samedi 12 décembre 2015

La croissance de la population du Québec ralentit pour une cinquième année consécutive

Cela ne surprendra pas les lecteurs de ce carnet, mais il est bon qu’une démographe gouvernementale le rappelle. Notons que tous les chiffres préliminaires pour 2015 semblent indiquer que le nombre de naissances baissera une nouvelle fois (un déficit de 850 naissances sur les 9 premiers mois) malgré une population en croissance et que le nombre de décès augmentera une nouvelle fois (un excédent de 1750 trépas par rapport aux neufs premiers mois de 2014).

La population du Québec a augmenté de 60 500 personnes en 2014, soit un taux d’accroissement de 7,4 pour mille (0,74 %). [La population du Québec est estimée à 8 240 500 personnes au 1er janvier 2015 en regard de 8 180 000 au début de 2014. Cette augmentation est principalement due à l’immigration.] Ce taux connaît un cinquième repli depuis le sommet de 11,0 pour mille (1,1 %) enregistré en 2009, indiquant un ralentissement de la croissance de la population québécoise. L’augmentation du nombre de décès et la diminution des nombres de naissances et d’immigrants nouvellement admis expliquent cette croissance moins rapide. La population québécoise s’établit à 8,26 millions d’habitants au 1er juillet 2015. La part des 65 ans et plus continue d’augmenter et se situe à près de 18 %. Les moins de 20 ans représentent 21 % de la population et les 20‑64 ans comptent pour 62 %. Ces résultats sont tirés de l’édition 2015 du Bilan démographique du Québec publié aujourd’hui par l’Institut de la statistique du Québec.

Le nombre de naissances peut-être trompeur : avec une population croissante, un nombre constant de naissances indique en fait une baisse de la natalité.

Un peu moins de naissances et un peu plus de décès

Le nombre de naissances s’établit à 87 700 en 2014, un niveau inférieur à ce qui a été enregistré entre 2009 et 2013, alors que le nombre de naissances s’était maintenu au-dessus de 88 000. L’indice synthétique de fécondité est de 1,62 enfant par femme en 2014 ; il poursuit une légère tendance à la baisse, après avoir progressé de 1,45 enfant par femme en 2000 à 1,73 en 2008 et 2009. Le nombre de décès s’élève à 63 000 en 2014, soit une augmentation de 2 200 décès par rapport à 2013. Cette hausse est particulièrement marquée quand on la compare à l’augmentation annuelle moyenne de 600 décès enregistrée au cours des dix années précédentes. La saison grippale exceptionnellement hâtive et sévère de l’hiver 2014-2015 a entraîné un nombre de décès très élevé en décembre 2014, ainsi qu’un pic record en janvier 2015. Le grand nombre de décès du mois de décembre 2014 plombe le bilan global d’une année autrement fidèle à la tendance récente. La hausse du nombre de décès n’a pas empêché l’espérance de vie à la naissance de se maintenir au même niveau qu’en 2013, soit 80,2 ans chez les hommes et 84,1 ans chez les femmes. Le Québec a affiché pendant très longtemps la plus faible espérance de vie de toutes les provinces canadiennes. Au cours des trois dernières décennies, c’est le Québec qui a connu la plus forte amélioration, si bien qu’il se situe maintenant dans la moyenne canadienne.

L’indice de fécondité (le nombre d’enfants par femme) est lui insensible à l’accroissement de la population


Un peu moins d’immigrants et des pertes migratoires interprovinciales qui demeurent élevées

Le Québec a accueilli 50 300 immigrants en 2014, une baisse comparativement à 2013 (52 000) et au sommet de 2012 (55 050). L’Iran (11,6 %) arrive au premier rang des pays de naissance des nouveaux arrivants de 2014, devant la France (7,0 %), l’Algérie (7,0 %), la Chine (6,8 %) et Haïti (5,7 %). Plus de 60 % des immigrants admis en 2014 sont âgés de 20 à 44 ans. Le solde migratoire interprovincial du Québec est estimé à -  13 800 personnes en 2014, un résultat semblable au niveau enregistré en 2013. Il faut remonter aux années 1996 à 1998 pour trouver un déficit migratoire plus prononcé. C’est principalement avec l’Ontario, mais aussi avec l’Alberta et la Colombie-Britannique, que le Québec connaît des déficits migratoires notables.

Déjà très faible, la nuptialité montre encore des signes d’affaiblissement

On estime à 22 400 le nombre de mariages célébrés au Québec en 2014. De ce nombre, un peu moins de 600 (3 %) ont uni deux conjoints de même sexe. La propension à se marier demeure très faible : si les conditions de nuptialité de 2014 demeuraient constantes, seulement 27 % des hommes et 30 % des femmes se marieraient au moins une fois avant leur 50e anniversaire. La nuptialité a connu une légère diminution pour une deuxième année, alors qu’elle était demeurée plutôt stable entre 2001 et 2012. Les mariages religieux continuent de perdre en popularité (45,5 %), alors qu’on note une progression importante des mariages civils célébrés par une personne désignée (parent, ami, etc.). Par ailleurs, la moitié des mariages célébrés en 2014 ont eu lieu un samedi d’été.

Bilans régionaux

L’édition 2015 du Bilan démographique du Québec contient 17 fiches régionales offrant un aperçu de la situation démographique récente dans chacune des régions administratives du Québec. L’Institut de la statistique du Québec produit, analyse et diffuse des informations statistiques officielles, objectives et de qualité sur différents aspects de la société québécoise. Il est le coordonnateur statistique pour le Québec et la pertinence de ses travaux en fait un allié stratégique pour les décideurs et tous ceux qui désirent en connaître davantage sur le Québec.

[Au Canada comme au Québec, plus une région a une population autochtone plus son taux de fécondité est haut]
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