mercredi 5 mai 2021

Californie veut retarder l'inscription des élèves dans des classes de mathématiques avancées

Le ministère de l’Éducation de Californie travaille sur un nouveau programme de mathématiques de la maternelle à la 12e année qui décourage les élèves doués de s’inscrire à des cours accélérés qui étudient des concepts avancés comme le calcul intégral et différentiel.

Le projet-cadre fait des centaines de pages et couvre un large éventail de sujets. Mais sa principale préoccupation est l’iniquité. Le département craint que trop d’élèves ne s'inscrivent dans des classes différentes de mathématiques en fonction de leurs aptitudes ou intérêt, ce qui conduit certains à étudier le calcul différentiel et intégral avant la fin de l’école secondaire (12e année) tandis que d’autres élèves se contentent de n’étudier que l’algèbre de base. La solution du ministère est d’interdire toute sélection jusqu’à l’inscription au lycée (15/16 ans) en s’assurant que les enfants doués restent dans les mêmes classes que leurs camarades moins enclins aux mathématiques et cela jusqu’à au moins la neuvième année.

« L’iniquité des classes différenciées en mathématiques en Californie peut être contrecarrée grâce à une approche coordonnée de la 6e à la 12e année », lit-on dans une ébauche de janvier 2021 du projet-cadre. « Bref, les élèves du collège sont mieux servis par un enseignement dans des classes hétérogènes. »

Le document conclut que l’importance du calcul intégral et différentiel est surévaluée, même pour les élèves doués. « La priorité accordée au calcul différentiel et intégral en douzième année est en soi malavisée », affirme le projet.

Comme preuve de cette affirmation, le document cite le fait que de nombreux étudiants qui prennent cette matière finissent par devoir la reprendre à l’université de toute façon. Bien sûr, réduire l’importance de l’enseignement du calcul intégral au secondaire ne résoudra pas vraiment ce problème — et en fait, l’aggravera probablement — mais le ministère ne semble pas trop inquiet. La philosophie du cadre proposé est que l’enseignement des sujets difficiles est l’apanage de l’université : le système de la maternelle à la 12e année devrait se préoccuper de faire en sorte que chaque enfant aime les mathématiques de base.

De manière générale, cela implique de rendre les mathématiques aussi faciles et non mathématiques que possible. Selon le document du ministère, les mathématiques tournent en réalité autour de la langue, la culture et la justice sociale. En outre, personne ne serait naturellement meilleur que quiconque dans ce domaine.

« Tous les élèves méritent des mathématiques puissantes […] ; nous rejetons les idées de dons et de talents naturels », lit-on en exergue dans le premier chapitre. « La croyance que “je traite tout le monde de la même façon” est insuffisante : des efforts actifs dans l’enseignement des mathématiques sont nécessaires pour contrer les forces culturelles qui ont conduit aux inégalités actuelles et les perpétuent. »

L’ensemble du deuxième chapitre du cadre est consacré au lien entre les mathématiques et les concepts de justice sociale tels que les préjugés et le racisme : « Les enseignants peuvent soutenir les discussions axées sur le raisonnement mathématique plutôt que sur les questions de statut et de préjugé en définissant intentionnellement ce que signifient faire et apprendre les mathématiques ensemble de différentes manières qui incluent et mettent en évidence les langues, les identités et les pratiques des communautés historiquement marginalisées. » Désolé pour le jargon… Les enseignants devraient également réfléchir de manière créative à ce que les mathématiques impliquent : « Pour encourager des classes de mathématiques vraiment équitables et stimulantes, nous devons élargir les perceptions des mathématiques au-delà des méthodes et des réponses afin que les élèves en viennent à voir les mathématiques comme une matière connectée et multidimensionnelle qui concerne la création de sens et le raisonnement, à laquelle ils peuvent contribuer et appartenir. »

« Un objectif important de ce cadre est de remplacer les idées de “talent” et de “don” en mathématiques innées par la reconnaissance que chaque élève est sur une voie de croissance », déclare le document. « Il n’y a pas de seuil à partir duquel un enfant est » doué « et un autre ne l’est pas. »


Voir aussi 

 Le juteux marché de l’éducation et de la formation diversitaires 

États-Unis — Suppression de classes « avancées » au nom de l’« équité » (trop de blancs et d’asiatiques y sont inscrits)

La Virginie considère aussi imposer un tronc commun plus long (plus de classes avancées les premières années du secondaire, les classes avancées ne seraient plus qu'en 11 et 12 années).

 

Aucun commentaire: