Le P.D.G. d’Air Canada n’a pas l’intention d’apprendre le français. « J’ai toujours pu vivre à Montréal sans parler français », explique calmement en anglais Michael Rousseau. M. Rousseau, malgré son nom français, est anglophone.
Affaires : le français a encore perdu du terrain
Le point de vue de Michel Girard dans le Journal de Montréal:
Ici même au Québec, au royaume du français en Amérique du Nord, des assemblées annuelles de sociétés québécoises se tiennent strictement en anglais, des entreprises bafouent les règles d’affichage, d’autres enfreignent les règles sur les services en français, la connaissance de l’anglais s’impose de plus en plus...
Et « The cherry on the Sundae » ? Le nouveau PDG d’Air Canada, Michael Rousseau, prononcera demain une allocution uniquement en anglais devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM). Ce qui n’empêchera pas le gratin du milieu des affaires montréalais d’y assister en grand nombre.
Heureusement, le ministre responsable de la langue française, Simon Jolin-Barrette, a cru nécessaire hier de lancer un avertissement au milieu des affaires. Il estime que l’allocution du grand patron d’Air Canada devrait être livrée en français.
« Air Canada et sa direction doivent faire mieux, dit-il. C’est une marque de respect de s’adresser à la communauté d’affaires de Montréal, métropole francophone du Québec, dans la langue officielle et commune, le français. »
Le ministre Jolin-Barrette affirme que la CCMM doit elle aussi jouer son rôle dans ce genre d’invitation des personnalités d’affaires.
« Protéger la langue française va demander des efforts de tous les acteurs de la société. »
À la suite de six plaintes dirigées contre la « future » allocution en anglais du PDG d’Air Canada, le Commissariat aux langues officielles a contacté Air Canada pour rappeler à la haute direction de l’entreprise montréalaise que « Le bilinguisme est une compétence cruciale pour tout leader, particulièrement pour ceux des institutions assujetties à la Loi sur les langues officielles », comme c’est le cas pour Air Canada.
Notez qu’au cours des cinq dernières années, Air Canada a fait l’objet, d’environ 80 plaintes par année pour non-respect de la Loi sur les langues officielles.
Force est de constater que le français comme langue de travail et langue des affaires au Québec a perdu du terrain.
Le je-m’en-foutisme
Dans le milieu des affaires, il y a un je-m’en-foutisme qui semble avoir pris de l’ampleur au fil des années face à la protection du français au Québec.
Il n’est jamais trop tard pour bien faire. Voilà pourquoi le gouvernement Legault a décidé de freiner l’érosion du français.
Le 13 mai dernier, le ministre Jolin-Barrette a déposé le projet de loi 96, Loi sur la langue officielle et commune du Québec, le français.
Le projet de loi propose des modifications importantes qui visent à moderniser la Charte de la langue française. On y retrouve des nouvelles dispositions qui encadrent l’usage du français comme langue de travail, de commerce et d’affaires, ainsi que d’enseignement. [Mais rien sur l'application de la loi 101 aux établissements post-secondaires.]
Les consultations que mène le ministre Jolin-Barrette sur son projet de loi 96 vont bon train.
L’internationalisation
Dans le dessein de ne pas se retrouver avec des nouvelles dispositions en matière de langue française trop restrictives pour le milieu des affaires québécois, la Chambre de commerce du Montréal métropolitain a soulevé quatre préoccupations :
1. La nécessité de faciliter l’internationalisation de nos entreprises et la croissance des activités de siège social à partir de la métropole ;
2. L’importance de limiter les charges administratives additionnelles imposées aux PME ;
3. Le risque de créer une multiplication de procédures judiciaires contre des entreprises bien intentionnées ;
4. Le rôle crucial de l’accompagnement sur le terrain pour la francisation des PME et de leur personnel [le personnel devrait être nettement plus francophone avant d'être employé et formé dans des établissements francophones et non des cégeps et universités québécoises anglophones].
Cela dit, il est évident que l’usage de l’anglais a son importance au Québec au sein des multinationales et des entreprises exportatrices. Tout le monde sait que la langue internationale des affaires, c’est l’anglais.
Mais l’un n’empêche pas l’autre. Une entreprise implantée au Québec a tout intérêt à protéger le français comme langue de travail, tout en desservant ses clients étrangers dans la langue anglaise [s'ils ne sont pas francophones...].
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