
« Si les Québécois approuvent une déconfessionnalisation des structures, un grand nombre tient à l'instruction religieuse. La ministre de l'Éducation du Québec, madame Pauline Marois, a déjà indiqué que les écoles qui le désirent pourront conserver leur orientation confessionnelle. De surcroît, le droit à l'enseignement religieux demeure garanti par l'article 41 de la Charte des droits et libertés de la personne du Québec. »
Le 1er octobre 1997, il renchérissait en déclarant, toujours à la Chambre des communes :
« Qui plus est, le droit à l'enseignement religieux demeure garanti par l'article 41 de la Charte des droits et libertés de la personne du Québec, un document ayant une valeur quasi constitutionnelle selon la Cour suprême du Canada. »
Deux ans plus tard, les écoles sont devenues laïques. Dans l'indifférence générale. En septembre, le dernier jalon a été posé: la religion a été remplacée par un cours d'éthique et de culture religieuse. Il y a eu des consultations. On est loin de la dictature des bureaucrates.
La chronologie de Mme Ouimet omet ici un fait important : l’adoption de la Loi 95 en juin 2005. Cette loi a pavé la voie au cours d’éthique et culture religieuse. Pour imposer ce cours, la Loi 95 abolit en pratique la liberté de choix des parents :
  1. en abrogeant l’article 5 de la Loi sur l’instruction publique ;
  2. en modifiant l’article 41 de la Charte québécoise.
Cette Loi abroge également l’article 20 de la Loi sur l’instruction publique, qui prévoyait la liberté de conscience pour les professeurs en matière d'enseignement de cours à contenu moral ou religieux.

Le projet de loi 95 a modifié l’article 41 de la Charte québécoise de la façon suivante :
Article 41
(avant le projet de loi 95)(depuis le projet de loi 95)
Enseignement religieux ou moral.Éducation religieuse et morale.
41. Les parents ou les personnes qui en tiennent lieu ont le droit d'exiger que, dans les établissements d'enseignement publics, leurs enfants reçoivent un enseignement religieux ou moral conforme à leurs convictions, dans le cadre des programmes prévus par la loi.41. Les parents ou les personnes qui en tiennent lieu ont le droit d'assurer l'éducation religieuse et morale de leurs enfants conformément à leurs convictions, dans le respect des droits de leurs enfants et de l'intérêt de ceux-ci.


Plus d'exigence. Plus de choix. Et qui veillera au respect de l'intérêt de l'enfant si ce n'est l'État qui étend ainsi explicitement son droit de supervision à la transmission des valeurs et des convictions des parents, et ceci même hors de l'école qui n'est plus mentionnée dans la nouvelle formulation de l'article 41 ?

Le Projet de loi 95, opérant cette modification à la Charte, a été adopté sans vote par appel nominal [6] de l’Assemblée nationale.

À l'école primaire, j'étais obligée d'apprendre le petit catéchisme par coeur.
L’argument du « petit catéchisme » commence vraiment à dater. Il a peu de résonance auprès des parents de la génération actuelle, ceux qui sont confrontés au cours d’ECR.
J'ai donc inscrit ma fille aux cours d'enseignement moral. Elle apprenait des évidences d'une renversante insignifiance. Dans le cours d'éthique et de culture religieuse, il y a du contenu, de l'histoire avec, en filigrane, un regard critique. Il était temps.
Certaines personnes se déclarent satisfaites du contenu du cours; il représente à leurs yeux une amélioration par rapport à l’ancien cours de morale. Tant mieux pour eux. La Coalition pour la liberté en éducation (CLE) ne vise pas à faire interdire le cours : elle veut que les parents retrouvent leur liberté de choix.

Madame Ouimet décrit dans son article une époque où l’enseignement de la religion était marqué par la coercition. En obligeant tous les enfants à suivre obligatoirement le cours ECR et en abolissant la liberté de choix garantie par la Charte, le gouvernement ne nous ramène-t-il pas à un régime de coercition relativement à l’enseignement du phénomène religieux ? La ministre de l’éducation Michelle Courchesne a annoncé, en avril dernier, qu’aucune exemption au cours ECR ne serait accordée. Pourtant, ce droit d’exemption existe à l’article 222 de la Loi sur l’Instruction publique. La ministre a déclaré très messianique : « On ne négocie pas un virage aussi important sans écraser d’orteils » [7]. Nous disons à la inistre que ces « orteils », ce sont nos droits fondamentaux : droit à la liberté de choix, droit à la liberté de conscience et de religion, droit d’éduquer nos enfants en conformité avec nos convictions religieuses ou philosophiques. En démocratie, il n’est pas permis à la ministre d’écraser ces droits.
Seule une poignée de farouches catholiques ont protesté.
C’est faux. La Coalition pour la liberté en éducation regroupe non seulement des catholiques, mais aussi des protestants et des orthodoxes. À la manifestation du 18 octobre, réunissant plus de 2000 personnes à Montréal, des usulmans se sont joints à nous, ainsi que des athées. Pour avoir une bonne idée de la diversité autour de laquelle la CLE s’est construite et se développe, voir les photos de cette manifestation ici.

Notons aussi que 72 % des parents québécois sont pour le libre choix en matière d'éducation morale et religieuse et soutiennent donc le manifeste de la Coalition pour la liberté en éducation.
Lundi, des Bérets blancs, des ultras catholiques, ont applaudi M. Dumont. À sa place, j'aurais été gêné.
Mais ces Bérets blancs n'avaient pas été invités ni bienvenus. Ils étaient huit sur plus de 200 personnes dans l'assistance. Les médias se sont focalisés sur eux. Enfin, M. Dumont a bien dit qu'il n'appuyait pas leur position vers un retour à la confessionnalité des structures scolaires. Il s'agit ici plus d'opportunisme de la part des Bérets blancs et des journalistes que d'une identité de vues entre M. Dumont et ces catholiques qui font fort démodés.
Seulement 1448 élèves, sur un total d'un million, ont demandé d'être exemptés du cours d'éthique et de culture religieuse. »
D'une part, ce chiffre augmente sans cesse. Radio-Canada une semaine auparavant parlait de 1 200 personnes. Mme Courchesne n'en trouvait que 1 112 le 22 octobre 2008 lors de la période des questions à l'Assemblée nationale. Voilà une belle progression et tout cela alors que ces parents sont assurés de voir leur demande refusée et de se signaler souvent ainsi comme des « extrémistes » aux yeux de la direction de leur école et de leur commission scolaire !

D'autre part, ce chiffre est tronqué. Le Québec compte un million d’élèves au total, pour le secteur public et privé. Or, le chiffre avancé ne vise que le secteur public. Il ne tient pas compte des demandes d’exemption émanant du secteur privé. C'est ainsi que le Collège Loyola, à Notre-Dame-de-Grâce, enregistre à lui seul 600 demandes d’exemption.

Enfin, il est inquiétant que cette journaliste de haute volée brandisse l’argument du nombre comme condition du respect de libertés individuelles protégées par les Chartes. Laissons Me Julius Grey disposer de cet argument troublant :
On vient de rendre public le contenu des cours d'éthique et de culture religieuse pour nos écoles. Hélas, ce cours est un autre exemple de rectitude politique et de répression de la pensée indépendante.(…) Chacun de ces accrocs à la liberté est plutôt mineur. Toutefois, ensemble, ils présagent une société qui garde les formes d'une démocratie mais impose un conformisme rigoureux. Une société où le concept douteux de « droit collectif » non seulement remplace la solidarité entre individus, qui était à la base de grandes réformes sociales au 20e siècle, mais obtient une préséance sur les libertés individuelles. Bref, une démocratie totalitaire.[8]



[1] Plan du cours d’Éthique et culture religieuse pour le primaire, version approuvée, page 71.

[2] Ouellet F., L’enseignement du fait religieux dans l’école publique ?, Carrefours de l’éducation 2002/2, n° 14, pp. 40-58.

[3] Cette information est confirmée par trois (3) sources :
  1. une déclaration écrite de Jean-Pierre Proulx
  2. la page 6 du volume de Georges Leroux intitulé « Éthique et culture religieuse » publié en 2007 par la maison d’édition Fides ;
  3. par le livre « Mélodie — Éthique et culture religieuse », manuel scolaire destiné aux élèves du cours d’ECR et publié aux éditions Modulo.
[4] Carrefours de l'éducation.

[5] Journal des débats, 26 mars 1997, Déclaration ministérielle de la Ministre de l’Éducation à l’Assemblée nationale.

[6] Procès-verbal de l'Assemblée nationale du 15 juin 2005 (n° 169) : page 1723 pour l’adoption du projet de loi 95, Annexe pour les votes par appel nominal aux pages 1725-1726 : le projet de loi 95 n’y figure pas.

[7] Conférence de presse du 18 avril 2008. Voir :"Le cours de culture religieuse obligatoire", LE SOLEIL, 19 avril 2008.

[8] JOURNAL DE MONTRÉAL: "Une démocratie totalitaire" (chronique de Julius Grey), 28 avril 2008.