Un nouveau phénomène apparaît au Québec : des jeunes qui adoptent certaines pratiques de l’islam, comme le ramadan, sans se convertir, par solidarité avec leurs amis. L’anthropologue Géraldine Mossière en parlait hier, à l’Université du Québec à Montréal (UQAM), lors d’un congrès sur les religions. Les adeptes du ramadan sans conversion sont plutôt neutres au sujet du débat sur le voile.
Géraldine Mossière a tout d’abord comparé des converties à l’islam au Québec et en France, publiant un livre sur le sujet en 2013. L’anthropologue de l’Université de Montréal s’est ensuite penchée sur 44 jeunes, surtout des femmes, qui n’étaient pas musulmanes de naissance, mais fréquentaient les associations musulmanes universitaires de Montréal et des cafés associés à ces associations. « Je me suis rendu compte que beaucoup de ces jeunes adoptaient des pratiques de l’islam sans se convertir, dit Mme Mossière. Le ramadan, des prières, l’interdiction du porc parfois, aussi certaines façons de parler, dire “salam” au lieu de “bonjour”. Ce sont des jeunes qui ont connu à l’école un brassage culturel propice à l’intégration de certaines croyances culturelles. » [Et une valorisation « propice » de cette « richesse » et de cette « diversité », voir le programme ECR...]
« Parfois, ils le font par solidarité avec leurs amis musulmans. Ceux qui ne vont pas jusqu’à la conversion voient les pratiques musulmanes comme du développement personnel, comme le yoga ou la méditation. »
Femmes à la maison, le paradis aux pieds des mamans
Certaines allaient parfois jusqu’à la conversion, souvent par désir de retrouver des rôles féminins plus traditionnels. « Elles se voient comme Québécoises et musulmanes, dit Mme Mossière. Elles adoptent un “islam des origines” épuré du système patriarcal qu’elles associent à la culture des pays musulmans d’aujourd’hui. Souvent, c’est une critique du féminisme de seconde vague où les femmes voulaient s’émanciper. Pour ces converties, les femmes ont beaucoup perdu en accédant au marché du travail, parce que le soir, elles rentrent trop tard pour bien s’occuper de la famille. Elles voient l’islam comme un moyen de revenir au modèle familial de leurs grands-parents, mais en étant plus valorisées que leurs grands-mères, parce que dans l’islam, le rôle de mère et d’épouse est sacralisé et reconnu par Dieu. »
Pour elles, la possibilité de se consacrer au foyer et aux enfants, de faire du bénévolat et d’étudier si elles le désirent, sans obligation de travailler, n’est pas du tout vu comme un modèle machiste. Qu’est-ce qui est machiste alors pour ces converties ? « C’est une bonne question. Des hommes irrespectueux qui considèrent les femmes comme des objets sexuels ou ne valorisent pas leur rôle à la maison. Elles citent très fréquemment le hadith [recueil de paroles attribuées à Mahomet] qui dit que le paradis est aux pieds des mamans. » Pourquoi étudient-elles si elles n’envisagent pas de travailler ? « Travailler, peut-être, quand les enfants sont grands, mais sans obligation. Elles voient leur instruction comme quelque chose qu’elles pourront transmettre à leurs enfants. » Mme Mossière précise que son échantillon ne contenait pas de « radicalisés » voulant imposer l’islam à la société québécoise.
[...]
Ils deviennent musulmans parce qu’ils croient à une vision alternative de la société, une économie de troc, une sensibilité écologiste très forte. Ils veulent une éducation particulière pour leurs enfants, à la maison souvent. Ils voient en l’islam un outil pour développer cette culture alternative. Ça finit par inclure une alternative au modèle féministe dominant. L’islam devient une forme de contestation. [...]
Durant cette deuxième étape de sa recherche sur les conversions à l’islam au Québec, Mme Mossière a remarqué que le phénomène est souvent lié à l’étranger. « On voit beaucoup d’Européens, d’origine maghrébine ou non qui, une fois au Québec, voient que la réaction envers l’islam y est moins négative qu’en France. Ou alors des Québécoises de souche qui découvrent l’islam lors de voyages à l’étranger, de voyages humanitaires parfois. »
Source
Géraldine Mossière a tout d’abord comparé des converties à l’islam au Québec et en France, publiant un livre sur le sujet en 2013. L’anthropologue de l’Université de Montréal s’est ensuite penchée sur 44 jeunes, surtout des femmes, qui n’étaient pas musulmanes de naissance, mais fréquentaient les associations musulmanes universitaires de Montréal et des cafés associés à ces associations. « Je me suis rendu compte que beaucoup de ces jeunes adoptaient des pratiques de l’islam sans se convertir, dit Mme Mossière. Le ramadan, des prières, l’interdiction du porc parfois, aussi certaines façons de parler, dire “salam” au lieu de “bonjour”. Ce sont des jeunes qui ont connu à l’école un brassage culturel propice à l’intégration de certaines croyances culturelles. » [Et une valorisation « propice » de cette « richesse » et de cette « diversité », voir le programme ECR...]
« Parfois, ils le font par solidarité avec leurs amis musulmans. Ceux qui ne vont pas jusqu’à la conversion voient les pratiques musulmanes comme du développement personnel, comme le yoga ou la méditation. »
Femmes à la maison, le paradis aux pieds des mamans
Certaines allaient parfois jusqu’à la conversion, souvent par désir de retrouver des rôles féminins plus traditionnels. « Elles se voient comme Québécoises et musulmanes, dit Mme Mossière. Elles adoptent un “islam des origines” épuré du système patriarcal qu’elles associent à la culture des pays musulmans d’aujourd’hui. Souvent, c’est une critique du féminisme de seconde vague où les femmes voulaient s’émanciper. Pour ces converties, les femmes ont beaucoup perdu en accédant au marché du travail, parce que le soir, elles rentrent trop tard pour bien s’occuper de la famille. Elles voient l’islam comme un moyen de revenir au modèle familial de leurs grands-parents, mais en étant plus valorisées que leurs grands-mères, parce que dans l’islam, le rôle de mère et d’épouse est sacralisé et reconnu par Dieu. »
Pour elles, la possibilité de se consacrer au foyer et aux enfants, de faire du bénévolat et d’étudier si elles le désirent, sans obligation de travailler, n’est pas du tout vu comme un modèle machiste. Qu’est-ce qui est machiste alors pour ces converties ? « C’est une bonne question. Des hommes irrespectueux qui considèrent les femmes comme des objets sexuels ou ne valorisent pas leur rôle à la maison. Elles citent très fréquemment le hadith [recueil de paroles attribuées à Mahomet] qui dit que le paradis est aux pieds des mamans. » Pourquoi étudient-elles si elles n’envisagent pas de travailler ? « Travailler, peut-être, quand les enfants sont grands, mais sans obligation. Elles voient leur instruction comme quelque chose qu’elles pourront transmettre à leurs enfants. » Mme Mossière précise que son échantillon ne contenait pas de « radicalisés » voulant imposer l’islam à la société québécoise.
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Ils deviennent musulmans parce qu’ils croient à une vision alternative de la société, une économie de troc, une sensibilité écologiste très forte. Ils veulent une éducation particulière pour leurs enfants, à la maison souvent. Ils voient en l’islam un outil pour développer cette culture alternative. Ça finit par inclure une alternative au modèle féministe dominant. L’islam devient une forme de contestation. [...]
Durant cette deuxième étape de sa recherche sur les conversions à l’islam au Québec, Mme Mossière a remarqué que le phénomène est souvent lié à l’étranger. « On voit beaucoup d’Européens, d’origine maghrébine ou non qui, une fois au Québec, voient que la réaction envers l’islam y est moins négative qu’en France. Ou alors des Québécoises de souche qui découvrent l’islam lors de voyages à l’étranger, de voyages humanitaires parfois. »
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