lundi 25 octobre 2021

Vivement la fin d’ECR !

Plusieurs nous ont demandé ce que nous pensions de l’abrogation du programme ECR.

En quelques lignes, disons que nous saluons cette abrogation, mais que nous sommes très réservés quant à l’instauration d’un nouveau programme. En effet, nous sommes opposés à ce qu’un gouvernement impose des valeurs idéologiques auprès des enfants de toutes les écoles, y compris les écoles privées. C’est aux parents que revient ce privilège. Nous craignons que ce nouveau programme soit détourné et qu’on ne retrouve dans le nouveau programme de « culture et citoyenneté québécoise » [au singulier ?] toutes les lubies de la gauche progressiste : écologisme, multiculturalisme, féminisme exacerbé, portes béantes à toutes les minorités LGBTQ, ethniques, etc.

Nous aurions préféré le remplacement du programme ECR par un supplément de matières de base comme davantage de français, d’histoire (québécoise et occidentale). C’était d’ailleurs une des solutions que plébiscitaient les Québécois dans un sondage Léger il y a 9 ans. Une autre étant de rendre le cours ECR facultatif, ce qui aurait pu être acceptable. Aucun parti politique n’avait eu le courage de relever cette suggestion populaire. Les médias n’avaient donné aucun écho à cette préférence. Les écoles devrait, en outre, pouvoir donner un cours de religion, de morale ou de culture religieuse si cela rentre dans leur mandat (un cours de religion catholique pour les écoles catholiques par exemple)

Enfin, nous nous demandons pourquoi cette annonce a pris tellement d'années alors que la CAQ avait voté en 2012 pour son abrogation au primaire. Se pourrait-il qu'il s'agisse d'un os lâché pour satisfaire (lentement) l'aile nationaliste de la CAQ tout en remettant aux Calendes grecques d'autres dossiers importants comme l'application urgente de la loi 101 aux cégeps ?

Voir aussi

Les Québécois veulent des bons d’étude et que le cours ECR soit optionnel ou aboli (2012)


Texte de Philippe Lorange, Étudiant à la maîtrise en sociologie à l'UQAM,

Cela fait maintenant plus d’un an que le gouvernement du Québec affirme sa volonté d’en finir avec le cours Éthique et culture religieuse, introduit en 2008 à la suite de la crise des accommodements raisonnables. Le dénommé « ECR » avait comme but, dans la tête de ses concepteurs, de remodeler la conscience collective du Québec afin de formater les nouvelles générations au multiculturalisme.

Faisant le diagnostic d’un peuple québécois jugé trop réfractaire à la diversité heureuse, les multiculturalistes de l’époque avaient pris comme résolution de saper les fondements de l’enracinement national. Ainsi, sous ECR, les élèves apprenaient à sacraliser le grand « Autre » et sa gardienne, la Charte canadienne des droits et libertés, ainsi qu’à faire fi de tout raisonnement critique lorsque vient le temps de penser les valeurs des cultures différentes de la nôtre.

L’imposition du voile islamique, par exemple, ne pouvait plus être vue sous l’angle d’une atteinte à l’égalité homme-femme. Fort heureusement, nous apprenons depuis quelques jours que son remplacement définitif est programmé pour de bon.

Il convient ici de saluer le travail exemplaire de la sociologue Joëlle Quérin dans l’analyse rigoureuse des impostures d’ECR. Rappelons-nous que Quérin, il y a une dizaine d’années, avait courageusement dénoncé les représentations caricaturales des croyants dans les différents manuels d’ECR, et qu’elle avait décortiqué la propagande qui s’effectuait au travers du contenu du programme.

Car il ne faut pas se tromper : sous des apparences de vertus de tolérance se cachait dans les faits un cours qui répandait avec force la doctrine multiculturaliste de Trudeau père, qui a toujours voulu bien faire comprendre aux Québécois que leur peuple ne valait pas la peine d’exister. 


Conséquences néfastes sur les jeunes

Malheureusement, les 13 années d’activité d’ECR auront eu des conséquences néfastes sur la conscience nationale de la génération Z, dont les membres sont aujourd’hui nombreux à croire que leurs ancêtres ont volé les terres des Amérindiens et que leur peuple serait fondamentalement raciste.

Leur lecture est évidemment fausse et relève d’un mépris de soi digne d’un colonisé. Au sujet de menaces réelles qui pèsent sur notre civilisation, comme l’immigration massive et la montée de l’islamisme, ils sont incapables de réfléchir avec lucidité sur ces questions. Les mots qui finissent en « phobe » tiennent lieu de procès et de raccourci intellectuel. 

Un pas dans la bonne direction

Même après la fin d’ECR, ils seront encore nombreux, à l’université, à propager leurs idées mortifères aux jeunes étudiants en pleine heure de classe. Le dogme universitaire woke prendra le relais du petit frère ECR tombé au combat.

L’abolition d’un cours aussi toxique est un pas dans la bonne direction, mais ne saurait suffire. Les élèves québécois doivent nourrir leurs esprits pour aiguiser leur faculté de jugement.

Contrairement à ce qu’en pensent les fonctionnaires, cette éducation de l’intelligence se fait beaucoup moins par une panoplie de cours sur la citoyenneté ou la culture numérique que par la transmission de la grande culture. Entendons par là les grands classiques de la littérature, de la philosophie, de l’histoire.

C’est ce raffinement de l’esprit qui doit être nourri afin d’accoucher de générations qui ont le sens de la nuance et du regard critique. D’une manière ou d’une autre, la littérature devra impérativement refaire sa loi dans l’école, afin d’endiguer les éventuelles lubies pédagogiques qui pourraient faire subir des ravages aussi importants que l’a fait ECR.

Voir aussi 

Joëlle Quérin répond à ses détracteurs chez Denise Bombardier 

Joëlle Quérin et « La face cachée du cours Éthique et culture religieuse »  

En 2012, la CAQ votait pour l'abolition du programme ECR au primaire (Éric Caire avait été suivi par les militants, le futur ministre Roberge avait plaidé devant eux qu'il fallait conserver ECR)

La CAQ veut continuer d'imposer le controversé programme ECR (2018) 

Québec — le programme ECR serait là pour de bon selon le ministre Roberge (janvier 2019)

Livre sur le cours ECR : Au-delà des apparences (Guy Durand)

Livre Regards sur le cours ECR : La Religion sans confession 

L'ex-ministre Jacques Brassard sur Pauline Marois et ses réformes scolaires  

Mme Marois exigeait en 2009 une révision du cours d'éthique et de culture religieuse, l'ADQ un moratoire. En 2008, Pauline Marois soutenait le cours ECR...

Mario Dumont : pour Pauline Marois, l'État comme parent du berceau à l’université ?

Richard Martineau approuvait en 2007 le programme ECR et se moquait des parents catholiques qui voulaient perpétuer la catéchèse à l'école (elle n'était déjà plus enseignée depuis des décennies). Voir la vidéo ci-dessous :
— Je trouve cela intéressant que mes enfants puissent justement s’ouvrir aux religions des autres, non ? »... (à 1 min 20 s) 

puis 

— Moi, j’ai pas eu la chance d’apprendre les autres religions. 

Pour terminer son entretien, M. Martineau s'exclame :

—  Mais enfin, l'école n'est pas là pour des mythes, des légendes, des croyances !

Imperturbable, Mme Morse-Chevrier de répondre :

— Mais si c'est cela que vous croyez, M. Martineau, vous devriez être contre le nouveau cours, car le nouveau programme enseigne des croyances et des mythes. Et beaucoup de parents ne veulent pas que cela soit enseigné à leurs enfants de cette façon-là.


1 commentaire:

Le Saguénéen a dit…

Moi, je crains le pire : Roberge élimine la religion, mais à mon avis pas du tout le gauchisme et le politiquement correct woke.