Quelques réflexions intéressantes extraites du dernier Convivium.
L’éditeur écrit :
Un des arguments de la partie adverse, en faveur de l’imposition du programme Éthique et culture religieuse, même à une école privée catholique, était le besoin d’avoir un moment où pourrait s’opérer ce qu’on appelle la dissonance cognitive. Pourtant, il est évident que l’école Loyola est cette dissonance cognitive par rapport à la culture ambiante. Elle est l’occasion de dire : « Attendez, un instant. Que dites-vous là ? » En effet, la foi religieuse elle-même, dans la culture contemporaine, est cette dissonance cognitive, n’est-ce pas ? La foi religieuse consiste à se demander : « Quoi ? En quoi croyez-vous ? De quoi s’agit-il ? »
Le Père Raymond de Souza écrit pour sa part :
Cette victoire consiste en une décision unanime (7-0) permettant à l’école catholique d’enseigner le catholicisme d’un point de vue catholique. Pardonnez-moi si je ne saute pas de joie parce qu’un peu de bon sens a enfin prévalu. Mais une majorité des juges n’a pu se résoudre à déclarer que Loyola avait le droit d’enseigner tout son programme d’un point de vue catholique. Il y a une manière catholique d’enseigner la musique, la littérature et, oui, les religions comparées et l’éthique. Une majorité des juges (4-3) a statué que Loyola devait enseigner, disons, l’islam, l’athéisme ou la sorcellerie d’un point « neutre » de vue. Pour une école catholique être neutre quand on aborde la sorcellerie ce n’est ni être fidèle à sa religion ni respecter sa liberté. La minorité des juges penchait pour donner davantage de liberté à Loyola, mais la majorité n’a su concéder un droit à la liberté religieuse qu’en forme de requête particulière, à savoir que les catholiques ne doivent plus faire semblant d’être neutres quand ils parlent du catholicisme. Malgré les cris de « victoire totale » de nos amis à Loyola peu après le jugement, il ne s’agissait que d’une défaite différée. [La société et les tribunaux continueront à limiter la liberté de religion, une défaite plus complète pourrait bien encore survenir.]
Cérémonie Wicca tenue lors d’un cours ECR dans une école de Montréal (Lasalle) dans le cadre de l’étude des « nouvelles spiritualités » dans le programme ECR |
Un regret dans ce numéro de Convivium consacré en grande partie à la Cour suprême et à l’affaire Loyola : nous n’avons vu aucune réflexion sur comment élargir cette « victoire » de Loyola. Comment faire en sorte que d’autres écoles puissent bénéficier de cette nouvelle liberté, malgré tout très restreinte ? Comment faire pour accroître cette liberté et aller au-delà du droit de pouvoir enseigner la doctrine de sa propre religion de manière conforme à sa religion ? Quel est l’impact de ce jugement sur les parents éducateurs à la maison, sur les écoles privées qui n’enseignent pas le programme ECR de manière neutre (parfois clandestinement) ? Rien. En fait, on a l’impression que l’on ne veut pas vraiment en discuter. On ne veut pas faire de vagues. Peut-être est-ce lié au fait que la victoire de Loyola consiste à devoir retourner devant le Monopole de l’éducation et à le convaincre que le programme proposé est vraiment équivalent et donc à être encore une fois en position de demandeur qui veut plaire au Monopole de l'Éducation.
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